Au Festival de la BD d'Angoulême, succès public, tempête en coulisses

Des visiteurs regardent des bandes dessinées dans la rue lors du 52e Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, le 30 janvier 2025. (Photo ROMAIN PERROCHEAU / AFP)
Des visiteurs regardent des bandes dessinées dans la rue lors du 52e Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, le 30 janvier 2025. (Photo ROMAIN PERROCHEAU / AFP)
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Publié le Dimanche 02 février 2025

Au Festival de la BD d'Angoulême, succès public, tempête en coulisses

  • Le festival de la BD d'Angoulême a fait le plein cette semaine, malgré des coulisses agitées par une virulente mise en cause de son management et de sa stratégie, jugée « mercantile » par ses détracteurs.
  • Avant même le début de cette 52^e édition, refermée dimanche, le coup de semonce est venu d'un article de l'Humanité magazine accusant le festival international de la bande dessinée (FIBD) de « dérives », notamment avec une hausse de 25 % des tarifs.

 ANGOULÊME, FRANCE : Des rues bondées, des expositions prises d'assaut... Le festival de la BD d'Angoulême a fait le plein cette semaine, malgré des coulisses agitées par une virulente mise en cause de son management et de sa stratégie, jugée « mercantile » par ses détracteurs.

Avant même le début de cette 52^e édition, refermée dimanche, le coup de semonce est venu d'un article de l'Humanité magazine accusant le festival international de la bande dessinée (FIBD) de « dérives », notamment avec une hausse de 25 % des tarifs pour le public, et d'avoir licencié une salariée peu après sa plainte pour viol en 2024.

Le FIBD, dont l'organisation est confiée depuis 2007 à la société 9e Art+, a aussitôt défendu sa stratégie de « toucher le plus grand nombre » et assuré n'avoir jamais « failli dans ses obligations » vis-à-vis de son ex-employée.

Mais l'incendie s'est vite propagé dans le microcosme de la bande dessinée. « Ça secoue beaucoup de gens dans le festival comme chez les auteurs », confie une source interne.

Sur les réseaux sociaux, des auteurs de bande dessinée ont publié des dessins peu amènes à l'attention du président du 9e Art+, Franck Bondoux, à la suite d'un premier message posté par Florence Cestac, grand prix d'Angoulême en 2000.

« C'est l'histoire du viol qui m'a poussée à faire ça, j'ai trouvé ça immonde », confie-t-elle à l'AFP, ajoutant par ailleurs avoir eu l'impression que le festival « perd son âme ».

Sur leurs stands à Angoulême, les éditeurs indépendants ont, eux, affiché des messages de soutien à l'ex-salariée, qui vient de saisir les prud'hommes pour contester son licenciement, selon son avocat Arié Alimi.

- Moyen de pression -

Plusieurs intervenants ont également interpellé le festival lors de la remise des Fauves 2025, samedi soir, qui a notamment sacré Deux filles nues de Luz.

L'affaire a ému jusqu'au ministère de la Culture qui a indiqué à l'AFP être « particulièrement interpellé » par cette affaire et être plus généralement inquiet des « dysfonctionnements » au sein du FIBD.

Cette semaine, les grands éditeurs ont également exprimé leur « profonde préoccupation » concernant un festival crucial ayant essuyé des pertes en 2024.

Leur syndicat national a appelé « instamment » à lancer un « appel d'offres en bonne et due forme », alors qu'une échéance majeure approche pour le renouvellement de la convention liant l'association FIBD Angoulême, fondatrice du festival, à 9e Art+.

Tacitement reconduite en 2017, elle le sera à nouveau en 2027 si elle n'est pas dénoncée d'ici à mai.

Cette convention de droit privé ne peut formellement être dénoncée que par l'association FIBD Angoulême, dont la présidente, Delphine Groux, a indiqué en décembre qu'elle n'agirait pas « sous la pression ». Sollicitée par l'AFP, l'association n'a pas donné suite.

Les regards se tournent aussi vers les pouvoirs publics qui fournissent près de la moitié du budget du festival, soit 6,3 millions d'euros.

Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine et premier contributeur public (550 000 euros de subventions directes et 500 000 euros d'équipements), appelle à « sortir par le haut » pour ne pas entacher « le succès culturel, économique et social » du festival.

« Comme un village gaulois »

« Nous allons examiner les garanties à demander », affirme l'élu socialiste à l'AFP. Mais il souligne les « efforts de transparence » du festival depuis un rapport de la Chambre régionale de la Cour des comptes de 2021 qui avait pointé une « organisation complexe » sans relever d'irrégularités.

Élu d'opposition à Angoulême, Raphaël Manzanas n'est pas convaincu. « C'est encore opaque », dit-il à l'AFP, pointant notamment les échanges comptables entre 9e Art+ et une autre société détenue par M. Bondoux.

Les marges de manœuvre sont toutefois réduites, reconnaît-il. « On peut jouer le bras de fer et menacer de ne pas voter la subvention de 500 000 euros, mais on serait accusés de nuire à un festival très important pour notre ville », explique-t-il.

