Trump à Doha: des accords historiques de 1 200 milliards de dollars entre les États-Unis et le Qatar

L'émir qatari cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani et le président américain Donald Trump ont supervisé la signature de plusieurs accords et mémorandums d'entente majeurs mercredi lors d'une visite d'État à Doha. (Agence de presse du Qatar)
L'émir qatari cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani et le président américain Donald Trump ont supervisé la signature de plusieurs accords et mémorandums d'entente majeurs mercredi lors d'une visite d'État à Doha. (Agence de presse du Qatar)
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Publié le Jeudi 15 mai 2025

Trump à Doha: des accords historiques de 1 200 milliards de dollars entre les États-Unis et le Qatar

  • Trump a exhorté le Qatar à user de son influence sur l'Iran pour persuader ses dirigeants de conclure un accord avec les États-Unis afin de freiner l'avancée rapide de son programme nucléaire
  • Au fil des ans, le Qatar a joué le rôle d'intermédiaire entre les États-Unis d’une part, et l'Iran et ses mandataires de l’autre

DOHA: Le président américain Donald Trump et l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, ont conclu, mercredi à Doha, des accords d'une valeur de 1 200 milliards de dollars (1 dollar = 0,89 euro), selon la Maison Blanche, dont une commande massive de Qatar Airways pour l'achat d'avions Boeing.

Qatar Airways achètera jusqu'à 210 Boeing 777X et 787 pour 96 milliards de dollars, ce qui représente un coup d'éclat pour M. Trump et le constructeur aéronautique.

M. Trump a déclaré que le cheikh Tamim et lui avaient également discuté de l'Iran, de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, du renforcement des liens dans les domaines de la défense, de l'investissement, de l'énergie, de l'éducation et de la cybersécurité. Ils ont également évoqué les préparatifs de la Coupe du monde de football de 2026 et des Jeux olympiques de 2028, qui seront organisés aux États-Unis.

Les deux dirigeants ont également assisté à la signature d'une déclaration conjointe de coopération entre les deux gouvernements, ainsi que de lettres d'offre et d'acceptation pour les drones MQ-9B et le système anti-drone FS-LIDS, a rapporté l'agence de presse du Qatar.
Le président Trump a remercié l'émir pour l'hospitalité chaleureuse du Qatar et a décrit le cheikh Tamim comme un ami de longue date et un partenaire de confiance. «Nous avons toujours entretenu une relation très spéciale», a-t-il déclaré à propos de l'émir.

Des ministres qataris de haut rang et des membres du cabinet américain, notamment les secrétaires d'État, de la défense, du trésor, du commerce et de l'énergie, ont également assisté aux discussions et à la cérémonie de signature.

Discussions avec l'Iran

M. Trump a également exhorté le Qatar à user de son influence sur l'Iran pour persuader les dirigeants de ce pays de conclure un accord avec les États-Unis afin de freiner l'avancée rapide de son programme nucléaire.

Au fil des ans, le Qatar a joué le rôle d'intermédiaire entre les États-Unis et l'Iran et ses mandataires, notamment lors des pourparlers avec le Hamas, soutenu par le Téhéran, alors que la guerre qui l'oppose à Israël depuis 19 mois se poursuit.

«J'espère que vous pourrez m'aider dans la situation de l'Iran», a déclaré M. Trump lors du dîner d'État. «La situation est périlleuse et nous voulons faire ce qu'il faut.»

M. Trump souhaite que l'Iran cesse de soutenir des groupes militants par procuration.

Un peu plus tôt, avant de quitter l'Arabie saoudite pour le Qatar, M. Trump a déclaré qu'il souhaitait parvenir à un accord avec l'Iran sur son programme nucléaire, mais que Téhéran devait mettre fin à son soutien aux milices mandataires dans l'ensemble du Moyen-Orient.
L'Iran «doit cesser de soutenir le terrorisme, mettre fin à ses guerres sanglantes par procuration et renoncer de manière permanente et vérifiable à chercher à se doter d'armes nucléaires», a déclaré M. Trump aux dirigeants des pays du Golfe lors d'un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à Riyad. «Ils ne peuvent pas disposer d'armes nucléaires.»

