À cinq jours de l'investiture de Biden, Pompeo sanctionne tous azimuts

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a renforcé les mesures punitives contre plusieurs entités iraniennes des secteurs maritime, aérien et aérospatial pour contribution à la «prolifération» d'armes conventionnelles au Moyen-Orient (Photo, AFP).
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a renforcé les mesures punitives contre plusieurs entités iraniennes des secteurs maritime, aérien et aérospatial pour contribution à la «prolifération» d'armes conventionnelles au Moyen-Orient (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 16 janvier 2021

À cinq jours de l'investiture de Biden, Pompeo sanctionne tous azimuts

  • «La répression des libertés fondamentales par le régime Castro mérite la condamnation et la réaction de tous les pays qui respectent la dignité humaine»
  • La multiplication des sanctions comme outil privilégié de la diplomatie américaine est contestée côté démocrate et parmi de nombreux experts

WASHINGTON: Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a annoncé vendredi une nouvelle salve de sanctions tous azimuts contre les adversaires des Etats-Unis, déterminé jusqu'au bout à semer des obstacles sur la route du futur président Joe Biden à cinq jours de son investiture.

Dans une avalanche de communiqués, il a d'abord visé des entreprises basées en Iran, en Chine ou aux Emirats arabes unis accusées d'avoir eu recours au secteur iranien du transport maritime, déjà sur la liste noire américaine.

Et il a renforcé les mesures punitives contre plusieurs entités iraniennes des secteurs maritime, aérien et aérospatial pour contribution à la «prolifération» d'armes conventionnelles au Moyen-Orient.

«Pression maximale»

Des actes avant tout symboliques, mais le message est clair: Mike Pompeo durcira jusqu'à la dernière minute de son mandat la campagne de «pression maximale» contre Téhéran dont il est le fer de lance.

Avec une intention à peine voilée, celle de compliquer la tâche du président élu démocrate.

Joe Biden veut revenir dans l'accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, dont Donald Trump a retiré les Etats-Unis.

Pour cela, il devra notamment lever les sanctions américaines imposées par l'administration Trump.

Plus Mike Pompeo ajoute des strates, plus l'écheveau sera donc long et difficile à démêler par son successeur désigné Antony Blinken.

Washington a aussi imposé des sanctions financières au ministre cubain de l'Intérieur Lazaro Alberto Alvarez Casas, pour «violations graves des droits humains».

«La répression des libertés fondamentales par le régime Castro mérite la condamnation et la réaction de tous les pays qui respectent la dignité humaine», a martelé Mike Pompeo, qui, au département d'Etat, ne s'est pas distingué comme un défenseur des droits humains dans le monde.

L'administration Trump, qui s'est employée depuis quatre ans à revenir sur le rapprochement historique entre les Etats-Unis et l'île communiste engagé par l'ex-président américain Barack Obama, avait déjà remis lundi Cuba sur la liste noire des «Etats soutenant le terrorisme».

Là aussi, Joe Biden va se heurter à ces mesures dans son souhait de renouer avec une politique de détente avec La Havane.

«Cet effort pour mettre Cuba à l'index vient d'un régime dont la politique étrangère ne laisse derrière elle qu'isolement et défaites», a réagi le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez.

«Tristesse, colère et pitié»

La troisième série de sanctions décrétée vendredi pourrait être plus consensuelle.

Mike Pompeo a placé sur sa liste noire six responsables chinois ou honkgongais dans le sillage du coup de filet mené la semaine dernière par les autorités de Hong Kong contre plus d'une cinquantaine de figures de l'opposition prodémocratie, arrêtées au nom de la draconienne loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin.

Antony Blinken, qui sera auditionné mardi au Sénat appelé à valider sa nomination comme secrétaire d'Etat, a lui aussi promis d'être «au côté du peuple de Hong Kong contre la répression de Pékin».

Mais la multiplication des sanctions comme outil privilégié de la diplomatie américaine, portée à des niveaux inédits par le gouvernement sortant républicain, est contestée côté démocrate et parmi de nombreux experts. A leurs yeux, elle n'a pas permis au duo Trump-Pompeo d'infléchir l'attitude de ses bêtes noires, de l'Iran à la Chine en passant par Venezuela ou Cuba.

Après le 20 janvier, Mike Pompeo devrait dans un premier temps retourner au Kansas, dont il fut l'élu au Congrès. Le plus fidèle des ministres trumpistes, qui ne s'est pas démarqué du président même après l'assaut donné par ses partisans au Capitole, n'y recevra pas forcément le meilleur des accueils.

Dans un éditorial au vitriol, le journal Kansas City Star a estimé que le monde regarde aujourd'hui l'Amérique «avec un mélange de tristesse, de colère et de pitié».

«Il a passé les derniers mois à tout faire pour saboter la politique étrangère de la future administration Biden», a-t-il écrit. «L'Amérique se portera mieux après son départ. Et le Kansas se portera beaucoup mieux s'il décide de rester à l'écart de son Etat adoptif pour toujours».

Quant aux ambitions présidentielles de Mike Pompeo, elles sont douchées par l'un des premiers sondages sur la primaire républicaine pour 2024: il n'obtient que 1% des intentions de vote.


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».