Les taxis envisagent de bloquer les aéroports parisiens

Un drapeau français et un message indiquant « Taxis en colère : la CPAM (Caisse primaire d'assurance maladie) veut nous tuer » sont affichés sur une voiture alors que des chauffeurs de taxi participent à un rassemblement devant le ministère de l'Économie à Paris, le 11 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Un drapeau français et un message indiquant « Taxis en colère : la CPAM (Caisse primaire d'assurance maladie) veut nous tuer » sont affichés sur une voiture alors que des chauffeurs de taxi participent à un rassemblement devant le ministère de l'Économie à Paris, le 11 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 25 juin 2025

Les taxis envisagent de bloquer les aéroports parisiens

  • « La profession veut maintenir une mobilisation, et certainement une mobilisation dans les prochains jours, parce qu'on a vraiment le sentiment qu'on n'avance pas du tout », a déclaré Rachid Boudjema, le président de l'Union nationale des taxis.
  • Les fédérations étaient conviées à une réunion avec les ministres de la Santé, Yannick Neuder, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, autour de nouveaux calculs pour les conditions de rémunération du transport des patients.

PARIS : Les fédérations de taxis entendent poursuivre leur mobilisation en bloquant les aéroports parisiens d'Orly et de Roissy-Charles-de-Gaulle dans les prochaines semaines, mais n'ont pas avancé de date pour l'heure, ont indiqué des représentants mardi soir après une réunion au ministère de la Santé dont ils sont sortis déçus.

« La profession veut maintenir une mobilisation, et certainement une mobilisation dans les prochains jours, parce qu'on a vraiment le sentiment qu'on n'avance pas du tout », a déclaré à l'AFP Rachid Boudjema, le président de l'Union nationale des taxis.

« Nous nous projetons sur l'éventuel mouvement à venir, et le cas échéant, ce seront les aéroports », a-t-il ajouté.

« Il faut maintenir la pression, donc notre prochaine cible, très prochainement, ce seront les aéroports de Paris, Charles de Gaulle et Orly », a déclaré Békir Békir, l'une des figures du mouvement, devant quelques dizaines de chauffeurs de taxis réunis devant le ministère de la Santé à Paris, et ce, en brandissant un mégaphone.

Les fédérations étaient conviées à une réunion avec les ministres de la Santé, Yannick Neuder, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, autour de nouveaux calculs pour les conditions de rémunération du transport des patients.

Mais, a déclaré Rachid Boudjema, « ils ne nous ont donné aucun chiffrage ». 

À l’issue d’une réunion d’environ deux heures et demie, Yannick Neuder a déclaré à l’AFP : « Des propositions sont sur la table. Elles seront formalisées par mail dans les 24 heures, et une réponse est attendue d’ici le début de la semaine prochaine. »

« Nous arrivons au terme de 18 mois de discussions, dans un contexte global en pleine évolution. Une convention s’appliquera, non pas nécessairement au 1er octobre, mais probablement au 1er novembre, en raison des délais et des échanges en cours », a-t-il ajouté.

De son côté, Amélie de Montchalin a souligné : « Nous cherchons un point d’acceptabilité avec des acteurs conscients des enjeux réels que représentent nos contraintes financières. »

Elle a rappelé que les trajets en taxi pris en charge pour les assurés sociaux représentent une dépense de 3 milliards d’euros pour la Sécurité sociale en 2024. « Nous visons, à horizon de trois ans, une réduction de 150 millions d’euros par rapport à ce que cette dépense aurait été sans les mesures que nous prenons. »

La ministre a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas d’une réforme visant à supprimer le recours aux taxis pour les Français : « Cette réforme permet de modérer la hausse des dépenses, mais elle ne met pas fin à la possibilité d’utiliser les taxis. »

Un bilan de la mise en œuvre de la convention sera effectué six mois après son entrée en vigueur, soit en avril 2026 si elle commence effectivement en novembre. « Cela permettra d’ajuster le tir si les choses ne se passent pas comme prévu », a-t-elle conclu.