La demande du président à l'Iran de cesser de soutenir le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban et les Houthis au Yémen intervient alors que le réseau de mandataires de Téhéran fait face à de nombreux échecs.

Le Hezbollah est gravement affaibli après une guerre avec Israël au cours de laquelle nombre de ses dirigeants ont été tués, et il a perdu un allié clé avec la chute du dictateur syrien Bachar el-Assad, qui permettait à l'Iran d'envoyer des armes.

Un avenir sans terreur

M. Trump a déclaré que le moment était venu «pour un avenir libéré de l'emprise des terroristes du Hezbollah».

À Gaza, le Hamas a été militairement décimé par une offensive israélienne depuis octobre 2023.
Seuls les Houthis au Yémen sont sortis relativement indemnes d'une campagne de bombardements américaine qui s'est achevée la semaine dernière par un cessez-le-feu unilatéral des États-Unis.

Les États-Unis et l'Iran ont tenu quatre cycles de négociations nucléaires depuis le mois dernier.
L'Arabie saoudite soutient pleinement les négociations et espère des résultats positifs, a déclaré mercredi le ministre des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane.

Auparavant, les dirigeants des États-Unis et de la Syrie se sont rencontrés face à face pour la première fois depuis 25 ans.

Ahmad al-Charaa, président par intérim de la République arabe syrienne, s'est envolé pour Riyad un jour après que Trump a déclaré qu'il lèverait les sanctions sur l'économie syrienne après des discussions avec le prince héritier et Premier ministre d'Arabie  saoudite Mohammed ben Salmane.

Le prince héritier s'est joint à MM. Trump et à Al-Charaa pour la réunion. Le président turc Recep Tayyip Erdogan y a participé par vidéoconférence.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a qualifié la rencontre d'«historique» et a déclaré que les deux dirigeants avaient discuté des «possibilités de partenariat syro-américain dans la lutte contre le terrorisme» et de l'importance du soutien à la reconstruction.

Dans les rues de Damas et d'autres villes, les Syriens se sont réjouis d'être libérés des sanctions américaines par des applaudissements, des danses et des coups de feu de célébration.

«Ces sanctions ont été imposées à Assad, mais [...] maintenant que la Syrie a été libérée, il y aura un impact positif sur l'industrie, cela stimulera l'économie et encouragera les gens à revenir», a déclaré Zain al-Jabali, 54 ans, propriétaire d'une fabrique de savon à Alep.

Le président américain Donald Trump, l'émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad al-Thani et le PDG de Boeing Kelly Ortberg au palais royal de Doha, mercredi. (AFP)

Grande victoire pour Trump et Boeing

L’accord conclu avec Qatar Airways pour l’acquisition d’avions Boeing 777X et 787, équipés de moteurs fournis par GE Aerospace, constitue une victoire pour M. Trump, en visite très médiatisée dans la région – même si les livraisons ne sont attendues que dans plusieurs années.

Cette vente représente également un soutien stratégique pour Boeing et son principal fournisseur de moteurs, à un moment où les versions de grande capacité de l’A350 d’Airbus, équipées de moteurs Rolls-Royce, rencontrent des problèmes de maintenance liés à leur utilisation dans les climats les plus chauds, notamment dans le Golfe.

Selon Boeing, l’accord porte sur 160 commandes fermes – dont 130 pour le 787 et 30 pour le 777X – assorties d’options pour 50 appareils supplémentaires. À la suite de cette annonce, l’action de Boeing a progressé de 0,6% à New York, tandis que celle de GE Aerospace a gagné 0,7%.

Pour les 787, le Qatar a opté pour les moteurs GEnx de GE Aerospace plutôt que pour le Trent 1000 de Rolls-Royce, selon l'administration. Le GE9X de GE Aerospace est la seule option de moteur pour le 777X. L'accord portant sur 400 moteurs GE est le plus important jamais conclu par GE Aerospace, a déclaré le PDG de la société, Larry Culp, dans un communiqué, un point repris par Qatar Airways, qui a déclaré à Reuters en mars qu'il travaillait sur une commande importante de gros porteurs.

