Netanyahu propose son premier plan «d'après-guerre» à Gaza

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo, AFP).
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 24 février 2024

Netanyahu propose son premier plan «d'après-guerre» à Gaza

  • L'armée israélienne «exercera un contrôle sécuritaire sur toute la zone à l'ouest de la Jordanie, y compris la bande de Gaza»
  • L'annonce de ce plan intervient alors que les pourparlers s’intensifient pour une trêve de plusieurs semaines dans les affrontements à Gaza

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a proposé son premier plan pour "l'après-guerre" avec le Hamas prévoyant notamment le maintien du "contrôle sécuritaire" d'Israël en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, une éventualité rejetée par l'Autorité palestinienne et le Hamas.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a aussi réagi en affirmant l'opposition des Etats-Unis à toute "réoccupation" de Gaza.

«Après-guerre»: Blinken réaffirme que les Etats-Unis s'opposent à toute "réoccupation" de Gaza

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a réaffirmé vendredi l'opposition des Etats-Unis à toute "réoccupation" de Gaza, une fois la guerre terminée, en réaction à l'annonce du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'un plan pour "l'après-guerre" avec le Hamas prévoyant le maintien du "contrôle sécuritaire" d'Israël en Cisjordanie occupée et à Gaza.

"Je n'ai pas vu le plan donc je réserve mon jugement", a déclaré M. Blinken, interrogé en conférence de presse à Buenos Aires, lors d'une visite éclair en Argentine.

Mais "il y a des principes de base que nous avons posés il y des mois, et que nous considérons comme très importants" pour l'avenir de Gaza, a rappelé le secrétaire d'Etat.

Gaza "ne doit pas être une plate-forme pour le terrorisme" , il "ne doit pas y avoir de réoccupation israélienne de Gaza" et le "territoire de Gaza ne doit pas être réduit", a ajouté M. Blinken.

M. Blinken a rappelé vendredi que "nombre de pays dans la région sont en train de travailler ensemble à un plan pour l'après-guerre à Gaza", et qu'il s'en entretenu récemment avec des "partenaires arabes" en marge d'une réunion du G20 à Rio et de la Conférence de Munich sur la sécurité.

Interrogé par ailleurs sur l'attaque jeudi près d'une colonie juive en Cisjordanie, où trois Palestiniens ont tiré sur des véhicules, faisant un mort et huit blessés avant d'être abattus, M. Blinken a réaffirmé le soutien de Washington au droit d'Israël "à la sécurité, l'autodéfense, et la lutte contre le terrorisme".

Mais il a aussi réaffirmé "la position de longue date des administratrions américaines, républicaines et démocrates:  les nouvelles colonies sont contre-productives pour parvenir à une paix durable" et aussi "incompatibles avec le droit international".

"Notre administration maintient une ferme opposition à l'extension des colonies. De notre point de vue, cela ne fait qu’affaiblir – cela ne renforce pas - la sécurité d’Israël", a-t-il insisté.

Le document en plusieurs points, que M. Netanyahu a soumis jeudi soir au cabinet de sécurité du gouvernement et que l'AFP a pu consulter vendredi, rappelle en préambule les objectifs de l'armée à Gaza: démantèlement du Hamas et du Djihad islamique et libération de tous les otages encore retenus.

L'armée israélienne "exercera un contrôle sécuritaire sur toute la zone à l'ouest de la Jordanie, y compris la bande de Gaza" et ce "pour empêcher le renforcement sur place des éléments terroristes" et endiguer "les menaces contre Israël", souligne le document. Israël conservera "sa liberté d'action opérationnelle dans toute la bande de Gaza, sans limite de temps", poursuit le document.

«Perpétuer l'occupation»

A la frontière stratégique entre l'Egypte et le sud de la bande de Gaza, où le Hamas avait creusé depuis plus d'une décennie des tunnels pour la contrebande d'armes, Israël "maintiendra un bouclage" en "coopération avec l'Egypte et avec l'aide des Etats-Unis" afin d'éviter un ré-armement des factions palestiniennes sur place, précise le document.

Parmi les autres dispositions, la "démilitarisation complète de Gaza (...) au-delà de ce qui est nécessaire pour les besoins du maintien de l'ordre", ainsi que "la déradicalisation dans toutes les institutions religieuses, éducatives et sociales de Gaza".

A l'instar du projet présenté début janvier par son ministre de la Défense Yoav Gallant, le plan Netanyahu prévoit que l'administration de bande de Gaza soit confiée à des "fonctionnaires locaux ayant une expérience administrative" et qui ne sont "pas liés à des pays ou à des entités qui soutiennent le terrorisme".

