PARIS: Au terme d’une visite éclair à Paris, au cours de laquelle il a eu un déjeuner de travail avec le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre libanais Nawaf Salam s’est dit rassuré quant à l’avenir de la présence de la FINUL dans le Sud-Liban, ainsi que sur la constance du soutien français.
Un communiqué publié par le palais de l’Élysée à l’issue de la rencontre souligne la qualité des échanges substantiels entre Macron et Salam concernant l’avenir du Liban, sa stabilité intérieure et les défis régionaux qui le menacent.
Cette visite, la première officielle de Salam en France depuis sa nomination en janvier dernier, a été l’occasion pour Paris de réaffirmer un soutien indéfectible au Liban, dans la droite ligne de l’engagement historique de la France auprès de ce pays ami et frère.
Depuis le début de la crise multidimensionnelle qui frappe le Liban, la France a toujours cherché à se tenir aux côtés des Libanais. Macron l’a rappelé avec clarté, en réitérant son appui aux efforts des nouvelles autorités libanaises pour redresser l’économie, réformer les institutions et restaurer la souveraineté pleine et entière de l’État.
Cet engagement s’inscrit dans la continuité de la visite présidentielle effectuée à Beyrouth en janvier 2025, peu après l’élection du président Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam.
Le président français, affirme le communiqué, a salué la détermination du Premier ministre à engager des réformes profondes, en insistant notamment sur la nécessité d’adopter sans délai les lois de réforme bancaire exigées par la communauté internationale et les institutions financières, notamment le FMI.
C’est à cette condition que Paris envisage de convoquer une conférence internationale de soutien économique au Liban, dont les contours se précisent, mais dont la date reste suspendue à la concrétisation de ces réformes.
La France a également annoncé une contribution de 75 millions d’euros au projet LEAP (Lebanese Emergency Assistance Project), porté par la Banque mondiale, pour aider à la reconstruction des zones sinistrées par la guerre.
Au-delà des infrastructures, c’est l’édifice institutionnel libanais qui est au cœur de la mobilisation française, avec un accent particulier sur le secteur de la justice.
L’École nationale de la magistrature française collaborera désormais avec l’Institut d’études judiciaires libanais, et un expert technique sera détaché auprès du ministère libanais de la Justice.
Autre volet clé : la sécurité. Macron a rappelé que la France reste attachée à la pleine mise en œuvre du cessez-le-feu du 26 novembre 2024, qui suppose notamment un retrait complet des forces israéliennes du Sud-Liban.
Il a souligné l’importance de renforcer la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), non seulement par un renouvellement de son mandat, mais également par un meilleur mécanisme de supervision du cessez-le-feu.
De son côté, Salam s’est exprimé devant un groupe de journalistes libanais à la résidence de l’ambassadeur du Liban à Paris, pour délivrer un message résolument optimiste, malgré les turbulences régionales et les incertitudes internes.
Le Premier ministre a tenu à rassurer les Libanais quant au maintien de la paix civile, en dépit des inquiétudes suscitées par les violences en Syrie, notamment dans le gouvernorat de Soueïda.
Selon lui, les efforts de désescalade menés par des figures telles que Walid Joumblatt, ainsi que par d’autres leaders politiques et spirituels, ont permis d’éviter toute contagion de la violence vers le Liban.
Interrogé sur l’avenir de la FINUL, Salam a affirmé qu’il n’existait « aucune crainte d’abolir la force internationale », même s’il a reconnu que la réduction des financements américains à l’ONU pourrait impacter indirectement ses moyens.
Il a toutefois insisté sur le rôle capital de la France, à la fois dans la rédaction des résolutions et dans le maintien de l’équilibre stratégique de cette mission depuis 1978. Le Liban, a-t-il dit, a toujours besoin de la FINUL tant que son armée nationale n’a pas les capacités de prendre seule le relais.
Autre signal fort de cette visite : l’annonce de progrès tangibles dans le dossier sensible du retour des réfugiés syriens. Salam a expliqué que son gouvernement avait fait en quelques mois davantage que les précédents exécutifs pour engager un dialogue efficace avec le HCR et les autorités syriennes.
Un plan national, adopté en juin, encadre ce retour « sûr et digne » et aurait permis à quelque 120 000 Syriens de rentrer dans leur pays depuis le début de l’année. Ces personnes ont été retirées des registres de la Sûreté générale et de ceux des agences internationales.
Si certains chiffres exagérés ont circulé quant à l’entrée de nouveaux déplacés syriens sur le territoire libanais, en lien avec les événements récents sur la côte syrienne et à Soueïda, Salam a tenu à relativiser ces flux, estimés entre 50 000 et 60 000 personnes.
Pour Salam, « la situation en Syrie s’est améliorée », ce que confirment d’ailleurs les investissements croissants dans certaines zones du pays.
Du côté français, l’évaluation reste prudente. Macron et ses émissaires, notamment le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot et l’envoyé spécial pour le Liban Jean-Yves Le Drian, ont exprimé leur satisfaction face à la volonté de réforme affichée par Beyrouth.
Les avancées dans les domaines fiscal, bancaire et judiciaire sont perçues comme des signaux positifs, mais la France reste ferme et soutient que l’aide internationale est toujours conditionnée à l’adoption de ces réformes, et ne se concrétisera que si les actes suivent les intentions.