Gaza: Trump doit dire à Netanyahu «Assez c'est assez», plaide l'ex-Premier ministre israélien Olmert

Les accusations de génocide et crimes de guerre contre Israël se multiplient, venant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette. (AFP)
Les accusations de génocide et crimes de guerre contre Israël se multiplient, venant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 10 juin 2025

Gaza: Trump doit dire à Netanyahu «Assez c'est assez», plaide l'ex-Premier ministre israélien Olmert

  • Les accusations de génocide et crimes de guerre contre Israël se multiplient, venant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette
  • Pour Ehud Olmert, si la communauté internationale a soutenu au départ le droit d'Israël à se défendre, les choses ont changé depuis mars 2025 lorsque M. Netanyahu a intensifié la guerre "pour des intérêts personnels"

PARIS: Le président américain Donald Trump devrait dire "Assez, c'est assez", estime l'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert, dénonçant la poursuite "criminelle" de la guerre à Gaza pour "des intérêts personnels" et plaidant pour une solution à deux Etats, unique garantie de paix durable selon lui.

Les États-Unis ont davantage d'influence sur le gouvernement israélien que "toutes les autres puissances réunies", a affirmé M. Olmert, ex-Premier ministre d'Israël de 2006 à 2009, estimant que Donald Trump "peut faire la différence", dans un entretien lundi soir à l'AFP.

Il s'en est pris au chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu, pour avoir "totalement échoué" à protéger son peuple lors de l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 54 restent retenues à Gaza, dont au moins 32 mortes, selon les autorités israéliennes.

Plus de 54.880 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les accusations de génocide et crimes de guerre contre Israël se multiplient, venant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.

Pour Ehud Olmert, si la communauté internationale a soutenu au départ le droit d'Israël à se défendre, les choses ont changé depuis mars 2025 lorsque M. Netanyahu, tributaire des partis d'extrême droite au sein de sa majorité, a intensifié la guerre "pour des intérêts personnels".

"Si une guerre ne sauve pas les otages, ne parvient pas à éradiquer ce qu'ils ont déjà fait contre le Hamas au cours de ces 20 mois de combats incessants, et si, en conséquence, des soldats sont tués, des otages peut-être tués et des Palestiniens innocents non impliqués sont tués, alors à mon avis, c'est un crime", a-t-il asséné.

"C'est quelque chose qui doit être condamné (...) c'est totalement insupportable", a ajouté M. Olmert, issu du même parti - le Likoud - que son successeur et rival de longue date de Benjamin Netanyahu.

4,4% du territoire 

M. Olmert a salué la tenue en juin à New York (États-Unis) d'une conférence internationale, co-présidée par la France et l'Arabie saoudite, qui doit relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien dite "à deux États".

"Je suis très heureux qu'il y ait cette alliance mondiale pour une solution à deux États", a affirmé M. Olmert, l'une des rares voix en Israël à soutenir ce projet. "C'est très important pour fournir aux Américains l'infrastructure, une enveloppe et un cadre de soutien international".

Ensuite, "ce que nous attendons, c'est que le président Trump convoque Netanyahu (...) dans le Bureau ovale face aux caméras" et qu'il lui dise, en le surnommant, "comme il le fait habituellement: 'Bibi, ça suffit'", a dit M. Olmert. "Rien n'est impossible avec Trump".

Les États-Unis restent pour l'heure déterminés à protéger leur allié israélien. Ils ont de nouveau mis leur veto il y a quelques jours, bloquant un appel de l'ONU à un cessez-le-feu immédiat et l’accès humanitaire à Gaza.

Avec l'ancien ministre palestinien des Affaires étrangères Nasser al-Kidwa, Ehud Olmert promeut un plan de paix incluant la création d'un État palestinien voisin d'Israël, chaque partie cédant 4,4% de son territoire à l'autre.

Selon le plan dévoilé l'an dernier, Israël annexerait les principales colonies juives en Cisjordanie, notamment certaines zones autour de Jérusalem. En contrepartie, un territoire israélien de superficie équivalente serait cédé à un futur État palestinien.

