Tunisie: course présidentielle à obstacles pour les rivaux de Kais Saied

Des ONG ont dénoncé une "dérive autoritaire" après sa révision constitutionnelle de 2022 instaurant un régime ultra-présidentiel et le démantèlement des institutions de contre-pouvoir établies depuis la Révolution de 2011 contre le dictateur Ben Ali. (AFP)
Des ONG ont dénoncé une "dérive autoritaire" après sa révision constitutionnelle de 2022 instaurant un régime ultra-présidentiel et le démantèlement des institutions de contre-pouvoir établies depuis la Révolution de 2011 contre le dictateur Ben Ali. (AFP)
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Publié le Mardi 30 juillet 2024

Tunisie: course présidentielle à obstacles pour les rivaux de Kais Saied

  • La course vers la présidentielle du 6 octobre a démarré lundi en Tunisie avec le dépôt des premières candidatures, malgré des contraintes multiples destinées, selon des experts, à permettre une réélection triomphale du président Kais Saied
  • Les critères d'acceptation sont draconiens: il faut le parrainage de dix parlementaires ou 40 présidents de collectivités locales - largement acquis à M. Saied - ou de 10.000 électeurs à raison d'au moins 500 signatures par circonscription

TUNISIE: La course vers la présidentielle du 6 octobre a démarré lundi en Tunisie avec le dépôt des premières candidatures, malgré des contraintes multiples destinées, selon des experts, à permettre une réélection triomphale du président Kais Saied, accusé de dérive autoritaire.

Les critères d'acceptation sont draconiens: il faut le parrainage de dix parlementaires ou 40 présidents de collectivités locales - largement acquis à M. Saied - ou de 10.000 électeurs à raison d'au moins 500 signatures par circonscription, "un chiffre énorme", d'après l'analyste Amine Kharrat de l'observatoire Al Bawsala.

"Les conditions ont été durcies avec entre autres une procuration spéciale" pour constituer le dossier, souligne à l'AFP Isabelle Werenfels, experte Maghreb de l'institut allemand SWP.

Un document que n'ont pas obtenu deux opposants de premier plan, en prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat": Issam Chebbi, chef du parti centriste Al Joumhouri et Ghazi Chaouachi du parti Attayar (social-démocrate).

Ils figurent parmi une vingtaine de personnalités et opposants, arrêtés depuis février 2023 dans le cadre d'une enquête dénoncée par Amnesty International comme "une chasse aux sorcières" visant à "réprimer le droit à la dissidence".

Autre figure de l'opposition, l'avocate Abir Moussi, qui se revendique de l'héritage du héros de l'indépendance Habib Bourguiba, est détenue depuis octobre 2023, également accusée d'avoir comploté.

"Tout a été organisé pour écarter certains candidats crédibles pouvant représenter un réel danger" pour M. Saied, estime un politologue sous couvert d'anonymat.

Elu démocratiquement en octobre 2019, ce constitutionnaliste de 66 ans accapare tous les pouvoirs depuis un coup de force en juillet 2021.

Des ONG ont dénoncé une "dérive autoritaire" après sa révision constitutionnelle de 2022 instaurant un régime ultra-présidentiel et le démantèlement des institutions de contre-pouvoir établies depuis la Révolution de 2011 contre le dictateur Ben Ali.

« Répression gouvernementale »

Pour Amine Kharrat, "beaucoup d'éléments réduisent la crédibilité du scrutin": l'annonce tardive de la date, les conditions de candidature et un décret adopté pour sanctionner les "fausses nouvelles", controversé pour son interprétation très large.

Selon le syndicat des journalistes tunisiens, plus de 60 personnes - notamment journalistes et avocats - ont été poursuivies ou condamnées depuis son adoption en 2022.

Après une visite en Tunisie, la secrétaire générale d'Amnesty, Agnès Callamard, s'est dite vendredi "alarmée du recul extrême des droits" dans le berceau du Printemps arabe.

En ce début de campagne, elle a "observé une répression gouvernementale alimentant la peur au lieu des débats animés d'une scène politique pluraliste", dénonçant les "détentions arbitraires" d'opposants, les "restrictions et poursuites" contre certains candidats et l'emprisonnement de journalistes.

