Royaume-Uni: le prédicateur islamiste Anjem Choudary condamné à la prison à vie

L'ecclésiastique radical Anjem Choudary quitte un foyer de probation à Londres le 19 octobre 2018 après sa sortie de prison. Un juge britannique le 30 juillet 2024 (AFP)
L'ecclésiastique radical Anjem Choudary quitte un foyer de probation à Londres le 19 octobre 2018 après sa sortie de prison. Un juge britannique le 30 juillet 2024 (AFP)
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Publié le Mardi 30 juillet 2024

Royaume-Uni: le prédicateur islamiste Anjem Choudary condamné à la prison à vie

  • Cet avocat de 57 ans d'origine pakistanaise risque fort de passer le reste de sa vie derrière des barreaux, après une investigation conjointe menée par le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada.
  • Anjem Choudary s'était imposé comme l'un des principaux représentants du "Londonistan", cette mouvance islamiste radicale installée dans la capitale britannique au début des années 2000.

LONDRES : Le prédicateur radical Anjem Choudary, figure influente de la mouvance islamiste au Royaume-Uni, a été condamné mardi à la prison à perpétuité pour avoir dirigé une "organisation terroriste" interdite et liée à plusieurs attaques meurtrières ces dernières années.

Après un premier passage en prison au milieu des années 2010 pour avoir soutenu le groupe jihadiste Etat islamique, cet avocat de 57 ans d'origine pakistanaise risque fort de passer le reste de sa vie derrière des barreaux, après une investigation conjointe menée par le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada.

Il est resté impassible au prononcé de la peine, assortie d'une période de sûreté de 28 ans, à la Woolwich Crown Court de Londres, qui l'avait déclaré la semaine dernière coupable d'avoir dirigé à partir de 2014 l'organisation Al-Mouhajiroun (ALM), interdite depuis 2010 au Royaume-Uni.

Fondé en 1996, le groupe a été mis en cause dans plusieurs attentats à Londres comme celui ayant fait huit morts le 3 juin 2017 au London Bridge ou encore l'assassinat en 2013 du soldat Lee Rigby.

L'enquête a établi qu'Anjem Choudary avait pris la tête d'ALM en 2014, lorsque son fondateur, Omar Bakri, autre célèbre prédicateur, avait été emprisonné au Liban.

En comptant le temps passé en détention provisoire, Anjem Choudary ne pourra pas être libéré avant ses 85 ans, a relevé le juge Mark Wall en prononçant sa peine, soulignant le "grave danger" posé par ses activités et son rôle dans la radicalisation de "jeunes hommes".

Il l'a décrit comme "un homme intelligent" et "un orateur persuasif": "Vous n'avez aucun doute quant à la rectitude de vos opinions. Vos opinions sont bien ancrées et détestables".

- Allégeance à l'EI -

Anjem Choudary s'était imposé comme l'un des principaux représentants du "Londonistan", cette mouvance islamiste radicale installée dans la capitale britannique au début des années 2000.

Ce fils d'un courtier en Bourse était devenu une figure familière des autorités et des médias en multipliant les manifestations devant les mosquées, les ambassades et les commissariats de police du Royaume-Uni.

Son objectif ultime, disait-il, était de faire flotter le drapeau de l'islam au-dessus du 10, Downing Street, la résidence du Premier ministre.

Il avait pris soin cependant, grâce à sa connaissance du droit, de ne pas franchir la ligne rouge de l'illégalité jusqu'au milieu des années 2010.

En 2016, il a été condamné à cinq ans et demi de prison pour avoir appelé à soutenir le groupe Etat islamique, dans une série de vidéos postées sur YouTube, après avoir prêté allégeance à son chef de l'époque, Abou Bakr al-Baghdadi.

Il a été libéré en octobre 2018 après avoir purgé la moitié de sa peine, en étant maintenu sous un régime de surveillance pour le temps restant.

Une fois ces mesures levées, il a repris ses activités de prosélytisme en ligne de manière très active, selon les services de sécurité.

Il a en particulier commencé à s'exprimer dans des conférences en ligne du groupe Islamic Thinkers Society (ITS), basé à New York mais considéré comme la branche américaine d'ALM.

Des agents américains infiltrés assistaient à certaines de ces rencontres, qui ont conduit à l'arrestation du prédicateur au petit matin du 17 juillet 2023 à son domicile de l'est de Londres.

Le même jour était arrêté le Canadien Khaleed Hussein, 29 ans, à son arrivée à l'aéroport de Londres Heathrow. Présenté comme l'assistant personnel d'Anjem Choudary, il a également été condamné mardi, à cinq d'emprisonnement pour appartenance à une organisation interdite.

