Une carte interactive révèle la dimension des crimes du Hezbollah à l’échelle mondiale

Des partisans du Hezbollah lors d'une manifestation à Beyrouth. (Photo AFP).
Des partisans du Hezbollah lors d'une manifestation à Beyrouth. (Photo AFP).
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Publié le Mercredi 05 août 2020

Une carte interactive révèle la dimension des crimes du Hezbollah à l’échelle mondiale

  • Le projet, qui couvre quatre décennies d'activité, est le plus grand référentiel d’informations ouvertes sur le groupe
  • «Le Hezbollah investit beaucoup de temps et d'efforts dans ses campagnes médiatiques pour rendre public (ce qu'il veut) que vous sachiez : les activités politiques, sociales, caritatives et éducatives, (et) ses ONG»

NEW YORK : L’ampleur des activités secrètes et illicites du Hezbollah dans le monde  telle que révélée par une carte interactive créée par le Washington Institute for Near East Policy, est choquante.

Elle comprend environ 1 000 incidents et activités sur plus de quatre décennies, notamment un complot contrecarré à Chypre, un attentat à la bombe dans un bus en Bulgarie et le rôle du groupe dans la guerre civile syrienne.

A VOIR : La carte interactive de l'activité criminelle du Hezbollah

«Le Hezbollah investit beaucoup de temps et d'efforts dans ses campagnes médiatiques pour rendre public (ce qu'il veut) que vous sachiez : les activités politiques, sociales, caritatives et éducatives, (et) ses ONG», a déclaré Matthew Levitt, membre de Fromer-Wexler et directeur du programme Reinhard sur le contre-terrorisme et le renseignement à l'institut.

«Mais le Hezbollah investit au moins autant de temps, d’efforts et d’argent pour essayer (de) dissimuler ses activités secrètes - entreprises criminelles, blanchiment d’argent, activités militaires (et) terroristes - au Liban, dans la région et dans le monde».

Pendant des décennies, les universitaires, les fonctionnaires et les responsables politiques ont eu du mal à accéder à des informations complètes sur les activités mondiales du parti. Sa règle d'or, selon les détails qui ont émergé lors du procès et de la condamnation - à New York l'année dernière -  de l'agent du Hezbollah Ali Kourani, est «le moins vous en savez, le mieux vous vous portez».

«Ce projet vise à creuser un grand trou dans cette règle», a déclaré Levitt. «(Cela) permettra, espérons-le, aux gens d’avoir un débat plus solide sur l’ensemble des activités du Hezbollah».

La carte est le résultat de plusieurs années de travail pour Matthew Levitt. Il étudie le Hezbollah depuis les années 1990, se concentrant sur ses activités terroristes, l'acquisition d'armes, le blanchiment d'argent, le trafic de drogue et d'autres stratagèmes financiers illicites. Lors de la compilation des informations pour la carte, il a interviewé des gens du monde entier et obtenu des documents judiciaires et des rapports gouvernementaux.

L’aboutissement de cette entreprise est le plus grand référentiel au monde de documents ouverts sur le Hezbollah. Consultable par catégorie, lieu, chronologie et mots-clés, l'outil multimédia met à nu la portée des activités du Hezbollah, depuis les pseudonymes utilisés par ses agents, les itinéraires qu'ils empruntent lorsqu'ils voyagent, jusqu’aux thèmes les plus complexes liés par exemple, à la nature de l'organisation et à ses relations avec les États commanditaires.

«Le Hezbollah est intimement lié à l'Iran», indique Levitt. «Cela a toujours été le cas tant sur le plan idéologique que sur le plan opérationnel depuis sa création.  A l’époque, le Hezbollah avait envoyé quelque 1 500 officiers de la Force Al-Qods dans la vallée de la Bekaa pour aider à réunir une équipe hétéroclite de groupes militants chiites disparates en un seul parti « de Dieu » : le Hezbollah. Il y a beaucoup d’informations déclassifiées de la CIA depuis cette période.

«Il y a des entrées avec de toutes nouvelles informations, comme le nom de l'universitaire franco-libanais qui a acheté au Hezbollah un refuge (dans lequel) il stockait des explosifs à Chypre »

Matthew Levitt

«Il est également vrai (que) tant que le Hezbollah et l’Iran sont très proches, l’Iran donne au Hezbollah une grande liberté de décision au Liban. La façon dont je décris cela est (que) même dans un bon mariage, il y a des hauts et des bas. Il existe un mariage solide entre l’Iran et le Hezbollah. Depuis la guerre syrienne - avec le Hezbollah et l'Iran combattant ensemble dans les tranchées et supervisant ensemble le reste des milices chiites - ils sont devenus beaucoup plus proches ».

En plus de collecter et d'organiser des informations déjà connues, le projet de carte révèle d'autres détails qui n'étaient pas connus du grand public.

«Il y a des entrées avec de toutes nouvelles informations, comme le nom de l'universitaire franco-libanais qui a acheté au Hezbollah un refuge (dans lequel) il stockait des explosifs à Chypre », a déclaré Levitt.

«Il existe de nombreux renseignements déclassifiés sur des incidents non signalés auparavant. À la fin des années 1990, par exemple, le Hezbollah, avec le Jihad islamique palestinien, complotait pour cibler les immigrants juifs de l'ex-Union soviétique et la synagogue de Varsovie », selon la CIA.

«De même, (on y trouve) des choses plus banales. Par exemple, (le parlementaire du Hezbollah) Mohammed Raad prévoyait, en collaboration avec le haut responsable de la sécurité du Hezbollah, Wafiq Safa, d'identifier les agents du Hezbollah qui pourraient obtenir la citoyenneté étrangère puis être déployés à l'étranger dans le cadre d'opérations du Hezbollah ».

Selon Levitt, la carte détruit le mythe selon lequel la branche militaire du Hezbollah est une entité disparate au sein de l’organisation au sens large.

«En effet, cette carte essaie de présenter des informations qui n'étaient pas du tout dans le domaine ouvert ou qui n'étaient pas facilement accessibles, et certainement pas toutes disponibles dans un guichet unique pour que le public puisse en prendre connaissance et en débattre », précise-t-il.
«Je pense que cela va mettre la pression sur le Hezbollah parce que, même si cela n’est pas très connu, le Hezbollah se livre à un très large éventail d'activités illicites et violentes qui n'ont souvent rien à voir avec sa position au Liban ou sa haine d’Israël».

Visitez www.washingtoninstitute.org/hezbollahinteractivemap pour voir la carte. C'est un projet en cours qui continuera d'être mis à jour avec de nouvelles informations et documents.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com.


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.