Lever les sanctions contre la Syrie : un pari sur un avenir plus prospère

Le président syrien Ahmed al-Sharaa prononce un discours au palais présidentiel de Damas, Syrie. (Reuters)
Le président syrien Ahmed al-Sharaa prononce un discours au palais présidentiel de Damas, Syrie. (Reuters)
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Publié le Dimanche 25 mai 2025

Lever les sanctions contre la Syrie : un pari sur un avenir plus prospère

Lever les sanctions contre la Syrie : un pari sur un avenir plus prospère
  • L'allègement des sanctions offre au pays une voie vers la reconstruction et la réintégration au sein la communauté internationale.
  • Pour le peuple syrien, la levée des sanctions apporte l'espoir d'un avenir libéré du conflit et du désespoir économique.

Dans le cadre d'un changement important de la politique étrangère des États-Unis, le président Donald Trump a entrepris d'alléger les sanctions imposées de longue date à la Syrie, marquant ainsi un moment décisif pour ce pays déchiré par la guerre et pour le Moyen-Orient dans son ensemble. Cette décision intervient dans le sillage de la tournée réussie du président Trump dans le Golfe et de ses discussions avec le prince héritier Mohammed bin Salman. Elle reflète une approche pragmatique visant à favoriser la stabilité et la reprise économique dans la région.

Pour comprendre les implications de ce changement de politique, il est essentiel de revenir sur les origines des sanctions. Les États-Unis ont désigné pour la première fois la Syrie comme "État soutenant le terrorisme" en 1979, en invoquant son soutien à des groupes tels que le Hezbollah et sa présence militaire au Liban.

D'autres sanctions ont été imposées en 2004 en vertu de la loi sur la responsabilité de la Syrie et la restauration de la souveraineté libanaise (Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act), visant la poursuite présumée par la Syrie d'armes de destruction massive et son ingérence dans le pays voisin, l'Irak. Les mesures les plus strictes ont été prises en 2011, en réponse à la répression brutale du régime Assad contre des manifestants pacifiques, ce qui a conduit à la loi Caesar Syria Civilian Protection Act de 2019, qui visait à faire en sorte que le régime rende des comptes pour les crimes de guerre.

L'allègement des sanctions offre au pays une voie vers la reconstruction et la réintégration au sein la communauté internationale. Faisal J. Abbas | Rédacteur en chef

L'effondrement du régime de Bachar Assad en décembre 2024 a marqué le début d'une nouvelle ère pour la Syrie. Ahmad Al-Sharaa, anciennement connu sous le nom d'Abu Mohammed Al-Golani, est devenu le président par intérim. Bien que ses affiliations passées aient suscité des inquiétudes, M. Al-Sharaa a déployé des efforts concertés pour se distancier de son passé militant et se présenter comme un homme d'État engagé dans la reconstruction de la Syrie. Sa première démarche diplomatique a été l'Arabie saoudite, avec une visite à La Mecque en compagnie de son épouse. Cette visite témoigne de sa volonté d'aligner la Syrie sur ses voisins arabes - par opposition à l'Iran - et d'adopter une forme plus modérée d'islam et de gouvernance.

La décision d'alléger les sanctions n'est pas une approbation des actions passées, mais une reconnaissance de l'évolution de la dynamique sur le terrain et un pari sur un avenir où les États-Unis, l'Arabie saoudite et d'autres États modérés peuvent aider le grand peuple syrien - désormais libre - à reconstruire son pays.

Les sanctions visaient principalement les politiques oppressives du régime Assad et son rôle déstabilisateur dans la région. Avec la chute du régime, le maintien de ces sanctions ne ferait qu'entraver les aspirations du peuple syrien à la paix et à la prospérité. En outre, l'engagement d'Al-Sharaa à former un gouvernement inclusif, à respecter les droits des minorités et à se concentrer sur les efforts de reconstruction s'aligne sur les objectifs plus larges de la stabilité régionale.

L'économie syrienne a été dévastée par des années de conflit et de sanctions, et plus de 90 % de la population vit dans la pauvreté. La levée des sanctions ouvre la voie aux investissements internationaux, à l'aide et à la reconstruction des infrastructures essentielles. Elle permet également à la Syrie de cesser d'être une plaque tournante pour les activités illicites, telles que le trafic de drogue, et de devenir un centre de commerce et de tourisme, comme elle l'était avant la guerre.

Pour le peuple syrien, la levée des sanctions apporte l'espoir d'un avenir libéré du conflit et du désespoir économique.  Faisal J. Abbas | Rédacteur en chef

Les ouvertures d'Al-Sharaa aux nations arabes et ses efforts pour éloigner la Syrie de ses anciens alliés comme l'Iran et la Russie suggèrent un réalignement potentiel qui pourrait servir les intérêts stratégiques des États-Unis. Ses initiatives politiques, notamment l'embauche de technocrates réputés tels que le célèbre entrepreneur Abdulsalam Haykal au poste de ministre des technologies de l'information, témoignent de son désir sincère de reconstruire le pays. Parviendra-t-il à ses fins ? Va-t-il changer d'avis par la suite ? L'avenir nous le dira.

Ce qui est certain, c'est que l'allègement des sanctions contre la Syrie représente une approche pragmatique d'une situation complexe. Il reconnaît les changements qui ont transformé le paysage politique syrien et offre au pays une voie vers la reconstruction et la réintégration dans la communauté internationale. Pour le peuple syrien, il apporte l'espoir d'un avenir libéré du conflit et du désespoir économique. Pour la région et le monde, c'est l'occasion de favoriser la stabilité et de contrer les influences extrémistes.

Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef d'Arab News. X : @FaisalJAbbas
Clause de non-responsabilité : les opinions exprimées par les auteurs dans cette section leur sont propres et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com