L’Iran multiplie les violations avec des essais de combustible d’uranium à base de métal

L’organe de surveillance nucléaire de l’Onu et Téhéran ont annoncé mercredi que l’Iran a débuté les travaux sur un combustible d’uranium à base de métal destiné à un réacteur de recherche (Photo, AFP).
L’organe de surveillance nucléaire de l’Onu et Téhéran ont annoncé mercredi que l’Iran a débuté les travaux sur un combustible d’uranium à base de métal destiné à un réacteur de recherche (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 14 janvier 2021

L’Iran multiplie les violations avec des essais de combustible d’uranium à base de métal

  • L’Iran multiplie ses violations de l’accord depuis près de deux mois
  • Certains actes sont d’ailleurs dictés par une loi adoptée en réponse au meurtre de son scientifique du nucléaire éminent en novembre, et que Téhéran impute à son ennemi, Israël

VIENNE: L’organe de surveillance nucléaire de l’ONU et Téhéran ont annoncé mercredi que l’Iran a débuté les travaux sur un combustible d’uranium à base de métal destiné à un réacteur de recherche, une nouvelle violation de l’accord sur le nucléaire, conclu avec six grandes puissances du monde, alors que le pays fait pression pour la levée des sanctions américaines.

L’Iran multiplie ses violations de l’accord depuis près de deux mois. Certains actes sont d’ailleurs dictés par une loi adoptée en réponse au meurtre de son scientifique du nucléaire éminent en novembre, et que Téhéran impute à son ennemi, Israël.

Cependant, elles font également partie d’un processus entamé par Téhéran en 2019 pour commettre des violations en réponse au retrait du président américain Donald Trump de l’accord en 2018  et à sa réimposition des sanctions américaines que l’accord a levées en échange de restrictions sur les activités nucléaires de l’Iran.

Ces mesures exercent une pression supplémentaire sur le président-élu Joe Biden, qui prend ses fonctions la semaine prochaine, et qui ’est engagé à ramener les États-Unis à l’accord si l’Iran en respecte à nouveau les termes. Mais Téhéran exige que Washington lève les sanctions comme condition préalable.

«Le directeur général (de l’Agence internationale de l’énergie atomique) Rafael Mariano Grossi a informé les États membres de l’AIEA aujourd’hui des dernières nouvelles concernant les plans de l’Iran de mener des activités de recherche et de développement sur la production d’uranium métallique, dans le cadre de son objectif de concevoir un type de combustible amélioré pour le Réacteur de recherche de Téhéran», indique l’AIEA dans un communiqué.

L’agence publie des rapports ad hoc aux États membres lorsque l’Iran commet une nouvelle violation de l’accord, bien qu'elle refuse de les qualifier de violations, laissant cette décision aux parties à l’accord de 2015.

L’accord impose spécifiquement une interdiction de produire ou d’acheter de l’uranium métallique pour une durée de 15 ans, car il s’agit d’un matériau névralgique qui peut être utilisé dans la fabrication d’une bombe nucléaire.

Le rapport confidentiel de l’AEIA aux États membres, obtenu par Reuters, précise que l’Iran envisage de produire l’uranium métallique à partie de l’uranium naturel, pour ensuite produire de l’uranium métallique enrichi jusqu’à 20% pour créer un combustible pour le Réacteur de recherche de Téhéran.

L’accord précise également que l’uranium métallique ne peut être produit qu’en petites quantités et en concertation avec les parties à l’accord après 10 ans.

Par ailleurs, l’Iran envisage aussi d’enrichir l’uranium à 20%, un niveau atteint pour la dernière fois avant l’accord de 2015, dans son site de Fordo, enfoui dans une montagne, et a commencé le processus la semaine dernière. Jusqu’à présent, il n’était arrivé que jusqu’à 4,5%, supérieur à la limite de 3,67% imposée par l’accord, quoique bien en deça loin 90% qui sont de qualité militaire.

