La gauche bloquée, Macron et Attal affinent leur stratégie Paris, France

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Publié le Lundi 15 juillet 2024

La gauche bloquée, Macron et Attal affinent leur stratégie Paris, France

  • Arrivé en tête des législatives, le Nouveau Front populaire n'a toujours pas trouvé d'accord sur une équipe gouvernementale,
  • Selon son entourage, Emmanuel Macron a, de nouveau, demandé à son camp de "bâtir une coalition républicaine" avec "les autres forces".

PARIS : La gauche restait incapable lundi de s'accorder sur un candidat pour Matignon: La France insoumise a annoncé suspendre les discussions et "exige" d'abord une "candidature unique" du Nouveau Front populaire pour la présidence de l'Assemblée, alors que les macronistes affinent leur stratégie pour tenter de conserver le perchoir.

Arrivé en tête des législatives, le Nouveau Front populaire n'a toujours pas trouvé d'accord sur une équipe gouvernementale, après l'abandon de la piste d'Huguette Bello, présidente du conseil régional de La Réunion et proche de La France insoumise, qui n'a pas convaincu le PS.

"Je suis tellement en colère du visage que nous montrons", s'est désespérée l'écologiste Sandrine Rousseau, après huit jours de tractations infructueuses.

Les tensions les plus fortes opposent Insoumis et socialistes, les deux principaux groupes du NFP se disputant le leadership à gauche dans le nouvel hémicycle.

"Le parti socialiste joue-t-il la montre pour laisser briser le Nouveau Front populaire et renoncer au programme ?", a accusé LFI dans un communiqué. Auparavant, le coordinateur du mouvement Manuel Bompard a fustigé "les oppositions systématiques, les blocages, les veto" du PS "sur toutes les candidatures".

"Rien n'a été bloqué", a rétorqué le premier secrétaire du PS Olivier Faure, candidat officiel des socialistes pour Matignon.

- "Aucune discussion" -

Pour sortir de l'ornière, le député de Seine-et-Marne a proposé d'élargir les recherches à une personnalité "issue de la société civile", une piste aussi évoqué par certains écologistes.

Mais les Insoumis ont balayé cette hypothèse au motif qu'elle manquerait de "garanties" pour "la mise en oeuvre du programme du Nouveau Front populaire".

Et Jean-Luc Mélenchon a haussé le ton sur X: "Nous exigeons une candidature unique pour la présidence de l'Assemblée nationale et ne reprenons aucune discussion sur quoi que ce soit d'autre tant que ce n'est pas réglé."

La gauche joue gros sur cette élection au perchoir jeudi. Une partie du camp macroniste tente en effet depuis plusieurs jours de bâtir une majorité alternative au NFP pour ce poste-clé, que la présidente sortante Yaël Braun-Pivet entend bien conserver.

Un accord avec la droite, par exemple, pourrait permettre au bloc présidentiel de dépasser la gauche en nombre de voix.

Le sujet était au menu de discussions autour d'Emmanuel Macron lundi à l'Elysée avec les chefs du camp présidentiel. "L'idée était de voir (...) comment envisager qu'une autre personnalité que celle proposée par le Nouveau Front populaire préside l'Assemblée", confirme un participant.

"Il y a des discussions avec LR oui. Eux leur logique c'est de montrer qu'ils sont efficaces dans la lutte contre LFI et le NFP, donc la logique voudrait qu'ils soutiennent une candidature comme celle de Yaël Braun-Pivet", glisse cette source.

Selon son entourage, Emmanuel Macron a, de nouveau, demandé à son camp de "bâtir une coalition républicaine" avec "les autres forces".

Mais une autre candidature pour le perchoir pourrait rassembler largement: celle du centriste Charles de Courson. Cet ex-représentant du groupe indépendant Liot, qui a ferraillé contre la réforme des retraites, a promis, s'il avait le poste, d'être le "garant (du) bon fonctionnement" de l'Assemblée dans une "période inédite et chaotique".

- Attal bientôt démissionnaire -

La question du front républicain contre le Rassemblement national, que la gauche aimerait poursuivre à l'Assemblée nationale en privant le parti de tout poste à responsabilité, reste également l'un des sujets de la semaine.

Mais plusieurs cadres macronistes, dont Mme Braun-Pivet, y sont opposés, dans le sillage des législatives de 2022, après lesquelles le RN avait notamment obtenu deux vice-présidences de l'Assemblée.

Ce dossier du front républicain était à l'ordre du jour de la réunion matinale du groupe Renaissance, officiellement rebaptisé "Ensemble pour la République" autour de son nouveau président Gabriel Attal.

Selon une source parlementaire, les députés macronistes "ont acté le fait de s'abstenir face à des candidats RN ou LFI". "Cela ne veut pas dire qu'on ira battre RN ou LFI. Cela veut dire qu'on les laisse (...) l'un face à l'autre", a explicité une autre.

En attendant, Gabriel Attal est toujours Premier ministre mais pourrait remettre sa démission dès mardi, alors qu'un Conseil des ministres est prévu à 11H30.

"Cela devrait être demain", confirme ainsi un proche d'Emmanuel Macron, notamment pour permettre à tous les ministres élus députés de participer à l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale jeudi, puis à l'attribution des postes clés au Palais Bourbon vendredi et samedi.

L'équipe gouvernementale actuelle resterait toutefois un certain temps en place, notamment pendant la période très sensible des JO, pour gérer les "affaires courantes" et assurer la continuité de l'Etat.

Au coeur du flou politique, une chose est certaine pour le futur gouvernement: il récupérera des finances publiques dans le rouge. Dans un épais rapport présenté lundi matin, la Cour des comptes dresse en effet un bilan préoccupant.

La nécessité de réduire la dette est un "impératif" qui "doit être partagé" par toutes les forces politiques, a averti son premier président Pierre Moscovici.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.