Le basculement en Syrie, entre jubilation et interrogations

Des personnes ramassent du métal et des munitions non explosées sur le site de la frappe aérienne israélienne de la veille qui a visé des cargaisons d'armes appartenant aux forces gouvernementales syriennes à Qamishli, dans le nord-est de la Syrie, principalement kurde, le 10 décembre 2024.  (AFP)
Des personnes ramassent du métal et des munitions non explosées sur le site de la frappe aérienne israélienne de la veille qui a visé des cargaisons d'armes appartenant aux forces gouvernementales syriennes à Qamishli, dans le nord-est de la Syrie, principalement kurde, le 10 décembre 2024. (AFP)
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Publié le Mardi 10 décembre 2024

Le basculement en Syrie, entre jubilation et interrogations

  • Les relations diplomatiques entre Paris et Damas sont rompues depuis mars 2012, suite à la répression sanglante du soulèvement populaire par le régime
  • Avec son effondrement, la France ne peut que suivre de près mais avec vigilance l’évolution de la situation, elle ne peut en même temps que se réjouir de la liberté enfin retrouvée du peuple syrien

PARIS: L’Etat de barbarie est tombé.

C’est par ces mots que le président français Emmanuel Macron s’est félicité de la chute du président syrien Bachar Al Assad, et sa fuite en Russie.

Le constat est sévère, totalement en rupture avec le langage diplomatique.

Mais il colle réellement à l’essence du régime et de la dynastie sanguinaire d’Al-Assad, qui a asservi pendant de très longues décennies le peuple syrien, sans parler de sa mainmise sur le peuple libanais voisin.

Il est vrai que le président français n’a eu à aucun moment des contacts avec ce régime autoritaire et mafieux, il n’a pas eu non plus à subir les déceptions liées à ses mensonges et ses fausses promesses, contrairement à ses prédécesseurs, dont Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy.

Cette transition elle-même interpelle, sera-t-elle à la hauteur des problèmes et des défis ?

Les Syriens, soudés pour l’instant par la joie

Les relations diplomatiques entre Paris et Damas sont rompues depuis mars 2012, suite à la répression sanglante du soulèvement populaire par le régime.

Avec son effondrement, la France ne peut que suivre de près mais avec vigilance l’évolution de la situation, elle ne peut en même temps que se réjouir de la liberté enfin retrouvée du peuple syrien.

Les gages de bonne volonté donner par le chef de de Hayat Tahrir Al-Sham « HTS », Mohamed Al Joulani, concernant les minorités et les libertés individuelles sont de bon augure, mais seront-ils tenus sur le long terme ?

Les Syriens, soudés pour l’instant par la joie qu’ils ont laissé exploser suite à la fuite du despote, se reconnaîtront-ils dans la transition qui est amorcée ?

Cette transition elle-même interpelle, sera-t-elle à la hauteur des problèmes et des défis ?

Quels seront ses contours et sa finalité…et pourra-t-elle éviter à la Syrie de succomber au chaos et aux déchirements ?

Interrogé à ce sujet par Arab News en français, le chercheur en philosophie politique et enseignant universitaire à Paris Rami Alkhalifa Alali semble vouloir considérer le verre à moitié vide.

Sans récuser les difficultés qu’aura à affronter le régime qui se met en place, il s’en remet à la volonté internationale.

Il est évident pour Alali « qu’il existe une volonté internationale de renverser le régime d’Assad », et les rebelles du « HTS » et les autres mouvements armés « ont provoqué ce changement, minutieusement préparé ».

C’est ce qui explique selon lui la facilité inimaginable et imprévisible avec laquelle le pouvoir a basculé, en dépit de sa férocité traditionnelle et qui s’apparente à « une transmission plutôt qu’à une prise de contrôle par la force militaire ».

D’autre part, on ne peut que constater la mue effectuée par Joulani lui-même, « son discours sophistiqué et modéré » et « sa manière propre d’administrer les affaires des villes, tel qu’on l’a vu à Alep » par exemple.

Alali s’arrête particulièrement à «sa manière d’approcher les minorités par le biais d’un discours national et non un discours idéologique » contrairement à ceux adoptés généralement par les mouvements islamistes.