Les agences de renseignements américaines et l’AIEA pensent que l’Iran avait un programme d’armes nucléaires secret et coordonné, interrompu en 2003. L’Iran nie avoir jamais cherché des armes nucléaires et affirme que ses objectifs avec l’énergie nucléaire sont entièrement pacifiques.

L’Iran a cependant déclaré mercredi à l’agence que ses «activités de recherche et de développement n’ont pas de limitation spécifique» et que « la modification et l’installation de l’équipement nécessaire aux activités mentionnées ont déjà commencé » dans son usine de fabrication de plaques de combustible à Ispahan, selon le rapport de l’AIEA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Netanyahu appelle au départ de la population de Gaza-ville, après un attentat meurtrier à Jérusalem

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  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a appelé lundi les habitants de la ville de Gaza à "partir maintenant" de ce principal centre urbain du territoire palestinien
  • La Défense civile de Gaza, qui opère sous l'autorité du Hamas, a pour sa part fait état lundi d'au moins 39 personnes tuées dans des frappes israéliennes, dont 25 à Gaza-ville (nord)

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a appelé lundi les habitants de la ville de Gaza à "partir maintenant" de ce principal centre urbain du territoire palestinien, où l'armée intensifie son offensive.

Cette annonce intervient après que deux Palestiniens ont ouvert dans la matinée le feu sur une station d'autobus à Jérusalem-Est, tuant six Israéliens, l'une des attaques les plus meurtrières dans la ville depuis le début de la guerre à Gaza, il y a près de deux ans.

La Défense civile de Gaza, qui opère sous l'autorité du Hamas, a pour sa part fait état lundi d'au moins 39 personnes tuées dans des frappes israéliennes, dont 25 à Gaza-ville (nord).

"En deux jours, nous avons détruit 50 tours terroristes, et ce n'est que le début de l'intensification des opérations terrestres dans la ville de Gaza. Je dis aux habitants: vous avez été prévenus, partez maintenant!", a déclaré M. Netanyahu.

L'armée israélienne a annoncé le mort au combat de quatre soldats dans le nord de la bande de Gaza.

L'ONU, la France, l'Allemagne, l'Union européenne et la présidence palestinienne ont condamné l'attentat, perpétré dans le secteur de la Ville sainte occupé et annexé par Israël, et dont les deux auteurs on été tués.

"C'était une scène très difficile", a témoigné Fadi Dekaidek, un infirmier, cité les services de secours israéliens.

"Cette opération est une réponse naturelle (...) au génocide de l'occupation contre notre peuple dans la bande de Gaza", a réagi le Hamas sans revendiquer l'attaque à l'arme à feu.

Quatrième tour détruite 

L'armée israélienne a détruit lundi une nouvelle tour d'habitation - la quatrième en trois jours - à Gaza-City, considérée comme le dernier grand bastion du Hamas. L'armée dit contrôler 40% de l'agglomération, dont un plan approuvé en août prévoit la conquête.

Les Israéliens, qui ont appelé aux évacuations avant ces frappes, accusent le Hamas d'utiliser ces bâtiments pour opérer, ce que nie le mouvement islamiste palestinien.

Des images de l'AFP montrent des panaches de fumée s'élevant dans le ciel avant que l'édifice ne s'effondre au sol.

"Ils font tout cela pour nous déplacer. Nous avons peur de partir, on est incapables de partir ! Il n'y a pas de place pour nous dans le sud et on n'a pas d'argent", s'indigne une habitante, Oum Ahmed.

A l'hôpital Al-Chifa de la ville, des Palestiniens ont pleuré plus tôt leurs proches tués, dans des raids ayant touché des tentes de déplacés, selon des images de l'AFP.

Des femmes sanglotent près des corps de deux fillettes, plus loin, un homme caresse le visage de son bébé d'un an, enveloppé dans un linceul blanc.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile et les affirmations de l'armée.