M. Trump et l'émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, ont participé à la cérémonie de signature en compagnie du PDG de Boeing, Kelly Ortberg, et du PDG de Qatar Airways, Badr Mohammed al-Meer. M. Trump a déclaré que M. Ortberg lui avait dit qu'il s'agissait de la plus grosse commande d'avions à réaction de l'histoire de Boeing.

Le 777X est encore en cours de développement et devrait commencer à être livré en 2026, avec six ans de retard sur le calendrier. Qatar Airways a déjà commandé 94 777X. Son concurrent, Emirates, a commandé 205 777X. Les deux compagnies aériennes ont été parmi les premiers clients lorsque Boeing a lancé le programme en 2013.

Le carnet de commandes de Boeing comprenait 521 commandes de 777X et 828 commandes de 787 au 30 avril, selon la compagnie.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L 'Arabie saoudite domine le classement de l'économie numérique de la région MENA

Le pays a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données, contribuant à une augmentation de 42 % de la capacité nationale des centres de données en 2024, atteignant 290,5 mégawatts. (Shutterstock)
Le pays a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données, contribuant à une augmentation de 42 % de la capacité nationale des centres de données en 2024, atteignant 290,5 mégawatts. (Shutterstock)
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  • Le Royaume a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données.
  • Ces chiffres sont publiés à l'occasion de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information.

RIYAD : l'Arabie saoudite est devenue la plus grande économie numérique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, avec une valeur de marché dépassant les 495 milliards de SR (131,9 milliards de dollars) en 2024, soit 15 % du produit intérieur brut national.

Ces chiffres ont été communiqués par le ministère des Communications et des Technologies de l'Information à l'occasion de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information, comme le rapporte l'agence de presse saoudienne.

Ces résultats interviennent alors que l'Arabie saoudite continue de renforcer son rôle de puissance numérique régionale et mondiale grâce à des avancées significatives dans les domaines de l'intelligence artificielle, des centres de données, de l'administration en ligne et du développement du capital humain.

« Le marché des communications et des technologies de l'information a enregistré une croissance record de 180 milliards de SR en 2024, grâce à l'expansion des investissements du secteur privé et à l'augmentation de l'innovation, ce qui a renforcé la position du Royaume en tant que plus grand marché technologique du Moyen-Orient », indique le rapport de la SPA. 

L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)
L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)

Le pays a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données, contribuant à une augmentation de 42 % de la capacité nationale de ces centres en 2024, pour atteindre 290,5 mégawatts.

Les efforts du Royaume sont illustrés par le lancement de Humain, une entreprise d'IA soutenue par l'État, qui souligne cet engagement.

Humain a pour objectif de mettre en place des technologies et des infrastructures d'IA, notamment de grands centres de données et des modèles d'IA en langue arabe, afin de positionner l'Arabie saoudite comme un centre mondial de l'IA.

Le Royaume a activement recherché des partenariats avec des entreprises technologiques mondiales de premier plan. Nvidia devrait notamment fournir 18 000 de ses puces d'IA avancées à l'Arabie saoudite dans le cadre d'un partenariat stratégique avec Humain.

La couverture en fibre optique s'étend désormais à plus de 3,9 millions de foyers, tandis que la pénétration d'Internet atteint 99 %, ce qui place l'Arabie saoudite parmi les nations les plus connectées au monde. ***

L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)
L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)

Cette expansion de l'infrastructure soutient les services numériques à haute efficacité et témoigne de la volonté du Royaume de promouvoir l'informatique en nuage et les applications intelligentes.

Le développement du capital humain reste une composante essentielle de la stratégie de transformation numérique.

Avec plus de 381 000 emplois spécialisés dans le secteur technologique, l'Arabie saoudite abrite la plus grande concentration de talents numériques au Moyen-Orient.

La participation des femmes dans ce secteur est passée de 7 % en 2018 à 35 % en 2024, soit la plus élevée de la région, dépassant les moyennes du G20 et de l'Union européenne.

Le Royaume a également obtenu des classements mondiaux de premier plan dans le domaine de la gouvernance numérique. Il s'est classé au quatrième rang mondial dans l'indice des services en ligne des Nations unies, au sixième rang dans l'indice de développement de l'administration en ligne et au deuxième rang parmi les pays du G20.