Le plan Olmert-Kidwa préconise également une souveraineté partagée sur la Vieille Ville de Jérusalem, avec une tutelle dont feraient partie Israël et un État palestinien.

"Se débarrasser des deux" 

Un tel plan est "pratique, réalisable, pertinent, valable et réel (...) Cela nécessite des dirigeants des deux côtés qui le veuillent", a déclaré M. Olmert, qui a passé plus d'un an en prison (2016-2017) après avoir été condamné pour des scandales de corruption ayant mis fin à sa carrière politique.

La création de deux États est aujourd'hui "la seule solution envisageable", a affirmé à l'AFP Nasser al-Kidwa, neveu de l'ex-dirigeant palestinien Yasser Arafat (1929-2004), venu promouvoir leur plan commun à Paris lors d'une conférence organisée mardi par la Fondation Jean-Jaurès.

Toutefois, il ne peut y avoir aucun espoir de "progrès sérieux avec le gouvernement israélien actuel et les dirigeants palestiniens actuels", dit-il, en référence au président vieillissant de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, au pouvoir depuis deux décennies.

"Il faut se débarrasser des deux. Et c'est ce qui va se passer", a assuré M. al-Kidwa, qualifiant les dirigeants palestiniens de "corrompus et incompétents".


Raids israéliens sur des ports au Yémen, Netanyahu menace les chefs houthis

L'armée de l'air israélienne a bombardé vendredi des ports contrôlés par les rebelles houthis au Yémen, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu menaçant de continuer de frapper ces insurgés "y compris leurs dirigeants". (AFP)
L'armée de l'air israélienne a bombardé vendredi des ports contrôlés par les rebelles houthis au Yémen, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu menaçant de continuer de frapper ces insurgés "y compris leurs dirigeants". (AFP)
Short Url
  • L'armée israélienne a confirmé des raids aériens sur les ports de Salif et Hodeida, utilisés selon elle pour des "activités terroristes", en représailles aux attaques des rebelles yéménites
  • Selon elle, 15 avions de combat ont participé à l'attaque, qui a visé "des cibles appartenant au régime terroriste des Houthis"

HODEIDA: L'armée de l'air israélienne a bombardé vendredi des ports contrôlés par les rebelles houthis au Yémen, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu menaçant de continuer de frapper ces insurgés "y compris leurs dirigeants".

Le ministère de la Santé du gouvernement houthi a fait état d'un mort et de neuf blessés dans les "agressions israéliennes" sur les ports des villes de Hodeida et de Salif, dans la province de Hodeida, dans l'ouest du pays en guerre.

Soutenus par l'Iran, ennemi d'Israël, les Houthis, qui contrôlent de vastes régions du Yémen dont la capitale Sanaa, ont revendiqué plusieurs attaques aux missiles et drones contre le territoire israélien.

L'armée israélienne a confirmé des raids aériens sur les ports de Salif et Hodeida, utilisés selon elle pour des "activités terroristes", en représailles aux attaques des rebelles yéménites.

Selon elle, 15 avions de combat ont participé à l'attaque, qui a visé "des cibles appartenant au régime terroriste des Houthis".

Un correspondant de l'AFP à Hodeida a indiqué avoir entendu plusieurs explosions.

"Nos pilotes viennent de frapper avec succès deux ports terroristes des Houthis, et ce n'est que le début, il y aura d'autres frappes", a déclaré M. Netanyahu dans un message vidéo en hébreu.

"Nous ne sommes pas prêts à rester les bras croisés et à laisser les Houthis nous attaquer. Nous les frapperons bien davantage, y compris leurs dirigeants", a-t-il averti.

"Les ports ont été durement touchés. Si les Houthis continuent de tirer, nous frapperons également les têtes des groupes terroristes (...). Nous traquerons et éliminerons également le chef des Houthis, Abdel Malek al-Houthi", a indiqué sur X le ministre de la Défense Israël Katz.

