Démission de Barnier : «Chaos» et «incertitude», la France «saute dans le vide», selon la presse européennne

"Une ombre devant le soleil de la République: le chaos politique en France est dû à une grave faute du président. La solution doit venir d'Emmanuel Macron lui-même. Or il y a peu de chance que cela arrive", ajoute-t-il. (AFP)
"Une ombre devant le soleil de la République: le chaos politique en France est dû à une grave faute du président. La solution doit venir d'Emmanuel Macron lui-même. Or il y a peu de chance que cela arrive", ajoute-t-il. (AFP)
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Publié le Jeudi 05 décembre 2024

Démission de Barnier : «Chaos» et «incertitude», la France «saute dans le vide», selon la presse européennne

  • "Chaos", "grande incertitude", "la pire crise politique" vécue par le président français Emmanuel Macron: la presse européenne était inquiète jeudi matin après la censure du gouvernement de Michel Barnier
  • "Il est plus facile de (re)construire Notre Dame qu'un budget", ironise le quotidien berlinois Tagesspiegel

PARIS: "Chaos", "grande incertitude", "la pire crise politique" vécue par le président français Emmanuel Macron: la presse européenne était inquiète jeudi matin après la censure du gouvernement de Michel Barnier, qu'elle qualifie de "saut dans le vide" pour la France.

"Il est plus facile de (re)construire Notre Dame qu'un budget", ironise le quotidien berlinois Tagesspiegel.

"Chute du gouvernement français: tout le monde montre les autres du doigt. La France en est de nouveau au même point que cet été: les coalitions et les compromis sont mal vus, c'est toujours la faute des autres", assène le journal berlinois, fustigeant le peu de culture du compromis de la classe politique française.

"Le système de la Ve République est-il à bout de souffle?" s'interroge de son côté le quotidien de centre gauche allemand Süddeutsche Zeitung.

"Une ombre devant le soleil de la République: le chaos politique en France est dû à une grave faute du président. La solution doit venir d'Emmanuel Macron lui-même. Or il y a peu de chance que cela arrive", ajoute-t-il.

Un constat partagé par l'éditorialiste du quotidien espagnol El Pais: "le véritable responsable de la débâcle est Macron, pour avoir (...) nommé un Premier ministre conservateur issu d'un parti minoritaire et mourant, pensant que cela faciliterait l'approbation de mesures nécessairement impopulaires".

"L'aveuglement du président est à ce stade injustifiable, compte tenu de la crise institutionnelle qu'ont entraîné ses décisions. Elle est également dangereuse sur le plan systémique pour la France en raison de l'équation budgétaire difficile, voire impossible, à laquelle devra faire face le futur gouvernement, quelle que soit sa nature", insiste El Pais dans son éditorial, tandis que La Vanguardia titre "Barnier tombe et la France saute dans le vide".

Au Royaume-Uni, le quotidien de gauche The Guardian estime ainsi qu'"Emmanuel Macron fait face à la pire crise politique de ses deux mandats".

The Times (conservateur) souligne les appels à la démission visant désormais le président de la République. "Cette tempête laisse Macron (...) accusé d'avoir entrainé la France dans une période de turbulences qui risque de saper sa constitution", écrit encore le journal.

"Gifle" 

En Italie, la chute du gouvernement Barnier fait la Une de tous les journaux: "Chaos France, le gouvernement tombe", titre le principal quotidien, Il Corriere della Sera, tandis que La Repubblica écrit "La France, une gifle à Macron".

Pour l'éditorialiste de la Stampa, cette crise politique est l'illustration que "les démocraties occidentales représentatives sont en difficulté, non pas en raison d'un incident mais pour des raisons structurelles".

"Nous assistons à la protestation profonde et non éphémère de segments importants de l'opinion publique abandonnés par des dirigeants oligarques et auto-référentiels", estime Giovanni Orsina.

Cette situation "intervient au moment où l'Union européenne a le plus besoin de la France", écrit pour sa part le quotidien suédois Dagens Nyheter, qui s'inquiète de voir "les crises gouvernementales se succéder à un rythme effréné dans les poids lourds de l'Union européenne".

Pour la Libre Belgique, qui évoque "une période de grande incertitude", cette chute du gouvernement Barnier est surtout inquiétante en termes économiques.

"Seules les actions françaises pâtissent déjà de ce marasme. Quand ce sera le tour des obligations souveraines, les perspectives pourraient devenir cauchemardesques", selon l'éditorialiste du journal classé au centre-droit.

Une perspective que la Grèce connait bien, le quotidien de gauche Efsyn rappelant ainsi que "plus tôt cette semaine, les coûts d'emprunt de la France (avaient) brièvement dépassé ceux de la Grèce".


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».