Israël veut se «  protéger » contre l'Iran après une attaque sans précédent

Le porte-parole militaire israélien, le contre-amiral Daniel Hagari (G), pose à côté d'un missile balistique iranien tombé en Israël le week-end dernier, lors d'une visite des médias à la base militaire de Julis, près de la ville de Kiryat Malachi, dans le sud d'Israël, le 16 avril 2024. (AFP).
Le porte-parole militaire israélien, le contre-amiral Daniel Hagari (G), pose à côté d'un missile balistique iranien tombé en Israël le week-end dernier, lors d'une visite des médias à la base militaire de Julis, près de la ville de Kiryat Malachi, dans le sud d'Israël, le 16 avril 2024. (AFP).
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Publié le Jeudi 18 avril 2024

Israël veut se «  protéger » contre l'Iran après une attaque sans précédent

  • D'après le diffuseur public israélien Kan, M. Netanyahu a décidé de ne pas mettre en oeuvre des plans pré-approuvés de frappes de représailles en cas d'attaque, après avoir discuté avec le président américain Joe Biden
  • Des sources ont indiqué au site américain Axios que le cabinet de guerre avait jonglé, lors d'une réunion lundi, la deuxième après l'attaque iranienne, avec l'idée de donner le feu vert à des frappes, sans toutefois les ordonner

JERUSALEM: Israël "se réserve le droit de se protéger" face à l'Iran, soutient son Premier ministre Benjamin Netanyahu, dont le gouvernement a, selon des médias, envisagé un temps des frappes de représailles rapides contre Téhéran après l'attaque du week-end.

Les autorités israéliennes répètent que l'attaque iranienne, avec plus de 350 drones et missiles lancés vers Israël dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol, ne restera pas "impunie".

Téhéran a indiqué que son offensive aérienne sans précédent sur Israël avait été menée en riposte à une frappe mortelle sur son consulat à Damas, imputée à Israël, le 1er avril.

Retenue, sanctions et milliards

En visite en Israël, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a appelé mercredi toutes les parties à faire preuve de "retenue".

"Je ne parle pas de céder, je parle ici de retenue intelligente", a déclaré la première responsable étrangère à faire le déplacement en Israël, avec son homologue britannique David Cameron, depuis l'attaque iranienne du week-end.

Mais Israël "se réserve le droit de se protéger", a affirmé Benjamin Netanyahu lors de ses entretiens avec ces deux ministres européens.

Les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, ont dit ne pas vouloir "d'une guerre étendue avec l'Iran" et soutenu qu'ils ne participeraient pas à une riposte israélienne. Washington a cependant annoncé mardi de nouvelles sanctions contre Téhéran.

Idem pour l'Union européenne qui a décidé mercredi de cibler l'Iran avec des sanctions contre les producteurs de drones et de missiles afin "d'envoyer un message clair après l'attaque contre Israël", a déclaré le président du Conseil, Charles Michel.

La Chambre américaine des représentants doit tenir samedi une série de votes séparés pour débloquer 61 milliards de dollars pour l'Ukraine et plus de 26 milliards pour Israël.

"A la fois l'Ukraine et Israël sont attaqués par des ennemis impudents qui cherchent leur annihilation", a écrit Joe Biden dans les colonnes du Wall Street Journal. "Si les deux pays sont tout à fait capables de défendre leur propre souveraineté, ils dépendent pour ce faire de l'aide américaine, y compris en armements. Et nous sommes à un moment charnière", a-t-il ajouté.

 

Israël a considéré des frappes de représailles rapides contre Téhéran 

Israël a envisagé de mener rapidement des frappes en Iran en représailles aux missiles lancés par Téhéran le week-end dernier sur son territoire, mais a finalement revu ses plans, ont affirmé dans la nuit de mercredi à jeudi des médias israéliens et américains.

Selon le diffuseur public israélien Kan, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a décidé de ne pas mettre en oeuvre des plans pré-approuvés de frappes de représailles en cas d'attaque, après avoir discuté avec le président américain Joe Biden.

"Les sensibilités diplomatiques ont joué (...) Il y aura bien une réponse mais elle sera différente de ce qui était initialement prévu", a indiqué un haut responsable à la chaîne sous couvert de l'anonymat.

Des sources israéliennes requérant aussi l'anonymat ont indiqué au site américain Axios que le cabinet de guerre avait jonglé lors d'une réunion lundi, la deuxième après l'attaque iranienne, avec l'idée de donner le feu vert à des frappes, sans toutefois les ordonner.