L'administration houthie a promis "une riposte douloureuse" à ces frappes israéliennes, selon l'agence de presse des rebelles, Saba.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont mené des dizaines d'attaques aux missiles et drones contre Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils ont aussi ciblé des navires qu'ils estiment liés à Israël au large du Yémen.

Vendredi, les Yéménites sont de nouveau descendus en masse dans les rues de Sanaa et d'autres villes sous contrôle des Houthis pour exprimer leur soutien aux Palestiniens de Gaza, selon des images de l'AFP. Certains étaient armés.

L'armée israélienne avait appelé mercredi à évacuer trois ports contrôlés par les Houthis au Yémen, dont ceux de Hodeida et Salif.

Elle a annoncé jeudi avoir intercepté un nouveau missile lancé depuis le Yémen.

"Reprendre l'offensive" 

Le 4 mai, un missile houthi a, pour la première fois, touché le périmètre de l'aéroport international Ben Gourion près de Tel-Aviv, une attaque qui a conduit la plupart des compagnies étrangères desservant Tel-Aviv à suspendre leurs vols.

En représailles aux attaques, l'armée israélienne a mené plusieurs frappes ces derniers mois contre des cibles des Houthis au Yémen, où elle a mis hors service l'aéroport de Sanaa et bombardé des stations électriques et des cimenteries.

Les frappes de vendredi interviennent quelques heures après la tournée du président américain Donald Trump dans le Golfe qui l'a mené en Arabie saoudite, au Qatar et aux Emirats arabes unis.

Les Etats-Unis ont conclu le 6 mai, par le biais d'une médiation omanaise, un accord de cessez-le-feu avec les Houthis, mettant fin à des frappes américaines en représailles aux attaques des insurgés contre des navires sur une voie maritime cruciale pour le commerce mondial.

Donald Trump a toutefois prévenu jeudi que Washington pouvait "reprendre l'offensive" en cas d'attaque de la part des rebelles yéménites.

Après avoir accepté de cesser de viser les navires américains, les Houthis ont indiqué qu'ils poursuivraient leurs attaques contre les navires israéliens au large du Yémen.


Cisjordanie : vaste opération militaire israélienne à Naplouse

Israeli soldiers take aim during a raid in the Old Town of Nablus in the occupied West Bank on 10 June 2025. Israel has occupied the West Bank since 1967, and violence in the region has escalated since the onset of the Gaza war in 2023. The West Bank is home to around three million Palestinians and some 500,000 Israelis living in settlements that are illegal under international law. (Photo by Jaafar ASHTIYEH / AFP)
Israeli soldiers take aim during a raid in the Old Town of Nablus in the occupied West Bank on 10 June 2025. Israel has occupied the West Bank since 1967, and violence in the region has escalated since the onset of the Gaza war in 2023. The West Bank is home to around three million Palestinians and some 500,000 Israelis living in settlements that are illegal under international law. (Photo by Jaafar ASHTIYEH / AFP)
Short Url
  • Territoire occupé par Israël depuis 1967, Naplouse est particulièrement visée depuis le début.
  • Les opérations militaires se concentrent sur la vieille ville, une zone densément peuplée.

NAPLOUSE, TERRITOIRES PALESTINIENS : Une vaste opération militaire israélienne a débuté tôt mardi autour de la vieille ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.

Peu après minuit, des dizaines de véhicules militaires sont entrés dans cette grande ville palestinienne, a constaté un correspondant de l'AFP, qui précise qu'un couvre-feu avait été annoncé la veille par haut-parleurs.

Située dans le nord de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, Naplouse est particulièrement visée depuis le début, le 21 janvier, de l'opération « Mur de fer », présentée par l'armée comme une offensive contre des groupes armés palestiniens.

Mardi, des soldats israéliens sont entrés dans des magasins pour les fouiller et ont arrêté plusieurs personnes pour les interroger, toujours selon le correspondant.

