Opération israélienne contre un complexe hospitalier à Gaza, numéro 3 du Hamas tué

L'armée israélienne a affirmé avoir tué lundi des dizaines de combattants palestiniens et arrêté plus de 200 lors d'une vaste opération contre le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, qui a poussé des centaines de civils à fuir le secteur bombardé. (AFP).
L'armée israélienne a affirmé avoir tué lundi des dizaines de combattants palestiniens et arrêté plus de 200 lors d'une vaste opération contre le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, qui a poussé des centaines de civils à fuir le secteur bombardé. (AFP).
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Publié le Mercredi 20 mars 2024

Opération israélienne contre un complexe hospitalier à Gaza, numéro 3 du Hamas tué

  • Alors que la guerre entre Israël et le Hamas ne connaît aucun répit, le président américain Joe Biden a estimé qu'une offensive terrestre à Rafah voulue par Israël serait "une erreur"
  • Il a obtenu la venue à Washington d'une délégation israélienne pour en parler, selon son conseiller à la sécurité nationale

TERRITOIRES PALESTINIENS: L'armée israélienne a affirmé avoir tué lundi des dizaines de combattants palestiniens et arrêté plus de 200 lors d'une vaste opération contre le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, qui a poussé des centaines de civils à fuir le secteur bombardé.

Washington a de son côté confirmé la mort du chef adjoint de la branche armée du Hamas, Marwan Issa, qui devient le responsable le plus haut placé tué sur ce territoire par l'armée israélienne depuis le début de la guerre.

Alors que la guerre entre Israël et le Hamas ne connaît aucun répit, le président américain Joe Biden a estimé qu'une offensive terrestre à Rafah voulue par Israël serait "une erreur" et a obtenu la venue à Washington d'une délégation israélienne pour en parler, selon son conseiller à la sécurité nationale.

Au sixième mois de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas, les inquiétudes internationales s'amplifient face à la menace de famine dans le territoire palestinien assiégé et au bilan humain qui ne cesse de s'alourdir avec plus de 31.700 morts selon le ministère de la Santé du Hamas.

La bande de Gaza est devenue un "cimetière à ciel ouvert" et "la famine (est) utilisée comme arme de guerre", a affirmé le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell.

En soirée, l'armée israélienne a poursuivi son opération lancée avant l'aube contre le complexe hospitalier Al-Chifa de Gaza-Ville, après avoir affirmé que "des terroristes haut-gradés du Hamas" s'y trouvaient.

"Nous avons éliminé plus de 20 terroristes dans le complexe hospitalier" et "plus de 20 dans la zone autour de l'hôpital", a déclaré le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari. "Plus de 200 terroristes présumés" ont été arrêtés, selon lui.

Après le début de l'opération, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de "dizaines de morts et de blessés", la plupart des civils, sans donner de chiffre précis.

Fuite des civils

Des combats accompagnés de bombardements aériens ont eu lieu autour et dans le complexe, que l'armée avait pris d'assaut le 15 novembre avant de s'en retirer.

L'armée a appelé les civils à évacuer le secteur, alors que selon les autorités du Hamas, "des dizaines de milliers" de personnes se trouvent dans le complexe dont de nombreux déplacés.

Des frappes aériennes ont visé plusieurs bâtiments aux abords de l'hôpital et des centaines de civils ont pris la fuite, a constaté un correspondant de l'AFP.

Depuis le début de la guerre, les hôpitaux de Gaza sont souvent pris pour cible par l'armée qui accuse le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "terriblement préoccupée" par les combats à al-Chifa.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes.

D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement islamiste palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'UE.

Son armée a aussitôt lancé une campagne aérienne massive, suivie le 27 octobre d'une offensive terrestre qui lui a permis d'avancer du nord au sud du petit territoire côtier et a coûté la vie à 250 soldats. Les opérations militaires israéliennes ont fait jusqu'à présent 31.726 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Le numéro trois du groupe islamiste palestinien, Marwan Issa, "a été tué lors d'une opération israélienne la semaine dernière", a annoncé lundi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, lors d'une conférence de presse.

