La réunion surprise entre Erdogan et Hariri irrite l'opposition turque

Le principal parti d'opposition appelle le gouvernement turc à être tenu pour responsable des allégations de corruption et a blâmé l'AKP pour la bande passante Internet la plus lente du pays en raison de l'allocation inefficace des ressources de l'État. (AFP PHOTO / Service de presse présidentielle turque)
Le principal parti d'opposition appelle le gouvernement turc à être tenu pour responsable des allégations de corruption et a blâmé l'AKP pour la bande passante Internet la plus lente du pays en raison de l'allocation inefficace des ressources de l'État. (AFP PHOTO / Service de presse présidentielle turque)
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Publié le Mardi 12 janvier 2021

La réunion surprise entre Erdogan et Hariri irrite l'opposition turque

  • La visite du Premier ministre libanais en Turquie a suscité des remous au sein de l’opposition turque, son nom était souvent associé à des affaires de corruption dans le pays
  • La famille Hariri est présumée être impliquée dans un scandale de corruption lié à Türk Telekom, première société du pays dans le domaine des technologies de l'information et de la communication

DJEDDAH : Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a rencontré en tête-à-tête le Premier ministre libanais, Saad Hariri, lundi 8 janvier à Istanbul, lors d’une rencontre inattendue.

Les possibilités de coopération entre les deux pays, notamment le renforcement des relations économiques et commerciales, ont été discutées lors de la réunion amicale entre les deux hommes, durant laquelle Saad Hariri a remercié Erdogan pour son soutien aux investissements turcs réalisés au Liban.

Cependant, la visite du Premier ministre libanais a suscité des remous, son nom était souvent associé à des affaires de corruption en Turquie, notamment en ce qui concerne l'implication présumée de la famille Hariri dans Türk Telekom, première société du pays dans le domaine des technologies de l'information et de la communication, société autrefois lucrative.

Au cours de son discours parlementaire lundi, Faik Oztrak, porte-parole du principal parti d'opposition (CHP), a condamné l'accueil chaleureux de Saad Hariri par Recep Tayyip Erdogan. «Comment pouvez-vous vous asseoir à la même table que cet homme qui a gagné des milliards de dollars sans payer un centime pour Telekom ?», a-t-il demandé. 

Le conseiller principal du président turc, Yigit Bulut, et le vice-président turc, Fuat Oktay, ont été membres du conseil d’administration de Türk Telekom, et ont bénéficié de salaires élevés lors du processus de privatisation de la société. Oktay a longtemps travaillé comme vice-président de la compagnie.

«Cette famille a emprunté de l'argent aux banques turques et a payé au Trésor le prix de la privatisation de Telekom. Elle a ensuite pillé des millions de dollars de revenus de dividendes de la Turquie transférés vers le Liban. Au total, cet homme a placé 3,5 milliards de dollars (un dollar = 0,82 euros) de prêts auprès de nos banques», a affirmé Oztrak.

Scandale caché

Les critiques du parlementaire de l'opposition ont à nouveau mis la lumière sur ce scandale longtemps caché, qui avait impliqué l'entreprise de télécommunications. Celle-ci avait été mise sous le feu des projecteurs en mars 2013, lorsque le quotidien pro-gouvernemental Sabah a révélé que Turk Telekom avait secrètement et illégalement mis en vente ses câbles en cuivre, pour les transformer en câbles à fibre optique moins chers.

Mais cette vente qui portait sur des milliers de tonnes de câbles éraflés — d'une valeur de près de 10 millions de dollars — n'a pas été communiquée officiellement à la Bourse, malgré l'existence de deux décisions de justice ayant empêché le groupe libanais possédé par Saad Hariri, détenteur de 55% des actions de l’entreprise, de réaliser cette vente, n’ayant pas reçu l’approbation officielle du Trésor turc.

Cet acte de corruption est passé inaperçu pendant des années et aucune enquête approfondie n’a été menée sur la quantité de cuivre vendu ou sur ses acheteurs. Türk Telekom a été privatisée en 2005, trois ans seulement après l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP). Oger Telecommunications, propriété de la famille Hariri, a acquis une participation d’une valeur de 6,5 milliards de dollars en recevant des prêts de dizaines de prêteurs turcs et internationaux.