Il occupe également la première place en matière de services publics numériques au niveau régional. Le Royaume a également obtenu la première place mondiale en matière de compétences numériques et d'administration numérique ouverte, et la septième place en matière d'e-participation. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

 

 

 

 


Aramco prépare l’avenir avec une stratégie ambitieuse dans les énergies propres

Des visiteurs se rendent au stand d'exposition de Saudi Aramco au Centre national des expositions d'Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis. (Shutterstock)
Des visiteurs se rendent au stand d'exposition de Saudi Aramco au Centre national des expositions d'Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis. (Shutterstock)
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  • La stratégie d'investissement de Saudi Aramco reflète une approche pragmatique et tournée vers l'avenir alors que le paysage énergétique mondial continue d'évoluer

DJEDDAH : La stratégie d'investissement de Saudi Aramco reflète une approche pragmatique et tournée vers l'avenir alors que le paysage énergétique mondial continue d'évoluer, ont déclaré des experts à Arab News.

Ayant annoncé un revenu net de 106,2 milliards de dollars en 2024, la société énergétique la plus importante et la plus précieuse du monde reste concentrée sur sa croissance à long terme.

Ses ambitieux projets de gaz naturel, notamment le champ de gaz non conventionnel de Jafurah et l'usine de gaz de Tanajib, sont essentiels pour la sécurité énergétique future de l'Arabie saoudite.

Ces initiatives soutiennent la transition en cours du pétrole brut vers la production d'électricité à partir de gaz et s'alignent étroitement sur les objectifs de diversification économique et de responsabilité environnementale de Vision 2030.

Une approche pragmatique

Saudi Aramco intensifie son développement du gaz naturel, reconnaissant son rôle d'alternative plus propre au pétrole brut. Ces efforts s'inscrivent dans une stratégie nationale plus large visant à réduire les émissions tout en renforçant la résilience économique.

Tamer al-Sayed, directeur financier de l’Institut Future Investment Initiative (FII), a déclaré à Arab News que la diversification d'Aramco s'étendait à ses entreprises mondiales de gaz naturel liquéfié, telles que sa participation dans MidOcean Energy.

"Le gaz naturel est un carburant de transition fiable dont l'intensité en carbone est inférieure à celle du pétrole brut", a-t-il expliqué.

Aramco exploite également l'intelligence artificielle pour améliorer l'efficacité opérationnelle et réduire les émissions, renforçant ainsi son avantage concurrentiel dans un monde de plus en plus axé sur les énergies renouvelables.

"Cette double stratégie - développer des carburants plus propres et déployer des technologies intelligentes - permet à Aramco de rester compétitive au niveau mondial tout en contribuant aux objectifs climatiques du Royaume", a déclaré M. al-Sayed.

Investir dans la capture du carbone

La pierre angulaire de la décarbonisation d'Aramco est une installation de captage et de stockage du carbone à grande échelle en cours de développement à Jubail. Prévu pour capturer jusqu'à 9 millions de tonnes de CO2 par an, ce sera l'un des plus grands projets de ce type au niveau mondial.

M. al-Sayed a reconnu les problèmes liés au captage et au stockage du carbone : "Les aspects économiques restent difficiles sans un mécanisme solide de tarification du carbone".

Il a souligné que le CSC est un pari stratégique qui permettra à l'industrie saoudienne de maintenir son accès au marché dans un contexte de durcissement des réglementations en matière de faibles émissions de carbone. Il existe également un potentiel de nouvelles sources de revenus grâce au "captage du carbone en tant que service".

"En termes macroéconomiques, il s'agit d'un pari sur l'avenir de l'industrie saoudienne", a-t-il ajouté, soulignant que le Royaume est prêt à tirer parti des marchés émergents du carbone et des politiques commerciales vertes.

Un avenir plus propre

Les investissements d'Aramco dans les énergies renouvelables se concentrent fortement sur l'énergie solaire et l'hydrogène. La société fait progresser la centrale solaire photovoltaïque de Sudair et trois autres projets totalisant 5,5 gigawatts, qui visent à rendre le réseau plus écologique et à réduire la consommation intérieure de pétrole, libérant ainsi des hydrocarbures pour l'exportation ou l'utilisation industrielle.