L'armée israélienne avait fait état d'une frappe aérienne "dans le centre de la bande de Gaza, près de Nuseirat", contre une "base souterraine", qui était "utilisée par deux hauts dirigeants de l'organisation (dont) Marwan Issa". Israël n'avait toutefois pas confirmé la mort de l'homme, né en 1965, qui était l'adjoint de Mohammed Deif, le chef des brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas.

« Tous les objectifs »

Après des mois d'efforts infructueux des médiateurs -Etats-Unis, Qatar et Egypte- pour parvenir à une trêve, le chef du Mossad, les services de renseignement israéliens, David Barnea, devait rencontrer lundi à Doha des responsables qataris et égyptiens, selon une source proche des négociations.

Le Hamas s'est dit prêt à une trêve de six semaines pendant laquelle 42 otages seraient libérés en échange de 20 à 50 Palestiniens incarcérés par Israël.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé lundi à Joe Biden qu'il était déterminé à "atteindre tous les objectifs de la guerre" à Gaza dont "l'élimination du Hamas", selon un communiqué de son bureau.

C’était la première conversation téléphonique depuis plus d'un mois entre les deux dirigeants, dont la relation s'est nettement refroidie.

En dépit des pressions internationales, l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, abritant selon l'ONU près de 1,5 million de Palestiniens, la plupart des déplacés, piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte.

Joe Biden s'est dit "profondément inquiet" au sujet de cette offensive.

Dimanche, M. Netanyahu a dit qu'Israël ne lancerait pas une telle opération tant que la population serait "enfermée sur place". Mais selon des humanitaires, une évacuation d'autant de personnes est quasi impossible.

Famine d'ici mai?

Israël a imposé un siège total à Gaza depuis le 9 octobre et contrôle l'entrée de l'aide humanitaire via l'Egypte, qui arrive au compte-gouttes dans le territoire dévasté, où selon l'ONU 2,2 millions des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine.

L'ONG Oxfam a accusé Israël d'empêcher "délibérément" l'entrée des aides.

Israël devrait laisser le chef de l'Unrwa entrer à Gaza, dit Washington

Les Etats-Unis ont affirmé mardi qu'Israël devrait permettre au chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) de pénétrer dans la bande de Gaza, après que l'entrée lui eut été refusée.

Philippe Lazzarini a déclaré lundi au Caire qu'il avait "prévu d'aller à Rafah", dans le sud de la bande de Gaza, via le poste-frontière avec l'Egypte mais qu'il avait été "informé que (son) entrée n'était pas autorisée".

Il a ensuite précisé sur X que "les autorités israéliennes" lui avaient "refusé" l'entrée dans le territoire palestinien assiégé par Israël depuis le début de la guerre avec le mouvement palestinien Hamas.

"Ils devraient être autorisés à visiter les endroits où l'Unrwa intervient, y compris dans Gaza, et nous continuons de travailler avec le gouvernement israélien pour approuver rapidement tous les visas demandés pour les employés des Nations unies et d'ONG", a déclaré à la presse Vedant Patel, porte-parole adjoint du département d'Etat américain.

"Tous les Etats de la région doivent faire ce qui est nécessaire pour permettre une réponse humanitaire et cela inclut bien sûr l'autorisation de libre circulation pour les employés internationaux", a-t-il ajouté, sans vouloir préciser si les Etats-Unis avaient évoqué avec Israël le refus d'entrer à Gaza intimé à Philippe Lazzarini.

Ce dernier, qui était mardi à Jérusalem, a jugé que ce refus d'entrée était "sans précédent" pour "le chef de la principale agence onusienne présente à Gaza".

"Israël autorise une importante aide humanitaire à Gaza, par terre, air et mer", a rétorqué le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz.

Les aides humanitaires, très insuffisantes, parviennent très difficilement dans le nord du territoire, où se trouvent actuellement plus de 300.000 personnes selon l'ONU.

Un habitant sur deux dans le territoire, soit plus de 1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire "catastrophique", en particulier dans le nord où la famine sévira d'ici mai en l'absence de mesures "urgentes", ont prévenu les agences spécialisées de l'ONU.


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".