"Anéantis" 

Dans le même temps, une source palestinienne proche du Hamas a affirmé que le mouvement avait reçu "quelques idées de la part des Américains afin de parvenir à un cessez-le-feu", qui reprennent les grandes lignes des précédente propositions d'une trêve assortie de la libération des otages du 7-Octobre toujours retenus à Gaza.

Israël et Washington ont tous sommé le Hamas de libérer ces captifs.

"Ceci est un dernier avertissement (...): libérez les otages et déposez les armes, ou Gaza sera détruite et vous serez anéantis", a déclaré lundi le ministre de la Défense Israël Katz.

"Les Israéliens ont accepté mes conditions. Il est temps pour le Hamas d'accepter également. J'ai averti le Hamas des conséquences en cas de refus. Ceci est mon dernier avertissement, il n'y en aura pas d'autre!", avait indiqué dimanche M. Trump, allié d'Israël.

Le Hamas, dont l'attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre, a redit être prêt à des négociations "en échange d'une déclaration claire de la fin de la guerre et d'un retrait complet israélien de la bande de Gaza" notamment.

Ces exigences sont rejetées par Israël qui veut détruire le Hamas et prendre le contrôle sécuritaire de l'ensemble du territoire palestinien.

Tension entre Madrid et Jérusalem 

La tension opposant Israël à plusieurs pays européens est aussi montée d'un cran après l'annonce par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, de mesures pour "mettre un terme au génocide à Gaza".

Madrid  a annoncé le rappel pour consultations son ambassadrice à Tel Aviv.

"Sanchez et ses ministres pervers, qui ont justifié le massacre du 7 octobre, ont depuis longtemps choisi de se ranger du côté du Hamas", a auparavant accusé le ministre israélien des Affaires étrangères.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. D'après l'armée, 47 captifs restent retenus à Gaza dont 25 présumés morts, sur un total de 251 personnes enlevées durant l'attaque.

L'offensive de représailles israéliennes a fait au moins 64.522 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.

 


Attaque à l'arme à feu à Jérusalem-Est, des blessés

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  • Le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, a indiqué avoir envoyé des équipes de secours sur place après avoir reçu des appels à propos d'une attaque ayant fait des blessés à Ramot
  • Un porte-parole de la police a indiqué sur la chaîne 12 de la télévision israélienne que "deux terroristes" avaient été "neutralisés"

JERUSALEM: Deux assaillants ont ouvert le feu lundi et blessé plusieurs personnes à un carrefour de Jérusalem-Est avant d'être "neutralisés", selon les premières informations de la police et des secours israéliens.

Le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, a indiqué avoir envoyé des équipes de secours sur place après avoir reçu des appels à propos d'une attaque ayant fait des blessés à Ramot, quartier de Jérusalem-Est, secteur de la Ville sainte occupé et annexé par Israël.

Un porte-parole de la police a indiqué sur la chaîne 12 de la télévision israélienne que "deux terroristes" avaient été "neutralisés" après avoir ouvert le feu et fait "plusieurs blessés", sans préciser si les assaillants avaient été tués. Selon des médias israéliens, l'attaque a visé notamment un bus.

 


Frankly Speaking: Le haririisme peut-il faire son retour au Liban ?

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  • L'homme d'affaires libanais Bahaa Hariri évoque les raisons de son retour, les nouveaux dirigeants du pays et ses liens avec les Etats-Unis
  • Le fils aîné de l'ex-PM Rafic Hariri clarifie sa position sur la Syrie et le Hezbollah, et délivre un message à la communauté chiite

RIYADH : Vingt ans après l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, et trois ans après que son frère cadet Saad a quitté la vie politique, Bahaa Hariri se dit prêt à revenir au Liban et à faire revivre l'héritage de sa famille.

Lors de son passage à l'émission hebdomadaire d'Arab News "Frankly Speaking", il a exposé les raisons de son retour, son point de vue sur les nouveaux dirigeants libanais, sa position sur le Hezbollah et la Syrie, ainsi que son message à la communauté chiite de son pays.