Inquiétudes 

En même temps souligne Alali, au lieu de provoquer l‘ébranlement des institutions, Al Joulani « s’est précipité pour maintenir les ministres et les responsables à leurs postes, en attendant la formation d’un organe de transition dont-il sera lui-même l’épine dorsale ».

La question maintenant estime Alali est de « savoir quelle est la nature de cet organe de transition et sa forme » concédant que ceci reste à éclaircir.

L’autre question est de savoir quelles seront ses relations avec les autres groupes d’opposition, notamment la « Coalition Nationale Syrienne » dont les membres tardent à rentrer en Syrie « ce qui soulève des questions quant à leur éventuelle participation à la phase transitoire » et qui signifie que « le HTS semble être le principal acteur sur le terrain ».

L’inquiétude principale concerne la possibilité d’éviter le chaos, sachant que le « HTS a prouvé jusqu’à présent sa capacité à contrôler la situation »

Cela dit, il estime que la nouvelle situation suscite quand même des inquiétudes, pour les Syriens et pour ceux qui s’intéressent à la Syrie.

L’inquiétude principale concerne la possibilité d’éviter le chaos, sachant que le « HTS a prouvé jusqu’à présent sa capacité à contrôler la situation ». Les troupes rebelles se sont déployées dans Damas pour maintenir l’ordre tout comme elles l’avaient fait auparavant dans les autres villes comme Alep où Homs.

Par ailleurs, tout au long de sa progression dans le pays, le « HTS » a multiplié les messages positifs à l’adresse de la population, mais est ce que c'est suffisant s’interroge Alali avant d’ajouter « je ne crois pas. Je crois que nous avons besoin de temps pour s’assurer de la nature nationaliste et pour constater l’application pratique de ce discours sur le terrain et sa capacité à préserver les libertés et les minorités ».

Il s’agit là d’un défi majeur qui consiste à assurer la cohésion entre les différentes régions du pays, la région contrôlée par les Kurdes Syriens, celles contrôlées par des factions rebelles et celle de la communauté alaouite à laquelle appartient la famille Al-Assad.

Un échec à ce niveau, viendra renforcer le spectre de la partition du pays concède Alali avant de s’en remettre à nouveau à la volonté de la communauté internationale.

« Ceux qui ont amené le changement et la chute du système, ne semblent pas vouloir diviser la Syrie » affirme-t-il.

Le désir de coopération avec les minorités et la tolérance pratiquée envers les responsables de l’ancien régime n’augure pas d’après Alali, tout au moins pour le moment, « d’une volonté d’affrontement entre les alaouites et les sunnites qui sont maintenant au pouvoir ».


Le gouvernement lance des conférences sur la «souveraineté alimentaire», sur fond de méfiance agricole

 Aujourd'hui, la France importe la moitié des fruits, légumes et du poulet qu'elle consomme, 60% de la viande ovine, 25% du bœuf...Photo de Rungis le 1er février 2024. (AFP)
Aujourd'hui, la France importe la moitié des fruits, légumes et du poulet qu'elle consomme, 60% de la viande ovine, 25% du bœuf...Photo de Rungis le 1er février 2024. (AFP)
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  • Ces conférences, promises par la loi d'orientation agricole de mars 2025, se dérouleront sur plusieurs mois, par filières de production et au niveau régional, pour des conclusions en juin
  • La ministre Annie Genevard a livré en février une vision de la souveraineté alimentaire conçue comme un "réarmement" dans un monde secoué de conflits: "la France doit produire plus pour manger mieux", avait-elle assené

PARIS: Dans une France agricole affaiblie, le gouvernement lance lundi les "conférences de la souveraineté alimentaire" destinées à définir une stratégie agricole nationale sur dix ans, un exercice que les agriculteurs, échaudés, abordent avec méfiance.

De l'élevage à la viticulture en passant par les céréales, les difficultés sont telles que la balance agricole française pourrait être déficitaire en 2025, pour la première fois en près de 50 ans. Aujourd'hui, la France importe la moitié des fruits, légumes et du poulet qu'elle consomme, 60% de la viande ovine, 25% du bœuf...

Ces conférences, promises par la loi d'orientation agricole de mars 2025, se dérouleront sur plusieurs mois, par filières de production et au niveau régional, pour des conclusions en juin.