Le projet ne mentionne pas l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas qui siège en Cisjordanie occupée, sans toutefois explicitement exclure sa participation à la gestion de Gaza. Surtout, le plan ne prévoit pas la création d'un Etat de Palestine indépendant, une perspective prônée par Washington, Londres et Paris.

"Les plans proposés par M. Netanyahu visent à perpétuer l'occupation israélienne des territoires palestiniens et à empêcher la création d'un Etat palestinien", a réagi vendredi Nabil Abou Roudeina, porte-parole de Mahmoud Abbas.

Seul un plan reconnaissant Gaza comme une partie intégrante d'"un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale sera acceptable. Tout projet contraire est voué à l'échec. Israël ne réussira pas à modifier la réalité géographique et démographique de la bande de Gaza", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Un responsable du Hamas à Beyrouth, Oussama Hamdane, a pour sa part affirmé que le plan israélien ne réussirait "jamais".

L'annonce de ce plan intervient alors que les pourparlers s’intensifient pour une trêve de plusieurs semaines dans les affrontements à Gaza et la libération des quelque 130 otages toujours entre les mains du Hamas.

Une délégation israélienne menée par le chef du Mossad, les services de renseignement extérieurs, est d'ailleurs arrivée vendredi à Paris, théâtre récent de pourparlers à ce propos, afin de favoriser un accord.


Le Hamas et Israël s'accusent mutuellement d'entraver les négociations en vue d'une trêve

Des Palestiniens inspectent les dégâts causés dans un camp de déplacés improvisé à la suite d'une incursion signalée la veille par des chars israéliens dans la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
Des Palestiniens inspectent les dégâts causés dans un camp de déplacés improvisé à la suite d'une incursion signalée la veille par des chars israéliens dans la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Hamas souhaite qu'Israël se retire sur les positions qu'il occupait avant la reprise des hostilités en mars, lors du précédent cessez-le-feu.
  • L'émissaire américain Witkoff, qui a joué un rôle majeur dans l'élaboration de la dernière proposition de cessez-le-feu, se rendra à Doha cette semaine.

Le CAIRE/DOHA : samedi, le Hamas et Israël se sont mutuellement accusés de bloquer les tentatives visant à conclure un accord de cessez-le-feu à Gaza, près d'une semaine après le début de pourparlers indirects entre les deux parties pour mettre fin à 21 mois de combats acharnés dans le territoire palestinien.

Une source palestinienne proche des discussions au Qatar a déclaré à l'AFP que les propositions d'Israël visant à maintenir ses troupes dans le territoire déchiré par la guerre bloquaient un accord pour une trêve de 60 jours.

Mais du côté israélien, un haut responsable politique, s'exprimant également sous couvert d'anonymat en raison du caractère sensible des négociations, a accusé le groupe militant d'être inflexible et de tenter délibérément de faire échouer les efforts visant à parvenir à un accord.

Sur le terrain, l'agence de défense civile de Gaza a déclaré que plus de 20 personnes avaient été tuées samedi dans tout le territoire, notamment lors d'une frappe aérienne nocturne visant une zone abritant des personnes déplacées. 

« Pendant que nous dormions, il y a eu une explosion là où se trouvaient deux garçons, une fille et leur mère », a déclaré Bassam Hamdan à l'AFP, après l'attaque survenue dans un quartier de la ville de Gaza.

« Nous les avons retrouvés déchiquetés, leurs restes éparpillés », a-t-il ajouté, expliquant que les victimes avaient été retrouvées dans un état extrêmement dégradé.

Dans le sud de la bande de Gaza, des corps recouverts de bâches en plastique blanc ont été transportés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, tandis que les blessés de Rafah ont été évacués vers des centres de soins à bord de charrettes tirées par des ânes, sur des civières ou à dos d'homme.

Le Hamas et Israël ont tous deux déclaré que les dix otages détenus depuis l'attaque des militants du 7 octobre 2023, à l'origine de la guerre, seraient libérés si un accord était conclu.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu'il était prêt à entamer des négociations pour mettre fin de manière plus permanente aux hostilités. 

Cependant, une source palestinienne a déclaré que le refus d'Israël d'accepter la demande du Hamas d'un retrait complet de ses troupes de Gaza freinait les progrès des négociations.

Une deuxième source a indiqué que les médiateurs avaient demandé aux deux parties de reporter les discussions jusqu'à l'arrivée de l'émissaire spécial du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, à Doha.

« Les négociations à Doha sont confrontées à un revers et à des difficultés complexes en raison de l'insistance d'Israël, depuis vendredi, à présenter une carte de retrait qui est en réalité une carte de redéploiement et de repositionnement de l'armée israélienne plutôt qu'un véritable retrait », a déclaré cette source.

