Après 10 ans de FIV, l'insoutenable désespoir d'une mère ayant perdu ses bébés jumeaux

Rania Abu Anza (à gauche), la mère des jumeaux Naeem et Wissam, tués lors d'une frappe aérienne israélienne nocturne, pleure leur mort avant leur enterrement à Rafah le 3 mars 2024 (Photo, AFP).
Rania Abu Anza (à gauche), la mère des jumeaux Naeem et Wissam, tués lors d'une frappe aérienne israélienne nocturne, pleure leur mort avant leur enterrement à Rafah le 3 mars 2024 (Photo, AFP).
Dans le sud de la bande de Gaza, les Abou Anza ont enterré dimanche 14 membres de leur famille, tués dans la nuit (Photo, AFP).
Dans le sud de la bande de Gaza, les Abou Anza ont enterré dimanche 14 membres de leur famille, tués dans la nuit (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 04 mars 2024

Après 10 ans de FIV, l'insoutenable désespoir d'une mère ayant perdu ses bébés jumeaux

  • Le front d'un des bébés est encore maculé de sang, leurs lèvres sont violettes, leurs joues rebondies encadrées par un linceul blanc
  • Une femme implore le ciel avant de s'évanouir, une autre hurle en pleurant avant que d'autres encore ne viennent la prendre par les épaules pour l'éloigner de la scène

GAZA: Elle s'accroche aux bras d'une proche et cache son visage rougi par les larmes, Rania Abou Anza est dévastée par le chagrin. A quelques mètres de là, des dépouilles d'enfants parmi lesquelles celles de ses bébés jumeaux.

Dans le sud de la bande de Gaza, les Abou Anza ont enterré dimanche 14 membres de leur famille, tués dans la nuit, selon le ministère de la Santé du Hamas, par une frappe israélienne sur leur immeuble de Rafah.

"Qui me dira +maman+, qui? Dites moi: qui m’appellera maman?", répète Mme Abou Anza qui tient Wissam et Naïm dans ses bras.

En sanglots, les mains tremblantes, elle reboutonne la veste de l'un des jumeaux de moins de six mois. "Leurs vêtements sont encore sur la corde à linge", lâche-t-elle, nerveusement.

Le front d'un des bébés est encore maculé de sang, leurs lèvres sont violettes, leurs joues rebondies encadrées par un linceul blanc.

Elle raconte avoir attendu dix ans, et fait trois inséminations avant de pouvoir donner naissance à ses deux enfants. "Et maintenant, ils sont morts", conclut-elle, incrédule et bouleversée.

Passant de bras en bras, la jeune mère ne tient presque plus debout. Les femmes qui tentent de la retenir finissent parfois par fondre en larmes, elles aussi.

Des dizaines d'hommes, dont des journalistes, rejoignent le cimetière dans une apparente fébrilité avant de s'arrêter autour du caveau. Lorsque les nourrissons sont mis en terre, leurs visages deviennent tout à coup très graves.

A l'extérieur, encore, des hommes se prennent la tête entre les mains, des femmes relèvent un pan de leur voile pour s'essuyer le coin des yeux.

«Seulement des civils»

Devant les ruines de la maison, un entrelacs désolant de parpaings et de morceaux de meubles, de tuyaux et de tiges de fer, des hommes appellent le nom des enfants qui n'ont pas encore été retrouvés sous les décombres.

Des badauds, dont de nombreux enfants, regardent longuement ceux qui s'affairent, en écoutant la litanie: "Abou Abdo, Yasser, Ahmed, Sajjar..."

Une femme implore le ciel avant de s'évanouir, une autre hurle en pleurant avant que d'autres encore ne viennent la prendre par les épaules pour l'éloigner de la scène.

Certains parviennent à récupérer un sac de pain, précieuse découverte alors que la famine menace le territoire palestinien. D'autres jettent un sac de vêtements du haut de la montagne de béton. D'après la famille, quatre étages se sont effondrés dans la frappe.

"Tout le monde dormait", raconte Chehda Abou Anza, un membre de la famille. "Honnêtement, il n'y avait aucune présence militaire dans la maison, seulement des civils". "Pas d'hommes armés, que des civils, tous des bébés et des enfants en bas âge", insiste-t-il.

Sollicitée, l'armée israélienne n'a pas répondu aux questions posées par l'AFP sur cette frappe.

Les victimes de la famille Abou Anza comptent parmi les 30.410 personnes, dont plus de 13.000 mineurs, tuées depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, selon un dernier bilan dimanche du ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Près de la moitié des habitants de la bande de Gaza sont mineurs, selon les données officielles palestiniennes.

Rania Abou Anza se souvient de ses derniers instants avec Wissam et Naïm: "nous dormions, et soudain, à 23H30, je me suis retrouvée en train de voler, mes enfants étaient à côté de moi, j'ai commencé à crier: mes enfants, mes enfants!"

Elle raconte avoir ensuite demandé aux personnes fouillant les décombres de chercher ses jumeaux: "ils les ont extraits et ils m'ont dit: +vos enfants sont morts+."


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.