Fils aîné de Rafic Hariri, Bahaa Hariri est longtemps resté à l'écart de la scène politique turbulente du Liban. Il a fait carrière dans les affaires à l'étranger, se tenant souvent à l'écart des batailles qui agitaient la scène politique de Beyrouth. Lors d'un entretien avec l'animatrice Katie Jensen, il a insisté sur le fait que sa décision de revenir maintenant n'était pas une question de timing, mais de responsabilité.

"La situation est très délicate et le Liban a besoin de personnes honnêtes qui veulent s'assurer que le Liban passe cette période délicate", a-t-il déclaré.

"Il ne s'agit pas d'arriver trop tard ou trop tôt, mais de faire ce qu'il faut. C'est pourquoi nous sommes ici pour faire ce qu'il faut, pour être aux côtés de notre nation dans la période la plus délicate et pour faire de notre mieux pour la servir et faire en sorte qu'elle passe ce cap. Pour moi, c'est extrêmement important, non seulement au Liban, mais aussi dans la région.


Lors de son passage à l'émission hebdomadaire d'Arab News "Frankly Speaking", M. Hariri a expliqué les raisons de son retour, son point de vue sur les nouveaux dirigeants du Liban, sa position sur le Hezbollah et la Syrie, et son message à la communauté chiite de son pays. (Photo AN)
Pour M. Hariri, l'effondrement économique est un facteur clé. Il a rappelé comment, sous son père, l'économie libanaise avait progressé malgré la présence syrienne et la domination du Hezbollah. "Aujourd'hui, rien ne va plus, et le moins que l'on puisse dire, c'est que je suis très inquiet", a-t-il déclaré. "L'économie est en ruine, rien ne bouge, la lire (en tout cas) ne bouge pas.

Pour Bahaa Hariri, "rester sur le côté et ne rien faire n'est pas une option".

Lorsqu'on lui demande s'il y a encore de la place pour le "haririsme" politique - l'influence des Hariri - au Liban, où beaucoup se tournent désormais vers le président Joseph Aoun et le premier ministre Nawaf Salam pour prendre les rênes du pays, il répond : "C'est aux Libanais de décider de ce qu'ils veulent faire : "C'est au peuple libanais de décider. Personne n'est plus important que sa propre nation. Mais nous sommes là pour aider. Nous sommes ici avec nos relations pour faire de notre mieux. Et je peux sentir que c'est vraiment nécessaire parce que, comme nous le voyons, la situation est désastreuse. Elle ne fait qu'empirer, elle ne s'améliore pas".

Le haririsme, a insisté Bahaa Hariri, n'est "pas mort". Il a décrit le nom Hariri comme un nom qui "unifie, pas divise", rappelant comment des centaines de milliers de Libanais de toutes les sectes, y compris de nombreux chiites du sud et de la vallée de la Bekaa, sont venus aux funérailles de son père en 2005.

"Je ne suis ici que pour perpétuer l'héritage de Rafic Hariri", a-t-il déclaré. "Mon frère, je l'aime, mais il peut parler de son héritage. Je ne suis ici que pour perpétuer l'héritage de Rafic Hariri.

Sur sa relation avec Saad, qui s'est retiré de la vie politique en 2022, Bahaa Hariri a été clair : "Je ne suis pas ici pour chercher son soutien. Je l'aime comme mon frère. Je me soucie énormément de lui. Je m'assure toujours qu'il va bien. Mais en fin de compte, je ne cherche le soutien de personne".

Cependant, M. Hariri a également souligné que les liens familiaux restaient forts. "Nous demandons toujours des nouvelles des uns et des autres et nous nous assurons que tout le monde va bien. En tant que famille, vous devez vous assurer que si son doigt est blessé, je dois m'assurer qu'il va bien. En tant que famille, le sang est plus épais que l'eau.

Au-delà du Liban, M. Hariri voit une opportunité en Syrie après la chute du dictateur Bashar Assad et la montée en puissance d'Ahmad Al-Sharaa, l'actuel président de la République arabe syrienne. Il s'est félicité de ce qu'il a décrit comme un nouvel ordre pluraliste émergeant dans ce pays, qui, selon lui, pourrait profiter à l'ensemble de la région.

