Des dizaines de morts à Gaza dans des raids israéliens à la veille du ramadan

Des Palestiniens pleurent la mort d'un membre de leur famille dans la cour de l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, après qu'il ait été tué lors de frappes israéliennes sur le camp de fortune d'Al-Mawasi pour personnes déplacées à l'ouest de Khan Younès le 10 mars 2024 (Photo, AFP).
Des Palestiniens pleurent la mort d'un membre de leur famille dans la cour de l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, après qu'il ait été tué lors de frappes israéliennes sur le camp de fortune d'Al-Mawasi pour personnes déplacées à l'ouest de Khan Younès le 10 mars 2024 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 10 mars 2024

Des dizaines de morts à Gaza dans des raids israéliens à la veille du ramadan

  • Avant le ramadan, le mois de jeûne musulman sacré qui commence lundi ou mardi, aucune indication ne permet d'espérer un accord de trêve dans ce conflit qui a fait selon le Hamas 31045 morts
  • Selon les autorités du Hamas, au moins 85 Palestiniens ont péri ces dernières 24 heures dans plus de 60 frappes nocturnes

TERRITOIRES PALESTINIENS: L'armée israélienne a de nouveau largué dimanche ses bombes sur Gaza, faisant des dizaines de morts à la veille du ramadan et en pleine mobilisation internationale pour envoyer de l'aide humanitaire à la population civile assiégée et menacée de famine.

Dans le cadre d'un corridor maritime humanitaire annoncé par l'Union européenne, un premier navire chargé d'aide est prêt à quitter Chypre pour le territoire palestinien dévasté par plus de cinq moins de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Avant le ramadan, le mois de jeûne musulman sacré qui commence lundi ou mardi, aucune indication ne permet d'espérer un accord de trêve dans ce conflit qui a fait selon le Hamas 31.045 morts, en majorité des civils, dans l'offensive militaire d'envergure menée par Israël à Gaza en riposte à une attaque sanglante sans précédent du mouvement palestinien le 7 octobre.

"Ils disent chaque jour qu'il y aura une trêve au premier jour du ramadan. Mais comme vous le voyez, il y a encore eu des frappes ce matin. Assez de cette guerre!", a déclaré à l'AFP Moumen Ahmad à Rafah (sud) en disant qu'un bombardement avait touché une voiture et fait des victimes dans la ville.

Selon les autorités du Hamas, au moins 85 Palestiniens ont péri ces dernières 24 heures dans plus de 60 frappes nocturnes qui ont aussi touché des habitations dans le centre et le sud de Gaza, surtout à Khan Younès. Au moins 13 personnes ont péri dans la chute d'obus sur des tentes de déplacés dans la région d'Al-Mawasi, entre Khan Younès et Rafah, a précisé le ministère de la Santé.

L'armée israélienne, dont les soldats opèrent dans de vastes secteurs du territoire palestinien, a fait état d'une trentaine de combattants palestiniens tués ces dernières 24 heures dans le centre de Gaza et à Khan Younès.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés de Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a fait au moins 1.160 morts, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles. Environ 250 personnes ont aussi été enlevées et 130 sont encore retenues à Gaza, dont 31 seraient mortes d'après Israël.

En riposte, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Outre le lourd bilan humain et les destructions colossales, la guerre a provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien exigu, où selon l'ONU 2,2 des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine et 1,7 million ont été déplacés.

 

Nouveau largage d'aide sur Gaza avec la participation de cinq pays

La Jordanie et quatre autres pays ont procédé dimanche à un nouveau largage d'aide sur la bande de Gaza où la guerre et la famine menacent des centaines de milliers de Palestiniens, selon l'armée jordanienne et un journaliste de l'AFP à bord d'un avion jordanien.

Sur terre, des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants regardaient vers les caisses d'aide parachutées, avant de se précipiter pour récupérer les colis, d'après le journaliste.

Au cours de cette opération, qui a duré trois heures, les colis ont été largués sur plusieurs secteurs du territoire palestinien assiégé, où les destructions sont nettement visibles depuis le ciel.

