Paris va commander 2 000 drones kamikazes français, en partie destinés à l'Ukraine

Un drone DT26E Delair est exposé à l'atelier de l'usine de drones Delair à Labège, dans le sud-ouest de la France, le 29 février 2024. (AFP)
Un drone DT26E Delair est exposé à l'atelier de l'usine de drones Delair à Labège, dans le sud-ouest de la France, le 29 février 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 01 mars 2024

Paris va commander 2 000 drones kamikazes français, en partie destinés à l'Ukraine

  • «Les drones kamikazes sont fondamentaux dans la conduite des opérations» et vont pouvoir constituer un «complément du canon Caesar en matière d'artillerie», a déclaré le ministre
  • Le projet Colibri vise à développer une MTO capable d'opérer dans un rayon de cinq kilomètres pour un coût unitaire inférieur à 20 000 euros

LABEGE: Le ministère français des Armées va commander 2 000 munitions télé-opérées (MTO) de conception française dans les prochaines semaines, dont 100 premières en urgence sont destinées à être livrées à l'Ukraine d'ici cet été, a annoncé jeudi le ministre Sébastien Lecornu.

"J'ai pris la décision de commander 2 000 munitions télé-opérées, autant pour les besoins de l'armée française que pour l'Ukraine", a déclaré le ministre à l'occasion d'une visite de l'usine du fabricant de drones Delair à Labège, en banlieue de Toulouse (sud-ouest).

"Les drones kamikazes sont absolument fondamentaux dans la conduite des opérations" et vont pouvoir constituer un "complément du canon Caesar en matière d'artillerie", a-t-il plaidé.

Actuellement confronté à une pénurie d'obus, Kiev a recours à grande échelle aux drones chargés d'explosifs, notamment aux petits drones issus du marché civil bricolés pour emporter une charge explosive.

Paris entend notamment profiter du retour d'expérience que fournira l'utilisation de ces drones en Ukraine pour améliorer les technologies de protection contre la guerre électronique et le brouillage GPS massivement utilisé par les forces russes.

Pour Sébastien Lecornu, ces premiers investissements dans des MTO "participent à un effort de rattrapage important pour nos armées" alors que la France accuse un retard dans le développement de drones.

L'an passé, voyant l'utilisation massive en Ukraine de ces MTO, déjà utilisés lors du conflit au Haut-Karabakh, Paris avait passé en urgence une commande de près d'une centaine de munitions télé-opérées américaines Switchblade.

La commande que s'apprête à passer le ministère s'inscrit dans le cadre du projet baptisé Colibri visant à développer une MTO capable d'opérer dans un rayon de cinq kilomètres pour un coût unitaire inférieur à 20.000 euros.

Elle sera passée auprès de deux consortiums rassemblant un droniste et un spécialiste de pyrotechnie, d'un côté Delair et Nexter, de l'autre le droniste Novadem et MBDA. L'appel à projet est cependant ouvert à d'autres compétiteurs potentiels.

Les 100 premiers drones destinés à Kiev pour l'été vont être commandés auprès de Delair et Nexter.

La répartition entre l'armée française et les besoins ukrainiens des 1.900 restants n'a pas été précisée. Tous devront être livrés en 2024-2025.

Le drone UX-11 de Delair pèse 1,4 kg et peut voler pendant 1H20 jusqu'à 25 kilomètres en emportant une charge de quelques centaines de grammes.

Cette PME d'une centaine de salariés est "une vitrine de ce qu'il faut faire en économie de guerre", a salué M. Lecornu, évoquant une capacité de montée en cadence rapide et le fait qu'elle ait commencé à étudier avec des partenaires ukrainiens la possibilité d'une production locale.

Delair a déjà fourni à Kiev depuis l'été 100 drones UX-11 de reconnaissance ainsi que 50 drones DT-26 plus massifs et s'apprête à lui en livrer 150 supplémentaires.

Les Ukrainiens ont sélectionné ces drones car ils ont la particularité de bien résister au brouillage. "Nos systèmes bénéficient aussi du retour d'expérience des Ukrainiens", qui ont permis une quinzaine d'améliorations du drone entre septembre et novembre, selon le président de Delair Bastien Mancini.

L'entreprise produit actuellement une cinquantaine de drones par mois et est passée en un an d'une production de quatre à douze "gros drones" DT-26 et DT-46 par mois, a-t-il ajouté.

Cette montée en cadence s'est traduite dans ses revenus, Delair ayant réalisé un chiffre d'affaires d'"un peu plus de 10 millions d'euros" l'an passé, chiffre qui devrait doubler selon lui.