En 2018, la famille Hariri a omis de payer un versement sur ce qui représentait le plus grand crédit aux entreprises de la Turquie, d’un montant de 4,75 milliards de dollars, et ses avoirs ont été repris par une vingtaine de prêteurs, dont plusieurs banques turques.

Le principal parti d'opposition appelle le gouvernement turc à rendre des comptes sur les allégations de corruption, et blâme l'AKP, car en raison de l’allocation inefficace des ressources de l’État, la bande passante Internet est très lente. 

Le porte-parole du principal parti d'opposition a critiqué la gestion par le gouvernement de Türk Telekom depuis 2017. Lors d’une précédente question parlementaire posée en juillet 2017, Oztrak avait déclaré que les ressources publiques étaient utilisées pour compenser l'échec du paiement de la famille Hariri à Türk Telekom, accusant les autorités publiques  de fermer les yeux sur une corruption continue.

À la suite de l’enquête parlementaire menée par Faik Oztrak, le vice-Premier ministre de l’époque, Nurettin Canikli, avait déclaré que Türk Telekom avait transféré environ 3,1 milliards de dollars à l’étranger, sous forme de parts de bénéfices.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


La Défense civile fait état de 42 morts dans la bande de Gaza

La Défense civile fait état de 42 morts dans la bande de Gaza
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  • Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile à Gaza, a déclaré à l'AFP que "le bilan total s'élève désormais à 42 morts depuis l'aube"
  • Il a fait état notamment de plusieurs frappes aériennes sur la ville de Gaza ainsi que dans plusieurs zones du territoire, au centre, au nord et au sud

GAZA: La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 42 personnes tuées dimanche par des frappes et tirs israéliens dans le territoire palestinien, au moment où l'armée israélienne se prépare à prendre d'assaut la ville de Gaza.

Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile à Gaza, a déclaré à l'AFP que "le bilan total s'élève désormais à 42 morts depuis l'aube".

Il a fait état notamment de plusieurs frappes aériennes sur la ville de Gaza ainsi que dans plusieurs zones du territoire, au centre, au nord et au sud.

La frappe la plus meurtrière, selon la Défense civile, a eu lieu à Al-Sabra, un quartier de Gaza-ville, et a fait huit morts.

"La situation est extrêmement dangereuse, dans tous les sens du terme. Chaque jour, chaque minute, il y a des bombardements, des martyrs, la mort et le sang, nous ne pouvons plus le supporter", a dit à l'AFP Ibrahim Al-Shurafa, un habitant d'Al-Sabra.

"Les frappes se poursuivent dans le quartier d'Al-Sabra, et l'artillerie continue de viser des quartiers résidentiels et des maisons de civils à cet instant même. Nous ne savons pas où aller, la mort nous poursuit partout", a-t-il ajouté.

Compte tenu des restrictions imposées par Israël aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les affirmations de la Défense civile ou de l’armée.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, entraînant la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 62.686 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.

 


Frappes israéliennes meurtrières au Yémen contre des cibles houthies

L'armée de l'air israélienne a bombardé dimanche des sites des rebelles houthis à Sanaa, faisant six morts et 86 blessés, une semaine après des raids similaires sur la capitale yéménite, ont indiqué les insurgés pro-iraniens. (AFP)
L'armée de l'air israélienne a bombardé dimanche des sites des rebelles houthis à Sanaa, faisant six morts et 86 blessés, une semaine après des raids similaires sur la capitale yéménite, ont indiqué les insurgés pro-iraniens. (AFP)
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  • Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, en proie à la guerre entre Israël et le Hamas, les Houthis lancent régulièrement des attaques aux missiles et drones en direction du territoire israélien
  • Après les frappes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que "le régime terroriste houthi paiera un prix très élevé pour son agression contre l'Etat d'Israël", alors que les Houthis ont averti qu'ils "riposteront"

SANAA: L'armée de l'air israélienne a bombardé dimanche des sites des rebelles houthis à Sanaa, faisant six morts et 86 blessés, une semaine après des raids similaires sur la capitale yéménite, ont indiqué les insurgés pro-iraniens.

Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, en proie à la guerre entre Israël et le Hamas, les Houthis lancent régulièrement des attaques aux missiles et drones en direction du territoire israélien, mais la plupart sont interceptés.

Après les frappes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que "le régime terroriste houthi paiera un prix très élevé pour son agression contre l'Etat d'Israël", alors que les Houthis ont averti qu'ils "riposteront" à l'attaque israélienne.

"Agression israélienne sur la capitale Sanaa", la capitale aux mains des Houthis, a écrit la chaîne des rebelles, Al-Massirah, sur X. "Plusieurs frappes ont visé une station de la compagnie pétrolière rue al-Sittine" et une "centrale électrique" dans le sud de Sanaa, déjà bombardée par Israël il y a une semaine.

L'agence de presse des insurgés, Saba, a fait état d'un bilan de six morts et 86 blessés, dont 21 dans un état grave, citant le ministère de la Santé.

En Israël, l'armée a indiqué dans un communiqué avoir frappé "un site militaire situé dans le palais présidentiel, les centrales électriques d'Assar et de Hezyaz, ainsi qu'un site de stockage de carburant, tous utilisés pour les activités militaires".

"La puissance d'Israël" 

Le ministère israélien de la Défense a diffusé une photo montrant le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Israël Katz et le chef d'état-major, le lieutenant-général Herzi Halevi, suivant l'opération militaire au Yémen depuis un bunker de commandement.

"Celui qui nous attaque — nous l'attaquons. Celui qui prévoit de nous attaquer — nous l'attaquons. Je pense que toute la région apprend à connaître la puissance et la détermination de l'Etat d'Israël", a prévenu M. Netanyahu dans un communiqué de son bureau.

"Nous ne dévierons pas de la lutte contre le projet américano-sioniste et poursuivront l'escalade jusqu'à l'arrêt de l'agression et la levée du blocus (israélien) contre Gaza", a averti de son côté le bureau politique des Houthis dans un communiqué.

Vendredi soir, les Houthis ont tiré un missile en direction d'Israël, situé à quelque 1.800 km. Les autorités israéliennes ont indiqué qu'il s'était "très probablement désintégré en plein vol".

Le Times of Israel et le site d'information israélien Ynet, citant un rapport de l'armée, ont affirmé dimanche que le missile tiré vendredi était pour la première fois équipé d'une ogive à fragmentation.

Outre les tirs contre Israël, les Houthis ont repris en juillet, après une pause de plusieurs mois, leurs attaques au large du Yémen, lancées après le début de la guerre à Gaza, contre les navires qu'ils accusent de liens avec Israël.

En mai, ils avaient conclu une trêve avec les Etats-Unis ayant mis fin à des mois de bombardements américains au Yémen.

L'Iran condamne 

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, en guerre depuis 2014, font partie d'une alliance contre Israël mise en place par l'Iran, qui comprend d'autres groupes comme le Hezbollah au Liban et le Hamas palestinien.

En Iran, ennemi juré d'Israël, le ministère des Affaires étrangères a condamné "avec force" les frappes israéliennes au Yémen.

Israël a mené plusieurs frappes de représailles au Yémen, ciblant des régions sous contrôle des Houthis, notamment des ports de l'ouest du pays et l'aéroport de Sanaa.

Au Yémen, la guerre a fait des centaines de milliers de morts et plongé le pays le plus pauvre de la péninsule arabique dans l'une des pires crises humanitaires au monde.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

La campagne de représailles israélienne a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien, frappé par la famine selon l'ONU.