La ministre Annie Genevard a livré en février une vision de la souveraineté alimentaire conçue comme un "réarmement" dans un monde secoué de conflits: "la France doit produire plus pour manger mieux", avait-elle assené, appelant à la "mobilisation générale".

Retour "symbolique" à Rungis 

Elle franchit une étape supplémentaire lundi en lançant son opération "grand réveil alimentaire" au marché de gros de Rungis, avec un discours qualifié de "majeur" par son entourage.

Cette entrée en matière a fait bondir le premier syndicat FNSEA, qui participera au chantier mais pas à son lancement, "s'apparentant davantage à une opération de communication".

"Cela fait 15, 20 ans qu'on dit qu'on va dans le mauvais sens. Ce qui nous intéresse maintenant, c'est ce qu'on va faire, (...) comment on assure des revenus sur les exploitations", souligne le secrétaire général de la FNSEA Hervé Lapie.

Le premier syndicat goûte assez peu ce retour "symbolique" à Rungis, où Emmanuel Macron avait en 2017 prôné une stratégie de "montée en gamme", depuis percutée par l'inflation et la concurrence accrue sur les marchés.

Huit ans plus tard, l'ambiance est morose. Après deux hivers de colère dans les campagnes, le monde agricole reste au bord de l'explosion, entre crises sanitaires dans l'élevage et prix en berne.

La mobilisation s'organise, en France contre la politique d'abattage systématique de bovins touchés par la dermatose, et à Bruxelles, où une manifestation est prévue le 18 décembre contre l'accord de libre-échange UE-Mercosur ou la taxe carbone aux frontières pour les engrais.

Pour la Coordination rurale, 2e syndicat agricole qui boude aussi le discours de Rungis, "le ministère ne répond pas aux attentes actuelles des agriculteurs" qu'on "empêche de produire" avec des contraintes trop fortes.

A rebours de cette vision anti-normes, la Confédération paysanne est aussi critique du gouvernement, estimant que la souveraineté est avant tout la capacité d'une société à choisir son agriculture et non une course pour produire et exporter plus.

Plusieurs filières soulignent que le temps n'est plus "aux nouvelles consultations" mais aux "décisions": "il y a urgence", a résumé l'interprofession de la viande mercredi.

Certaines ont établi des diagnostics précis, comme celle de la betterave sucrière, ou lancé des "plans de souveraineté" comme les fruits et légumes en 2023, ou le blé dur et la viande en 2024. Qu'espérer donc de ces conférences ?

Impliquer la transformation 

L'idée est de construire à partir "de l'évolution de la demande", en interrogeant notamment les industriels: "il s'agit bien d'élaborer un plan d'action de production et de transformation à dix ans et on fera en sorte de partir de la demande du consommateur français, européen et mondial", explique le ministère.

Des "projets structurants" seront identifiés, de même que des "trajectoires de production", assure-t-on.

Ce plan devra aussi tenir compte de la stratégie française de lutte contre le changement climatique ou de réduction des pesticides.

Ludovic Spiers, ex-directeur général du géant coopératif agricole Agrial, a été nommé "coordinateur général" du chantier. Des groupes de travail sectoriels sont prévus (cultures, viandes blanches, viticulture...), réunissant les interprofessions, l'amont (l'agriculture) et l'aval (la transformation), l'établissement public FranceAgrimer, la recherche.

Ces conférences "doivent être l'occasion d'un sursaut national. Je veux impliquer le consommateur citoyen, lui faire prendre conscience que par son acte d'achat, il a une importance capitale. Ce +grand réveil alimentaire+ s'adresse d'abord à lui", a affirmé Mme Genevard dans Les Echos dimanche.

Elles devront aussi prendre en considération des stratégies nationales nutrition et climat (Snanc, SNBC...) qui se font toujours attendre.


Budget: le Sénat approuve la suppression de 4.000 postes d'enseignants, renonce à aller plus loin

Le ministre français de l'Éducation, Edouard Geffray, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 3 décembre 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Éducation, Edouard Geffray, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 3 décembre 2025. (AFP)
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  • Le Sénat a approuvé la suppression de 4.000 postes d’enseignants en 2026 pour tenir compte de la baisse démographique prévue
  • Le budget de l’Éducation nationale augmente légèrement (+200 M€) et prévoit la création de 5.440 ETP, essentiellement des stagiaires, masquant en réalité la suppression nette de postes d’enseignants

PARIS: Le Sénat a approuvé vendredi soir la suppression de 4.000 postes d'enseignants en 2026, prévue dans le projet de budget de l'Etat, la droite renonçant à en proposer le doublement, initialement envisagé par les sénateurs.