Sollicité par l'AFP, M. Bondoux n'a pas répondu, mais le directeur artistique adjoint du festival, Fausto Fasulo, juge « hallucinante » l'idée d'une dérive mercantiliste.

« Quelqu'un est-il capable de nous regarder droit dans les yeux et de nous dire que la programmation de cette année sert le grand capital ? », lance-t-il, déplorant que le festival serve « trop souvent de catalyseur » des tensions récurrentes dans l'édition.

De fait, le festival d'Angoulême est loin d'être en proie à sa première crise. « Ici, c'est comme un village gaulois », résume une habituée des lieux. « Il y a toujours beaucoup de mécontents. »


Mohammed al-Turki assiste à la première de « Mission : Impossible - The Final Reckoning » à Cannes

Mohammed Al-Turki portait pour l'occasion un ensemble Berluti bleu nuit. (Fourni)
Mohammed Al-Turki portait pour l'occasion un ensemble Berluti bleu nuit. (Fourni)
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  • Le producteur de films saoudien Mohammed Al-Turki a foulé le tapis rouge mercredi, à l'occasion de la première de « Mission : Impossible – The Final Reckoning », lors de la 78e édition du Festival de Cannes

DUBAÏ : Le producteur de films saoudien Mohammed Al-Turki a foulé le tapis rouge mercredi, à l'occasion de la première de « Mission : Impossible – The Final Reckoning », lors de la 78e édition du Festival de Cannes.

M. Al-Turki, ancien PDG du Festival international du film de la mer Rouge, s’est distingué sur le tapis rouge avec une tenue signée Berluti. Pour l’occasion, il arborait un smoking trois pièces en satin et laine Super 200s à micro motifs, dans un élégant bleu nuit. Il avait assorti son nœud papillon et sa chemise en coton à la teinte de son costume, complétant l’ensemble avec des mocassins noirs en cuir verni. 

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M. Al-Turki a posé pour des photos aux côtés de l'actrice égyptienne Yousra avant la projection du film. (Getty Images)

Avant la projection, il a partagé le tapis rouge avec la célèbre actrice égyptienne Yousra.

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L'acteur américain Greg Tarzan Davis, l'actrice américaine Angela Bassett, l'acteur et producteur américain Tom Cruise, l'actrice française Pom Klementieff, le réalisateur et scénariste américain Christopher McQuarrie quittent la salle après la projection du film 'Mission : Impossible - The Final Reckoning' lors de la 78ème édition du Festival de Cannes à Cannes. (Getty Images)

« Mission : Impossible - The Final Reckoning » met en scène Tom Cruise, Hayley Atwell et Ving Rhames, et poursuit l'histoire du film « Dead Reckoning - Part One », sorti en 2023. La suite suit Ethan Hunt et son équipe dans leur lutte contre l'Entité, une IA malveillante qui menace la sécurité mondiale. Le précédent volet n'ayant pas eu de succès au box-office, ce chapitre est considéré comme une sortie cruciale pour la franchise.

La sortie du film est prévue pour le 22 mai.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Hoda Barakat, lauréate du Zayed Book Award et porte-voix des oubliés

Née à Beyrouth, Hoda Barakat vit en France depuis 1989. Son œuvre, publiée notamment chez Actes Sud, a été récompensée à maintes reprises: Prix Naguib Mahfouz en 2000, Prix Al-Owais en 2017 pour l’ensemble de son œuvre, et Prix international de la fiction arabe en 2019 pour Le Cours de l’amour et de la mort. (AFP)
Née à Beyrouth, Hoda Barakat vit en France depuis 1989. Son œuvre, publiée notamment chez Actes Sud, a été récompensée à maintes reprises: Prix Naguib Mahfouz en 2000, Prix Al-Owais en 2017 pour l’ensemble de son œuvre, et Prix international de la fiction arabe en 2019 pour Le Cours de l’amour et de la mort. (AFP)
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  • Son écriture naît d’un processus d’écoute intérieure, elle ne commence pas un roman avec une trame claire, mais avec une voix
  • Les histoires se construisent au fil des pages, comme des révélations, dans une langue qui épouse les failles et les silences

PARIS: Ouvrir un livre de l’écrivaine franco-libanaise Hoda Barakat, c’est comme entrer dans un lieu étrange, atypique.

Aller vers l’inconnu à la rencontre de personnes que nous côtoyons tous les jours sans les voir ni les entendre.

Partager des vies, des quotidiens que nous nous efforçons d’ignorer – par dégoût, par superstition ou par peur d’y reconnaître, en miroir, l’être humain que nous sommes, à l’état brut.

Cet être que nous tentons d’enfouir sous les couches de diplômes, de réussites professionnelles ou sociales, mais que la plume de Barakat met à nu avec une intensité captivante.

