Syrie: premier convoi d'aide à Soueida après des violences qui ont fait plus de 1.100 morts

L'annonce du cessez-le-feu par Damas est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël qui affirme vouloir protéger les druzes. (AFP)
L'annonce du cessez-le-feu par Damas est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël qui affirme vouloir protéger les druzes. (AFP)
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Publié le Lundi 21 juillet 2025

Syrie: premier convoi d'aide à Soueida après des violences qui ont fait plus de 1.100 morts

  • Un premier convoi d'aide humanitaire est entré dans la ville sinistrée, privée d'eau et d'électricité et où les vivres commençaient à manquer
  • La morgue de l'hôpital gouvernemental de Soueida est pleine et des corps jonchent le sol à l'extérieur de l'établissement, a constaté dimanche un photographe de l’AFP

SOUEIDA: Un premier convoi d'aide humanitaire est entré dimanche dans la ville dévastée de Soueida dans le sud de la Syrie, où un cessez-le-feu est entré en vigueur après une semaine d'affrontements intercommunautaires qui ont fait plus de 1.100 morts selon une ONG.

Ces violences, qui interviennent après des massacres de centaines de membres de la communauté alaouite en mars sur le littoral, fragilisent encore plus le pouvoir islamiste d'Ahmad al-Chareh qui s'est pourtant engagé à protéger les minorités, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.

Les affrontements ont éclaté le 13 juillet entre des groupes druzes et des bédouins sunnites, aux relations tendues depuis des décennies, avant l'intervention des forces de sécurité et de combattants de tribus arabes venus d'autres régions syriennes qui ont pris le parti des bédouins selon des ONG et des témoins.

Des journalistes de l'AFP présents en périphérie de Soueida et dans cette ville de quelque 150.000 habitants ont fait état d'une journée calme.

Un premier convoi d'aide humanitaire est entré dans la ville sinistrée, privée d'eau et d'électricité et où les vivres commençaient à manquer.

Le convoi comprenait 32 véhicules chargés de vivres, de matériel médical, de carburant et de sacs mortuaires, selon les propos rapportés à l'AFP par Omar al-Maliki, porte-parole du Croissant-Rouge syrien.

La morgue de l'hôpital gouvernemental de Soueida est pleine et des corps jonchent le sol à l'extérieur de l'établissement, a constaté dimanche un photographe de l’AFP.

"Désescalade durable" ? 

Les autorités avaient annoncé dans la nuit la fin des combats dans la ville à majorité druze, précisant que celle-ci avait été évacuée par les combattants tribaux.

Un porte-parole du Conseil syrien des tribus et clans a confirmé à la chaîne Al-Jazeera que les combattants avaient quitté la ville "en réponse à l'appel de la présidence et aux termes de l'accord" de cessez-le-feu.

Samedi, des combattants tribaux étaient entrés dans la partie ouest de la ville, où un correspondant de l'AFP a vu des dizaines de maisons et de voitures brûlées et des hommes armés mettre le feu à des magasins après les avoir pillés.

Sur les murs de maisons de la ville, dans un quartier qui a connu de violents affrontements, les assaillants ont laissé leurs marques: "Porcs de druzes", "Nous venons vous égorger", affirment des graffitis, selon un photographe de l'AFP.

L'émissaire spécial des Etats-Unis pour la Syrie, Tom Barrack, a affirmé sur X que le prochain pas vers "une désescalade durable est un échange complet d'otages et de détenus, dont la logistique est en cours".

L'annonce du cessez-le-feu par Damas est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël qui affirme vouloir protéger les druzes.

Cet accord a permis le déploiement des forces gouvernementales dans la province --mais pas dans la ville même de Soueida-- ce que refusait jusqu’alors Israël.

Israël, qui abrite une minorité druze, avait bombardé des positions gouvernementales à Soueida et à Damas plus tôt dans la semaine, pour contraindre les forces gouvernementales de se retirer de la région.