Elle a ajouté qu'Israël proposait de maintenir des forces militaires dans plus de 40 % du territoire palestinien, forçant ainsi des centaines de milliers de Palestiniens déplacés à se regrouper dans une petite zone près de la ville de Rafah, à la frontière avec l'Égypte. 

« La délégation du Hamas n'acceptera pas les cartes israéliennes, car elles légitiment essentiellement la réoccupation d'environ la moitié de la bande de Gaza et transforment Gaza en zones isolées, sans points de passage ni liberté de circulation », ont-ils déclaré.

En réponse, un haut responsable politique israélien a rétorqué que c'était le Hamas qui avait décliné les offres sur la table, l'accusant de « dresser des obstacles » et de « rejeter tout compromis » dans le dessein de « saboter les pourparlers ».

« Israël a démontré sa volonté de faire preuve de souplesse dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et s'accroche à des positions qui empêchent les médiateurs de faire avancer un accord », a ajouté le responsable dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Les attaques du Hamas contre Israël en 2023 ont fait au moins 1 219 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres israéliens.

« La délégation du Hamas n'acceptera pas les cartes israéliennes, car elles légitiment essentiellement la réoccupation d'environ la moitié de la bande de Gaza et transforment Gaza en zones isolées, sans points de passage ni liberté de circulation », ont-ils déclaré.

Un haut responsable politique israélien a ensuite répliqué que c'était le Hamas qui avait rejeté les propositions sur la table, l'accusant de « créer des obstacles » et de « refuser tout compromis » dans le but de « saboter les négociations ».

« Israël a démontré sa volonté de faire preuve de souplesse dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et s'accroche à des positions qui empêchent les médiateurs de faire avancer un accord », a ajouté le responsable dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Les attaques du Hamas contre Israël en 2023 ont fait au moins 1 219 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres israéliens. 

Deux cessez-le-feu précédents, une trêve d'une semaine à la fin du mois de novembre 2023 et une autre de deux mois à partir de la mi-janvier de cette année, ont permis la libération de 105 otages en échange de centaines de prisonniers palestiniens.

Selon une deuxième source palestinienne, « certains progrès » auraient été réalisés lors des dernières négociations concernant les plans de libération des prisonniers palestiniens détenus par Israël et l'obtention d'une aide supplémentaire pour Gaza.

Netanyahu, qui subit des pressions nationales et internationales pour mettre fin à la guerre, a déclaré cette semaine que la neutralisation du Hamas en tant que menace pour la sécurité était une condition préalable à toute négociation de cessez-le-feu à long terme.

Cela inclut le désarmement, a-t-il précisé, avertissant que si cela n'était pas fait, Israël serait contraint d'y parvenir par la force.

 


Liban: un mort dans une frappe israélienne, selon le ministère de la Santé

Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
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  •  Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
  • Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin

BEYROUTH: Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Une "frappe de l'ennemi israélien" sur une maison à Wata al-Khiam a fait un mort, a précisé le ministère dans un communiqué. L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

L'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre, prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays.

Seules l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) sont censées y être déployées.

Les forces israéliennes, qui devaient se retirer du Liban en vertu de l'accord, occupent toutefois cinq positions frontalières dans le sud du pays.

Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin.


L’émissaire américain Tom Barrack met en garde : « Le Liban doit agir, ou d'autres le feront »

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  • Interrogé sur l'avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l'effondrement économique du Liban, il décrit une voie délicate à suivre pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions
  • Je pense que ce gouvernement est prêt... Nous disons : "Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n'allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n'en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous", ajoute-t-il

NEW YORK CITY : « Si le Liban ne se dépêche pas de rentrer dans le rang, tout le monde autour le fera », a averti vendredi l’envoyé spécial américain Tom Barrack, évoquant la transformation possible du Hezbollah en une entité politique pleinement intégrée au Liban.

Son propos souligne l’impatience croissante de Washington face à l’immobilisme politique libanais et la pression pour un réajustement régional complet.

Interrogé par Arab News sur l’avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l’effondrement économique du Liban, M. Barrack a décrit un chemin sinueux à emprunter pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions.

Le désarmement de la branche militaire du Hezbollah, classée par Washington comme organisation terroriste étrangère, et la possibilité de sa réintégration dans le pays en tant que parti purement politique sont au cœur de la conversation.