Frankly Speaking : Le point de vue de l'ancien Premier ministre israélien Olmert sur la guerre

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  • Olmert avertit que la guerre de Gaza met en danger la position d'Israël dans le monde et accuse Netanyahou de mener des politiques imprudentes guidées par l'intérêt personnel
  • A la question de savoir si Smotrich et Ben-Gvir sont des terroristes, Olmert est allé encore plus loin, les qualifiant de "messianiques" et d'"extrémistes"

RIYADH : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert n'a pas ménagé ses critiques à l'égard de Benjamin Netanyahu. S'il n'a pas accusé son successeur d'avoir commis un génocide, il a déclaré à plusieurs reprises que ce qui se passait à Gaza constituait des crimes de guerre.

S'adressant à Katie Jensen, animatrice de l'émission d'actualité Arab News "Frankly Speaking", M. Olmert a déclaré que, bien que la réponse d'Israël ait été justifiée à la suite de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023, le conflit était devenu intenable et constituait un "piège mortel pour les Israéliens".

"Toute la guerre qui a commencé après la violation de l'accord de cessez-le-feu temporaire en mars 2025 est une guerre illégitime", a déclaré M. Olmert, qui a été premier ministre de 2006 à 2009.

"Et dans cette guerre illégitime, à laquelle s'oppose la majorité des Israéliens, plus de 70 %, dans laquelle de nombreux soldats israéliens seront tués, alors que la vie des otages est gravement menacée et que des milliers de Palestiniens seront tués pour une guerre qui n'a aucun objectif, qui ne peut atteindre aucun but, qui n'apportera rien de bon à aucune des parties impliquées, une telle guerre est un crime, et j'ai accusé le gouvernement israélien de l'avoir commise."

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L'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert interviewé par Katie Jensen dans l'émission "Frankly Speaking". (Photo AN)


Il a ajouté que de nombreux Israéliens pensent aujourd'hui que la guerre sert avant tout les intérêts personnels de M. Netanyahou plutôt que les familles des otages restants et la sécurité de l'ensemble de la société israélienne.

"C'est ce que tout le monde dit aujourd'hui en Israël", a-t-il déclaré. "Il s'agit d'une guerre inutile et superflue, et il n'y a aucun intérêt national pour Israël qui puisse être servi par la poursuite de la guerre. La conclusion inévitable est donc qu'elle sert les intérêts personnels du premier ministre. Tout le monde l'a dit.

"L'extension de la guerre contre Gaza, qui compte plus d'un million d'habitants et où le Hamas se cache dans les zones les plus densément peuplées de citoyens non impliqués, est un piège mortel pour les Israéliens, car quelque chose qui ne sert aucun intérêt national est un crime, et il faut se poser la question : À quoi cela sert-il ? C'est pourquoi de nombreuses personnes concluent qu'il s'agit d'un intérêt personnel".

Lorsque Jensen lui a demandé s'il pensait toujours que M. Netanyahou devait être inculpé de crimes de guerre à La Haye, M. Olmert a répondu qu'il ne se souvenait pas d'avoir fait une telle déclaration. Et ce, en dépit d'un extrait largement diffusé d'une interview avec le journaliste britannique Piers Morgan, le 2 juin, dans lequel Olmert était directement interrogé sur la question de savoir si Netanyahou devait être jugé à La Haye.

"Ecoutez, il faut qu'il y ait une voix. Et si, du fait que j'ai été Premier ministre et que je suis assez bien connu dans la communauté internationale, les gens veulent entendre ce que j'ai à dire, je dois le dire. Oui", a déclaré M. Olmert à M. Morgan dans le clip.

Bien qu'il semble maintenant être revenu sur ces commentaires, Olmert a approuvé la description du ministre israélien de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et du ministre des finances Bezalel Smotrich comme des terroristes, les qualifiant de "messianiques" et d'"extrémistes".

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M. Ben-Gvir a suscité l'indignation en conduisant des prières juives à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, violant ainsi des accords de longue date et suscitant la condamnation des dirigeants palestiniens, arabes et internationaux.

Il a également plaidé en faveur de la souveraineté israélienne sur Gaza et encouragé l'émigration "volontaire" massive des Palestiniens. Les gouvernements occidentaux l'ont sanctionné pour incitation à la violence et pour des condamnations pénales antérieures pour soutien au terrorisme et au racisme.