Dans le secteur de l'hydrogène, Aramco vise à produire 2,5 millions de tonnes d'ammoniac bleu par an d'ici à 2030, en tirant parti de ses réserves de gaz et de son infrastructure de CSC pour devenir un exportateur d'énergie propre de premier plan.

"Cette démarche s'inscrit dans l'objectif de Vision 2030, qui consiste à développer des industries à forte valeur ajoutée et fondées sur la connaissance", a indiqué M. al-Sayed.

Si les énergies renouvelables ne remplaceront pas les hydrocarbures du jour au lendemain, elles restent un élément essentiel de la diversification énergétique à long terme de l'Arabie saoudite.

Expansion en aval

Les récentes acquisitions d'Aramco sur les marchés émergents témoignent d'une poussée stratégique vers les activités en aval. Sa participation totale dans la société chilienne Esmax et sa participation de 40% dans le réseau de distribution de carburant pakistanais Gas & Oil donnent à l'entreprise saoudienne un accès direct à des marchés énergétiques en pleine croissance.

"Du point de vue de l'économie saoudienne, de tels investissements en aval contribuent à réduire la dépendance excessive à l'égard des exportations de pétrole brut en monétisant l'ensemble de la chaîne de valeur des hydrocarbures, du puits à la roue", a révélé M. al-Sayed.

Ces initiatives génèrent également des flux de revenus étrangers, soutiennent la balance des paiements du Royaume et complètent les efforts plus larges de diplomatie commerciale.

La demande en carburant du Pakistan augmentant parallèlement à la croissance de sa population et de ses infrastructures, et le Chili servant de porte d'entrée dans le paysage de la vente au détail d'énergie en Amérique du Sud, Aramco se positionne en vue d'une croissance durable au-delà des activités en amont.

"Ces investissements permettent également de résister aux fluctuations de la demande régionale, renforçant ainsi la stratégie d'Aramco qui consiste à maintenir une présence mondiale sur les marchés de l'énergie", a ajouté M. al-Sayed.

Un recalibrage pour l'avenir

Face à la décarbonisation rapide, Aramco recalibre sa stratégie à long terme par la diversification, les investissements mondiaux et l'adoption de technologies tournées vers l'avenir. L'entreprise cherche à concilier les réalités opérationnelles d'aujourd'hui avec les objectifs énergétiques de demain.

"Il ne s'agit pas seulement de résilience, mais aussi de pertinence", a conclu M. al-Sayed, soulignant que la diversification et les investissements stratégiques ancrent fermement Aramco dans l'économie énergétique de demain.

La résilience au milieu des coupes

Yaseen Ghulam, professeur agrégé d'économie et directeur de recherche à l'université Al-Yamamah de Riyad, a mis en perspective la baisse du revenu net d'Aramco en 2024, soit 12% de moins que les 121,3 milliards de dollars enregistrés en 2023.

Il l'a attribuée aux réductions stratégiques de la production de pétrole convenues par l'OPEP+, y compris une réduction de 6,25% à partir de 2023 et une réduction de 14,28% à partir de 2022.

"L'OPEP+ prévoit en outre de prolonger les réductions volontaires de la production de pétrole jusqu'en septembre 2026, ce qui pourrait entraîner une réduction de 0,4 million de barils par jour en 2025", a confirmé M. Ghulam.

Malgré ces contraintes de marché, il a noté que le secteur non pétrolier de l'Arabie saoudite a compensé la baisse des revenus liés au pétrole grâce à la hausse de la consommation des ménages et à l'augmentation des investissements, sous l'impulsion des efforts de diversification du gouvernement.

Il prévoit une croissance du secteur hors hydrocarbures d'au moins 4%, soutenue par un faible taux de chômage, une augmentation de la participation des femmes à la main-d'œuvre et la poursuite des progrès de la Vision 2030, avec l'appui de solides amortisseurs budgétaires.

Investissement durable

Interrogé sur les dépenses d'investissement d'Aramco - 53,3 milliards de dollars en 2024 et jusqu'à 58 milliards de dollars en 2025 - M. Ghulam a souligné le rôle central de l'entreprise dans l'élaboration des tendances mondiales en matière d'approvisionnement en pétrole.

