Syrie: les récentes violences renforcent les craintes des minorités

Les récentes violences dans le sud de la Syrie, où les nouvelles autorités ont tenté de mettre au pas les druzes, renforcent les inquiétudes des minorités, estiment des analystes, Damas affichant une volonté d'unifier le pays à tout prix. (AFP)
Les récentes violences dans le sud de la Syrie, où les nouvelles autorités ont tenté de mettre au pas les druzes, renforcent les inquiétudes des minorités, estiment des analystes, Damas affichant une volonté d'unifier le pays à tout prix. (AFP)
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Publié le Mercredi 23 juillet 2025

Syrie: les récentes violences renforcent les craintes des minorités

  • En une semaine, les affrontements dans la province à majorité druze de Soueida ont fait plus de 1.200 morts, soulevant de nouvelles interrogations sur la capacité des autorités à gérer les tensions communautaires
  • Pour l'analyste Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, le pouvoir "a ouvert la boîte de Pandore de la violence communautaire"

DAMAS: Les récentes violences dans le sud de la Syrie, où les nouvelles autorités ont tenté de mettre au pas les druzes, renforcent les inquiétudes des minorités, estiment des analystes, Damas affichant une volonté d'unifier le pays à tout prix.

En une semaine, les affrontements dans la province à majorité druze de Soueida ont fait plus de 1.200 morts, soulevant de nouvelles interrogations sur la capacité des autorités à gérer les tensions communautaires, dans un pays morcelé par 14 ans de guerre civile .

Pour l'analyste Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, le pouvoir "a ouvert la boîte de Pandore de la violence communautaire".

Quelle issue pour les druzes de Soueida?

Les violences ont opposé des combattants druzes à des tribus sunnites, qui bénéficient du soutien des autorités selon des ONG, des témoins et des experts.

Pour l'analyste Jamal Mansour, Ahmad al-Chareh, l'ex-jihadiste devenu président, a fait "une énorme erreur" en "tentant de soumettre les druzes" et en utilisant à cette fin les tribus, qui font partie de sa base populaire dans un pays à majorité sunnite.

"Il est facile de mobiliser les tribus contre les druzes, mais ensuite comment les faire rentrer dans le rang?", s'interroge de son côté Fabrice Balanche, maître de conférences à l'Université de Lyon 2.

Israël est intervenu dans la mêlée. Ce pays abrite une minorité druze et affirme vouloir protéger cette communauté et imposer une zone démilitarisée à sa frontière dans le sud de la Syrie.

Son aviation a bombardé le palais présidentiel et le quartier général de l'armée à Damas pour forcer les troupes gouvernementales à se retirer de Soueida.

Un cessez-le-feu annoncé samedi par les Etats-Unis entre la Syrie et Israël a permis le retour des forces de la sécurité intérieure, pour le moment dans la province de Soueida, mais pas dans la ville éponyme.

Mais les forces gouvernementales ne sont pas parvenues à mater les différentes factions druzes, qui n'obéissent pas à une autorité politique ou religieuse unifiée et gardent le contrôle de la ville dévastée de Soueida.

La ville est désormais encerclée par des zones tenues par les forces gouvernementales et leurs alliés tribaux, dans la province où la situation reste tendue malgré le cessez-le-feu.

Les autorités menaient des négociations avec les groupes armés druzes pour les intégrer au sein de l'Etat. Mais les affrontements, marqués par de nombreuses exactions, pourraient les dissuader de déposer les armes.

Le président "a deux options: soit il continue obstinément de tenter de faire plier les druzes", soit il fait marche arrière, selon Jamal Mansour, analyste spécialisé dans les études syriennes et israéliennes à l'Université de Toronto.

De précédentes violences ?

Les violences du sud interviennent après des massacres sur le littoral, qui ont visé en mars des centaines de membres de la communauté alaouite dont est issu le président déchu Bachar al-Assad, qui se présentait comme le protecteur des minorités.

"C’est la réédition du même scénario: la volonté de soumettre les minorités, mais à la différence de la côte, les druzes sont bien armés et ils sont protégés par Israël", souligne Fabrice Balanche.

Les forces de sécurité, des groupes armés alliés ou des jihadistes étrangers ont été mis en cause.

La minorité chrétienne, communauté pacifique ne disposant pas de groupe armé, vit pour sa part dans la peur depuis de nombreuses menaces la visant et un attentat revendiqué par des jihadistes en juin contre une église à Damas, qui a fait 25 morts.

Et les Kurdes?

Le plus gros défi pour les autorités, dans leur volonté affichée d'unifier le pays même par la force, reste le sort des Kurdes, qui contrôlent de vastes parties du nord et du nord-est du pays.

Leurs représentants sont en négociations avec les autorités centrales pour l'intégration de leurs institutions civiles et militaires au sein de l'Etat, y compris les puissantes Forces démocratiques syriennes (FDS, bras armé des Kurdes soutenues par Washington).