En France, des étés au régime sec si la gestion de l'eau ne change pas

Des manifestants brandissent une banderole sur laquelle on peut lire « De l'eau pour nous et pour eux » lors d'une manifestation non déclarée organisée par le collectif « Bassine non merci 86 » contre la gestion des ressources en eau du département de la Vienne, à Poitiers, dans le centre de la France, le 7 juin 2025. (Photo de Pascal LACHENAUD / AFP)
Des manifestants brandissent une banderole sur laquelle on peut lire « De l'eau pour nous et pour eux » lors d'une manifestation non déclarée organisée par le collectif « Bassine non merci 86 » contre la gestion des ressources en eau du département de la Vienne, à Poitiers, dans le centre de la France, le 7 juin 2025. (Photo de Pascal LACHENAUD / AFP)
Short Url
  • La crise de l'eau que la France a connue à l'été 2022 pourrait devenir la norme, ou presque, si le pays ne revoit pas radicalement sa gestion de l'eau dans tous les secteurs, de l'agriculture à l'énergie.
  • À l'horizon 2050, « sans inflexion des tendances actuelles, 88 % du territoire hexagonal pourraient être en situation de tension modérée ou sévère en matière de prélèvements » d'ici là, prévoit ce rapport.

PARIS : La crise de l'eau que la France a connue à l'été 2022 pourrait devenir la norme, ou presque, si le pays ne revoit pas radicalement sa gestion de l'eau dans tous les secteurs, de l'agriculture à l'énergie, selon une note du Haut-Commissariat à la stratégie et au plan dévoilée mercredi.

À l'horizon 2050, « sans inflexion des tendances actuelles, 88 % du territoire hexagonal pourraient être en situation de tension modérée ou sévère en matière de prélèvements » d'ici là, prévoit ce rapport.

Même en menant une politique de rupture, avec une société « sobre en matière d'eau dans tous les secteurs d’activité », cette proportion ne descendrait qu'à 64 %. 

Dans tous les cas, « des restrictions d'usage de l'eau pour les activités agricoles, industrielles ou pour les particuliers seraient alors probables sur la quasi-totalité du territoire, comme en 2022 », souligne le Haut-Commissariat, convoquant le souvenir d'une sécheresse mémorable marquée par une multitude d'arrêtés de restriction d'eau.

À l'époque, « 86 % du territoire était en situation de tension » avec plus ou moins de mesures de restriction d'usage de l'eau, a rappelé Clément Beaune, haut-commissaire à la Stratégie et au Plan, lors de la présentation de ce rapport.

« Pour faire simple, ce qu'on a vécu en 2022 devient une situation normale en 2050 avec le réchauffement climatique et les tensions sur la ressource », a-t-il alerté. 

« La tension relative aux consommations (partie des prélèvements qui n'est pas restituée au milieu) pourrait être forte dans le sud-ouest et le sud-est, en raison de la part importante de l’eau consommée, notamment pour l'irrigation des cultures », souligne le rapport.

Pour dresser ce constat, l'institution, qui avait publié en avril 2023 une cartographie des prélèvements et en janvier dernier une étude sur l'évolution de la consommation, a confronté ces données en s'appuyant sur une étude pilotée par l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), Explore 2, publiée l'an dernier, sur l'évolution de la disponibilité de la ressource en eau. 

Si la France ne change pas ses pratiques de gestion de l'eau, près de 90 % des bassins versants risquent une dégradation hydrique d’ici 2050. Un scénario plus ambitieux limiterait cette dégradation à environ 50 %. Pour y parvenir, une sobriété généralisée est nécessaire, incluant une régulation de l’irrigation agricole, des pratiques agroécologiques, la réutilisation de l’eau dans les bâtiments et une forte réduction de la production nucléaire.

Même avec des saisons humides, la moitié des bassins versants, surtout dans le sud, ne répondront plus aux besoins environnementaux durant au moins un mois par an, mettant les écosystèmes en stress chronique. Le rapport recommande de restaurer et diversifier les milieux naturels pour renforcer leur résilience.