"Il est clair pour moi qu'il y a une bénédiction de partout. Et il est clair comme de l'eau de roche que beaucoup l'ont rejointe", a-t-il déclaré.

"Il y a 2,5 millions de chrétiens orthodoxes. Les chiites sont en bonne voie. Les Alaouites se joignent également à nous. Les autres, qui ne veulent pas en faire partie, sont les bienvenus lorsqu'ils décident de faire partie de cette équation et de croire qu'ils font partie de la Syrie. Quand je vois la modération, la pluralité et la diversité, je suis très à l'aise, et je lui souhaite le meilleur pour faire avancer sa nation.

En ce qui concerne l'avenir, M. Hariri a déclaré : "Je suis très heureux qu'un tyran ait été remplacé par un autre : "Je suis très heureux qu'une tyrannie, une tyrannie massive qui a coûté la vie à 700 000 personnes sous la direction d'Assad, la quasi-désintégration de la Syrie, soit terminée. Je souhaite aux dirigeants syriens tout ce qu'il y a de mieux pour aller de l'avant".

Interrogé sur la question de savoir si Assad devait être traduit en justice, M. Hariri a répondu : "C'est au peuple syrien de décider de ce qu'il faut faire : "C'est le peuple syrien qui décide. Mais compte tenu des massacres qui ont eu lieu et de tout ce qui s'est passé, Assad doit être poursuivi. C'est une norme internationale. Lorsque 700 000 personnes ont été tuées, l'État de droit doit primer sur tout le reste.

"Les familles devraient avoir le droit de demander cela et il est clair qu'elles le font, et nous soutenons pleinement les demandes de ces familles pour que, bien sûr, l'état de droit - pas par le sang - mais l'état de droit prévale, qu'il y ait un procès, qu'il y ait des poursuites".

En ce qui concerne les dirigeants libanais, M. Hariri s'est montré prudent dans son évaluation du président Aoun et du premier ministre Salam.
Il a accordé à M. Aoun le bénéfice du doute, soulignant qu'il était en poste depuis moins d'un an. "Je ne dirais pas que c'est un échec. Il en est à peine à son premier mandat. De plus, l'expérience est très importante. Il a beaucoup d'expérience, il a six ans. Il n'en est qu'à sept ou huit mois de son mandat", a déclaré M. Hariri.

"Dans la vie, vous atteignez un certain point et vous commencez à apprendre, et j'espère que grâce à ce processus d'apprentissage, il pourra aller de l'avant et que nous pourrons amener le pays à un autre endroit. C'est ce que je souhaite.

En ce qui concerne Salam, un juge respecté, Hariri s'est montré tout aussi prudent mais respectueux. "C'est un juge. Je le respecte. Il est intègre. Je le lui ai dit moi-même", a-t-il déclaré.

"L'intégrité est là. D'habitude, on vous dit que vous avez les 100 premiers jours, mais peut-être que la situation est si complexe et qu'il faut plus de temps. Je ne suis pas là pour juger. Voyons où cela va nous mener, et à partir de là, avec le temps, nous porterons un jugement. Nous prendrons position.

Les deux hommes sont confrontés au formidable défi du désarmement du Hezbollah, soutenu par l'Iran, ce qui, selon M. Hariri, ne peut être fait sans précaution. "Nous devons nous assurer que toutes les parties prenantes autour de la table s'accordent sur la manière de faire avancer le pays après la débâcle du Hezbollah. Il faut qu'il y ait un leadership et de la confiance. C'est ce dont nous avons le plus besoin aujourd'hui."

M. Hariri a mis en garde contre le risque de plonger le Liban dans une nouvelle guerre civile. "Je suis tout à fait opposé à l'idée de semer le chaos et de provoquer une guerre civile", a-t-il déclaré.

