Au sud de Khartoum coupé du monde, la peur et la mort

Une panne de communication a rendu rares les informations sur l’État soudanais d’Al-Jazira (AFP/Dossier).
Une panne de communication a rendu rares les informations sur l’État soudanais d’Al-Jazira (AFP/Dossier).
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Publié le Dimanche 03 mars 2024

Au sud de Khartoum coupé du monde, la peur et la mort

  • Le 15 avril, quand la guerre a éclaté à Khartoum, l'Etat d'Al-Jazira, qui borde la capitale au sud, faisait figure de havre de paix
  • Des milliers de familles de Khartoum sont ainsi allées se réfugier dans les maisons, écoles et autres centres d'accueil improvisés de cette vaste région agricole bordée par le Nil Bleu et le Nil Blanc

PORT-SOUDAN: Sous le joug des paramilitaires depuis trois mois, menacés par des pillages ou la saisie de leurs biens, privés de télécommunications, les habitants d'al-Jazira, au sud de la capitale soudanaise, racontent un quotidien de peur et de mort.

Le 15 avril, quand la guerre a éclaté à Khartoum entre le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et le patron des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), le général Mohammed Hamdane Daglo, l'Etat d'Al-Jazira, qui borde la capitale au sud, faisait figure de havre de paix.

Des milliers de familles de Khartoum sont ainsi allées se réfugier dans les maisons, écoles et autres centres d'accueil improvisés de cette vaste région agricole bordée par le Nil Bleu et le Nil Blanc.

Mais à la mi-décembre, la guerre, qui a entraîné le pays au bord de la famine, a fait des milliers de morts et huit millions de déplacés, a gagné Wad Madani, capitale d'al-Jazira.

Avec les combats dans cette ville, un demi-million de Soudanais ont repris la route, certains pour la deuxième ou la troisième fois. Et le 7 février, internet et le téléphone ont cessé d'y fonctionner.

Des dizaines de morts 

Sous couvert d'anonymat et via un rare téléphone satellitaire, un habitant raconte à l'AFP la violence permanente.

Dans son village de Baranko, à 55 kilomètres au nord de Wad Madani, des jeunes hommes se relaient pour surveiller les maisons la nuit, afin de prévenir les pillages dont sont accusés les FSR.

"Le 22 février, la milice (les FSR, NDLR) a tiré sur des dizaines d'habitants qui protestaient contre l'arrestation de plusieurs jeunes qui gardaient les maisons", rapporte cet habitant.

Plusieurs sources locales font état de 18 blessés, dont certains sont parvenus à atteindre l'hôpital de Chendi, à 250 kilomètres plus au nord, en prenant des chemins de traverse sous les feux croisés.

Al-Samani, qui donne uniquement son prénom par peur des représailles, vit lui dans la localité de Tabet, à 80 kilomètres au nord-ouest de Wad Madani.

"Depuis une semaine, les miliciens attaquent les maisons et terrorisent les femmes pour leur voler leurs bijoux en or", offerts généralement en dot au Soudan et désormais très convoités, affirme-t-il à l'AFP. "Et il n'y a pas un tracteur ou outil agricole qu'ils n'ont pas pillé".

Dans le village proche d'Abou Adara, "cinq habitants ont été tués par les FSR le 25 février", rapporte de son côté le "comité de résistance" local, ces groupes qui, avant, organisaient les manifestations contre le pouvoir militaire, et constituent désormais la dernière organisation civile pour protéger les 48 millions de Soudanais.

Dans tout l'Etat d'Al-Jazira durant la semaine écoulée, le comité de résistance recense 86 morts, ainsi que des blessés, dans 53 villages qui ont subi des violences des FSR.

Quant aux bus, soit ils ont été volés, soit ils ne trouvent plus de carburant dans un pays où les stations-service de nombreux Etats ne sont plus alimentées en raison des routes coupées et des difficultés à passer entre les zones de contrôle rivales.

Pénurie de médicaments 

"Partir est difficile car il faut payer mais les applications de paiement en ligne sont à l'arrêt" sans internet, raconte encore al-Samani.

Depuis le début de la guerre au Soudan il y a plus de 10 mois, l'économie est principalement devenue virtuelle tant les pillages d'argent liquide ont ruiné les familles.

L'application de la principale banque du pays permet d'effectuer des virements, de récupérer des billets ou de payer des achats dans des magasins. Mais elle nécessite du réseau.

Les prix, eux, sont en hausse constante. Le litre d'essence coûte désormais 25 000 livres soudanaises, l'équivalent de 20 dollars. Le prix d'un kilo de viande, à 6 000 livres avant l'arrivée des FSR, a doublé.

Et maintenant que l'Etat a perdu "80% de ses revenus à cause de la guerre", selon le ministre des Finances, Gibril Ibrahim, loyal à l'armée, les importations ont fondu.

"Le pire, ce sont les médicaments. Il n'y en a plus", se lamente Mohammed al-Qassem, d'un village à 25 kilomètres à l'ouest de Wad Madani: "Les diabétiques ne peuvent plus se soigner, ni ceux qui font de l'hypertension".


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.