"Aramco a réalisé un investissement record et continuera probablement à investir dans l'intelligence artificielle, la fabrication et les acquisitions d'entreprises afin d'améliorer les chaînes d'approvisionnement pétrolières nationales et mondiales et de contribuer à la diversification de l'économie du pays", a-t-il noté.

Il a en outre souligné l'engagement de l'entreprise à développer des produits à faible teneur en carbone dans les secteurs de l'énergie, de la chimie et des matériaux, parallèlement à son plan visant à tirer parti de sa production en amont à faible coût et à faible teneur en carbone pour répondre à la demande mondiale croissante.

Il a également signalé les investissements de l'entreprise dans les énergies renouvelables par l'intermédiaire de sa division des nouvelles énergies, en déclarant : "Aramco a signé un accord pour construire de nouvelles installations de production d'hydrogène et d'ammoniac verts. L'entreprise souhaite produire 11 millions de tonnes d'ammoniac bleu par an d'ici à 2030, avec la possibilité d'exporter vers les marchés d'Asie et d'Europe".

Soutenir les plans de diversification

Selon son rapport annuel 2024, les initiatives technologiques d'Aramco visent à améliorer les opérations en amont et en aval, à élargir son portefeuille de produits et à promouvoir une croissance durable alignée sur ses ambitions nettes zéro.

M. Ghulam a observé que l'économie de l'Arabie saoudite réduit rapidement sa dépendance à l'égard des recettes pétrolières, grâce à des politiques en matière d'infrastructures, de tourisme et de technologie.

"Les activités non pétrolières représentent aujourd'hui 52% de l'activité économique globale et devraient atteindre 65% d'ici à la fin de la décennie. Les revenus non pétroliers ont en fait doublé en quatre ans. Les industries qui stimulent cette croissance sont l'industrie manufacturière, la construction, la communication, la finance, le commerce de détail, la restauration, l'hôtellerie, la logistique et les transports", a-t-il déclaré.

Le Royaume met en œuvre plus de 5 000 projets visant à la diversification, 73% des nouveaux investissements étant destinés aux secteurs non pétroliers.

M. Ghulam a conclu qu'Aramco joue un rôle essentiel dans le soutien de cette transition en investissant massivement dans le GNL, l'hydrogène, le solaire, l'éolien et les matériaux pour batteries comme le lithium, tout en maintenant des projets pétroliers en amont pour conserver sa position de leader mondial.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Air France Industries KLM Engineering & Maintenance : cap sur l’Arabie saoudite avec une vision durable et partenariale

Benjamin Moreau, vice-président de la stratégie et du développement commercial chez Air France Industries KLM Engineering & Maintenance(Photo Loai AlKelawy)
Benjamin Moreau, vice-président de la stratégie et du développement commercial chez Air France Industries KLM Engineering & Maintenance(Photo Loai AlKelawy)
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  • Présente aux Journées franco- saoudiennes de l’aviation organisées par Business France, la filiale maintenance d’Air France-KLM Engineering et Maintenance dévoile ses ambitions en Arabie saoudite.
  • "Nous avons donc mis en place toute une série d'actions visant à réduire l'impact environnemental de notre activité. Notre credo est de pouvoir réparer plutôt que de remplacer par des pièces neuves. » affirme Mr. Moreau

RIYAD : Le secteur de la maintenance, de la réparation et des opérations (MRO) joue un rôle crucial dans le développement de l'industrie aéronautique et aérospatiale d'Arabie saoudite. Cette importance témoigne de l'engagement du Royaume à progresser dans le secteur de l'aviation, ce qui renforce sa position en tant qu'acteur régional et international de premier plan.

Présente aux Journées franco- saoudiennes de l’aviation organisées par Business France, la filiale maintenance d’Air France-KLM Engineering et Maintenance dévoile ses ambitions en Arabie saoudite.

Grâce à une stratégie tournée vers le développement durable, des partenariats locaux et l’innovation technologique, la filiale maintenance d’Air France-KLM Engineering et Maintenance affirme sa volonté d’ancrage dans un marché en pleine transformation.