Les opérations militaires se concentrent sur la vieille ville, une zone densément peuplée, en bordure d'une grande place du centre-ville où des jeunes hommes et des garçons se sont réunis pour brûler des pneus et jeter des pierres sur les véhicules blindés de l'armée.  

L'armée a tiré des gaz lacrymogènes depuis ces véhicules. Deux journalistes de l'AFP ont vu un homme être touché par des tirs de soldats, puis l'armée emporter son corps.

Sollicitée par l'AFP, l'armée n'a pas réagi pour l'instant.

Le Croissant-rouge palestinien a déclaré avoir pris en charge au moins 27 blessés, la plupart pour inhalation de gaz lacrymogène.

Des centaines de journalistes, dont des représentants de médias internationaux, sont présents sur place.

Ce quartier, habituellement très fréquenté, semble presque vide, et la plupart des commerces sont fermés.

Cette partie de Naplouse a été le théâtre de plusieurs raids israéliens, notamment en 2022-2023 dans le cadre d'opérations visant principalement le « Repaire des lions », un groupe de combattants armés impliqués dans des attaques, ainsi qu'en 2002, dans le cadre de l'opération israélienne « Rempart ».

Après deux années particulièrement meurtrières, les violences y ont explosé depuis le début de la guerre de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Au moins 938 Palestiniens, dont des combattants, mais aussi de nombreux civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 35 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens. 


Une caravane à destination de Gaza, partie de Tunisie, est passée en Libye

Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Le convoi se compose de 14 autocars et d'une centaine de véhicules, à bord desquels se trouvent « 1 500 ou 1 400 » personnes, a affirmé à la radio Mosaïque FM Ghassen Henchiri, un porte-parole de la caravane.
  • La caravane, baptisée « Soumoud » (résilience, en arabe), dont les déplacements sont très suivis en Tunisie, est partie lundi matin du centre-ville de Tunis.

BEN-GUERDENE, TUNISIE : Une caravane de solidarité avec Gaza, composée de plusieurs centaines de Tunisiens voulant rallier le territoire palestinien assiégé pour « briser le blocus israélien », est passée mardi en Libye, selon les organisateurs.

« Résistance, résistance », « Vers Gaza nous allons par millions », ont scandé les passagers, selon une vidéo publiée sur la page officielle de la caravane sur Facebook.

Le convoi se compose de 14 autocars et d'une centaine de véhicules, à bord desquels se trouvent « 1 500 ou 1 400 » personnes, a affirmé à la radio Mosaïque FM Ghassen Henchiri, un porte-parole de la caravane, en promettant un recensement plus exact dès que tous les participants seront rassemblés en Libye.

Ces derniers prévoient de rester « trois ou quatre jours maximum » en Libye avant de se diriger vers l'Égypte, a-t-il précisé à la radio Jawhara FM.

M. Henchiri a indiqué qu'ils n'avaient pas encore obtenu le feu vert du Caire pour passer en territoire égyptien, mais a fait état d'indications « rassurantes ».

La caravane, baptisée « Soumoud » (résilience, en arabe), dont les déplacements sont très suivis en Tunisie, est partie lundi matin du centre-ville de Tunis.

Elle ne transporte pas d'aide humanitaire, mais se veut un « acte symbolique » de soutien au territoire palestinien, décrit par les Nations unies comme « l'endroit le plus affamé au monde », a déclaré l'activiste Jawaher Channa, porte-parole de la coalition organisatrice. 

Des militants algériens font également partie de ce groupe qui espère atteindre Rafah.

Après 21 mois de guerre, Israël fait face à une pression internationale croissante pour autoriser l'entrée sur le territoire de davantage d'aide afin de pallier les pénuries généralisées de nourriture et de produits de première nécessité.

Lundi, la marine israélienne a intercepté et détourné le Madleen, un bateau transportant de l'aide humanitaire pour Gaza, qui tentait de rallier le territoire ravagé par la guerre avec à son bord des militants des droits humains, comme la Suédoise Greta Thunberg, ainsi que l'eurodéputée franco-palestinienne de gauche Rima Hassan.