Anjem Choudary avait assuré pendant le procès qu'ITS "n'existait pas" et qu'ALM avait été démantelé en 2004.

Dans un communiqué, le responsable de l'antiterrorisme à la police de Londres, Dominic Murphy, a souligné le "travail incroyablement courageux des agents infiltrés américains et canadiens".

"Anjem Choudary a passé des décennies à radicaliser des individus dans le monde entier et a été traduit en justice grâce à une collaboration sans relâche entre de multiples agences et pays", s'est félicitée de son côté Rebecca Weiner, directrice adjointe de la police de New York.


Le traité sur la pollution plastique n'est pas mort, affirme la cheffe de l'environnement de l'ONU

Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
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  • Malgré l’échec de deux cycles de négociations et la démission du président du comité, la cheffe du PNUE Inger Andersen reste optimiste : un traité mondial contre la pollution plastique est encore possible
  • Alors que la production de plastique pourrait tripler d’ici 2060, les négociations patinent entre pays favorables à une réduction de la production et ceux qui préfèrent miser sur la gestion des déchets

GENEVE: Un traité mondial historique sur la lutte contre la pollution plastique reste à portée de main, assure la cheffe de l'agence de l'ONU pour l'environnement, malgré l'échec cuisant de deux rounds de négociations successifs et la démission soudaine du président du comité des négociations cette semaine.

Dans un entretien exclusif accordé à l'AFP, la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen, estime que les pays ne feront pas marche arrière, malgré leurs profondes divergences sur la lutte contre ce problème croissant, notamment dans les océans.

Un grand bloc de pays souhaite des mesures audacieuses, comme la réduction de la production de plastique, tandis qu'un groupe plus restreint de pays producteurs de pétrole souhaite se concentrer davantage sur la gestion des déchets.

Les négociations censées se terminer en 2024 en Corée du Sud se sont soldées par un échec, et les efforts repris à Genève en août ont également échoué.

Beaucoup de pays ont exprimé leur colère et leur frustration face à l'échec des discussions, mais ont affirmé souhaiter de nouvelles négociations, dans la foulée de six cycles déjà tenus en trois ans sous l'égide du PNUE.

"Le résultat était-il glorieux ? Non. Mais était-ce la fin ? Non", martèle Mme Andersen.

"Nous sommes repartis avec une plus grande lucidité. Et personne n'a quitté la table. Personne n'est reparti en disant: +C'est trop désespéré, on abandonne+. Personne. Et tout cela me donne du courage", assure l'économiste danoise.

Le problème de la pollution plastique est si omniprésent que des microplastiques ont été retrouvés sur les plus hauts sommets, dans les fosses océaniques les plus profondes et dispersés dans presque toutes les parties du corps humain.

Le sujet est d'autant plus urgent que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 années précédentes. Et la tendance s'accélère: si rien n'est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d'ici 2060, selon les prévisions de l'OCDE. Moins de 10% est recyclé.

- "Tout à fait faisable" -

À l'heure actuelle, aucun calendrier n'a été fixé pour la tenue de nouvelles négociations, et aucun pays n'a proposé officiellement de les accueillir. Mais Mme Andersen est "absolument" convaincue qu'un accord est à portée de main.

"C'est tout à fait faisable. Il faut juste persévérer", avance-t-elle. "Nous sommes si proches".

Selon elle, l'état d'esprit général est le suivant: "Nous sommes toujours en négociation. Nous ne nous éloignons pas. Nous avons nos lignes rouges, mais nous comprenons mieux celles des autres. Et nous voulons tous" un accord.

La Norvège et le Kenya ont organisé une réunion très suivie lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York le mois dernier, souligne Mme Andersen.

La COP30, qui se tiendra au Brésil en novembre, offrira une nouvelle occasion de sonder les esprits avant l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement à Nairobi en décembre.

Mais Luis Vayas Valdivieso, ambassadeur d'Équateur en Grande-Bretagne et président du comité des trois derniers des six cycles de négociations, a jeté l'éponge en annonçant cette semaine sa démission.

"Il a essayé d'écouter attentivement toutes les parties et de proposer des textes", rappelle la cheffe du PNUE, manifestant une "profonde gratitude (...) car il a travaillé d'arrache-pied et a tout donné".

- "Grave allégation" -

Le journal britannique The Guardian a rapporté mardi que des employés du PNUE avaient tenu une réunion secrète la veille à Genève, afin de convaincre des membres de la société civile de faire pression sur M. Vayas pour qu'il démissionne.

