Blinken accuse la Turquie de ne pas agir en alliée, envisage une ligne dure

Antony J. Blinken, originaire de New York, s’exprime lors de son audience de confirmation au poste de secrétaire d’État devant la Commission des relations étrangères du Sénat américain, à Washington, le 19 janvier 2021 (Photo, Reuters).
Antony J. Blinken, originaire de New York, s’exprime lors de son audience de confirmation au poste de secrétaire d’État devant la Commission des relations étrangères du Sénat américain, à Washington, le 19 janvier 2021 (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 21 janvier 2021

Blinken accuse la Turquie de ne pas agir en alliée, envisage une ligne dure

  • Antony Blinken, nommé par Biden au poste de secrétaire d’État, a accusé Ankara mardi de ne pas agir comme une alliée. Les relations entre les États-Unis et la Turquie sont déjà tendues
  • Le premier diplomate américain a annoncé que Washington compte examiner la possibilité d’appliquer de nouvelles sanctions à la Turquie, en raison de son achat controversé du système de défense aérienne russe S-400

ANKARA: La nouvelle administration américaine de Joe Biden aux États-Unis a laissé entendre qu’elle compte adopter une approche de politique étrangère plus intransigeante avec la Turquie, qui est 0membre de l’Otan.

Antony Blinken, nommé par Biden au poste de secrétaire d’État, a accusé Ankara mardi de ne pas agir comme une alliée. Les relations entre les États-Unis et la Turquie sont déjà tendues.

Le premier diplomate américain a annoncé que Washington compte examiner la possibilité d’appliquer de nouvelles sanctions à la Turquie, en raison de son achat controversé du système de défense aérienne russe S-400.

Dans une locution prononcée lors de son audience de confirmation devant la Commission des relations étrangères du Sénat américain, Blinken a déclaré que «L’idée que l’un de nos partenaires, un partenaire supposément stratégique de surcroît, s’aligne avec l’un de nos plus grands concurrents en Russie est inacceptable».

Aaron Stein, directeur de recherche du groupe de réflexion américain Foreign Policy Research Institute, a indiqué à Arab News que «La question du S-400 ne disparaîtra pas comme par magie, ce qui veut dire que les sanctions seront probablement maintenues».

Il a affirmé que la balle était désormais dans le camp de la Turquie. « Si Ankara accepte qu’un mécanisme pour vérifier le non-déploiement du système est nécessaire pour rétablir notre confiance, la situation pourrait s’améliorer».

Cependant, a-t-il ajouté, si la Turquie pose comme conditions de simplement accepter tout ce qu’elle fait pour réinitialiser la relation, rien ne pourrait avancer.

Blinken est connu pour être familier avec les préoccupations de la Turquie en matière de sécurité intérieure et a été le premier diplomate américain à visiter Ankara peu après le coup d’État raté en 2016.

«L’administration Biden adoptera probablement une approche prudente avec la Turquie étant donné les défis de la sécurité régionale, comme les menaces continues de la Russie, l’Iran, la Syrie, et le terrorisme », a dit Jonathan Katz, chercheur principal au German Marshall Fund des États-Unis, à Arab News.

Toutefois, il a confié que des préoccupations bipartites et des questions de confiance liées au président turc Recep Tayyip Erdogan subsistent, non seulement au sujet de la situation du S-400, mais aussi sur le recul démocratique et la corruption, et que ces questions auraient un impact sur la manière dont la nouvelle administration et le Congrès américain gèrent la relation sensible entre les États-Unis et la Turquie.

«À la place d’Erdogan, je ne m’attendrais pas à ce que Washington se presse pour annuler les sanctions de la loi CAATSA (Countering America's Adversaries Through Sanctions Act) en vigueur, ou des restrictions ayant un impact sur la participation de la Turquie au programme F-35 (avion de chasse furtif américain)», a ajouté Katz.

