Rencontre Macron–Salam : Paris renouvelle son appui au Liban

Cette visite, la première officielle de Salam en France depuis sa nomination en janvier dernier, a été l’occasion pour Paris de réaffirmer un soutien indéfectible au Liban, dans la droite ligne de l’engagement historique de la France auprès de ce pays ami et frère. (AFP)
Cette visite, la première officielle de Salam en France depuis sa nomination en janvier dernier, a été l’occasion pour Paris de réaffirmer un soutien indéfectible au Liban, dans la droite ligne de l’engagement historique de la France auprès de ce pays ami et frère. (AFP)
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Publié le Vendredi 25 juillet 2025

Rencontre Macron–Salam : Paris renouvelle son appui au Liban

  • Depuis le début de la crise multidimensionnelle qui frappe le Liban, la France a toujours cherché à se tenir aux côtés des Libanais
  • Macron l’a rappelé avec clarté, en réitérant son appui aux efforts des nouvelles autorités libanaises pour redresser l’économie, réformer les institutions et restaurer la souveraineté pleine et entière de l’État

PARIS: Au terme d’une visite éclair à Paris, au cours de laquelle il a eu un déjeuner de travail avec le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre libanais Nawaf Salam s’est dit rassuré quant à l’avenir de la présence de la FINUL dans le Sud-Liban, ainsi que sur la constance du soutien français.

Un communiqué publié par le palais de l’Élysée à l’issue de la rencontre souligne la qualité des échanges substantiels entre Macron et Salam concernant l’avenir du Liban, sa stabilité intérieure et les défis régionaux qui le menacent.

Cette visite, la première officielle de Salam en France depuis sa nomination en janvier dernier, a été l’occasion pour Paris de réaffirmer un soutien indéfectible au Liban, dans la droite ligne de l’engagement historique de la France auprès de ce pays ami et frère.

Depuis le début de la crise multidimensionnelle qui frappe le Liban, la France a toujours cherché à se tenir aux côtés des Libanais. Macron l’a rappelé avec clarté, en réitérant son appui aux efforts des nouvelles autorités libanaises pour redresser l’économie, réformer les institutions et restaurer la souveraineté pleine et entière de l’État.

Cet engagement s’inscrit dans la continuité de la visite présidentielle effectuée à Beyrouth en janvier 2025, peu après l’élection du président Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam.

Le président français, affirme le communiqué, a salué la détermination du Premier ministre à engager des réformes profondes, en insistant notamment sur la nécessité d’adopter sans délai les lois de réforme bancaire exigées par la communauté internationale et les institutions financières, notamment le FMI.

C’est à cette condition que Paris envisage de convoquer une conférence internationale de soutien économique au Liban, dont les contours se précisent, mais dont la date reste suspendue à la concrétisation de ces réformes.

La France a également annoncé une contribution de 75 millions d’euros au projet LEAP (Lebanese Emergency Assistance Project), porté par la Banque mondiale, pour aider à la reconstruction des zones sinistrées par la guerre.

Au-delà des infrastructures, c’est l’édifice institutionnel libanais qui est au cœur de la mobilisation française, avec un accent particulier sur le secteur de la justice.
L’École nationale de la magistrature française collaborera désormais avec l’Institut d’études judiciaires libanais, et un expert technique sera détaché auprès du ministère libanais de la Justice.

Autre volet clé : la sécurité. Macron a rappelé que la France reste attachée à la pleine mise en œuvre du cessez-le-feu du 26 novembre 2024, qui suppose notamment un retrait complet des forces israéliennes du Sud-Liban.

Il a souligné l’importance de renforcer la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), non seulement par un renouvellement de son mandat, mais également par un meilleur mécanisme de supervision du cessez-le-feu.

De son côté, Salam s’est exprimé devant un groupe de journalistes libanais à la résidence de l’ambassadeur du Liban à Paris, pour délivrer un message résolument optimiste, malgré les turbulences régionales et les incertitudes internes.

Le Premier ministre a tenu à rassurer les Libanais quant au maintien de la paix civile, en dépit des inquiétudes suscitées par les violences en Syrie, notamment dans le gouvernorat de Soueïda.
Selon lui, les efforts de désescalade menés par des figures telles que Walid Joumblatt, ainsi que par d’autres leaders politiques et spirituels, ont permis d’éviter toute contagion de la violence vers le Liban.

Interrogé sur l’avenir de la FINUL, Salam a affirmé qu’il n’existait « aucune crainte d’abolir la force internationale », même s’il a reconnu que la réduction des financements américains à l’ONU pourrait impacter indirectement ses moyens.

Il a toutefois insisté sur le rôle capital de la France, à la fois dans la rédaction des résolutions et dans le maintien de l’équilibre stratégique de cette mission depuis 1978. Le Liban, a-t-il dit, a toujours besoin de la FINUL tant que son armée nationale n’a pas les capacités de prendre seule le relais.

Autre signal fort de cette visite : l’annonce de progrès tangibles dans le dossier sensible du retour des réfugiés syriens. Salam a expliqué que son gouvernement avait fait en quelques mois davantage que les précédents exécutifs pour engager un dialogue efficace avec le HCR et les autorités syriennes.

Un plan national, adopté en juin, encadre ce retour « sûr et digne » et aurait permis à quelque 120 000 Syriens de rentrer dans leur pays depuis le début de l’année. Ces personnes ont été retirées des registres de la Sûreté générale et de ceux des agences internationales.

Si certains chiffres exagérés ont circulé quant à l’entrée de nouveaux déplacés syriens sur le territoire libanais, en lien avec les événements récents sur la côte syrienne et à Soueïda, Salam a tenu à relativiser ces flux, estimés entre 50 000 et 60 000 personnes.

Pour Salam, « la situation en Syrie s’est améliorée », ce que confirment d’ailleurs les investissements croissants dans certaines zones du pays.

Du côté français, l’évaluation reste prudente. Macron et ses émissaires, notamment le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot et l’envoyé spécial pour le Liban Jean-Yves Le Drian, ont exprimé leur satisfaction face à la volonté de réforme affichée par Beyrouth.

Les avancées dans les domaines fiscal, bancaire et judiciaire sont perçues comme des signaux positifs, mais la France reste ferme et soutient que l’aide internationale est toujours conditionnée à l’adoption de ces réformes, et ne se concrétisera que si les actes suivent les intentions.


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
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  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.