"La coupe ministérielle est logique et mesurée" pour "tenir compte de l'évolution de la démographie", a reconnu le sénateur Les Républicains Olivier Paccaud, rapporteur du budget de l'Education nationale, examiné à la chambre haute.

Le Sénat, dominé par une alliance entre la droite et les centristes, a donc donné son aval à cette baisse des effectifs d'enseignants, en s'opposant à tous les amendements de la gauche qui proposaient la suppression - partielle ou totale - de cette mesure.

Le budget de l'Education nationale affiche une petite hausse de 200 millions d'euros sur un an dans le projet de loi de finances (PLF) 2026, à 64,5 milliards d'euros.

Il prévoit une augmentation de 5.440 emplois ETP (Equivalents temps plein), mais ce solde est dû en grande partie à la réforme de la formation initiale des enseignants, annoncée en mars, qui va conduire à un afflux de stagiaires (environ 8.000).

Ces créations de postes de stagiaires masquent en fait une suppression de 2.373 ETP d'enseignants du premier degré et de 1.645 ETP dans le second degré, soit 4.018 ETP au total.

"J'assume complètement cette dimension qui consiste à agir et à ne pas subir", a défendu le ministre de l'Education nationale Edouard Geffray, pour qui le gouvernement "ne peut pas ne pas tenir compte de la démographie".

Entre 2025 et 2029, les effectifs d’élèves diminueront de 7,4%, représentant 455.126 élèves en moins, selon le rapport budgétaire du Sénat.

Cette diminution, critiquée par les syndicats d'enseignants, a été décriée par la gauche lors des débats.

"Si vous faites le choix de supprimer des postes, vous devrez assumer demain dans vos départements respectifs, devant les élus locaux, la responsabilité de fermetures de classes douloureuses", a réagi la sénatrice socialiste Marie-Pierre Monier.

La droite sénatoriale a elle une opinion diamétralement opposée: elle avait même proposé ces derniers jours en commission des finances de doubler les postes supprimés, pour les faire passer à 8.000 en 2026, dégageant ainsi des économies supplémentaires pour l'Etat.

Mais cette proposition a divisé jusque dans ses rangs, poussant M. Paccaud à retirer sa proposition.

"N'est-il pas souhaitable d'avoir un tout petit peu moins de professeurs mieux payés pour beaucoup moins d'élèves? Il ne s'agit certainement pas de dégraisser le mammouth, mais plutôt de muscler l'éléphant de la sagesse et du savoir", s'est-il tout de même justifié.

Ces votes sont encore provisoires, car le budget de l'Etat pourra être modifié jusqu'à la deuxième partie du mois de décembre au plus tôt.


Budget de la Sécu: les députés votent sur les recettes, le gouvernement veut encore croire au compromis

 L'Assemblée se prononce vendredi sur la partie recettes du budget de la Sécurité sociale, au lendemain d'une journée marquée par d'intenses tractations entre les députés et le gouvernement qui croit toujours un compromis possible. (AFP)
L'Assemblée se prononce vendredi sur la partie recettes du budget de la Sécurité sociale, au lendemain d'une journée marquée par d'intenses tractations entre les députés et le gouvernement qui croit toujours un compromis possible. (AFP)
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  • "Je pense qu'il y a une majorité absolue de députés à l'Assemblée nationale qui souhaitent que le compromis puisse se faire", a martelé la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon sur TF1
  • L'adoption de ce volet recettes est cruciale: son rejet vaudrait rejet de tout le texte et une suite plus qu'incertaine alors que le budget de la Sécu doit être voté avant le 31 décembre

PARIS: L'Assemblée se prononce vendredi sur la partie recettes du budget de la Sécurité sociale, au lendemain d'une journée marquée par d'intenses tractations entre les députés et le gouvernement qui croit toujours un compromis possible.

"Je pense qu'il y a une majorité absolue de députés à l'Assemblée nationale qui souhaitent que le compromis puisse se faire", a martelé la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon sur TF1, peu avant l'ouverture de cette séance parlementaire à haut risque pour l'exécutif.

