La Turquie ouvre son ambassade à Damas, la Jordanie accueille une réunion sur la Syrie

Une photo aérienne montre des milliers de Syriens en liesse célébrant l'éviction du président Bachar al-Assad autour de la sculpture de l'épée de Damas (C) sur la place centrale des Omeyyades de la capitale syrienne, le 13 décembre 2024. (AFP)
Une photo aérienne montre des milliers de Syriens en liesse célébrant l'éviction du président Bachar al-Assad autour de la sculpture de l'épée de Damas (C) sur la place centrale des Omeyyades de la capitale syrienne, le 13 décembre 2024. (AFP)
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Publié le Samedi 14 décembre 2024

La Turquie ouvre son ambassade à Damas, la Jordanie accueille une réunion sur la Syrie

  • La Turquie, acteur majeur dans le conflit en Syrie et soutien des nouvelles autorités, doit rouvrir son ambassade samedi à Damas après plus de 12 ans de fermeture
  • La police de la circulation relevant des nouvelles autorités a été déployée dans les rues de la capitale, où les employés municipaux nettoient les routes

DAMAS: La Turquie, acteur majeur dans le conflit en Syrie et soutien des nouvelles autorités, doit rouvrir son ambassade samedi à Damas après plus de 12 ans de fermeture, dans la foulée de la chute du président Bachar al-Assad.

En Jordanie, ministres et responsables américains, européens, arabes et turcs tiennent une réunion à Aqaba sur la mer Rouge, pour discuter du dossier syrien après la fuite de M. Assad, chassé le 8 décembre par une offensive fulgurante des rebelles islamistes entrés à Damas.

Au lendemain de célébrations à travers le pays de foules de Syriens en liesse pour fêter la "victoire de la révolution", les habitants ont vaqué à leurs occupations, notamment à Damas.

La police de la circulation relevant des nouvelles autorités a été déployée dans les rues de la capitale, où les employés municipaux nettoient les routes.

La plupart des commerces ont rouvert, y compris le célèbre souk al-Hamidiyé dans le vieux Damas, selon des correspondants de l'AFP sur place.

"Il faut qu'on relance rapidement l'activité dans le souk", affirme Amjad Sandouq, un commerçant. "Le régime est tombé, mais l'Etat n'est pas tombé, grâce à Dieu".

Le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan, qui a fait état de lignes de communication ouvertes avec les nouveaux maîtres de Damas, a annoncé que le chef de mission s'était rendu à Damas pour ouvrir l'ambassade samedi.

La chancellerie avait fermé en mars 2012, un an après le début de la guerre civile en Syrie, déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, et après des appels du gouvernement turc à la démission de M. Assad.

- Dialogue direct Turquie-HTS -

A l'issue d'une offensive de 11 jours, une coalition de factions rebelles emmenées par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a pris aux forces gouvernementales la grande partie du pays, mettant fin à un demi-siècle de pouvoir de la famille Assad.

Le nouveau Premier ministre chargé de la transition jusqu'au 1er mars, Mohammad al-Bachir, a promis un Etat de droit et de "garantir les droits de tous", face aux inquiétudes de la communauté internationale.

HTS, dirigé par Abou Mohammad al-Jolani, affirme avoir rompu avec le jihadisme mais reste classé "terroriste" par plusieurs capitales occidentales, dont Washington.

Avec des lignes de communication ouvertes avec le HTS, la Turquie leur transmet directement les inquiétudes de la communauté internationale, qui doivent être "résolues", a dit M. Fidan. "Personne ne les connaît aussi bien que nous, nous voulons une Syrie sans terrorisme (...)."

"Nous leur disons (à HTS): la Turquie qui vous soutient depuis des années, ainsi que le monde, attend ceci de vous (...) Notre devoir et leur épreuve est de répondre à ces préoccupations", a-t-il ajouté.

- "Ne plus investir dans Assad" -

Depuis 2016, la Turquie exerce une influence considérable sur le nord de la Syrie, entretenant des relations avec HTS qui a lancé son offensive contre le pouvoir à partir d'Idleb (nord-ouest), son fief.

M. Fidan a aussi affirmé que son pays avait convaincu la Russie et l'Iran, proches alliés de M. Assad, de ne pas intervenir pendant l'offensive rebelle. Russes et Iraniens ont "rapidement compris que M. Assad n'était plus quelqu'un dans lequel il fallait investir".

