Blinken en Israël pour pousser à un cessez-le-feu à Gaza, Israël pilonne le Hezbollah au Liban

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a entamé mardi des entretiens avec les dirigeants israéliens au début d'une tournée au Proche-Orient visant à pousser à un cessez-le-feu à Gaza et contenir l'escalade militaire régionale. (AFP)
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a entamé mardi des entretiens avec les dirigeants israéliens au début d'une tournée au Proche-Orient visant à pousser à un cessez-le-feu à Gaza et contenir l'escalade militaire régionale. (AFP)
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Publié le Mardi 22 octobre 2024

Blinken en Israël pour pousser à un cessez-le-feu à Gaza, Israël pilonne le Hezbollah au Liban

  • Des enfants jouaient dehors et, "quand le premier missile est tombé, suivi d'un autre, je les ai vus déchiquetés, et hurlant", témoigne Ola Fahed Eid, une actrice habitant le quartier
  • L'hôpital Rafic Hariri a été légèrement endommagé, et quatre bâtiments rasés dans son voisinage

JERUSALEM: Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a entamé mardi des entretiens avec les dirigeants israéliens au début d'une tournée au Proche-Orient visant à pousser à un cessez-le-feu à Gaza et contenir l'escalade militaire régionale, au moment où Israël intensifie ses opérations au Liban contre le Hezbollah, allié de l'Iran.

Cette onzième mission diplomatique de M. Blinken depuis le début de la guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas palestinien le 7 octobre 2023 en Israël, intervient près d'un mois après l'élargissement du conflit au Liban, avec le début de frappes massives israéliennes contre le mouvement islamiste Hezbollah.

Peu après le début de ses entretiens avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en début d'après-midi, l'armée israélienne a mené une nouvelle frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, après des appels à évacuer, selon l'agence de presse libanaise ANI.

L'armée a multiplié ses frappes depuis lundi soir près de la capitale et à travers le pays, affirmant viser des "installations militaires" du Hezbollah.

L'un de ces bombardements a tué lundi soir 13 personnes, dont un enfant, et fait 57 blessées près du plus grand hôpital public du pays à Beyrouth, situé en dehors des bastions traditionnels du Hezbollah, selon le ministère libanais de la Santé.

Des enfants jouaient dehors et, "quand le premier missile est tombé, suivi d'un autre, je les ai vus déchiquetés, et hurlant", témoigne Ola Fahed Eid, une actrice habitant le quartier, qui dit avoir aidé neuf rescapés à s'extraire des décombres.

L'hôpital Rafic Hariri a été légèrement endommagé, et quatre bâtiments rasés dans son voisinage, selon un correspondant de l'AFP.

Washington a affirmé lundi oeuvrer à un règlement "au plus vite" du conflit au Liban, et M. Blinken entend également dissuader les Israéliens, qui préparent une riposte à une attaque de missiles menée par l'Iran le 1er octobre, de toute action susceptible d'embraser encore plus la région.

 

- "300 cibles" atteintes -

 

Lundi soir, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé environ 300 cibles du Hezbollah en 24 heures, après avoir étendu ses attaques au système financier du puissant mouvement chiite.

Elle a annoncé la mort en Syrie d'un haut responsable chargé des "transferts de fonds du Hezbollah" et affirmé avoir visé un bunker du groupe contenant "des dizaines de millions de dollars", après avoir entamé dimanche des frappes contre l'organisme financier Al-Qard al-Hassan.

Le mouvement libanais a assuré mardi que cette société, partie de son réseau d'associations, écoles et hôpitaux, remplirait ses engagements envers ses épargnants.

Il a aussi revendiqué l'attaque de drone qui a visé samedi, en son absence, la résidence privée de M. Nentayahu à Césarée, dans le centre d'Israël, et à laquelle ce dernier a juré de riposter.

Le Hezbollah a également admis compter des combattants faits "prisonniers" par Israël, sans préciser leur nombre.

Il avait plus tôt revendiqué des tirs de roquettes sur plusieurs positions militaires en Israël.

Au moins 1.489 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, quand Israël a commencé à y pilonner le Hezbollah, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. A la mi-octobre, l'ONU recensait près de 700.000 déplacés dans le pays.

L'armée israélienne y mène depuis le 30 septembre des opérations terrestres dans le sud contre le Hezbollah pour permettre le retour d'environ 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par ses tirs de roquettes incessants depuis un an.

 

- L'aide humanitaire à Gaza en question -

 

Pour régler ce conflit, les Etats-Unis disent vouloir s'appuyer sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre les deux belligérants en 2006, et stipule que les forces armées non-étatiques doivent se retirer du sud du Liban, où le Hezbollah a maintenu sa présence.

De son côté, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a de nouveau averti mardi que "l'Iran répliquera de manière équivalente" en cas d'attaque israélienne.

Le Pentagone a entretemps annoncé la "mise en place" en Israël d'un nouveau système de défense antimissiles américain.

Antony Blinken doit se rendre mercredi en Jordanie pour discuter notamment de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, dévastée et assiégée.

L'armée israélienne poursuit depuis le 6 octobre une offensive meurtrière contre le Hamas dans le nord du territoire palestinien, fui par des dizaines de milliers de Gazaouis.

A Jabalia, où l'armée a appelé de nouveau la population à évacuer, "de nombreux hommes" ont été arrêtés, raconte à l'AFP Nevin Al-Dawasah, une ambulancière réfugiée à Gaza-ville après "16 jours de siège sans ravitaillement" dans un centre de déplacés de la ville.

"Durant l'évacuation, il y a eu des tirs d'obus dans le centre, et nous avons eu des martyrs et des blessés" qui n'ont pas été pris en charge faute "de passage sûr pour les ambulances", dit-elle.

Le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, a affirmé qu'il continuerait à se battre malgré la mort de son chef, Yahya Sinouar, cerveau de l'attaque du 7 octobre 2023, tué le 16 septembre par l'armée israélienne.

Le Hamas sera dirigé temporairement par un comité basé au Qatar avant l'élection d'un successeur, ont rapporté lundi deux sources en son sein.

L'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

Au moins 42.718 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l'offensive israélienne menée en représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com