Malgré ces limites, des outsiders entendent se porter candidats: le populaire rappeur K2Rhym (Karim Gharbi), 43 ans, l'amiral à la retraite Kamel Akrout et Mondher Zenaïdi, 74 ans, un ex-ministre de Ben Ali, qui met en avant son expérience dans un pays plombé par le chômage (16%) et la pauvreté (un tiers des 12 millions de Tunisiens).

Si des prétendants de poids comme MM. Akrout et Zenaïdi sont écartés par l'autorité électorale, "ce sera un plébiscite" pour Kais Saied, estime le politologue anonyme, pour qui le scrutin "définira la nature du régime: "s'il gagne largement dès le premier tour, il deviendra encore plus autoritaire, sinon il sera plus enclin au compromis".

Sondages interdits

"Beaucoup dépendra de la capacité de l'opposition à s'unir derrière un candidat alternatif", ajoute Mme Werenfels, car "si un ou plusieurs candidats obtiennent 15 à 20%, il y aura un deuxième tour".

Des mouvements de gauche et Ennahdha, le parti islamo-conservateur, bête noire de M. Saied, qui a dominé la vie politique après 2011, hésitent encore à boycotter l'élection, qui pourrait être "une opportunité" de le défier, dit M. Kharrat.

Autre inconnue: le degré de mobilisation des partisans du président. Difficile à évaluer puisque les sondages sont interdits.

Si sa popularité paraît solide dans les milieux populaires, selon les experts, la présence à deux manifestations récentes d'une poignée de supporteurs montre qu'il jouit d'une adhésion fragile, loin de ses 72% au deuxième tour de 2019.

L'ONG tunisienne I Watch a estimé samedi qu'il avait "échoué à tenir 87,5% de ses promesses électorales", en particulier sur le plan socio-économique.

Se disant mû par "un devoir sacré envers la patrie", M. Saied mène déjà campagne, multipliant les déplacements face à des fléaux comme les coupures d'eau ou la pollution, qu'il impute systématiquement à des "comploteurs" sous "influence étrangère".


Frappes israéliennes au Qatar: réunion extraordinaire des dirigeants arabes et musulmans à Doha

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
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  • Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha
  • "Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani

DOHA: Un sommet convoqué en urgence, face à une situation inédite: les principaux dirigeants arabes et musulmans se réunissent ce lundi à Doha dans un rare moment d'unité, après les frappes israéliennes sans précédent ayant visé la semaine dernière des membres du Hamas au Qatar.

Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

"Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA.

Selon le projet de déclaration finale consulté par l'AFP, la cinquantaine de pays représentés devraient dénoncer l'attaque israélienne en soulignant qu'elle mettait en péril les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

Israël et les États-Unis, son principal allié, cherchent à étendre les accords d'Abraham qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, reconnaître Israël en 2020.

"Pas que des discours" 

L'attaque israélienne et "la poursuite des pratiques agressives d'Israël, notamment les crimes de génocide, le nettoyage ethnique, la famine et le blocus, ainsi que les activités de colonisation et d'expansion minent les perspectives de paix et de coexistence pacifique dans la région", affirme le texte.

Elles "menacent tout ce qui a été accompli sur la voie de l'établissement de relations normales avec Israël, y compris les accords existants et futurs", ajoute-il.

Le projet souligne également "le concept de sécurité collective (...) et la nécessité de s'aligner pour faire face aux défis et menaces communs".

Avant l'ouverture du sommet, le président iranien Massoud Pezeshkian a exhorté les pays musulmans à rompre "leurs liens avec ce régime factice", en référence à Israël.

L'attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations dans la communauté internationale, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington. Ainsi qu'une rare réprobation des Etats-Unis, allié numéro un d'Israël mais également un proche allié du Qatar.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est en ce moment en visite à Jérusalem - un voyage prévu avant les frappes sur le Qatar -, pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d'un Etat palestinien, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois.

"Beaucoup de gens attendent des actes, pas que des discours. Nous avons épuisé toutes les formes de rhétorique. Il faut désormais passer à l'action", a commenté le chercheur saoudien Aziz Alghashian au sujet du sommet.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a également annoncé une réunion en urgence ce mardi pour débattre des frappes israéliennes au Qatar.

Un sommet exceptionnel du Conseil de coopération du Golfe est également prévu lundi à Doha, selon l'agence de presse saoudienne SPA.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.