Selon le gouvernement, « plus d'un millier » de Français ont été rapatriés d'Israël et d'Iran

Le ministre délégué au Commerce extérieur et aux Français de l'étranger, Laurent Saint-Martin, écoute le discours du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères après une réunion avec ses partenaires européens visant à proposer une solution négociée pour mettre fin au conflit entre l'Iran et Israël, au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (Quai d'Orsay) à Paris, le 19 juin 2025. (Photo par JULIEN DE ROSA / POOL / AFP
Le ministre délégué au Commerce extérieur et aux Français de l'étranger, Laurent Saint-Martin, écoute le discours du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères après une réunion avec ses partenaires européens visant à proposer une solution négociée pour mettre fin au conflit entre l'Iran et Israël, au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (Quai d'Orsay) à Paris, le 19 juin 2025. (Photo par JULIEN DE ROSA / POOL / AFP
Short Url
  • La France va dépasser mercredi le chiffre de 1 000 ressortissants français rapatriés d'Israël et d'Iran au total.
  • « Encore hier soir, j'étais à Orly pour accueillir un nouveau vol en provenance d'Amman, en Jordanie, et nous avons des vols militaires depuis Tel-Aviv qui, via Chypre, rejoignent la France »

PARIS : La France va dépasser mercredi le chiffre de 1 000 ressortissants français rapatriés d'Israël et d'Iran au total, a annoncé Laurent Saint-Martin, ministre délégué auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, chargé du Commerce extérieur et des Français de l'étranger.

« Encore hier soir, j'étais à Orly pour accueillir un nouveau vol en provenance d'Amman, en Jordanie, et nous avons des vols militaires depuis Tel-Aviv qui, via Chypre, rejoignent la France. Il y en a eu un hier, il y en aura trois aujourd'hui », pour un total de « plus d'un millier » de Français rapatriés, et « nous continuons à rapatrier », a-t-il indiqué sur la chaîne de télévision TF1.

Le cabinet du ministre a précisé à l'AFP que plus de 1 000 ressortissants français seront rapatriés en France depuis Israël et l'Iran au total entre vendredi et mercredi, avec les rotations de trois avions militaires A400M prévues ce jour depuis l'aéroport Ben Gourion.

Concernant les Français en Iran, le ministère précise qu'ils étaient « moins de 1 000 » avant le début des frappes israéliennes.

Ceux qui quittent le pays « passent par l'Arménie et la Turquie puisqu'ils peuvent passer par la route sans visa ». Et effectivement, nous les accompagnons sur ces aéroports-là pour qu'ils puissent regagner la France », a indiqué Laurent Saint-Martin.


Dans le tumulte ambiant, la voix de la France mérite une plus grande écoute

Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington. (AFP)
Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington. (AFP)
Short Url
  • L’attaque iranienne perpétrée hier, contre une base américaine au Qatar en riposte aux frappes des bombardiers américains sur des sites nucléaires en Iran, a failli plonger le monde dans engrenage incontrôlable
  • À ceux qui rêvent d’un changement de régime à Téhéran, le chef de l’État français oppose la réalité tragique des interventions militaires qui ont déstabilisé et continuent à le faire, des régions entières

PARIS: Alors que le monde est en proie aux fracas des armes, aux lignes de fracture idéologiques et à la tentation de la force brute, la France fait entendre sa propre voix, celle de la raison, du droit et de la diplomatie. 

Bien que cette position semble de plus en plus marginalisée, notamment les États-Unis et Israël, elle demeure essentielle, car dans l’effondrement progressif de l’ordre international, il faut encore croire à la possibilité d’un chemin pacifique. 

Cette possibilité est aujourd’hui incarnée par la France alors que les Américains et les Israéliens avancent dans une logique d’affrontement militaire.

Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington, qui cherche depuis plusieurs semaines à imposer un nouvel ordre régional à coups de missiles. 

L’attaque iranienne perpétrée hier, contre une base américaine au Qatar en riposte aux frappes des bombardiers américains sur des sites nucléaires en Iran, a failli plonger le monde dans engrenage incontrôlable, mais au lieu de s’aligner, la France s’est élevée contre cette spirale.