L'armée jordanienne a indiqué dans un communiqué que des avions américains, français, belges et égyptiens avaient participé à l'opération.

L'aide a été larguée sur "un certain nombre de sites dans le nord de la bande de Gaza, dans le cadre des efforts internationaux déployés par le Royaume hachémite de Jordanie pour atténuer les effets de la guerre sur la bande de Gaza", selon un communiqué de l'armée.

A bord de l'avion jordanien, un militaire visiblement ému par la scène des Gazaouis qui accouraient vers les colis d'aide, a sorti une bouteille de jus de fruit de sa poche et l'a placée dans une des caisses avant de la larguer, a rapporté le journaliste de l'AFP.

Pour l'ONU, qui met en garde contre une "famine généralisée presque inévitable" à Gaza, les parachutages, de même que l'envoi d'aide par la mer, ne peuvent se substituer à la voie terrestre.

 

"Pour qu'elle ne meure pas" 

D'après le ministère de la Santé du Hamas, 25 personnes, la plupart des enfants, sont mortes de malnutrition et de déshydratation.

"Je nourris ma fille avec de l'eau, de l'eau, juste pour qu'elle ne meure pas. Je n'ai pas le choix", a raconté une mère à Gaza-Ville, Barak Abhar, en tenant son bébé en pleurs dans ses bras.

Israël assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer l'aide par voie terrestre qu'au compte-gouttes depuis l'Egypte qui maintient sa frontière fermée.

Occupé par Israël de 1967 à 2005, le territoire palestinien était déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007.

Dimanche, comme les précédents jours, plusieurs pays occidentaux et arabes ont aides sur Gaza. Vendredi, l'UE et les Etats-Unis ont annoncé préparer un corridor humanitaire maritime depuis Chypre, située à quelque 370 km de Gaza.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a espéré le départ d'un premier bateau dimanche, chargé par deux ONG de 200 tonnes de nourriture.

Laura Lanuza, la porte-parole de l'ONG espagnole Open Arms, partenaire dans ce projet de l'ONG américaine World Central Kitchen (WCK), a précisé samedi que les autorités israéliennes avaient inspecté la cargaison.

WCK "a déjà des gens à Gaza" et "construit une jetée" pour pouvoir décharger la cargaison, selon elle.

Reste à savoir comment cette aide serait acheminée à travers le territoire quotidiennement bombardé par Israël et en proie aux combats.

"Plus de mal que de bien"

Un navire militaire américain de soutien logistique a par ailleurs quitté les Etats-Unis avec  le matériel nécessaire à la construction d'une jetée temporaire à Gaza, annoncée par le président Joe Biden, pour décharger l'aide. Sa construction pourrait prendre jusqu'à 60 jours.

Néanmoins l'ONU, qui met en garde contre une "famine généralisée presque inévitable" à Gaza, affirme que les parachutages et l'envoi d'aide par mer ne peuvent se substituer à la voie terrestre.

Cette aide passe principalement par Rafah, près de la frontière égyptienne. Là sont massées selon l'ONU près de 1,5 million de personnes, en grande majorité des déplacés qui font quotidiennement la queue à des points de distribution de nourriture et d'eau. Et qui craignent une offensive israélienne terrestre annoncée.

Samedi, Joe Biden a critiqué le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui est déterminé à poursuivre la guerre pour en finir avec le Hamas et à entrer à Rafah.

"Il fait plus de mal que de bien à Israël. Il a le droit de défendre Israël, le droit de continuer à attaquer le Hamas. Mais il faut, il faut, il faut qu'il fasse plus attention aux vies innocentes perdues", a dit M. Biden.

M. Netanyahu est aussi critiqué dans son pays, où une partie de l'opinion publique veut un accord de trêve qui permettrait la libération des otages, alors qu'Israël et le Hamas s'accusent d'entraver un tel accord.

Selon une source proche des négociations impliquant les médiateurs -Etats-Unis, Egypte, Qatar-, "il y aura une accélération des efforts diplomatiques dans les 10 prochains jours" en vue de tenter d'obtenir un accord durant la première moitié du mois du ramadan.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

Short Url
  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Short Url
  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.