Avec un chiffre d’affaires de 4,3 milliards d’euros en 2024, Air France Industrie est un acteur de référence de la maintenance aéronautique à l’échelle internationale. Présente sur plusieurs continents, l’entreprise soutient plus de 300 compagnies aériennes et emploie 13 000 collaborateurs.

Une expertise mondiale et intégrée

Benjamin Moreau, vice-président de la stratégie et du développement commercial chez Air France Industries KLM Engineering & Maintenance, a déclaré à Arab News : « Nous avons une branche maintenance qui s'appelle Air France Industries-KLM Engineering & Maintenance et qui est implantée dans le monde entier. Nous soutenons plus de 300 compagnies aériennes et 2 000 avions.

Nous avons évidemment des implantations en Europe, mais aussi en Asie, au Moyen-Orient et aux États-Unis. Nous privilégions une stratégie d'implantation locale car nous estimons qu'il est essentiel d'être proche des marchés pour offrir le meilleur service à nos clients. »

Un engagement environnemental structurant

AFI KLM E&M inscrit ses activités dans une logique circulaire et responsable, fondée sur la réparation plutôt que le remplacement. Benjamin Moreau a expliqué : « Notre stratégie d'entreprise est déjà fortement axée sur les enjeux de durabilité et d'impact environnemental, principes qui guident toutes nos activités, notamment dans le domaine de la maintenance. Nous avons donc mis en place toute une série d'actions visant à réduire l'impact environnemental de notre activité. Notre credo est de pouvoir réparer plutôt que de remplacer par des pièces neuves. »

L’entreprise agit sur plusieurs leviers : réduction de la consommation énergétique et hydrique, optimisation des transports de pièces et introduction de carburants d’aviation durables dans les tests moteurs.

« Dans les tests moteurs, nous utilisons du carburant d’aviation durable… Nous avons une politique très agressive sur ce sujet », affirme M. Moreau.

L’Arabie saoudite : une nouvelle étape stratégique

L’entreprise se tourne avec intérêt vers ce pays, porté par la Vision 2030 du Royaume. Ce plan ambitieux ouvre en effet de nouvelles perspectives pour le secteur aérien. AFI KLM E&M entend s’y implanter durablement.

Le vice-président de l’entreprise a confié : « Nous avons actuellement des projets de développement en Arabie saoudite pour la maintenance aéronautique. Notre positionnement est d'aligner notre activité sur cette vision stratégique en développant des activités de maintenance dans le Royaume. »

Relever les défis du marché saoudien

Le principal défi évoqué reste celui de la main-d'œuvre spécialisée. Toutefois, l’entreprise voit dans le pays un fort potentiel. « L’Arabie saoudite est un pays qui présente un potentiel considérable, avec une population très bien éduquée. Les partenariats sont le pilier de notre stratégie, car ils représentent à la fois un défi et un atout.

Les partenariats sont le pilier de la stratégie.

L’entreprise mise fortement sur la collaboration avec les acteurs locaux pour bâtir un modèle gagnant-gagnant. Le responsable a ainsi déclaré : « Le développement de partenariats est une pierre angulaire de notre implantation en Arabie saoudite. Notre objectif est de développer des partenariats qui bénéficient à tous : nos clientes du secteur aérien, les acteurs locaux et nous-mêmes. »

Ces collaborations visent à renforcer la qualité du service, à valoriser les compétences locales et à favoriser le partage d’expertise.

Maintenir l’avantage dans un marché hautement concurrentiel

Pour conserver sa place sur un marché très dynamique, AFI KLM E&M s’appuie sur plusieurs atouts : une double expertise dans les domaines de la compagnie aérienne et de la maintenance, une forte maîtrise technologique, ainsi que des services digitaux avancés, comme la maintenance prédictive.

Benjamin Moreau a affirmé : « À chaque fois qu’il y a des nouvelles technologies, on se positionne très en amont. Nous proposons des solutions de maintenance en nous appuyant sur des technologies numériques avancées, comme l’intelligence artificielle. »

Un regard tourné vers la coopération

En conclusion, interrogé sur les conseils à donner aux entreprises souhaitant s’implanter en France, le représentant AFI KLM E&M a appelé à l’humilité et à l’écoute. « Il faut arriver avec humilité, être à l’écoute et construire avec les compagnies aériennes et les partenaires locaux. »