Bande de Gaza: un hôpital se vide après un énième ordre d'évacuation israélien

En août, les ordres d'évacuations de "blocs" définis par l'armée israélienne ont déjà poussé, selon l'ONU, 250.000 Palestiniens de la bande de Gaza à partir, soit 12% de la population du petit territoire dévasté où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens, quasiment tous déplacés et menacés de diverses épidémies après la résurgence de la polio. (AFP)
En août, les ordres d'évacuations de "blocs" définis par l'armée israélienne ont déjà poussé, selon l'ONU, 250.000 Palestiniens de la bande de Gaza à partir, soit 12% de la population du petit territoire dévasté où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens, quasiment tous déplacés et menacés de diverses épidémies après la résurgence de la polio. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 27 août 2024

Bande de Gaza: un hôpital se vide après un énième ordre d'évacuation israélien

  • "A tous les résidents et les déplacés du bloc 128, l'armée israélienne va agir avec force contre le Hamas et les groupes terroristes (...), évacuez immédiatement", insistent les messages diffusés par SMS et sur les réseaux sociaux
  • Mais au coeur du bloc 128, sur la carte distribuée par l'armée israélienne, se trouve l'hôpital des Martyrs d'al-Aqsa de Deir el-Balah, l'un des 16 derniers hôpitaux encore opérationnels (et "partiellement" seulement, selon l'ONU) dans la bande de Gaza

DEIR EL-BALAH: Ils poussent des fauteuils roulants, des lits d'hôpital, ou portent dans leurs bras des proches blessés: l'ordre d'évacuation israélien de la zone est tombé dimanche et le plus grand hôpital du centre de la bande de Gaza en guerre a immédiatement commencé à se vider.

"A tous les résidents et les déplacés du bloc 128, l'armée israélienne va agir avec force contre le Hamas et les groupes terroristes (...), évacuez immédiatement", insistent les messages diffusés par SMS et sur les réseaux sociaux.

Mais au coeur du bloc 128, sur la carte distribuée par l'armée israélienne, se trouve l'hôpital des Martyrs d'al-Aqsa de Deir el-Balah, l'un des 16 derniers hôpitaux encore opérationnels (et "partiellement" seulement, selon l'ONU) dans la bande de Gaza, bombardée par Israël depuis l'attaque meurtrière du Hamas sur son sol le 7 octobre.

Interrogée par l'AFP sur cet énième ordre d'évacuation, l'armée israélienne déclare avoir "informé" des "responsables du système de santé palestinien et la communauté internationale du fait qu'ils n'ont pas besoin d'évacuer les hôpitaux et les infrastructures médicales de la zone".

Manifestement, le message n'est pas passé, ou s'il a été transmis, il n'a pas été compris ou les Gazaouis ne lui apportent aucun crédit: la fuite des patients se poursuit lundi, laissant couloirs, salles et chambres vides.

Tamam al-Raï, transportée sur son lit à roulettes par sa famille, ne peut pas bouger après sa "blessure de guerre".

« Nous restons »

"J'ai une fracture et j'ai été amputée. On nous a dit +évacuez+ mais où allons-nous aller? Où allons-nous nous faire soigner?", se lamente cette grand-mère, qui a pu entasser sur son lit quelques couvertures, un ventilateur --inutile dans un territoire privé d'électricité-- et des bouteilles d'eau.

Partout autour d'elle, des familles tentent de se frayer un chemin. Les plus riches se payent un âne et sa carriole pour déplacer leurs affaires. Là, deux hommes avancent, chacun portant une fillette aux bras ou aux jambes plâtrés. Ici, un autre transporte un adolescent dont les jambes sont paralysées, une poche de sérum encore plantée en intraveineuse dans sa main.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza déclare s'inquiéter du sort de "100 patients encore dans l'hôpital, dont sept en soins intensifs".

Le ministère a annoncé que l'hôpital "fonctionnait toujours", mais les gens, et même "certaines équipes médicales, ont paniqué après avoir appris que les zones avoisinantes étaient des zones d'opérations" militaires, déclare Khalil al-Daqran, porte-parole du ministère.

"La plupart des gens (craignent de connaître) le sort des autres hôpitaux", dit-il, faisant allusion aux établissements touchés par les combats quand ils n'ont pas été purement pris d'assaut par l'armée israélienne qui ne cesse d'accuser les combattants du Hamas, ou d'autres groupes armés, de se servir des hôpitaux comme de bases pour s'abriter ou lancer des attaques, ce que dément le mouvement islamiste palestinien.

Iyad al-Jabri, directeur de l'hôpital qui comptait avant la guerre environ 200 lits et a toujours été l'unique hôpital général du centre de la bande de Gaza, assure, lui, que ses équipes "résistent".

"Nous restons, nous continuerons de traiter les patients et les blessés", de plus en plus nombreux dans la zone maintenant que les combats se concentrent aux alentours de Deir el-Balah.

Ici comme ailleurs, depuis octobre, les hôpitaux doivent composer avec des pénuries permanentes d'électricité, de carburant, d'eau, de médicaments ou encore de matériel médical.

« Assez! »

En août, les ordres d'évacuations de "blocs" définis par l'armée israélienne ont déjà poussé, selon l'ONU, 250.000 Palestiniens de la bande de Gaza à partir, soit 12% de la population du petit territoire dévasté où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens, quasiment tous déplacés et menacés de diverses épidémies après la résurgence de la polio.

Mais ce n'est pas cette maladie qui inquiète d'abord les familles de déplacés qui s'entassaient à l'hôpital des Martyrs d'al-Aqsa. Tous ont en tête l'assaut israélien sur l'hôpital al-Chifa, le plus grand hôpital de Gaza, désormais réduit à une "coquille vide" parsemée de dépouilles humaines, selon l'OMS.

Maha al-Sarsak et sa famille s'apprêtent donc à reprendre la route.

Il y a neuf mois, ils ont quitté leur maison de Choujaïya, dans le nord de la bande de Gaza.

"D'abord, on est allés à Rafah (extrême sud), puis ils nous ont dit de partir. On est allés à Khan Younès (un peu plus au nord), ils nous ont dit de partir. On est venus à Deir el-Balah et encore une fois, on doit partir", se lamente la jeune fille.

"On en a assez! Où va-t-on aller maintenant?"


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Short Url
  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".