Syrie: plusieurs chancelleries étrangères prennent contact avec le nouveau pouvoir

Après 50 ans de règne sans partage du clan Assad et d'une répression implacable, les nouvelles autorités s'emploient à rassurer la communauté internationale. (AFP)
Après 50 ans de règne sans partage du clan Assad et d'une répression implacable, les nouvelles autorités s'emploient à rassurer la communauté internationale. (AFP)
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Publié le Lundi 16 décembre 2024

Syrie: plusieurs chancelleries étrangères prennent contact avec le nouveau pouvoir

  • Le 8 décembre, la coalition rebelle est entrée à Damas et a annoncé le renversement du pouvoir, après une offensive fulgurante qui lui a permis de s'emparer d'une grande partie du pays en 11 jours
  • Plusieurs pays et organisations avaient salué la chute d'Assad, disant cependant attendre de voir comment les nouvelles autorités, musulmanes sunnites, allaient traiter les minorités du pays multiethnique et multiconfessionnel

DAMAS: Les chancelleries étrangères, au départ prudentes, multiplient les démarches pour établir un contact avec le nouveau pouvoir islamiste en Syrie, une semaine après la chute de Bachar al-Assad.

En visite en Syrie, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a rencontré Abou Mouhammad al-Jolani, chef du groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), à la tête de la coalition de groupes rebelles qui a chassé M. Assad du pouvoir, a annoncé la coalition sur sa chaîne Telegram.

"Nous devons veiller à ce que la Syrie reçoive une aide humanitaire immédiate accrue pour la population et pour tous les réfugiés qui souhaitent rentrer", a déclaré plus tôt dans la journée M. Pedersen, dont la visite est la première d'un haut responsable de l'ONU depuis la fuite de M. Assad en Russie.

Le 8 décembre, la coalition rebelle est entrée à Damas et a annoncé le renversement du pouvoir, après une offensive fulgurante qui lui a permis de s'emparer d'une grande partie du pays en 11 jours. Lâché par ses alliés iranien et russe, M. Assad a fui à Moscou.

HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, affirme avoir rompu avec le jihadisme mais reste classé "terroriste" par plusieurs capitales occidentales, dont Washington.

Plusieurs pays et organisations avaient salué la chute d'Assad, disant cependant attendre de voir comment les nouvelles autorités, musulmanes sunnites, allaient traiter les minorités du pays multiethnique et multiconfessionnel.

Entretemps, plusieurs ont annoncé avoir établi un contact avec elles.

Après Washington samedi, le Royaume-Uni, par la voix de son chef de la diplomatie David Lammy, a annoncé dimanche avoir établi des "contacts diplomatiques" avec HTS, classé comme une organisation par Londres.

"Premiers contacts"

De son côté, la France a annoncé l'envoi d'une mission diplomatique mardi à Damas, la première depuis 12 ans, pour "établir de premiers contacts" avec les nouvelles autorités.

Doha a annoncé la réouverture mardi de son ambassade en Syrie après l'arrivée dimanche d'une délégation qatarie dans le pays où elle a rencontré les nouvelles autorités.

La Turquie, acteur majeur dans le conflit en Syrie et soutien des nouvelles autorités, avait déjà rouvert samedi son ambassade à Damas après plus de 12 ans de fermeture.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pour sa part annoncé vouloir fournir à titre humanitaire à la Syrie des céréales et d'autres produits agricoles.

Après 50 ans de règne sans partage du clan Assad et d'une répression implacable, les nouvelles autorités s'emploient à rassurer la communauté internationale.

Le nouveau Premier ministre chargé de la transition, Mohammad al-Bachir, a promis de "garantir les droits de tous", alors que les Syriens tentent de reprendre leur vie normale.

Dimanche, une partie des élèves ont repris le chemin de l'école dans la capitale, où les universités ont également rouvert leurs portes.

"On se sent libérés! On peut enfin dire ce qu'on pense sans avoir peur", lance Yasmine Chehab, une étudiante en littérature anglaise à l'Université de Damas.

Commerces et entreprises ont aussi rouvert. Et la messe du dimanche a été célébrée à la cathédrale Notre-Dame de la Dormition à Damas, en présence de nombreux fidèles.

"Dieu merci, notre situation est bonne", a déclaré une fidèle, Ibtissam al-Khouli, à l'AFP. "Tout le monde se sent bien, il n'y a pas de crainte"

Mais chaque jour qui passe depuis la chute de M. Assad donne aussi lieu à des découvertes macabres, témoignage des pires exactions du pouvoir déchu.

A la morgue de l'hôpital al-Moujtahed de Damas, des habitants ont afflué après que des combattants de HTS ont ramené 35 corps, dont 21 ont déjà été identifiés par leurs familles.

