Accusé de propos haineux, un imam tunisien expulsé dans la journée

L'imam tunisien de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze (Gard) Mahjoub Mahjoubi a été arrêté jeudi à son domicile et expulsé vers la Tunisie quelques heures plus tard (Photo, X).
L'imam tunisien de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze (Gard) Mahjoub Mahjoubi a été arrêté jeudi à son domicile et expulsé vers la Tunisie quelques heures plus tard (Photo, X).
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Publié le Vendredi 23 février 2024

Accusé de propos haineux, un imam tunisien expulsé dans la journée

  • L'imam Mahjoub Mahjoubi été expulsé jeudi soir vers la Tunisie «moins de 12 heures après son interpellation» à Bagnols
  • Mahjoub Mahjoubi est visé notamment pour la diffusion d'une vidéo dans laquelle il qualifiait le «drapeau tricolore» -sans préciser s'il s'agissait du drapeau français- de «drapeau satanique»

MONTPELLIER: Accusé d'avoir proféré dans des prêches des appels à la haine visant les femmes, les Juifs ou une société française "pourrie", l'imam tunisien de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze (Gard) Mahjoub Mahjoubi a été arrêté jeudi à son domicile et expulsé vers la Tunisie quelques heures plus tard.

Dans un message posté sur X (anciennement Twitter), le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé son expulsion effective "moins de 12 heures après son interpellation".

"C'est la démonstration que la loi immigration, sans laquelle une telle expulsion aussi rapide n'aurait pas été possible, rend la France plus forte", a-t-il ajouté, "nous ne laisserons rien passer".

Installé en France depuis le milieu des années 1980, père de quatre enfants, Mahjoub Mahjoubi a "fait l'objet d'une visite domiciliaire et d'une interpellation", avait précisé plutôt dans la journée sur X M. Darmanin, qui avait réclamé dimanche le retrait de son titre de séjour.

Le ministre a à nouveau fustigé jeudi un "+imam+ radical aux propositions inacceptables".

Arrêté sur la base d'un arrêté ministériel d'expulsion, en présence de ses enfants et de son épouse selon son avocat Samir Hamroun, il a été transféré vers un centre de rétention administrative (CRA) en région parisienne.

Mahjoub Mahjoubi s'était fait connaître il ya quelques jours pour une vidéo circulant sur les réseaux sociaux dans laquelle il qualifiait le "drapeau tricolore" - sans préciser s'il s'agissait du drapeau français - de "drapeau satanique" qui n'aurait "aucune valeur auprès d'Allah".

Il s'était défendu lundi en évoquant un "lapsus", en raison qu'il dénonçait en réalité les rivalités entre supporters des pays du Maghreb lors de la récente Coupe d'Afrique des nations de football.

Les pêches analysées "récèlent bien d'autres choses que ce pseudo lapsus", avait répliqué mardi le préfet du Gard Jérôme Bonet sur franceinfo.

Si l'on en croit l'arrêté d'expulsion, les propositions reprochées à l'imam tunisien couvrent un champ bien plus large que le débat autour du drapeau.

Conception rétrograde et violente

Dans des prêches des 2, 9 et 16 février "portant sur les signes annonciateurs de la Fin des Temps", Mahjoub Mahjoubi "a véhiculé une conception littérale, rétrograde, intolérante et violente de l'islam, de nature à encourager des comportements contraires aux valeurs de la République, la discrimination à l'égard des femmes, le repli identitaire, les tensions avec la communauté juive et la radicalisation jihadiste", relève l'arrêté consulté par l'AFP.

Les autorités françaises accusent également l'imam de "propos haineux et discriminatoires à l'égard des non-musulmans et de la société française" qu'il aurait décrit comme "belliqueuse et pourrie".

Toujours selon l'arrêté ministériel, l'imam désignait devant ses fidèles "le peuple juif comme un ennemi". Il appelait "à la destruction de la société occidentale jugée décadente" et faisait "l'éloge de la charia, seule loi légitime et juste à ses yeux", selon la même source.

Le 2 février, il déplorait que « les mosquées ne produisent plus de combattants comme au temps du prophète ».

En plus d'enclencher la procédure d'expulsion, M. Darmanin avait demandé au préfet de signaler ces propositions à la justice. La procureure de Nîmes Cécile Gensac avait annoncé lundi avoir ouvert une enquête préliminaire pour "apologie du terrorisme".

L'avocat de Mahjoub Mahjoubi, Samir Hamroun, a dit jeudi à l'AFP qu'il allait contester son expulsion : "pour la requête en référé, c'est le juge des libertés et de la détention du tribunal de Meaux qui est compétent ".

"Pour le fond - +Il a dit ci, il a pas dit ça...+ -, ça sera devant le tribunal administratif de Paris", a ajouté l'avocat, selon qui son client est "abasourdi" et "bouleversé" .

Avant son arrestation, l'imam de Bagnols-sur-Cèze avait affirmé soutenir les valeurs de la République et la laïcité. "Bien entendu, j'ai défendu Samuel Paty (le professeur assassiné en 2020 par un jeune jihadiste). J'étais dans la marche pour Charlie Hebdo", avait-il affirmé.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.