128.000 déplacés 

Les violences ont fait plus de 1.100 morts en une semaine, selon un nouveau bilan fourni par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Selon l'OSDH, ce bilan inclut 427 combattants et 298 civils druzes, dont 194 "exécutés sommairement par des membres des ministères de la Défense et de l'Intérieur". Dans l'autre camp, 354 membres des forces gouvernementales et 21 bédouins sunnites ont été tués. Par ailleurs, quinze membre des forces gouvernementales ont été tués dans des frappes israéliennes, d'après l'ONG.

Près de 128.000 personnes ont été déplacées par les violences, d'après l'Organisation internationale pour les migrations.

Des affrontements avaient opposé en avril des combattants druzes aux forces de sécurité près de Damas et à Soueida, faisant plus de 100 morts.

En mars, des massacres avaient fait plus de 1.700 morts, essentiellement des membres de la communauté alaouite dont est issu l'ex-président Bachar al-Assad, après des affrontements dans l'ouest du pays, selon un bilan de l'OSDH.

Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700.000 personnes. Cette minorité est aussi implantée au Liban et en Israël.


En Syrie, le cessez-le-feu tient et des civils sont évacués de Soueida

Des membres de la communauté bédouine évacués voyagent à l'arrière d'un camion qui s'arrête à un poste de contrôle de sécurité à Taarah, dans la province de Sweida, au sud de la Syrie, sur le chemin de Daraa, le 21 juillet 2025. (Photo de Rami al SAYED / AFP)
Des membres de la communauté bédouine évacués voyagent à l'arrière d'un camion qui s'arrête à un poste de contrôle de sécurité à Taarah, dans la province de Sweida, au sud de la Syrie, sur le chemin de Daraa, le 21 juillet 2025. (Photo de Rami al SAYED / AFP)
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  • Ces violences, survenues après le massacre de centaines de membres de la communauté alaouite en mars, fragilisent encore davantage le pouvoir islamiste d'Ahmad al-Chareh.
  • Le cessez-le-feu, annoncé samedi par les autorités, est entré en vigueur dimanche, après le retrait des combattants bédouins et des tribus sunnites d'une partie de la ville de Soueida, dont les groupes druzes ont repris le contrôle.

SOUEIDA, SYRIE :  Les autorités syriennes ont évacué lundi des familles bédouines de la ville de Soueida, à majorité druze, à la faveur d'un cessez-le-feu qui a mis un terme à des affrontements intercommunautaires ayant fait plus de 1 100 morts en une semaine, selon une ONG.

Ces violences, survenues après le massacre de centaines de membres de la communauté alaouite en mars, fragilisent encore davantage le pouvoir islamiste d'Ahmad al-Chareh, qui s'était pourtant engagé à protéger les minorités dans un pays meurtri par près de quatorze ans de guerre civile.

Le cessez-le-feu, annoncé samedi par les autorités, est entré en vigueur dimanche, après le retrait des combattants bédouins et des tribus sunnites d'une partie de la ville de Soueida, dont les groupes druzes ont repris le contrôle.

La trêve était globalement respectée lundi, à l'exception de tirs signalés dans des localités au nord de Soueida, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Un correspondant de l'AFP posté aux abords de Soueida a vu des civils, dont des femmes et des enfants, évacués de la ville à bord de cars affrétés par les autorités et de véhicules privés.

Selon l'agence officielle Sana, 1 500 personnes appartenant à des tribus bédouines doivent être évacuées.

Les forces de sécurité ont érigé des barricades de sable aux entrées ouest et sud de la ville, selon le correspondant de l'AFP.

Derrière ces barricades, des membres des forces de sécurité circulent tandis que des combattants des tribus sunnites, équipés de mitraillettes, sont assis sous les arbres bordant la route. 

- Corps non identifiés

Des affrontements ont éclaté le 13 juillet entre des groupes druzes et des Bédouins sunnites, avant l'intervention des forces de sécurité et de combattants de tribus venues d'autres régions de Syrie, qui ont pris le parti des Bédouins, selon des ONG et des témoins.