Photos de jeunes hommes disparus à la main, des familles se pressent autour des 14 corps restants.

"Je cherche mon fils", dit Fatima Marakbawi, la quarantaine. "Ils l'ont pris il y a 11 ou 12 ans. Il y a 9 ans, il était à Saydnaya, maintenant il n'y est plus et mon coeur est brisé."

Engagements du nouveau pouvoir 

Voisine de la Syrie, la Turquie s'est dite "prête" à fournir de l'aide militaire si le nouveau gouvernement syrien le lui demande, selon son ministre de la Défense, Yasar Güler.

Il a en outre affirmé que les nouvelles autorités s'étaient engagées à "respecter toutes les institutions gouvernementales, l'ONU et les autres organisations internationales", et promis de signaler toute trace d'arme chimique à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques.

Autre voisin de la Syrie, Israël a approuvé dimanche un projet visant à doubler la population dans la partie du Golan syrien annexée, mais dit n'avoir aucun intérêt à entrer en conflit avec la Syrie, après avoir pris le contrôle de la zone tampon surveillée par l'ONU séparant les deux pays sur le plateau du Golan.

Israël a conquis une partie du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie, lors de la guerre israélo-arabe de 1967, avant d'annexer ce territoire en 1981. Seuls les Etats-Unis, durant le premier mandat de Donald Trump, ont reconnu cette annexion en 2019.

D'intenses frappes israéliennes ont par ailleurs ciblé dans la nuit de dimanche à lundi des sites militaires dans la région côtière de Tartous en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

"Des avions de combat israéliens ont lancé des frappes" sur plusieurs sites, dont des unités de défense aérienne et des "dépôts de missiles sol-sol", selon l'ONG, évoquant les "frappes les plus lourdes depuis 2012" dans cette région côtière qui abrite une base navale russe.

Meurtri par près de 14 ans de guerre dévastatrice déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, la Syrie est minée par une économie en lambeaux et des sanctions internationales.

Sans oublier les ingérences étrangères et un bilan humain très lourd: un demi-million de morts et six millions de Syriens en fuite.


Soudan : attaque de drones sur la capitale Khartoum pour la troisième journée consécutive

Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde". (AFP)
Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde". (AFP)
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  • "À quatre heures du matin, j'ai entendu le bruit de deux drones passer au-dessus de nous, et peu de temps après, j'ai entendu le son de tirs de défense aérienne près de la Brigade militaire et l'unité médicale", a relaté un témoin du sud d'Omdourman
  • Un autre témoin dans le sud de la capitale a rapporté avoir vu des drones se diriger vers l'aéroport, cible d'attaques depuis trois jours consécutifs

KHARTOUM: Des drones ont visé jeudi la capitale soudanaise Khartoum et son aéroport, tenus par l'armée, pour la troisième journée consécutive, ont rapporté à l'AFP des témoins.

"À quatre heures du matin, j'ai entendu le bruit de deux drones passer au-dessus de nous, et peu de temps après, j'ai entendu le son de tirs de défense aérienne près de la Brigade militaire et l'unité médicale", a relaté un témoin du sud d'Omdourman.

Un autre témoin dans le sud de la capitale a rapporté avoir vu des drones se diriger vers l'aéroport, cible d'attaques depuis trois jours consécutifs.

"Après quatre heures, le bruit des drones était fort. Je les ai vus se diriger vers l'aéroport et j'ai entendu des explosions", a-t-il indiqué.

Depuis mardi, l'aéroport de la capitale, hors service depuis deux ans et sur le point de rouvrir, est en proie à des attaques de drones attribuées aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), engagées depuis avril 2023 dans une guerre pour le pouvoir contre l'armée régulière.

Sa réouverture, initialement prévue mercredi" a été suspendue "jusqu'à nouvel ordre, a déclaré à l'AFP un responsable de l'aéroport sous couvert d’anonymat.

Malgré la reprise de Khartoum par l'armée au printemps, la ville demeure largement dévastée, marquée par des coupures d'électricité récurrentes et des frappes de drones des FSR.

Plus d'un million de personnes déplacées y sont retournées au cours des dix derniers mois, selon l'agence des migrations de l'ONU.

Depuis quelques semaines, le gouvernement s'efforce d'y rétablir les services, dont l'aéroport, afin de relocaliser des institutions clés depuis Port-Soudan, port de la Mer Rouge, devenue capitale de facto depuis le début de la guerre.

Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".


Israël expulse 32 militants étrangers venus en Cisjordanie pour la récolte des olives

Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire. (AFP)
Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire. (AFP)
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  • La récolte des olives est cette année particulièrement violente, avec plusieurs actes de vandalisme et d'attaques de colons israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP
  • Les militants étrangers estiment que leur présence est dissuasive contre ce genre d'incidents dans les zones rurales de Cisjordanie

RAMALLAH: Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire.