Ali Cinar, expert en politique étrangère sur les relations turco-américaines, a expliqué à Arab News que Biden adopterait probablement une approche conforme à la politique étrangère de l’ex-président américain Barack Obama, et que cette relation ne sera pas facile.

«L’administration Biden a beaucoup de préoccupations concernant la Turquie, telles que les S-400, la Syrie, les droits de l’homme et la liberté d’expression. De nouveaux problèmes s’ajoutent aux questions actuelles, mais les liens ne se briseront pas complètement », a-t-il indiqué.

Cinar s’attend à davantage de négociations, de compromis et de relations diplomatiques intenses entre Ankara et Washington sous l’administration Biden.

La nomination de Blinken suit l’affectation de Brett McGurk au poste de directeur principal du Conseil national de sécurité pour la politique de Washington au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Sa désignation devrait déclencher la sonnette d’alarme à Ankara. Les dirigeants turcs ont précédemment accusé McGurk d’être l’instigateur de l’armement des Unités de protection du peuple kurde syrien (YPG), considérés comme un groupe terroriste par la Turquie.

Les États-Unis ont récemment imposé des sanctions au secteur de défense turc avec le soutien bipartite du Congrès américain. C’est la première fois que Washington utilise la loi CAATSA contre un allié de l’Otan.

Caroline Rose, analyste principale et directrice du programme de vide stratégique au Center for Global Policy à Washington, note que Blinken a fait référence à la Turquie non pas comme un allié de l’Otan, mais comme «partenaire stratégique», un mauvais signe dans les relations bilatérales. «Mais je pense que cette fois-ci, les États-Unis essaieront de renforcer leur politique à l’égard de la Turquie avec leurs partenaires européens afin d’adopter une approche plus multilatérale», a-t-elle mentionné.

Rose a ajouté que Blinken, transatlantique dans l’âme, se focaliserait probablement sur le fait de freiner le comportement turc dans sa périphérie, principalement en Méditerranée orientale, grâce à une plus grande coopération avec l’UE et le Forum du gaz de la Méditerranée orientale.

Katz a également souligné les interactions entre la politique intérieure turque et les mesures de politique étrangère de l’administration américaine.

«La politique intérieure de la Turquie est très bien cernée par Washington, et elle aura un impact sur les décideurs politiques, y compris la possibilité d’élections anticipées et de nouveaux dirigeants potentiels à Ankara », a-t-il précisé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'offensive israélienne contre l'Iran est une menace pour tous, déclare le roi de Jordanie devant le Parlement européen

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  • Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël"

AMMAN : L'offensive élargie d'Israël contre l'Iran est une menace pour tous, a déclaré mardi le roi de Jordanie Abduallah II devant le Parlement européen à Strasbourg.

"Les attaques contre l'Iran menacent d'une dangereuse escalade dans notre région et au-delà", a-t-il déclaré.  

"Si notre communauté mondiale n'agit pas de manière décisive, nous nous rendons complices de la réécriture de ce que signifie être humain. Si les bulldozers israéliens continuent de démolir illégalement les maisons, les oliviers et les infrastructures palestiniennes, ils détruiront également les rails qui défient les principes moraux", a-t-il ajouté.

Il a réaffirmé la nécessité de créer un État palestinien souverain et l'importance d'accorder aux Palestiniens le droit à la liberté et au statut d'État.

"La sécurité mondiale ne sera pas assurée tant que la communauté internationale n'agira pas pour mettre fin à la guerre de trois ans en Ukraine et au conflit israélo-palestinien, le plus long et le plus destructeur du monde", a déclaré M. Al-Hussein.

Le roi a évoqué l'échec du droit international et de l'intervention à Gaza et a déclaré que ce qui était considéré comme une atrocité il y a 20 mois est désormais devenu une routine.

"L'armement de la famine contre les enfants, le ciblage des travailleurs de la santé, des journalistes et des enfants sont tous devenus normaux après l'échec de la communauté internationale", a-t-il déclaré.