M. Smotrich, également sanctionné par les États occidentaux, a été critiqué pour ses déclarations incendiaires soutenant l'expansion des colonies en Cisjordanie, ses incitations à l'encontre des Palestiniens et ses positions considérées par les partenaires de l'UE et les groupes de défense des droits comme portant atteinte aux droits des Palestiniens et aux perspectives de paix.

M. Jensen a abordé le sujet en posant la question suivante : Lorsque nous examinons certains commentaires des ministres (de M. Netanyahou), des personnes comme M. Smotrich, qui a déclaré que le peuple palestinien n'existait pas - il s'est tenu sous une carte du "Grand Israël" en disant cela - il a également déclaré que le village palestinien de Huwara devrait être rayé de la carte.

"Ou des commentaires de Ben-Gvir, qui a déclaré à la télévision israélienne que son droit de se déplacer librement en Cisjordanie était plus important que la liberté de mouvement des Palestiniens... Si nous considérons les paroles et les actions de ces hommes, à votre avis, ces hommes sont-ils des terroristes ?

La réponse de M. Olmert a été sans équivoque.

"Ecoutez, c'est une partie facile de la question", a-t-il dit. "Oui, ils le sont d'une certaine manière, dans la mesure où Ben-Gvir a été condamné pour avoir pris part à ce qui est considéré comme des actions terroristes dans le passé. Mais je pense que la situation est plus complexe.

"Regardons les choses en face. D'un côté, il y a ces groupes messianiques, qui sont totalement, totalement inacceptables. Pour la majorité des Israéliens, cela ne fait aucun doute. Ils sont extrêmes, ils sont messianiques.

"Oui, en effet, ils veulent expulser tous les Palestiniens de Cisjordanie et annexer la Cisjordanie. Ils veulent aussi le faire à Gaza. Mais je pense que la majorité des Israéliens s'y opposent".

Contrairement à M. Netanyahou, qui s'est rallié à la rhétorique de ses ministres d'extrême droite, M. Olmert a déclaré qu'il n'aurait jamais soutenu la notion de "Grand Israël", un concept politique épousé par les extrémistes qui envisagent d'étendre le territoire israélien pour y inclure des pans entiers de la Palestine, du Liban, de la Jordanie, de la Syrie et même des terres situées entre le Nil et l'Euphrate.

Olmert a averti que cette rhétorique et ces politiques coûtaient à Israël des amis et des alliés.

"Il y a une profonde division entre une grande partie de l'opinion publique, qui est en faveur d'un changement de cap, et une partie qui est maintenant gouvernée par les Netanyahus et le groupe de voyous qui sont connus pour être les ministres du cabinet", a-t-il déclaré.

"Maintenant, ce qu'ils font, c'est causer un très grand dommage à la réputation de l'État d'Israël, à l'intégrité de l'État d'Israël, et à la perception de ce qu'Israël représente.

"Et cela crée d'énormes difficultés dans les relations d'Israël avec ses amis traditionnels, les pays européens, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, le Canada et d'autres pays. Et cela crée également des difficultés qui deviendront de plus en plus difficiles à gérer avec l'Amérique.

"Malheureusement, cela crée aussi des difficultés avec nos amis très importants en Égypte et en Jordanie, ainsi que dans les Émirats. Et cela empêche certainement l'évolution possible vers un processus de normalisation avec l'Arabie Saoudite".

Depuis 2019, M. Netanyahou fait face à des accusations de corruption, y compris des allégations de corruption, de fraude et d'abus de confiance. Son procès, qui a débuté en 2020, a été reporté à plusieurs reprises pour des raisons de sécurité. Il nie toutes les accusations.

Des mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale à l'encontre de M. Netanyahou et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, concernant des crimes de guerre présumés à Gaza, n'ont pas encore été exécutés. Israël est lui-même accusé de génocide par la Cour internationale de justice.