« C’est une excellente question », a déclaré M. Barrack lorsqu’Arab News lui a demandé si l’administration américaine envisagerait de retirer le Hezbollah de la liste des organisations terroristes s’il renonçait à ses armes. « Je n’esquive pas la question, mais je ne peux pas y répondre. »

Il a reconnu la complexité de la question et a souligné que si Washington qualifie sans équivoque le Hezbollah de groupe terroriste, son aile politique a remporté des sièges parlementaires et représente une part importante de la population chiite du Liban, aux côtés du Mouvement Amal.

M. Barrack a décrit le Hezbollah comme ayant « deux parties » : une faction militante, soutenue par l’Iran et désignée comme entité terroriste, et une aile politique qui opère au sein du système parlementaire libanais. Il a souligné que tout processus de désarmement du Hezbollah devait être mené par le gouvernement libanais, avec le plein accord du Hezbollah lui-même.

« Ce processus doit commencer par le Conseil des ministres », a-t-il déclaré. « Il doit autoriser le mandat. Et le Hezbollah, le parti politique, doit donner son accord.

Mais ce que le Hezbollah dit, c’est : « D’accord, nous comprenons qu’un seul Liban doit voir le jour ». Pourquoi ? Parce qu’une seule Syrie commence à voir le jour.

Cette volonté d’unité, a ajouté M. Barrack, intervient dans un contexte de changement de la dynamique régionale, en particulier dans le sillage de ce qu’il a décrit comme les politiques « audacieuses » du président américain Donald Trump à l’égard de l’Iran.

« L’avenir de chacun est en train d’être recyclé », a-t-il déclaré, suggérant qu’un recalibrage plus large était en cours au Moyen-Orient, de la reconstruction de la Syrie à de nouveaux dialogues potentiels impliquant Israël.

« Le Hezbollah, à mon avis, le parti politique Hezbollah, regarde et dit logiquement, pour notre peuple, le succès du Liban doit rassembler les sunnites, les chiites, les chrétiens druzes. Le moment est venu. Comment y parvenir ? Israël doit en être un élément constitutif ».

M. Barrack a indiqué que les États-Unis avaient facilité les pourparlers en coulisses entre le Liban et Israël, malgré l’interdiction légale de contact direct imposée par le premier.

« Nous avons constitué une équipe de négociation et commencé à jouer le rôle d’intermédiaire », a-t-il déclaré. « Je pense que c’est ce qui se passe actuellement.

Au cœur de tout accord se trouvera la question des armes, non pas des armes légères, que M. Barrack considère comme courantes au Liban, mais des armes lourdes capables de menacer Israël. Ces armes, a-t-il dit, sont « stockées dans des garages et des souterrains sous les maisons ».

Un processus de désarmement, a-t-il suggéré, nécessiterait que les forces armées libanaises, une institution qu’il a décrite comme largement respectée, interviennent, avec le soutien des États-Unis et d’autres instances internationales.

« Il faut renforcer les Forces armées libanaises », a-t-il déclaré, « puis, en douceur, avec le Hezbollah ». Ensuite, en douceur, avec le Hezbollah, ils pourront dire : « Voici comment vous allez rendre les armes. Nous n’allons pas le faire dans le cadre d’une guerre civile ».

Mais la capacité des autorités libanaises à mettre en œuvre un tel plan reste incertaine. Barrack a déploré les institutions défaillantes du pays, sa banque centrale défunte, une loi de résolution bancaire bloquée et l’impasse systémique au parlement.

Lundi, l’envoyé a déclaré qu’il était satisfait de la réponse du gouvernement libanais à une proposition de désarmement du Hezbollah, ajoutant que Washington était prêt à aider la petite nation à sortir de sa longue crise politique et économique.

« Ce que le gouvernement nous a donné est quelque chose de spectaculaire en très peu de temps et d’une manière très compliquée », a déclaré M. Barrack lors d’une conférence de presse au palais présidentiel de Beyrouth.

Plus tard, cependant, lors d’une interview avec la chaîne d’information libanaise LBCI, lorsqu’on lui a demandé si les hommes politiques libanais avec lesquels il avait traité s’engageaient réellement avec lui ou s’ils cherchaient simplement à gagner du temps, M. Barrack a répondu : « La culture politique libanaise consiste à nier, détourner et dévier.

« C’est ainsi que les choses se passent depuis 60 ans et c’est la tâche qui nous attend. Il faut que cela change.

Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis étaient réellement satisfaits du plan d’action du gouvernement libanais, il a répondu : « Les deux (affirmations) sont vraies : « Les deux (déclarations) sont vraies », faisant référence à ses commentaires louant le leadership de Beyrouth, tout en critiquant cet héritage de « retards, détours et déviations ».

Il a ajouté : « Ils sont satisfaits du statu quo - jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus. Qu’est-ce qui change ? Ce qui change, c’est qu’ils vont disparaître ».

