À l’heure où les transformations technologiques s’accélèrent et où la dépendance au numérique touche toutes les dimensions de la vie moderne, la cybersécurité est devenue une nécessité urgente, aussi essentielle que la sécurité nationale traditionnelle. Les cybermenaces ne visent plus seulement les données : elles menacent désormais les économies, l’identité culturelle et la stabilité sociale. De plus, le cyberespace est de plus en plus exploité par les groupes terroristes pour diffuser l’extrémisme, recruter et planifier des attaques.
La cybersécurité n’est pas seulement un outil technique, mais un pilier fondamental de la sécurité nationale et une garantie vitale de la paix sociale. Une seule faille peut paralyser un aéroport, couper l’électricité ou bloquer un hôpital entier. La protection du cyberespace est donc essentielle pour sauvegarder la vie des citoyens, les économies et la cohésion des sociétés.
Les organisations terroristes ont transformé le cyberespace en plateforme de propagande, de recrutement et de planification. Les cyberattaques visent désormais non seulement les infrastructures, mais aussi l’opinion publique et les valeurs culturelles. Cette réalité rend indispensable la coopération internationale et le renforcement des cadres de cybersécurité afin de contrer le terrorisme numérique et préserver la cohésion sociale.
L’intelligence artificielle (IA) ouvre des perspectives inédites – de la révolution des soins de santé et de l’éducation à l’accélération de la croissance économique. Mais ces mêmes outils comportent des risques inquiétants : cyberattaques automatisées, campagnes de désinformation et technologies de « deepfake » qui manipulent la réalité. Dans ce contexte, la cybersécurité apparaît comme la clé de voûte pour garantir que l’IA demeure au service du bien-être de l’humanité et non une menace pour sa stabilité.
L’Arabie saoudite s’est imposée comme un modèle mondial dans la construction d’un écosystème cybernétique robuste. La création de l’Autorité nationale de cybersécurité, l’établissement du Collège Prince Mohammed ben Salmane pour la cybersécurité, l’IA et les technologies avancées, ainsi que le lancement de la société Humain par le Fonds d’investissement public (PIF), en sont des jalons majeurs.
Sur la scène internationale, Riyad accueille le Forum mondial de la cybersécurité (GCF), devenu une plateforme de référence réunissant décideurs, experts et innovateurs du monde entier. Dans son allocution au Forum, le prince héritier Mohammed ben Salmane a souligné : « Le cyberespace étant étroitement lié à la croissance des économies, à la prospérité des sociétés, à la sécurité des individus et à la stabilité des États, l’importance d’unifier les efforts internationaux et d’investir dans le capital humain devient d’autant plus pressante. »
Le Royaume a également lancé des initiatives pionnières pour protéger les enfants dans le cyberespace et promouvoir la participation des femmes dans le domaine de la cybersécurité, reflétant une approche centrée sur l’humain.
La diplomatie cybernétique et les cadres internationaux
La cybersécurité n’est plus une affaire purement nationale : elle est désormais au cœur de la diplomatie mondiale. Les Nations Unies ont mis en place des mécanismes tels que le Groupe d’experts gouvernementaux (UN GGE) et le Groupe de travail à composition non limitée (OEWG) afin de définir des règles et des normes de comportement responsable des États dans le cyberespace.
Des organisations régionales comme l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et l’Union africaine (UA) ont adopté des stratégies pour lutter contre la cybercriminalité et renforcer la résilience numérique. Ces initiatives rappellent une vérité essentielle : la cybersécurité est un défi transnational qui ne peut être relevé qu’à travers la diplomatie multilatérale, des politiques coordonnées et la construction d’une confiance numérique entre les nations.
Dans ce cadre, l’Arabie saoudite se distingue comme un leader proactif à travers les initiatives du Forum mondial de la cybersécurité, tandis que Djibouti s’aligne sur les efforts internationaux via sa stratégie nationale et sa nouvelle législation numérique, affirmant ainsi son rôle d’acteur engagé dans la construction d’un avenir numérique plus sûr.
Mon pays la République de Djibouti franchit des étapes importantes en matière de sécurité numérique. Le gouvernement a lancé une Stratégie nationale de cybersécurité 2024–2030, adopté un Code du numérique visant à encadrer les données et les transactions en ligne, et renforcé son ambition régionale de devenir un pôle de connectivité et de commerce digital sécurisé. Le président Ismaïl Omar Guelleh a, à plusieurs reprises, souligné l’importance d’une transformation numérique sûre, résiliente et favorable au développement économique.
La cybersécurité n’est plus une option : c’est une exigence fondamentale pour protéger les nations, les économies et les cultures. L’essor de l’intelligence artificielle rend ce défi encore plus pressant, les opportunités et les risques progressant de pair. L’Arabie saoudite se démarque comme un modèle pionnier alliant sécurité nationale et coopération internationale, tandis que Djibouti avance résolument vers sa souveraineté numérique. La leçon est claire : une transformation numérique sans cybersécurité est un saut dans l’inconnu.
Dya-Eddine Said Bamakhrama est l'ambassadeur de Djibouti en Arabie saoudite.
X: @dya_bamakhrama
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.