Olmert lui-même a démissionné de son poste de premier ministre en 2009 à la suite d'allégations de corruption et a ensuite été condamné et emprisonné pour corruption et abus de confiance. Malgré cela, il insiste sur le fait que sa voix a du poids, arguant que la plupart des Israéliens s'opposent désormais à Netanyahou.

En effet, les manifestations massives qui ont eu lieu ces dernières semaines dans tout Israël pour s'opposer à l'extension de la guerre à Gaza mettent en évidence un changement radical dans l'attitude du public à l'égard de la trajectoire du gouvernement de coalition de droite.

"Si j'avais été Premier ministre, la situation aurait été totalement différente", a déclaré M. Olmert. "J'aurais adopté ce que je représentais à l'époque où j'étais premier ministre, en parlant de la solution à deux États, en négociant, (et) en espérant essayer de forcer les dirigeants palestiniens à se conformer".

M. Olmert a déclaré que l'échec du processus de paix israélo-palestinien à ce jour ne pouvait pas être entièrement imputé à Israël. Il a rappelé qu'au cours de son mandat, il avait proposé un État aux Palestiniens, mais que ceux-ci avaient rejeté la proposition.

"N'oublions pas qu'en 2008 et 2009, lorsque j'étais premier ministre, j'ai proposé au président de l'Autorité palestinienne un plan de paix global basé sur les frontières de 1967", a-t-il déclaré.

Ce plan prévoyait un retrait israélien de la majeure partie de la Cisjordanie, des échanges de terres pour les colonies annexées, un corridor reliant Gaza et la Cisjordanie, une administration partagée ou internationale des lieux saints de Jérusalem et l'acceptation symbolique d'un nombre limité de réfugiés palestiniens en Israël, avec une compensation et une réinstallation pour les autres.

Les Palestiniens ont rejeté l'accord en raison de leurs préoccupations concernant le droit au retour, le calendrier précipité de l'examen, les doutes quant à la survie politique d'Olmert et l'insatisfaction concernant les conditions relatives à Jérusalem et à l'attribution des terres.

Quelle que soit la faute, l'échec répété des efforts de paix au cours de cette période a culminé avec l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 et la guerre d'Israël contre Gaza qui s'en est suivie et qui, depuis, a tué au moins 60 000 Palestiniens et laissé l'enclave dévastée.

L'un des plus grands scandales de la guerre à ce jour a été la création de la Fondation humanitaire de Gaza au début de l'année 2025. Les critiques ont dénoncé la GHF pour avoir mis de côté les mécanismes d'aide de l'ONU en faveur d'un plan soutenu par les États-Unis et Israël qui a placé le personnel militaire et les entrepreneurs privés américains en charge de la distribution de l'aide dans les zones militarisées.

Des rapports ont fait état de centaines de morts et de blessés parmi les Palestiniens cherchant de la nourriture sur les sites d'aide du GHF. Des groupes, dont Médecins sans frontières, ont décrit ces sites comme des scènes de "tueries orchestrées" et ont demandé la suspension immédiate du programme.

M. Olmert a déclaré qu'il ne savait pas si les Israéliens avaient délibérément ciblé les civils sur les sites de la GHF, mais il a insisté sur le fait qu'il était de la responsabilité d'Israël de nourrir les habitants de Gaza.

"Je pense qu'il y a beaucoup de fausses informations sur les circonstances précises concernant les fournitures humanitaires et sur la façon dont le Hamas essaie de provoquer afin d'obtenir de la nourriture pour ses propres besoins, sachant que le Hamas n'est pas particulièrement attentif à la vie des Palestiniens et ... dans quelle mesure cela résulte des pratiques très inacceptables des soldats israéliens. Je ne sais pas", a-t-il déclaré.

"Je ne dis qu'une chose, et c'est le fond du problème, qui est, je pense, ce qui compte. Israël contrôle Gaza, c'est nous qui sommes responsables là-bas. Par conséquent, il incombe à Israël de répondre aux besoins humanitaires à Gaza pour tous ceux qui en ont besoin, de manière efficace, complète et sans interférence ou provocation de la part de quiconque veut perturber cette situation. C'est notre responsabilité.