La France «pays le plus visé en Europe» après l'Ukraine par les manipulations de l'information, selon Bayrou

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  • "C'est dire à quelle hauteur, à quelle échelle notre pays est visé. La menace est là. C'est une menace intime, proche de nous, qui touche chaque Français, dans la mesure où notre société est devenue une société des écrans", a souligné M. Bayrou
  • Il a mis notamment mis en garde contre l'intelligence artificielle qui "permet à cette manipulation de s'exercer à une échelle jamais atteinte"

PARIS: La France est, après l'Ukraine, "le pays le plus visé en Europe par les tentatives de manipulation venant de l'étranger" en matière informationnelle, a rapporté vendredi le Premier ministre français François Bayrou.

Dans "la guerre informationnelle" qui "s'est aggravée dans le contexte des conflits en cours et des tensions géopolitiques", "la France est une cible privilégiée". "Elle est, après l'Ukraine, le pays le plus visé en Europe par les tentatives de manipulation venant de l'étranger", a affirmé le chef du gouvernement devant le Forum 2025 de Viginum, l'organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, qui s'interroge cette année sur la manière de "protéger la démocratie face aux manipulations de l'information".

"On peut en détecter des linéaments (de manipulations, ndlr) venant de Chine. On en détecte des interventions massives venant de Russie", a ajouté le Premier ministre, en citant un rapport du Service européen pour l'action extérieure, selon lequel, sur les 505 incidents relevés en Europe entre 2023 et 2024, 257 concernaient l'Ukraine, et 152 concernaient la France.

"C'est dire à quelle hauteur, à quelle échelle notre pays est visé. La menace est là. C'est une menace intime, proche de nous, qui touche chaque Français, dans la mesure où notre société est devenue une société des écrans", a souligné M. Bayrou.

Il a mis notamment mis en garde contre l'intelligence artificielle qui "permet à cette manipulation de s'exercer à une échelle jamais atteinte".

"Or une démocratie est le seul régime qui ne puisse pas durer si les citoyens n'ont pas accès à une information vraie, fiable", a-t-il ajouté. "L'enjeu est géopolitique, il est technique, mais il est surtout politique au sens citoyen du terme. Il en va de notre capacité à former une communauté unie derrière un même idéal démocratique".

"Nous paraissons en paix et pourtant nous sommes déjà en guerre", une "guerre singulière" qui "pour être virtuelle ou hybride, n'en est pas moins réelle. C'est la guerre informationnelle", a-t-il martelé, en saluant dans Viginum un "moyen efficace d'action" dans cette guerre "qui met le respect de la loi et des libertés fondamentales au cœur de son fonctionnement".

Dans un rapport publié en février, Viginum avait décrit comment la Russie déployait depuis trois ans une campagne très organisée de guerre informationnelle pour légitimer et engranger du soutien à sa guerre en Ukraine, témoignant d'une "vraie culture stratégique" dans ce domaine.

Viginum dépend à Matignon du Secrétariat général à la défense et la sécurité nationale (SGDSN), qui est chargé des plans de lutte contre le terrorisme, contre la désinformation ou les cyberattaques.


Pour le recteur de la Grande mosquée de Paris, la «grâce» de Sansal est possible

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  • Son arrestation, le 16 novembre à Alger, avait aggravé de fortes tensions entre l'Algérie et la France provoquées
  • "Lorsqu'il a terminé sa garde à vue, les infractions qu'on lui reprochait étaient de l'ordre de le faire passer dans l'équivalent de ce qu'est la cour d'assises, c'est-à-dire devant le tribunal criminel" mais "l'affaire a été correctionnalisée"

PARIS: Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a jugé vendredi possible la "grâce" de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné jeudi à cinq ans de prison ferme à Alger.

"Si on fait de la politique fiction, je pense que le président de la République (algérienne) va décider de sa grâce", a déclaré sur Sud Radio le recteur de la Grande mosquée de Paris.

Le tribunal correctionnel de Dar El Beida, près d'Alger, a décidé jeudi "une peine de cinq ans de réclusion ferme" à l'encontre de Boualem Sansal, soit la moitié de la peine requise par le parquet, selon un correspondant de l'AFP présent dans la salle.

M. Sansal, 80 ans selon son éditeur Gallimard, était accusé notamment d'atteinte à l'intégrité du territoire pour avoir repris à son compte, dans le média français d'extrême droite "Frontières", la position du Maroc selon laquelle d'amples portions du pays auraient été amputées au profit de l'Algérie, sous la colonisation française.