L'ordre d'expulsion signé par le ministre, Yariv Levin, fait suite à une plainte déposée par le président du conseil des colonies du nord de la Cisjordanie, Yossi Dagan, contre les "provocations" d'"anarchistes".

Rudy Schulkind, un Britannique de 30 ans, figure parmi les personnes expulsées. Joint par téléphone, il a indiqué à l'AFP être venu en Cisjordanie pour apporter son soutien à des agriculteurs palestiniens.

La récolte des olives est cette année particulièrement violente, avec plusieurs actes de vandalisme et d'attaques de colons israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les militants étrangers estiment que leur présence est dissuasive contre ce genre d'incidents dans les zones rurales de Cisjordanie.

Rudy Schulkin a raconté à l'AFP avoir été détenu pendant 72 heures avant d'être expulsé le 19 octobre.

"Nous avons été arrêtés après que la zone où nous récoltions a été déclarée zone militaire", a-t-il expliqué, décrivant une tactique selon lui courante contre les Palestiniens.

Il a ajouté que les 32 bénévoles internationaux avaient tous été arrêtés dans une oliveraie près de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.

Rudy Schulkin a ajouté qu'ils "n'avaient jamais été présentés devant un juge".

Le ministre israélien de la Justice a déclaré que l'expulsion avait été cosignée par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et a accusé les militants d'avoir violé "un ordre du commandant militaire" et d'appartenir à l'UAWC, l'Union des comités de travail agricole.

L'UAWC est une organisation palestinienne à but non lucratif dédiée au développement agricole. Israël l'a qualifiée d'organisation terroriste en 2021, ainsi que cinq autres ONG, dans une décision condamnée par l'ONU.

M. Schulkind n'a pas révélé le nom de l'organisation dont il était membre, mais Fouad Abou Seif, directeur général de l'UAWC, a déclaré à l'AFP que les volontaires participaient à une "campagne nationale" organisée par de nombreuses ONG palestiniennes et le ministère palestinien de l'Agriculture.

Fouad Abou Seif a précisé que l'UAWC était membre de cette campagne, mais n'en était pas l'organisateur. De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères a condamné ces arrestations.


Israël: la Knesset vote pour l'examen de projets de loi visant à annexer la Cisjordanie

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  • "Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."
  • Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi

JERUSALEM: Le Parlement israélien (Knesset) s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est prononcé contre toute annexion de la Cisjordanie par Israël, que soutient l'extrême droite israélienne.

"Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi.

Le premier texte, proposé par le chef du parti nationaliste Israël Beiteinou (opposition), Avigdor Lieberman, visant à étendre la souveraineté israélienne à Maalé Adumim, une colonie de plus de 40.000 habitants située juste à l'est de Jérusalem, a été adopté par 32 députés contre 9.

Le deuxième projet de loi, proposé par le député d'extrême-droite Avi Maoz, lui aussi dans l'opposition, visant à appliquer la souveraineté israélienne sur l'ensemble de la Cisjordanie, a été adopté en lecture préliminaire par 25 députés pour et 24 contre.

Selon les médias, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ordonné aux députés de son parti, le Likoud, de s'abstenir pendant les votes.

Le Likoud a qualifié les votes de "provocation de l'opposition visant à nuire à nos relations avec les États-Unis et aux grandes réalisations d'Israël" dans la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas, dans un communiqué.

"La véritable souveraineté ne s'obtient pas par une loi symbolique (...) mais par un travail efficace sur le terrain et par la création des conditions politiques propices à la reconnaissance de notre souveraineté, comme cela a été fait dans le Golan et à Jérusalem", ajoute le texte.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

Selon ses détracteurs, ce projet, baptisé E1, couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien.

Lors d'un événement organisé à Maalé Adoumim le 11 septembre, M. Netanyahu avait affirmé qu"il "n'y aura pas d'Etat palestinien" et dit vouloir "doubler la population de la ville".

Hors Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967.

Ces derniers mois, plusieurs ministres israéliens d’extrême droite ont appelé ouvertement à l'annexion de la Cisjordanie.

Mercredi dans un communiqué, le ministère jordanien des Affaires étrangères a dit "condamner fermement" ces votes qu'il qualifie de "violation flagrante du droit international et d'atteinte grave à la solution à deux Etats".

De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères, basé à Ramallah, a condamné le vote de la Knesset, déclarant qu'il "rejette fermement les tentatives de la Knesset d'annexer des terres palestiniennes ".

"Le ministère a souligné que les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, et la bande de Gaza, constituent une seule et même unité géographique sur laquelle Israël n'a aucune souveraineté", a-t-il déclaré, selon l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.