Les deux parties ont été accusées par des ONG et des témoins d'avoir commis des exactions massives, dont des exécutions sommaires, principalement à l'encontre de druzes.

Lundi, des dizaines de cadavres attendaient d'être identifiés à l'hôpital principal de Soueida, où flottait une odeur de mort, tandis que des corps étaient encore collectés dans les rues et les maisons de la ville.

« Nous avons remis 361 corps à des membres de leur famille, mais nous en avons 97 autres non identifiés », a déclaré à l'AFP un responsable de la morgue.

Dimanche, un premier convoi d'aide humanitaire, chargé de vivres, de matériel médical, de carburant et de sacs mortuaires, est entré dans la ville de quelque 150 000 habitants, privée d'eau et d'électricité, et où la nourriture commençait à manquer.

- 128 000 déplacés 

Samedi, des combattants tribaux sont entrés dans l'ouest de la ville. Un correspondant de l'AFP a vu des dizaines de maisons et de voitures brûler, ainsi que des hommes armés mettre le feu à des magasins après les avoir pillés.

« Porcs de druzes », « Nous venons vous égorger », peut-on lire sur les murs.

L'annonce du cessez-le-feu est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël, qui affirme vouloir protéger les Druzes.

Cet accord a permis le déploiement des forces gouvernementales dans la province, mais pas dans la ville de Soueida même, ce que refusait jusqu'alors Israël.

Israël, qui abrite une minorité druze, avait bombardé la semaine dernière le palais présidentiel et le quartier général de l'armée syrienne à Damas, ainsi que des positions des forces gouvernementales à Soueida, afin de les contraindre à quitter la région.

Selon l'OSDH, les violences ont fait plus de 1 100 morts, dont 427 combattants et 298 civils druzes, dont 194 « exécutés sommairement » par les forces gouvernementales. Dans l'autre camp, 354 membres des forces gouvernementales et 21 Bédouins ont été tués.

Près de 128 000 personnes ont été déplacées par les violences, d'après l'Organisation internationale pour les migrations.

La communauté druze de Syrie, présente principalement à Soueida, comptait avant la guerre civile quelque 700 000 personnes. Mais en raison de la vague d'émigration massive provoquée par le conflit, ils ne seraient plus que 600 000 aujourd'hui.


L'émissaire américain affirme que le désarmement du Hezbollah est une affaire libanaise

Des centaines de personnes ont été tuées dans les combats, et certains combattants gouvernementaux auraient abattu des civils druzes et incendié et pillé leurs maisons. (AFP)
Des centaines de personnes ont été tuées dans les combats, et certains combattants gouvernementaux auraient abattu des civils druzes et incendié et pillé leurs maisons. (AFP)
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  • « Le désarmement du Hezbollah est une question profondément interne », a déclaré M. Barrack lors d'une conférence de presse à Beyrouth, après une rencontre avec le Premier ministre libanais, Nawaf Salam.
  • Les dirigeants libanais, entrés en fonction après plus d'un an de conflit ayant considérablement affaibli le Hezbollah, ont réaffirmé leur volonté de consacrer le monopole des armes à l'État, tout en exigeant le respect du cessez-le-feu conclu en novembre

BEYROUTH : L'émissaire américain Tom Barrack a déclaré lundi a Beyrouth que la question du désarmement du Hezbollah devait être réglée en interne, alors que Washington presse les nouvelles autorités libanaises d'adopter une approche plus ferme face au mouvement pro-iranien.

« Le désarmement du Hezbollah est une question profondément interne », a déclaré M. Barrack lors d'une conférence de presse à Beyrouth, après une rencontre avec le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, ajoutant qu'un non-désarmement serait « décevant ».

Les dirigeants libanais, entrés en fonction après plus d'un an de conflit ayant considérablement affaibli le Hezbollah, ont réaffirmé leur volonté de consacrer le monopole des armes à l'État, tout en exigeant le respect du cessez-le-feu conclu en novembre par Israël.

