Il est temps de reconnaître la Palestine

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Publié le Mardi 03 juin 2025

Il est temps de reconnaître la Palestine

Il est temps de reconnaître la Palestine
  • Les rappels de la laideur de l'occupation ne manquent pas, surtout au vu du génocide en cours à Gaza
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et sa coalition d’extrémistes de droite renforcent l'isolement d'Israël et font en sorte que même ses plus proches alliés occidentaux ne puissent tolérer ses actions

Le blocage par Israël d'une délégation arabe, l'empêchant d'entrer en Cisjordanie le week-end dernier, est un nouveau rappel de la nature hideuse et immorale de l'occupation continue des terres palestiniennes.

Les ministres des affaires étrangères de l'Arabie saoudite, de l'Égypte, de la Jordanie, du Qatar et des Émirats arabes unis avaient prévu de participer à une réunion avec le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah dimanche. Mais le gouvernement israélien est intervenu tard vendredi et a annoncé qu'il n'autoriserait pas la délégation à passer de la Jordanie à la Cisjordanie. Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan, a déclaré que cette décision témoignait de "l'extrémisme et du rejet de la paix" du gouvernement de Tel-Aviv.

Bien entendu, les rappels de la laideur de l'occupation ne manquent pas, surtout au vu du génocide en cours à Gaza.

Depuis qu'Israël a unilatéralement rompu le cessez-le-feu dans la bande de Gaza en mars, les hôpitaux sont de nouveau dans sa ligne de mire. Après l'évacuation de l'hôpital Al-Awda de Jabalia sur ordre israélien jeudi dernier, il n'y avait plus aucun établissement de santé en état de fonctionner dans le nord de la bande de Gaza. N'oublions pas non plus que le mois dernier, les troupes israéliennes ont procédé à des "tirs d'avertissement" à proximité d'une délégation diplomatique européenne en visite en Cisjordanie.

De plus en plus, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et sa coalition d’extrémistes de droite renforcent l'isolement d'Israël et font en sorte que même ses plus proches alliés occidentaux ne puissent tolérer ses actions.

Il est révélateur qu'un ancien premier ministre israélien, Ehud Olmert, ait déclaré la semaine dernière qu'Israël commettait des crimes de guerre à Gaza. "Le gouvernement israélien mène actuellement une guerre sans but, sans objectifs ni planification claire et sans aucune chance de succès", a-t-il écrit dans un article d'opinion publié dans Haaretz.

Mieux vaut tard que jamais, et non, la mise en œuvre ne sera pas facile, mais c'est un début.

                                                        Faisal J. Abbas

La semaine dernière, l'Allemagne a même commencé à critiquer Israël, le chancelier Friedrich Merz condamnant ses "violations" du droit international. "Porter atteinte à la population civile dans une telle mesure, comme cela a été de plus en plus souvent le cas ces derniers jours, ne peut plus être justifié par la lutte contre le terrorisme du Hamas", a-t-il déclaré.

L'intervention de M. Merz a suivi un discours très fort du ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy, qui a déclaré au Parlement que la rhétorique d'un ministre des finances comme Bezalel Smotrich "est de l'extrémisme. C'est dangereux. Il est répugnant. C'est monstrueux".

En effet, lorsque le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et M. Smotrich parlent du "nettoyage" de Gaza par les forces israéliennes, de la "destruction de ce qui reste" et de la "réinstallation des Palestiniens dans des pays tiers", le moins que l'on puisse dire est qu'ils sont "extrémistes". Personnellement, je pense qu'ils sont des criminels de guerre.

Il est également très révélateur que l'ambassadrice d'Israël au Royaume-Uni ait été capable d'identifier de manière phénoménale le nombre exact de "terroristes" du Hamas qui ont été tués au cours de la guerre contre Gaza qui s'est déclenchée à la suite des événements horribles du 7 octobre. Mais elle n'a pas pu se rappeler, ni même reconnaître, le nombre d'enfants tués (la réponse est plus de 15 000, selon l'UNICEF) - bien qu'on lui ait posé la même question 17 fois au cours d'une interview avec Piers Morgan.

Rappelons ici que Morgan a été injustement accusé, au début de la guerre, d'être partial à l'égard d'Israël, bien qu'il ait donné aux deux parties une tribune égale. Sa dernière interview avec l'ambassadeur d'Israël a été un cours magistral sur la manière de mener des interviews professionnelles et de poser des questions sérieuses.

Toutefois, la bataille pour la justice palestinienne ne sera pas gagnée à coup de colonnes ou de podcasts. Le sommet sur la solution des deux États se tiendra du 17 au 20 juin, sous l'égide conjointe de l'Arabie saoudite et de la France, au siège des Nations unies à New York, et les nations du monde entier se trouveront confrontées à l'ultime épreuve morale. Il va sans dire que le moment est venu de reconnaître la Palestine et de soutenir une solution à deux États. Aux sceptiques, je dis deux choses : mieux vaut tard que jamais et, non, la mise en œuvre ne sera pas facile, mais c'est un début.

 

Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef d'Arab News. X : @FaisalJAbbas

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com