"En tant que Hariri, c'est une ligne rouge que de semer la pagaille et de faire couler le sang, car cela nous a coûté 250 000 vies la dernière fois. Il n'est pas acceptable que nous nous engagions dans une situation qui nous mette dans ce tunnel.

"Ce sera un tunnel très sombre. Je ne sais pas si nous pourrons en sortir, ce qui est très dangereux. Et c'est l'une des principales raisons pour lesquelles je suis ici, pour m'assurer que cela ne se produise pas.

Bahaa Hariri a déclaré que l'alternative était le consensus. "Rafic Hariri a toujours cru au consensus. Il m'a dit un jour que le consensus signifie que personne n'est gagnant et personne n'est perdant. Nous devons nous asseoir, discuter et parvenir à un consensus. C'est grâce au consensus et au leadership que nous pourrons aller de l'avant", a-t-il déclaré.

Interrogé sur le fait de savoir si Washington soutiendrait finalement le Liban, Bahaa Hariri a souligné son soutien de longue date aux liens transatlantiques, rappelant son rôle dans la fondation du Centre Hariri au Conseil atlantique.

"Je suis un fervent défenseur de la relation transatlantique. Les États-Unis doivent s'engager pleinement", a-t-il déclaré.

"Nous apprécions pleinement le soutien qu'ils ont apporté, non seulement aujourd'hui, mais tout au long des années, en particulier à l'armée libanaise. Et je crois fermement, sincèrement, que oui, il faut faire pression, mais qu'en fin de compte, ils veulent des solutions. Et nous sommes d'accord avec eux pour dire qu'il doit y avoir une solution pour aller de l'avant. Et je crois sincèrement que s'ils s'engagent, ils nous aideront.


Le président libanais Joseph Aoun (à droite) reçoit l'amiral Brad Cooper, commandant de l'USCENTCOM, au palais présidentiel de Baabda. (AFP/Présidence libanaise)
Dans le même temps, il a reconnu les risques de faux pas, déclarant : "C'est une période très sensible : "C'est une période très sensible. Chaque jour, il se passe quelque chose. La situation est extrêmement fluide.

"Mais, pour en revenir aux États-Unis, je crois vraiment qu'avec la bonne approche, nous pouvons aller de l'avant, parce qu'ils sont absolument indispensables pour s'assurer que nous pouvons aller de l'avant", a déclaré Bahaa Hariri.

"Nous avons vu l'Ukraine. Il est très important pour nous d'impliquer les Etats-Unis et de s'assurer qu'ils approuvent la direction que nous prenons. Mais en tant que Hariri, je crois toujours que le consensus est la clé et que le leadership est la clé pour que nous puissions aller de l'avant".

Interrogé sur son point de vue concernant l'accord de défense libano-syrien conclu sous l'égide de l'Arabie saoudite, Bahaa Hariri a souligné les liens historiques de sa famille avec l'Arabie saoudite, qui remontent aux années 1980. "Pour nous, en tant que Hariri, nous avons toujours eu une relation à long terme avec les Saoudiens. Cela remonte aux années 1980. Il est très important, pour moi personnellement, que le Liban ait une relation spéciale avec l'Arabie saoudite".

La conversation s'est inévitablement orientée vers le défunt leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a été tué lors d'une frappe aérienne israélienne sur son quartier général souterrain à Beyrouth en septembre de l'année dernière. Lorsqu'on lui a demandé s'il se sentait justifié par le rôle de Nasrallah dans l'assassinat de son père, Bahaa Hariri a insisté sur le fait qu'il n'avait pas l'intention de se venger.

"J'ai toujours cru qu'il ne fallait pas se laisser dévorer par la vengeance, car si c'était le cas, il ne resterait rien de mon âme au cours des vingt dernières années. Je crois que ce qui est la volonté du Tout-Puissant se produit, il se produit", a-t-il déclaré.