 


A Cannes, les plans de Trump pour sauver Hollywood font grincer des dents

Donald Trump veut sauver un Hollywood "mourant à une vitesse fulgurante" en imposant des droits de douane de 100% sur les films produits à l'étranger. Mauvaise idée répondent unanimement les représentants de l'industrie américaine du cinéma présents au Festival de Cannes. (AFP)
Donald Trump veut sauver un Hollywood "mourant à une vitesse fulgurante" en imposant des droits de douane de 100% sur les films produits à l'étranger. Mauvaise idée répondent unanimement les représentants de l'industrie américaine du cinéma présents au Festival de Cannes. (AFP)
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  • "Je ne vois aucun avantage à ce qu'il essaie de faire. C'est quelque chose qui pourrait vraiment nous faire du mal", estime Scott Jones, patron du distributeur Artist View Entertainment
  • "Beaucoup de gens sont sans travail en ce moment et cela ne va pas améliorer les choses", poursuit le producteur, qui présente sur la Croisette une épopée sur la guerre civile américaine tournée dans l'Etat du Tennessee

CANNES: Donald Trump veut sauver un Hollywood "mourant à une vitesse fulgurante" en imposant des droits de douane de 100% sur les films produits à l'étranger. Mauvaise idée répondent unanimement les représentants de l'industrie américaine du cinéma présents au Festival de Cannes.

"Je ne vois aucun avantage à ce qu'il essaie de faire. C'est quelque chose qui pourrait vraiment nous faire du mal", estime Scott Jones, patron du distributeur Artist View Entertainment, rencontré par l'AFP au Marché du film.

"Beaucoup de gens sont sans travail en ce moment et cela ne va pas améliorer les choses", poursuit le producteur, qui présente sur la Croisette une épopée sur la guerre civile américaine tournée dans l'Etat du Tennessee.

Les grands studios hollywoodiens, plusieurs syndicats professionnels de l'audiovisuel américain mais aussi les "ambassadeurs spéciaux" de Trump pour le cinéma, les acteurs Jon Voight et Sylvester Stallone, ont publié mardi une lettre remerciant le président pour son "soutien" mais lui demandant plutôt des avantages fiscaux pour tourner des films et des séries aux Etats-Unis. "Plus de 80 pays offrent des incitations fiscales à la production et, par conséquent, de nombreuses productions qui auraient pu être tournées aux USA se sont plutôt installées ailleurs", argumentent-ils.

Quel meilleur exemple de ce phénomène que "Mission: Impossible - The Final Reckoning" avec Tom Cruise, plus grand film américain projeté à Cannes, tourné principalement en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud.

"Inapplicable" 

"Les films hollywoodiens sont réalisés partout dans le monde," confirme Louise Lantagne, directrice de Quebecreatif, qui soutient l'industrie cinématographique canadienne.

Les productions américaines migrent vers le Canada depuis des décennies "parce que nous sommes moins chers et que nous avons des crédits d'impôt, d'excellentes installations et des véritables techniciens de talent", ajoute-t-elle.

"Bien sûr, ce sera l'enfer si (les droits de douane) sont mis en place," prophétise Louise Lantagne, mais "pour le moment, ce n'est qu'un tweet - même si tout le monde est vraiment stressé par ces déclarations."

Beaucoup, comme Monique White, agent commercial du distributeur California Pictures, pensent que la mesure est "inapplicable" et que Trump laissera retomber l'idée.

C'est "légalement et techniquement impossible sans changer la loi, ce qui ne semble pas probable", explique-t-elle.

D'autres craignent toutefois qu'il ne soit trop tard.

"Il nous tue" 

Cette simple menace est déjà "catastrophique en terme de confiance", affirme ce producteur vétéran, deux fois électeur de Trump, mais préférant conserver l'anonymat. "Les investisseurs, particulièrement étrangers, ne veulent pas se brûler les ailes sur le long terme. Il (Trump) nous tue", lâche-t-il.

Même si le président américain parvenait à faire appliquer cette mesure, Louise Lantagne soutient que décider ce qui est ou non un film américain serait un "cauchemar bureaucratique" car les financements et les compétences sont internationalisées.

Sylvain Bellemare, qui a remporté l'Oscar du montage sonore pour "Premier Contact" de Denis Villeneuve en 2017, l'illustre avec deux exemples récents. "Splitsville" avec Dakota Johnson, pour lequel il est présent à Cannes cette année, a été "entièrement tourné au Québec" mais avec de l'argent américain. Et l'an dernier, Novocaïne, distribué par Paramount, a été tourné en Afrique du Sud et post-produit au Québec, alors que l'intrigue se déroule à San Diego. Les producteurs américains "n'ont plus l'argent nécessaire pour tourner aux États-Unis comme ils le faisaient en Californie, c'est tellement cher", conclut-il.

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a doublé non sans mal les allégements fiscaux pour l'industrie du cinéma à 750 millions de dollars annuel (670 millions d'euros) pour freiner la fuite - une somme que White qualifie de "toujours beaucoup trop petite".