Son arrestation, le 16 novembre à Alger, avait aggravé de fortes tensions entre l'Algérie et la France provoquées, l'été dernier, par un revirement français en faveur de la position marocaine sur l'épineux dossier du Sahara occidental.

"Lorsqu'il a terminé sa garde à vue, les infractions qu'on lui reprochait étaient de l'ordre de le faire passer dans l'équivalent de ce qu'est la cour d'assises, c'est-à-dire devant le tribunal criminel" mais "l'affaire a été correctionnalisée", a rappelé vendredi Chems-eddine Hafiz, y voyant un signe d'assouplissement positif.

Reste que si l'écrivain fait appel, un délai de dix jours qui s'impose alors empêcherait l'écrivain de bénéficier d'une "grâce présidentielle" à l'occasion de la fête de l'Aïd, attendue dimanche, qui met un terme au Ramadan et est "un moment de pardon", a rappelé le recteur de la Grande mosquée de Paris, établissement qui entretient un lien historique, culturel et financier fort avec l'Algérie.

"Je sais ce qu'est la prison. Je sais ce que ça peut être pour un homme, quelle que soit la prison. En même temps, il est âgé, il est malade. Son épouse est malade", a-t-il rappelé, estimant qu'"à titre humanitaire", une grâce "tombe sous le sens".

"Il a passé six mois en prison. Six mois, c'est trop pour lui. (...) J'espère de tout mon cœur qu'il soit gracié et qu'il revienne au moins retrouver son épouse qui est elle-même souffrante", a ajouté le recteur, par ailleurs ancien avocat.

Selon lui, "il n'y a pas eu des relations directes" entre les présidents français et algérien ces dernières heures, mais "il y a eu des relations via des émissaires" pour évoquer, notamment, ce dossier.

 


Le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler nommé directeur général adjoint de la Société Générale

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  • Il sera notamment président de la banque d'investissement de la Société Générale. A ce titre, il "coordonnera (...) les activités de fusions et acquisitions" et  "de marché des capitaux actions", selon le communiqué du groupe bancaire
  • Le départ d'Alexis Kohler de l'Elysée, où il était arrivé en même temps qu'Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat en 2017, avait été officialisé jeudi

PARIS: Le bras droit historique d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée depuis huit ans, est nommé directeur général adjoint de la Société Générale, a annoncé la banque française vendredi.

Il sera notamment président de la banque d'investissement de la Société Générale. A ce titre, il "coordonnera (...) les activités de fusions et acquisitions" et  "de marché des capitaux actions", selon le communiqué du groupe bancaire.

Il le rejoindra "en juin" et sera membre de son comité exécutif.

Alexis Kohler aura également pour fonction d'assister le directeur général de Société Générale, Slawomir Krupa, "dans la mise en oeuvre des programmes de transformation de l'entreprise", engagée dans un vaste chantier de restructurations et d'économies.

Il supervisera aussi le secrétariat général, la direction des ressources humaines et la direction de la communication du groupe.

M. Kohler "apportera au groupe son talent, sa grande expérience et son engagement exceptionnel", a commenté Slawomir Krupa, cité dans le communiqué.

Le départ d'Alexis Kohler de l'Elysée, où il était arrivé en même temps qu'Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat en 2017, avait été officialisé jeudi.

"Alexis Kohler a mis toute son énergie, son talent et sa force de travail hors pair au service de notre projet politique et des Français", lui avait rendu hommage Emmanuel Macron jeudi, dans une déclaration au Figaro.

Le départ de celui qui portait également le surnom de "vice-président" solde une série de rumeurs et spéculations sur son avenir qui s'étaient amplifiées depuis la fin février.

Il marque un tournant majeur dans la présidence Macron, tant la longévité et le pouvoir qu'on a prêtés à Alexis Kohler apparaissent hors du commun: dans la prestigieuse liste de ses prédécesseurs, seul Jean-Louis Bianco - neuf ans auprès de François Mitterrand - est resté plus longtemps à ce poste stratégique.

Alexis Kohler, Strasbourgeois de naissance, énarque, diplômé de l'Essec et de Sciences Po Paris, est par ailleurs le seul à avoir occupé ce poste pendant l'entièreté d'un mandat présidentiel.

Celui qui fêtera ses 53 ans en novembre avait secondé Emmanuel Macron depuis son entrée en politique, en tant que directeur de cabinet au ministère de l'Economie (2014-2016), après avoir été celui de Pierre Moscovici.

Emmanuel Moulin, ancien directeur du Trésor puis directeur de cabinet de Gabriel Attal lorsqu'il était Premier ministre, lui succédera le 14 avril, a annoncé l'Elysée, confirmant une information initialement dévoilée par Le Figaro.