Israël mène des frappes quasi quotidiennes au Liban, affirmant cibler des combattants et des infrastructures du Hezbollah, et a prévenu qu’elles se poursuivraient tant que le groupe ne serait pas désarmé.

M. Barrack a reconnu que le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah en novembre n'avait « pas fonctionné ».

« Les États-Unis ne sont pas là pour contraindre Israël à quoi que ce soit. Nous sommes ici pour user de notre influence afin de rassembler des esprits calmes autour d'une solution », a-t-il poursuivi.

En juin, M. Barrack avait demandé aux dirigeants libanais de s'engager officiellement à désarmer le Hezbollah, le seul mouvement à avoir conservé ses armes après la guerre civile (1975-1990).

« Vos dirigeants ont été d'une grande aide », a-t-il déclaré lors de sa deuxième visite à Beyrouth, en juillet, saluant des « réformes crédibles et significatives ».

Plus tôt dans la journée, M. Barrack a rencontré le président libanais, M. Aoun, qui lui a remis un « projet de protocole d'accord pour la mise en œuvre des engagements du Liban » depuis le cessez-le-feu, selon un communiqué de la présidence.


Israël affirme avoir frappé des « cibles terroristes » des Houthis au Yémen

Photo prise le 28 mai 2022 montrant les quais de chargement du port de la ville côtière de Hodeida, située sur la mer Rouge au Yémen, à environ 230 kilomètres à l'ouest de la capitale. (Photo AFP)
Photo prise le 28 mai 2022 montrant les quais de chargement du port de la ville côtière de Hodeida, située sur la mer Rouge au Yémen, à environ 230 kilomètres à l'ouest de la capitale. (Photo AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé lundi que des frappes avaient visé « des cibles terroristes » des rebelles houthis sur le port de Hodeida, dans l'ouest du Yémen.
  • La chaîne de télévision des Houthis, Al-Massirah, a fait état d'une série de frappes sur le port, tandis qu'un responsable houthi a affirmé à l'AFP qu'elles avaient détruit « le quai qui avait été reconstruit après un bombardement précédent ».

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé lundi que des frappes avaient visé « des cibles terroristes » des rebelles houthis sur le port de Hodeida, dans l'ouest du Yémen.

« L'armée vient de frapper des cibles terroristes du régime houthi sur le port de Hodeida », a-t-il indiqué, cité par ses services. « Comme je l'ai clairement indiqué, le sort du Yémen sera le même que celui de Téhéran. Les Houthis paieront un lourd tribut pour les tirs de missiles en direction de l'État d'Israël », a-t-il ajouté.

La chaîne de télévision des Houthis, Al-Massirah, a fait état d'une série de frappes sur le port, tandis qu'un responsable houthi a affirmé à l'AFP qu'elles avaient détruit « le quai qui avait été reconstruit après un bombardement précédent ».

L'armée israélienne a indiqué que les infrastructures visées comprenaient « des engins de chantier utilisés pour reconstruire les installations du port », déjà visé à plusieurs reprises par l'armée israélienne, « des conteneurs de carburant, des navires utilisés pour des activités militaires et des actions hostiles contre l'État d'Israël ».

Selon la société britannique de sécurité maritime Ambrey, au moins quatre navires marchands se trouvaient dans le port, mais aucun dommage n'a été signalé à ce stade.

Les derniers tirs de missiles depuis des zones sous contrôle des insurgés yéménites, soutenus par l'Iran, vers Israël avaient été interceptés par l'armée israélienne les 10 et 16 juillet.

Depuis la fin de l'année 2023, les Houthis lancent régulièrement des missiles vers Israël, la plupart interceptés avant d'entrer dans l'espace aérien israélien. Ils ont également attaqué des navires qu'ils considéraient comme liés à Israël, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où l'armée israélienne est en guerre contre le Hamas.

Cette guerre a été déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël, le 7 octobre 2023.