À ceux qui rêvent d’un changement de régime à Téhéran, le chef de l’État français oppose la réalité tragique des interventions militaires qui ont déstabilisé et continuent à le faire, des régions entières.

Évoquant les erreurs passées, de l’intervention militaire américaine en Irak en 2003 à la campagne franco-britannique en Libye, Macron rappelle un principe fondamental, « on ne sauve pas un peuple contre lui-même ».

La position française prend plus de relief, dans un contexte où l’Union européenne elle-même peine à parler d’une seule voix,

Tandis que certains dirigeants européens, comme le chancelier allemand Friedrich Merz, saluent le « courage » d’Israël face au « terrorisme iranien », Paris se montre plus mesuré. 

La chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, tente bien de préserver une ligne commune en réunissant les Vingt-Sept, mais les divisions internes sont profondes. 

Quinze États membres ont exprimé leur soutien à Israël, tandis que d’autres s’indignent des initiatives unilatérales de la Commission européenne, notamment les prises de position très partiales de sa présidente d’Ursula von der Leyen.

La France, elle, refuse cette polarisation brutale, fidèle à son engagement historique dans le dossier nucléaire iranien, elle prône une solution diplomatique, forte d’une expertise construite au fil de plus de dix ans de négociations.

Elle rappelle l’urgence d’encadrer non seulement le programme nucléaire, mais aussi le programme balistique iranien. 

Les efforts français ne se limitent pas à des déclarations, depuis les frappes du 13 juin, Macron et ses ministres ont multiplié les contacts avec les dirigeants régionaux : Arabie saoudite, Émirats, Qatar, Oman. 

Des messages de retenue ont été adressés aussi bien à Téhéran qu’à Tel-Aviv, et même à Washington.

 À deux reprises, Macron s’est entretenu avec le président iranien pour éviter toute escalade, il a également eu des échanges directs avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, mettant en garde contre toute velléité de régime par la force, rappelant que cela ne pourrait qu’aboutir à un plus grand chaos.

La France plaide pour une relance des négociations, et pousse également à une reprise du dialogue sur une éventuelle zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, proposition ancienne mais toujours d’actualité, même si Israël refuse de reconnaître son propre arsenal nucléaire.

Face à la gravité de la situation, la France tente de maintenir un cap, alors que l’unité européenne est de plus en plus vacillante, en raison de la poursuite injustifiée de la guerre à Gaza.

L’Irlande, l’Espagne et, plus récemment, les Pays-Bas ont demandé à revoir les accords commerciaux avec l’État hébreu, même une voix aussi conservatrice que celle du chancelier allemand admet ne « plus comprendre » les opérations militaires israéliennes.

Pourtant, en l’absence de consensus clair, aucune sanction n’est encore envisageable, la présidente de la Commission européenne ne peut aller plus loin sans mandat des États membres. 

Pendant ce temps, le fracas des armes continue, rendant la voix française d’autant plus isolée mais aussi d’autant plus précieuse.

L’annonce par le président Trump d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran est saluée par Paris comme une « ouverture à saisir ». 

La France appelle dans un communiqué publié par le ministère des affaires étrangères, toutes les parties à respecter l’arrêt des hostilités et à s’engager sur le seul chemin viable, celui de la diplomatie. 

Elle réaffirme que l’Iran ne doit jamais détenir l’arme nucléaire, mais que les inquiétudes sur ses activités doivent trouver des réponses par la négociation, non par la guerre.

Cette voix, aussi minoritaire soit-elle aujourd’hui, porte en elle une vision du monde, elle repose sur le respect du droit international, sur la conviction et les principes.

En tenant cette ligne, la France ne défend pas seulement ses intérêts ou ses citoyens, elle défend aussi une certaine idée de la communauté internationale, de l’équilibre des puissances et de la paix. 

Si le cessez-le-feu tient bon, sauvant provisoirement le régime iranien et confirmant qu'Israël et les États-Unis n’hésitent plus à employer la force sans limite, les efforts de la France pour promouvoir une solution diplomatique pourraient enfin trouver un écho.