De son côté, une délégation du Qatar se rend dimanche en Syrie pour préparer la réouverture de l'ambassade, selon un diplomate.

A Aqaba, Geir Pedersen, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, a appelé à œuvrer pour éviter "l'effondrement des institutions syriennes", lors d'une rencontre avec le secrétaire d'Etat Antony Blinken, avant la rencontre internationale.

Il a aussi plaidé pour un processus politique "crédible et inclusif pour former le prochain gouvernement".

"Uni, uni, uni, le peuple syrien est uni", est devenu le leitmotiv des Syriens depuis la fuite de M. Assad avec sa famille en Russie.

Mais la liesse est accompagnée de la douloureuse quête de Syriens qui recherchent leurs proches disparus durant les décennies de répression brutale du pouvoir Assad, accusé des pires exactions.

- Raids israéliens -

Plusieurs acteurs soutenus par différentes puissances ont été impliquées dans la guerre en Syrie, qui a fait plus d'un demi-million de morts et poussé à la fuite quelque six millions de Syriens, soit un quart de la population.

Dans le nord-est syrien, les Etats-Unis maintiennent environ 900 soldats et soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, qui ont défait le groupe jihadiste Etat islamique (EI) durant la guerre et installé une administration autonome. Les FDS ont salué la chute de M. Assad

Israël, voisin sud de la Syrie, a mené de nouvelles frappes sur des "sites militaires de l'ancien régime" à Damas et sa banlieue, détruisant un institut scientifique et un "aéroport militaire", selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Les frappes ont également visé des "entrepôts de missiles balistiques" et des lances-roquettes à Qalamoun, à la périphérie de Damas, ainsi que des "tunnels" sous les montagnes, a ajouté l'OSDH.

Ces raids visent à "détruire ce qui reste des capacités militaires de la prochaine armée syrienne", d'après l'Observatoire.


Trump atterrit aux Emirats arabes unis, dernière étape de sa tournée dans le Golfe

Le président des Émirats arabes unis, le sheikh Mohamed ben Zayed, assiste à l'accueil de son homologue américain Donald Trump au terminal présidentiel d'Abou Dhabi, le 15 mai 2025. (AFP)
Le président des Émirats arabes unis, le sheikh Mohamed ben Zayed, assiste à l'accueil de son homologue américain Donald Trump au terminal présidentiel d'Abou Dhabi, le 15 mai 2025. (AFP)
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ABOU DHABI: Le président américain, Donald Trump, est arrivé jeudi aux Emirats arabes unis, troisième et dernière étape de sa tournée dans le Golfe, après l'Arabie saoudite et le Qatar, selon deux  journalistes de l'AFP.

L'avion présidentiel a atterri à l’aéroport d'Abou Dhabi, où M. Trump espère glaner de nouvelles  promesses d'investissements et de commandes, après celles déja engrangées à Riyad et Doha.


Trump à Abou Dhabi après Riyad et Doha

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  • Adepte d'une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l'amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes
  • Et s'il a créé la surprise mercredi en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président islamiste Ahmad al-Chareh, c'est en bonne partie dû à l'insistance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane

DOHA: Déjà fêté en Arabie saoudite et au Qatar, Donald Trump conclut jeudi aux Emirats arabes unis, une tournée dans le Golfe ponctuée de spectaculaires annonces économiques et d'un coup d'éclat sur la Syrie.

Il n'est toutefois pas exclu que l'impulsif président américain change ses projets.

Il a évoqué mercredi la "possibilité" d'un déplacement en Turquie jeudi si son homologue russe Vladimir Poutine s'y rendait afin de parler de l'issue de la guerre en Ukraine, comme le réclame le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

S'il ne va pas à Istanbul, Abou Dhabi lui offrira à son tour un accueil plein de pompe, ce à quoi le président américain s'est montré très sensible depuis son arrivée à Ryad mardi.

Cette tournée de trois pays du Golfe est le premier déplacement international important de Donald Trump, après son passage à Rome pour les funérailles du pape.

Milliards 

Comme pendant son premier mandat, il a boudé les alliés occidentaux traditionnels au profit de ces monarchies pétrolières et gazières, richissimes et de plus en plus influentes sur la scène diplomatique internationale.