"Mais pour moi, ce qui est important, c'est l'unité des Libanais, et je pense que c'est ce que Rafik voulait, que son âme soit bénie, c'est-à-dire que nous compatissions à la douleur de la communauté chiite - elle fait partie de l'équation - comme elle a compati à la mort de Rafik - à l'assassinat. Ils sont venus en grand nombre. Nous ne sommes pas d'accord avec ce qui s'est passé, mais nous compatissons à leur douleur".

Interrogé à nouveau sur le fait qu'il se sentait justifié, Bahaa Hariri a déclaré : "Pour moi, c'est la justice : "Pour moi, c'est la justice. Je suis un homme qui croit, et je pense que la volonté divine est que cela se produise. Si toute l'humanité veut qu'une personne parte, mais que la volonté divine est qu'elle ne parte pas, alors elle ne partira pas. Eh bien, la volonté divine s'est réalisée, et il est parti. Et maintenant, nous devons aller de l'avant. Et la volonté divine est la justification. Pour moi, c'est ce qui est important".

Interrogé sur le président du Parlement libanais, Nabih Berri, M. Hariri a déclaré qu'il ne l'avait jamais rencontré, mais qu'il reconnaissait la responsabilité de ce vétéran de la politique chiite en tant que dirigeant.

"Je souhaite à M. Berri tout ce qu'il y a de mieux en tant que leader au Liban et je lui demande de veiller à ce que nous n'entrions pas dans un trou noir. Il a une responsabilité à l'égard de la communauté chiite et doit veiller à ce qu'elle soit, avec le changement, une partie prenante clé", a-t-il déclaré.

M. Hariri a ajouté : "Il ne s'agit pas de désarmer et puis après ? Après le désarmement, où allons-nous ? La communauté chiite est un élément clé de la configuration libanaise. Nous ne pouvons pas l'ignorer. C'est la porte ouverte à tous les désastres.

"Je crois sincèrement qu'avec la bonne configuration et la bonne approche, nous pouvons convaincre toutes les parties prenantes que nous pouvons aller de l'avant. Il y a de l'espoir - avec le bon leadership.


M. Hariri est longtemps resté à l'écart de la scène politique turbulente du Liban. Il a fait carrière dans les affaires à l'étranger, se tenant souvent à l'écart des batailles qui agitaient la scène politique de Beyrouth. Mais lors de son entretien avec l'animatrice Katie Jensen, il a insisté sur le fait que sa décision de revenir aujourd'hui n'était pas une question de timing mais de responsabilité. (Photo AN)
Interrogé sur son message au chef du Hezbollah, Naim Qassem, et à ceux qui menacent la stabilité du Liban en cas de désarmement, M. Hariri a déclaré : "Le chiisme s'est établi dans les années 1960 et 1970, et il est aujourd'hui une réalité : "Le chiisme s'est établi au huitième siècle à Jabal Amil. C'est là qu'est née la théologie chiite, qui était modérée, avant d'être transférée à Nadjaf, en Irak. Nous devons penser à cette communauté et à la manière dont elle peut être partie prenante du nouveau Liban, afin que nous puissions prendre le Liban en main et aller de l'avant.

"Parce que la réalité va se produire en un rien de temps en Syrie. Et cette réalité imposera une nouvelle façon d'aller de l'avant. Et il vaut mieux que nous disions : "Adaptons-nous, soyons toutes les parties prenantes, asseyons-nous et allons de l'avant."

Alors que le Liban est aux prises avec l'effondrement de son économie, le gel des banques, le blocage des réformes et le spectre omniprésent du conflit, le retour de Bahaa Hariri réintroduit un nom familier dans le débat politique.

Mais pour lui, la mission est personnelle. "J'ai toujours vécu selon les valeurs de Rafic dans mes affaires et dans tout ce que j'ai fait. Et je ne suis pas ici pour prendre la suite de qui que ce soit, mais l'héritage Hariri", a déclaré Bahaa Hariri.

"Rafic Hariri, mon père, que son âme soit bénie, est la seule chose à laquelle je suis lié.

Reste à savoir si l'opinion publique libanaise est prête à accueillir un autre Hariri.