"Nous ne savons pas pourquoi et à quel point une attaque (contre l'Iran) était imminente", a indiqué à Axios un responsable américain. Selon ce site, Israël a indiqué lundi à l’administration Biden, qui l'exhorte à la retenue, sa décision d'attendre.

Selon la chaîne américaine ABC, le gouvernement israélien a considéré deux fois des frappes contre l'Iran sans passer à l'action.

« Maman, maman, maman »

Israël poursuit son opération dans la bande de Gaza palestinienne lancée dans la foulée de l'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des témoins ont fait état de frappes israéliennes meurtrières dans la bande de Gaza où l'offensive militaire a fait 33.899 morts en plus de six mois, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Je me suis réveillée au bruit des filles qui criaient +maman, maman, maman+ et des enfants qui s'appelaient les uns les autres. J'ai couru et j'ai trouvé des enfants qui sortaient en courant (...) il y avait des cadavres éparpillés partout à l'intérieur du magasin et à l'extérieur", a confié à l'AFP la Palestinienne Jamalat Ramidan après une frappe à Rafah (sud) où s'entassent plus d'un million de personnes déplacées par les violences.

Alors que les pourparlers de trêve piétinent, le Qatar a déclaré mercredi "procéder à une réévaluation globale" de son rôle de médiateur de premier plan dans les tractations.

L'ONU, qui redoute une famine généralisée dans le territoire de 2,4 millions d'habitants, a lancé mercredi un appel aux dons de 2,8 milliards de dollars pour aider les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie occupée.

Benjamin Netanyahu a récusé "les allégations des organisations internationales sur une famine à Gaza" et affirmé qu'Israël faisait "tout son possible sur la question humanitaire".

L'armée israélienne a annoncé dans la foulée l'entrée à Gaza de huit camions transportant de la farine du Programme alimentaire mondial via le port israélien d'Ashdod, nouvelle route pour accroître l'aide à Gaza.

Vote à l'ONU 

Outre le Hamas et l'Iran, Israël fait face également à des tirs du Hezbollah libanais, allié de Téhéran et du mouvement islamiste palestinien.

Le Hezbollah a annoncé mercredi avoir frappé une base militaire du nord d'Israël, en riposte à des frappes ayant tué trois de ses combattants. Quatorze soldats israéliens ont été blessés, dont six grièvement, selon l'armée israélienne.

Dans ce contexte, un vote du Conseil de sécurité de l'ONU à l'initiative de l'Algérie, sur la demande des Palestiniens de devenir un Etat membre à part entière des Nations unies, devrait avoir lieu jeudi ou vendredi, ont indiqué plusieurs diplomates

L'initiative apparait vouée à l'échec, en raison de l'opposition des Etats-Unis qui ont un droit de veto au Conseil.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.


L'armée israélienne annonce le lancement d'une «vaste opération» dans le nord de la Cisjordanie

L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien
  • Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien.

Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué qu'il ne s'agissait pas d'un déploiement dans le cadre de son "opération antiterroriste" lancée en janvier 2025 et visant principalement les camps de réfugiés palestiniens de la région, mais d'une "nouvelle opération".

Elle n'a pas fourni plus de détails dans l'immédiat.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les violences n'ont pas cessé en Cisjordanie depuis l'entrée en vigueur de la trêve à Gaza le 10 octobre.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a recensé en octobre un pic des "attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en près de deux décennies de collecte de données dans ce territoire palestinien.

Le 10 novembre, un Israélien a été tué et trois autres ont été blessés lors d'une attaque au couteau menée par deux Palestiniens rapidement abattus par des soldats près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie.


Le Conseil de sécurité de l'ONU en Syrie et au Liban la semaine prochaine

 Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
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  • Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive
  • Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre.

Quelques jours avant le premier anniversaire de la chute de l'ancien président syrien Bachar al-Assad, les ambassadeurs des quinze Etats membres doivent se rendre le 4 décembre à Damas où ils devraient rencontrer notamment les nouvelles autorités, dont le président par intérim Ahmad al-Chareh, et des représentants de la société civile, a précisé la mission à des journalistes.

Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive.

Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027 après avoir fait tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978.

Ce déplacement intervient alors qu'Israël a poursuivi ses frappes au Liban malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 pour mettre fin à un conflit avec le mouvement libanais Hezbollah, un allié du groupe islamiste palestinien Hamas.