Mais après les violences de Soueida, un haut responsable kurde syrien a appelé le pouvoir central à "une révision complète et urgente de son approche" à l'égard des minorités.

Les violences dans le sud "ont déjà impacté les négociations avec les Kurdes", estime Jamal Mansour. Il explique que les Américains, qui parrainent les discussions, les avaient poussés avant les affrontements de Soueida à faire "des concessions".

"Maintenant, les Américains vont devoir écouter les Kurdes", dit-il.

 


Une centaine d'ONG alertent sur le début d'une «famine de masse» à Gaza

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  • "Alors qu'une famine de masse se propage dans la bande de Gaza, nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent", indiquent dans un communiqué les ONG
  • Elles appellent à un cessez-le-feu immédiat, à l'ouverture de tous les points de passage terrestres et à la libre circulation de l'aide humanitaire

JERUSALEM: Plus d'une centaine d'organisations humanitaires ont averti mercredi qu'une "famine de masse" se propageait dans la bande de Gaza en guerre.

Israël fait face à une pression internationale croissante concernant la situation humanitaire dramatique dans le territoire palestinien assiégé, ravagé par plus de 21 mois de guerre.

Il a très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé à Gaza début mars qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.

"Alors qu'une famine de masse se propage dans la bande de Gaza, nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent", indiquent dans un communiqué les ONG, dont Médecins sans frontières, plusieurs branches de Médecins du monde et Caritas, Amnesty international, ou encore Oxfam international.

Elles appellent à un cessez-le-feu immédiat, à l'ouverture de tous les points de passage terrestres et à la libre circulation de l'aide humanitaire.

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a accusé l'armée israélienne d'avoir tué à Gaza depuis fin mai plus de 1.000 personnes qui cherchaient à obtenir de l'aide humanitaire, dont la grande majorité près de centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation soutenue par les Etats-Unis et Israël au financement opaque.

Israël accuse de son côté le mouvement islamiste Hamas d'exploiter la souffrance des civils, notamment en volant la nourriture distribuée pour la revendre à des prix exorbitants ou en tirant sur les personnes qui attendent l'aide.

La GHF fait elle aussi porter la responsabilité de la situation humanitaire sur le Hamas dont l'attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre.

Les autorités israéliennes affirment régulièrement laisser passer des quantités importantes d'aide, mais les ONG dénoncent de nombreuses restrictions.

"Juste à l'extérieur de Gaza, dans des entrepôts - et même à l'intérieur - des tonnes de nourriture, d'eau potable, de fournitures médicales, de matériel d'hébergement et de carburant restent inutilisées, les organisations humanitaires étant empêchées d'y accéder ou de les livrer", indiquent les organisations humanitaires.

Un hôpital de Gaza a affirmé mardi que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en 72 heures.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles israélienne à Gaza a coûté la vie à 59.106 personnes, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Israël: huit blessés après une attaque à la voiture-bélier

La police israélienne a fait état jeudi d'une attaque à la voiture-bélier sur un abribus dans le centre d'Israël, où l'organisation de premiers secours du Magen David Adom (MDA) a annoncé avoir pris en charge 8 blessés près de Kfar Yona. (AFP)
La police israélienne a fait état jeudi d'une attaque à la voiture-bélier sur un abribus dans le centre d'Israël, où l'organisation de premiers secours du Magen David Adom (MDA) a annoncé avoir pris en charge 8 blessés près de Kfar Yona. (AFP)
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  • D'après Aryeh Doron, un porte-parole de la police, un véhicule a "percuté plusieurs personnes et a pris la fuite" au niveau du carrefour de Beit Lid, à 25 kilomètres au nord de Tel Aviv, à proximité de la ville de Kfar Yona
  • Toujours selon la police, le véhicule a été retrouvé dans le même secteur, mais sans son conducteur

KFAR YONA: La police israélienne a fait état jeudi d'une attaque à la voiture-bélier sur un abribus dans le centre d'Israël, où l'organisation de premiers secours du Magen David Adom (MDA) a annoncé avoir pris en charge 8 blessés près de Kfar Yona.

"Les ambulanciers et secouristes du Magen David Adom prodiguent des soins médicaux et transportent vers les hôpitaux Meir, Hillel Yaffe et Laniado huit blessés, dont deux jeunes d'une vingtaine d'années dans un état moyen", a déclaré MDA, équivalent israélien de la Croix-Rouge.

D'après Aryeh Doron, un porte-parole de la police, un véhicule a "percuté plusieurs personnes et a pris la fuite" au niveau du carrefour de Beit Lid, à 25 kilomètres au nord de Tel Aviv, à proximité de la ville de Kfar Yona.

Toujours selon la police, le véhicule a été retrouvé dans le même secteur, mais sans son conducteur.

"La recherche du suspect qui a pris la fuite se poursuit. Les forces de police mènent des recherches le long des routes et dans les zones dégagées, avec l'aide d'hélicoptères de l'unité aérienne de la police israélienne, de motos de patrouille et de l'unité canine", a précisé la police.