Mais alors qu'en 2017 il avait profité de son passage dans la région pour aller en Israël, il ne fera pas le voyage cette fois, ce qui, selon les analystes, confirme un froid avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Donald Trump ne devrait pas repartir des Emirats arabes unis sans avoir glané des promesses d'investissements et de commandes aux montants aussi faramineux que difficilement vérifiables sur le long terme.

L'Arabie saoudite a par exemple promis 600 milliards de dollars d'investissements, tandis que la compagnie Qatar Airways a passé une gigantesque commande à l'avionneur américain Boeing pour 200 milliards de dollars.

Adepte d'une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l'amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes.

Et s'il a créé la surprise mercredi en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président islamiste Ahmad al-Chareh, c'est en bonne partie dû à l'insistance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Président syrien "séduisant" 

Le dirigeant de fait du royaume saoudien a su répondre aux attentes de faste monarchique et de "deals" spectaculaires du président républicain pour provoquer cette entrevue, la première du genre en 25 ans.

Donald Trump en a retiré une excellente impression du chef d'Etat syrien, qui a par le passé figuré sur une liste de jihadistes recherchés par les Etats-Unis, et qu'il a décrit comme un homme "jeune et séduisant".

L'ancien promoteur immobilier a aussi très clairement confirmé la rupture avec la stratégie diplomatique de l'ancien président démocrate Joe Biden, faite en partie d'appels au respect des droits humains et à la démocratie.

Ces notions n'ont pas été mises en avant dans le Golfe par le président américain, qui s'est bien gardé, contrairement à son prédécesseur, de commenter l'assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien en Turquie

Dans un discours remarqué à Ryad, Donald Trump, dont la famille a de très importants intérêts financiers privés dans le Golfe, a au contraire rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures des pays.

Ne pas "sonder les âmes" 

"Trop de présidents américains ont été affectés par la notion selon laquelle c'est notre travail de sonder les âmes de dirigeants étrangers et d'utiliser l'action américaine pour faire justice", a-t-il déclaré.

"C'est le travail de Dieu de rendre la justice, le mien est de défendre l'Amérique", a encore dit l'ancien promoteur immobilier.

L'extrait vidéo du discours, qui étrille la doctrine interventionniste chère à des républicains de la vieille école, a été partagé sur X par le vice-président JD Vance.

Ce dernier, qui soutient ouvertement des partis d'extrême-droite en Europe, a applaudi "la meilleure explication d'une politique étrangère intelligente et réaliste que j'aie jamais entendue de la part d'un président américain".


L'armée israélienne dit avoir «éliminé» un membre du Hezbollah au Liban

Des personnes circulent dans une rue devant des portraits du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et des bâtiments endommagés par les frappes israéliennes lors de la récente guerre. (File/AFP)
Des personnes circulent dans une rue devant des portraits du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et des bâtiments endommagés par les frappes israéliennes lors de la récente guerre. (File/AFP)
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  • L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir "éliminé" un membre du mouvement pro-iranien Hezbollah dans le sud du Liban
  • En dépit d'un cessez-le-feu conclu il y a plus de cinq mois après une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban

Jérusalem, Non défini: L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir "éliminé" un membre du mouvement pro-iranien Hezbollah dans le sud du Liban, où les autorités ont fait état d'un mort dans une frappe de drone sur une voiture.

En dépit d'un cessez-le-feu conclu il y a plus de cinq mois après une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban, surtout dans le sud du pays, frontalier du nord du territoire israélien.

Dans un communiqué, l'armée israélienne dit avoir "mené une frappe dans la région de Qaaqaiyat al-Jisr, dans le sud du Liban, éliminant un commandant" local.

A Beyrouth, le ministère de la Santé a fait état d'un mort dans une frappe de drone israélienne visant une voiture dans ce secteur.

Après le début de la guerre dans la bande de Gaza, le Hezbollah, groupe islamiste armé soutenu par l'Iran, a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban, affirmant agir en soutien au Hamas, son allié.

Les hostilités ont dégénéré en guerre ouverte, Israël menant entre septembre et novembre 2024 de violents bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, sorti très affaibli du conflit.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre mais l'armée israélienne continue de bombarder le Liban, disant viser combattants et infrastructures du Hezbollah, et a maintenu des positions dans le sud du territoire libanais.