M. Barrack a toutefois fait preuve d’un optimisme prudent.

« Je pense que ce gouvernement est prêt », a-t-il déclaré. « Il s’attaque aux problèmes. Nous ne sommes pas tendres avec eux. Nous leur disons : « Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n’allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n’en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous ».

M. Barrack a clairement indiqué que le temps des manœuvres dilatoires était peut-être compté.

« Il s’agit d’un tout petit pays doté d’un système confessionnel qui a peut-être du sens, peut-être pas », a-t-il déclaré. « C’est maintenant qu’il faut agir.

En ce qui concerne la Syrie, M. Barrack a déclaré que la levée des sanctions américaines contre le pays marquait un « nouveau départ » stratégique pour la nation déchirée par la guerre, mais il a souligné que les États-Unis ne cherchaient pas à construire des nations ou à instaurer un fédéralisme dans la région.

Il a décrit le Moyen-Orient comme un « code postal difficile à un moment étonnamment historique » et a déclaré que la levée des sanctions par l’administration Trump le 13 mai visait à offrir au peuple syrien « une nouvelle tranche d’espoir » après plus d’une décennie de guerre civile.

« Le message du président (Trump) est la paix et la prospérité », a déclaré M. Barrack, ajoutant que le changement de politique vise à donner au régime syrien émergent une chance de se reconstruire. « Les sanctions ont donné de l’espoir au peuple. C’est vraiment tout ce qui s’est passé à ce moment-là. »

M. Barrack a précisé que l’engagement initial des États-Unis en Syrie était motivé par des opérations de lutte contre Daesh et ne visait pas un changement de régime ou une intervention humanitaire.

Il a toutefois reconnu que la région entrait dans une nouvelle phase. « Nous ne sommes pas là pour construire une nation. Nous sommes là pour offrir une opportunité, et c’est à eux de la saisir », a-t-il déclaré.

Il a réaffirmé la position de Washington contre un modèle fédéral pour la Syrie, affirmant que le pays doit rester unifié avec une seule armée et un seul gouvernement.

« Il n’y aura pas six pays. Il n’y aura qu’une seule Syrie », a-t-il déclaré, excluant la possibilité de régions autonomes kurdes, alaouites ou druzes.

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions renouvelées entre les groupes kurdes et le gouvernement central syrien, notamment sur l’avenir des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.

Le Pentagone a demandé 130 millions de dollars dans son budget 2026 pour continuer à soutenir les FDS.

« Les FDS sont des YPG, et les YPG sont un dérivé du PKK », a fait remarquer M. Barrack, en référence au Parti des travailleurs du Kurdistan, qui est considéré comme une organisation terroriste à la fois par la Turquie et par les États-Unis. « Nous leur devons [aux FDS] d’être raisonnables… mais pas à leur propre gouvernement ».

Il a souligné que les États-Unis ne dictaient pas de conditions, mais qu’ils ne soutiendraient pas une issue séparatiste : « Nous n’allons pas rester là pour toujours à jouer les baby-sitters ».

M. Barrack a confirmé que les États-Unis suivaient de près l’annonce selon laquelle le premier groupe de combattants du PKK avait détruit ses armes dans le nord de l’Irak, un geste qu’il a qualifié de « généreux » et potentiellement important.

« Cela pourrait être le premier pas vers une résolution à long terme de la question kurde en Turquie », a-t-il déclaré, mais il a averti que des questions subsistaient quant aux liens actuels des FDS avec les dirigeants du PKK. « Ils (les FDS) doivent prendre une décision : Sont-elles syriennes ? Sont-ils d’abord des Kurdes ? C’est leur problème.

L’ambassadeur a déclaré que la vision ultime incluait une normalisation progressive entre la Syrie et Israël, s’alignant potentiellement sur l’esprit des accords d’Abraham. « M. Al-Shara a affirmé haut et fort qu’Israël n’était pas un ennemi », a déclaré M. Barrack. « Des discussions sont en cours, à petits pas.

Il a ajouté que les acteurs régionaux, notamment le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie, devraient également prendre part à un processus de normalisation plus large.

M. Barrack a souligné que la stratégie américaine actuelle offre une chance limitée mais réelle de stabilité. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il déclaré. « Nous disons : voici une voie. Si vous ne l’aimez pas, montrez-nous en une autre ».

L’ambassadeur a déclaré que les États-Unis étaient prêts à apporter leur aide, mais qu’ils n’étaient plus disposés à jouer le rôle de « garant de la sécurité dans le monde ».

« Nous vous aiderons, nous vous accompagnerons. Mais c’est à vous de créer une nouvelle histoire », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com