Un photographe de l'AFP a constaté que la police avait placé un cordon de sécurité autour d'un arrêt de bus près de Kfar Yona.

La violence a augmenté en Israël et en Cisjordanie occupée depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

En Israël, au moins 32 personnes dont des militaires ont péri dans des attaques perpétrées par des Palestiniens, selon des chiffres officiels israéliens compilés par l'AFP.

En Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, au moins 953 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Et dans le même temps, au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors d'opérations militaires israéliennes, selon les données officielles israéliennes.


Israël dit examiner la réponse du Hamas à une proposition de trêve

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  • Les pourparlers qui se déroulent à Doha depuis le 6 juillet via les médiateurs -Qatar, Etats-Unis-Egypte- n'ont toujours pas permis une percée, chaque camp reprochant à l'autre de refuser de céder sur ses demandes
  • Selon une source palestinienne proche des pourparlers, la réponse du Hamas comprend des amendements proposés aux clauses sur l'entrée de l'aide humanitaire, des cartes des zones de Gaza d'où l'armée israélienne devrait se retirer ainsi que des garanties

JERUSALEM: Israël a annoncé jeudi examiner la réponse du Hamas à une proposition de trêve de 60 jours, à l'heure où se multiplient les critiques d'organisations internationales sur "une propagation de la famine" dans le territoire palestinien dévasté par la guerre.

Israël fait face à une extrême pression internationale accrue pour mettre fin aux souffrances des plus de deux millions d'habitants de la bande de Gaza assiégée et soumise à un blocus qui empêche une aide humanitaire vitale.

"Les médiateurs ont transmis la réponse du Hamas à l'équipe de négociation israélienne, et elle est actuellement en cours d'examen", a indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, après plus de deux semaines de discussions indirectes à Doha.

Quelques heures plus tôt, le Hamas a dit avoir soumis sa réponse aux médiateurs à une proposition d'un cessez-le-feu de 60 jours à Gaza associée à une libération d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens.

Ces otages ont été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre. En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive d'envergure à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts, provoqué un désastre humanitaire et des destructions colossales.

Les pourparlers qui se déroulent à Doha depuis le 6 juillet via les médiateurs -Qatar, Etats-Unis-Egypte- n'ont toujours pas permis une percée, chaque camp reprochant à l'autre de refuser de céder sur ses demandes.

Selon une source palestinienne proche des pourparlers, la réponse du Hamas comprend des amendements proposés aux clauses sur l'entrée de l'aide humanitaire, des cartes des zones de Gaza d'où l'armée israélienne devrait se retirer ainsi que des garanties sur la fin de la guerre.

Mission de Witkoff 

Israël, qui refuse de donner de telles garanties, veut démanteler les capacités militaires et gouvernementales du Hamas, le chasser de Gaza et en prendre le contrôle.

Mercredi, le gouvernement israélien a accusé le Hamas de faire obstacle aux discussions, mais affirmé que les négociateurs israéliens étaient toujours à Doha et que les pourparlers se poursuivaient.

"Israël a accepté la proposition qatarie ainsi que la proposition actualisée de (l'envoyé spécial américain Steve) Witkoff, c'est le Hamas qui refuse", a indiqué le porte-parole du gouvernement.

Les Etats-Unis ont annoncé que M. Witkoff se rendrait en Europe cette semaine pour des pourparlers sur Gaza, et qu'il pourrait ensuite se rendre au Moyen-Orient.

M. Witkoff commence ce voyage avec "le ferme espoir que nous parviendrons à un nouveau cessez-le-feu, ainsi qu'à un couloir humanitaire pour l'acheminement de l'aide que les deux parties ont, en fait, accepté", a affirmé mardi le département d'Etat.

Après avoir assiégé Gaza en octobre 2023, Israël a imposé au territoire un blocus total début mars, très partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant.

"Une famine se propage" 

Selon le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, une "grande proportion" de la population de Gaza "mourait de faim".

Pour la France, le "risque de famine" à Gaza est "le résultat du blocus" imposé par Israël.

Mardi, un hôpital de Gaza a affirmé que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en 72 heures.

"Alors qu'une famine se propage à Gaza, nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent", ont déclaré conjointement une centaine d'ONG parmi lesquelles Médecins sans frontières, Médecins du monde, Caritas, Amnesty international et Oxfam international.

Le gouvernement israélien s'est défendu en affirmant qu'il n'était pas responsable des pénuries.

"A Gaza aujourd'hui, il n'y a pas de famine causée par Israël", a déclaré son porte-parole, David Mencer. "Il s'agit d'une pénurie provoquée par le Hamas", a-t-il ajouté, en accusant le mouvement palestinien d'empêcher la distribution et de piller l'aide.

Le Hamas a toujours rejeté de telles accusations.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles israélienne a coûté la vie à Gaza 59.219 personnes, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.