PARIS : Les surtaxes douanières imposées par Donald Trump à ses partenaires auront un impact considérable sur l'activité économique à travers le monde, avertit l'OCDE, qui se montre plus pessimiste concernant la croissance mondiale. C'est particulièrement le cas aux États-Unis.
« Nous avons revu à la baisse la croissance de quasiment chaque économie dans le monde » en raison des droits de douane, a indiqué Alvaro Pereira, l'économiste en chef de l'organisation, au cours d'un entretien à l'AFP.
« Le commerce est affecté, en particulier la consommation et l'investissement », a-t-il poursuivi, ajoutant avoir mené cet entretien lundi, la veille de la publication du rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques.
L'OCDE, qui rassemble 38 pays développés, tient une réunion ministérielle mardi et mercredi à Paris. Des discussions entre négociateurs américains et européens sont également prévues en marge de cette rencontre sur les droits de douane, ainsi qu'un sommet du G7 centré sur le commerce.
Jusqu'alors, l'activité économique avait profité d'un effet Trump, avec une progression des échanges « à la fin de 2024 et au premier trimestre de 2025 », indique l'OCDE, en raison de la volonté des entreprises de reconstituer leurs stocks avant l'application de droits de douane.
« Néanmoins, certains signes annonciateurs d'une dégradation de ces résultats apparaissent », s'alarme l'OCDE, en citant notamment le plongeon des prix du transport maritime par conteneurs entre Shanghai et les États-Unis, conséquence directe du bras de fer entre Pékin et Washington.
« L'effet des hausses récentes des droits de douane bilatéraux entre les États-Unis et leurs partenaires commerciaux va probablement transparaître de plus en plus nettement dans les indicateurs économiques », poursuit l'OCDE.
La crainte est d'autant plus grande que « les États-Unis constituent un marché d'exportation important pour un certain nombre de pays », développe l'institution parisienne, qui énumère : « environ 75 % des exportations de biens du Mexique et du Canada, 19 % pour le Japon, 13 % pour la Chine, et 10 % pour l'Allemagne ».
Le taux effectif des droits de douane américains sur les marchandises importées est passé de 2 % à 15,4 % en mai, selon l'OCDE, « le niveau le plus élevé observé depuis 1938 ».
La croissance mondiale va logiquement souffrir, désormais attendue à 2,9 % cette année et l'an prochain, en baisse respectivement de 0,2 et 0,1 point de pourcentage par rapport aux précédentes estimations de l'OCDE en mars. Celles-ci avaient déjà été revues à la baisse pour 2025 et 2026 en raison des tensions commerciales.
L'OCDE prévoit un net ralentissement de la croissance américaine et un freinage principal au sein des pays les plus développés. Le PIB devrait y progresser de 1,6 % en 2025 contre 2,2 % inscrit en mars. La baisse est plus modeste pour 2026, où la croissance est attendue à 1,5 %, contre 1,6 % prévus en mars.
Outre la guerre commerciale, « une nouvelle contraction de l'immigration nette et une réduction du nombre de fonctionnaires du gouvernement fédéral devraient affaiblir la croissance » américaine, poursuit l'OCDE en référence à la politique appliquée par Donald Trump dans son pays.
L'inflation devrait par ailleurs rester à un niveau élevé aux États-Unis, ajoute l'institution économique internationale, qui prévoit 3,2 % cette année et 2,8 % l'an prochain, soit environ un point de plus qu'en zone euro, là encore à cause des droits de douane.
Visée par les attaques de Trump, la zone euro n'a pas fait l'objet d'une nouvelle baisse de sa prévision de croissance, l'OCDE prévoyant tout de même 1 % de progression du PIB cette année, malgré un pessimisme plus grand pour la France qui passerait de 0,8 % à 0,6 %.
Le Japon voit de son côté sa prévision ramenée à 0,7 %, contre 1,1 % en mars.