"Il s'agit d'une allégation extrêmement grave", a réagi Mme Andersen. "Je n'étais pas au courant et, de toute évidence, je n'avais demandé à personne de faire une telle chose".

Elle a précisé que ce dossier avait été transmis au Bureau des services de contrôle interne des Nations unies.

Quant à la question de savoir si un nouveau président pourrait insuffler un nouvel élan, elle a déclaré : "Comme toujours, lorsqu'il y a un changement, l'ambiance change légèrement", mais, souligne-t-elle "les enjeux resteront les mêmes".


Des militaires américains vont «superviser » la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza

Les drapeaux des États-Unis et d'Israël sont projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem le 9 octobre 2025, pour célébrer l'accord conclu entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza. (REUTERS)
Les drapeaux des États-Unis et d'Israël sont projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem le 9 octobre 2025, pour célébrer l'accord conclu entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza. (REUTERS)
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  • Le nouveau chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, "aura au départ 200 hommes sur le terrain"
  • Un second haut responsable a précisé qu'il n'y aurait pas de militaires américains déployés "dans Gaza"

WASHINGTON: Deux cents militaires américains seront mobilisés pour "superviser" et "observer" la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza, a fait savoir jeudi un haut responsable américain sous le couvert de l'anonymat.

Le nouveau chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, "aura au départ 200 hommes sur le terrain", a dit cette source pendant un échange avec la presse, sans préciser de quel "terrain" il s'agissait.

Un second haut responsable a précisé qu'il n'y aurait pas de militaires américains déployés "dans Gaza".

Leur rôle sera de "superviser, observer, de s'assurer qu'il n'y a pas de violations, pas d'incursions", a expliqué le premier haut responsable.

"Ce sera surtout de la supervision", a-t-il ajouté.

"Dans cette équipe de 200 personnes seront intégrés probablement un groupe de membres de l'armée égyptienne qui vont aider, des membres de l'armée qatarie qui vont aider, également des Turcs et probablement des Emiratis", a-t-il encore dit.

Selon ce premier haut responsable, "l'idée est d'être collégial. Et les Israéliens seront évidemment en relation constante avec eux".

"Impliquer l'amiral Cooper a apporté beaucoup de confiance et de sécurité pour les pays arabes et de cette manière, il a été communiqué au Hamas que nous prenons un rôle très important, que le président américain prend une position très forte d'engagement derrière ses garanties", a-t-il aussi déclaré.

Le deuxième haut responsable a, lui, expliqué qu'après l'accord du gouvernement israélien s'ouvrait une fenêtre de "72 heures" pendant laquelle l'armée israélienne doit se retirer sur des positions convenues à l'avance et pendant laquelle doit s'effectuer un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Ensuite l'objectif sera, avec le soutien donc de l'armée américaine, de poser les bases d'une "force de stabilisation internationale", a-t-il dit.

"Il n'est pas prévu d'envoyer des militaires américains dans Gaza. Il s'agit vraiment seulement de créer un centre de contrôle commun et d'intégrer les autres forces de sécurité", a insisté cette même source.


Trump dit qu'il «essaiera» d'aller en Egypte pour la signature de l'accord sur Gaza

Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous (...) allons avoir une signature officielle" de l'accord, a-t-il affirmé pendant un conseil des ministres à la Maison Blanche
  • Il a indiqué que les autorités israéliennes lui "avaient demandé de parler à la Knesset", le parlement israélien, et ajouté: "J'ai donné mon accord."

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza.

"Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous (...) allons avoir une signature officielle" de l'accord, a-t-il affirmé pendant un conseil des ministres à la Maison Blanche.

Il a indiqué que les autorités israéliennes lui "avaient demandé de parler à la Knesset", le parlement israélien, et ajouté: "J'ai donné mon accord."

"C'est la première fois qu'un président le fait, ce qui rend la chose très intéressante", a-t-il affirmé.

Trois présidents américains ont en réalité déjà parlé devant une session plénière de la Knesset: Jimmy Carter en 1979, Bill Clinton en 1994 et George W. Bush en 2008.

Donald Trump a par ailleurs assuré qu'il y aurait "un désarmement" et un "retrait" de troupes dans une prochaine phase de l'accord sur Gaza, tout en déclarant que la priorité était le retour des derniers otages, qui devrait selon lui survenir "lundi ou mardi".

A ce sujet, le président américain a reconnu que les corps de certains otages seraient "un peu difficiles à trouver".