"Je crois que c'est possible" d'obtenir un vote favorable vendredi, a abondé sur franceinfo le ministre délégué aux Relations avec le Parlement Laurent Panifous.

L'adoption de ce volet recettes est cruciale: son rejet vaudrait rejet de tout le texte et une suite plus qu'incertaine alors que le budget de la Sécu doit être voté avant le 31 décembre.

C'est pourquoi le gouvernement a multiplié les signes d'ouverture, que ce soit sur la contribution sociale généralisée (CSG) sur le capital, les franchises médicales ou le niveau des dépenses de l'Assurance maladie, avec un Sébastien Lecornu très présent jeudi au banc.

La hausse de la CSG visant spécifiquement les revenus du capital, supprimée au Sénat après avoir été approuvée en première lecture à l'Assemblée, était particulièrement attendue par la gauche, mais désapprouvée par la droite.

Pour arracher un compromis, le gouvernement a déposé un amendement cherchant à la fois à "sécuriser des recettes" et "assurer que les classes moyennes ne soient pas impactées", avec un rendement attendu de 1,5 milliard d'euros, au lieu de 2,8 dans la version initiale.

Moment "potentiellement critique" 

Autre signe de la volonté d'ouverture du gouvernement, sa porte-parole Maud Bregeon a confirmé vendredi qu'il n'y aurait aucune augmentation - ni dans le budget ni par décret - des franchises médicales, le reste à charge payé par les patients par exemple sur les médicaments.

Le gouvernement envisage aussi de lâcher du lest sur l'objectif des dépenses de l'assurance maladie (l'Ondam) et de les augmenter "jusqu'à +2,5%", contre une hausse d'environ 2% prévue jusqu'ici.

La ministre du Budget Amélie de Montchalin s'est aussi engagée à "accompagner un compromis" sur "l'année blanche" concernant les retraites et les minima sociaux, c'est-à-dire leur non-indexation sur l'inflation.

Jeudi, le Premier ministre a fait monter la pression dans l'hémicycle, répétant que l'absence de texte conduirait à "29 ou 30 milliards" d'euros de déficit pour la Sécu l'an prochain. Le gouvernement souhaite le contenir autour de 20 milliards.

Une note du ministère de la Santé a été distribuée aux députés, faisant état d'un "risque très élevé sur le financement du système de protection sociale", faute de budget. Elle a suscité des réactions houleuses du côté de LFI ou du RN accusant le gouvernement de jouer sur les "peurs".

Pressé par ailleurs par plusieurs ténors de son camp, chez Horizons ou Les Républicains, d'activer l'article 49.3 de la Constitution, M. Lecornu l'a de nouveau exclu. "Vous avez critiqué le 49.3 pendant des années et, au moment où nous le laissons tomber, vous continuez de critiquer", a-t-il tancé.

Camp gouvernemental divisé 

Le scrutin sur l'ensemble du projet de loi n'est prévu que mardi. Son rejet hypothèquerait grandement l'adoption du budget de la Sécu au Parlement avant le 31 décembre.

Le texte est réécrit par les députés depuis mardi dans l'hémicycle en nouvelle lecture, après que le Sénat a supprimé plusieurs concessions du gouvernement au PS, dont l'emblématique suspension de la réforme des retraites.

Des concessions que désapprouvent Horizons et Les Républicains.

A ce stade, "on ne peut pas voter pour" ce budget, a asséné Édouard Philippe, chef des députés Horizons qui oscillent entre abstention et vote contre.

L'ex-Premier ministre Michel Barnier (LR) a aussi affirmé vendredi dans Les Echos qu'il ne le votera pas "en l'état".

De quoi faire peser une sérieuse menace sur l'adoption du texte. Car face au rejet attendu du RN, de son allié l'UDR et de LFI, l'absence de soutien des deux groupes à la droite du camp gouvernemental pourrait concourir à faire tomber le texte, même avec des votes "pour" du PS.

Marque de son ouverture, celui-ci a approuvé une taxe sur les mutuelles censée rapporter un milliard d'euros, qu'il avait rejetée en première lecture.

"Il y a un compromis qui s'esquisse", a assuré sur RTL vendredi Raphaël Glucksmann, le leader de Place publique.