Le leadership de l'Europe sera essentiel pour choisir le bon cours de l'histoire, a déclaré le roi, qui a assuré la Jordanie de son soutien à l'UE.

"Ce conflit doit cesser et la solution est ancrée dans le droit international. Le chemin de la paix a déjà été emprunté, et il peut l'être à nouveau si nous avons le courage de le choisir et la volonté de le parcourir ensemble", a-t-il conclu.

Mardi matin, Israël a demandé à des centaines de milliers de personnes d'évacuer le centre de la capitale iranienne, alors que la campagne aérienne israélienne sur Téhéran semblait s'étendre au cinquième jour d'un conflit qui s'intensifie.

Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée visant à empêcher Téhéran de fabriquer une arme atomique.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël".

Depuis lors, l'Iran a lancé des attaques de représailles sur Tel-Aviv, certains missiles ayant été interceptés avant l'impact et d'autres ayant frappé des bâtiments en Israël.

Les autorités sanitaires ont indiqué que 1 277 personnes avaient été blessées en Iran. Les Iraniens ont également fait état d'un rationnement du carburant.

Le conflit a également contraint la plupart des pays du Moyen-Orient, dont l'Irak, la Jordanie et le Liban, à fermer leur espace aérien. Des dizaines d'aéroports ont interrompu tous les vols ou réduit considérablement leurs activités, laissant des dizaines de milliers de passagers bloqués et d'autres incapables de fuir le conflit ou de rentrer chez eux.


L'UE estime que la diplomatie est le seul moyen de résoudre le conflit israélo-iranien

La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
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  • L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas,
  • « L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté.

BRUXELLES : L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

« Nous sommes tous convenus de la nécessité urgente d'éviter l'escalade. L'Iran ne peut pas avoir de bombe nucléaire et la diplomatie est la solution pour y parvenir », a-t-elle souligné devant la presse, à l'issue de cette réunion qui s'est tenue par visioconférence entre les 27.

« L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté, précisant par ailleurs que l'UE avait décidé d'aider les États membres à évacuer leurs ressortissants « s'ils le désirent ».

L'armée israélienne mène depuis vendredi des frappes sans précédent sur l'Iran, avec pour objectif affiché d'empêcher Téhéran d'obtenir la bombe atomique.

En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés, selon un bilan officiel établi dimanche. Selon le bureau de Benjamin Netanyahu, les salves de missiles et de drones tirées en représailles par l'Iran ont fait au moins 24 morts en Israël.

Les ministres des Affaires étrangères des 27 doivent se retrouver lundi pour une réunion à Bruxelles. 


Gaza: la Défense civile annonce au moins 50 morts dans des tirs israéliens près d'un centre d'aide

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
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  • Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique"
  • La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud)

JERUSALEM: La Défense civile de la bande de Gaza a affirmé mardi que les forces israéliennes avaient tué au moins 50 personnes qui s'étaient rassemblées près d'un centre de distribution d'aide dans le sud du territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan.

Le porte-parole de cet organisme de premiers secours, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP qu'au moins 50 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées alors que des milliers de Palestiniens s'étaient rassemblés dans la matinée pour recevoir de l'aide à Khan Younès.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les informations annoncés par la Défense civile.

"Des drones israéliens ont tiré sur les gens. Quelques minutes plus tard, des chars israéliens ont tiré plusieurs obus (...), ce qui a entraîné un grand nombre de martyrs et de blessés", a encore affirmé M. Bassal, accusé par l'armée israélienne de répandre de fausse information sur sur ses opération à Gaza.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit "examiner" les faits.

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique".

La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud).

Le territoire palestinien est ravagé par plus de 20 mois de guerre entre Israël et le Hamas, et la situation continue de se détériorer sur le terrain.

Elle a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité après leur enlèvement ce jour-là.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré lundi que 5.139 personnes avaient été tuées depuis la reprise des frappes israéliennes sur le territoire le 18 mars, après une courte trêve.

Le bilan total à Gaza depuis le début de la guerre s'élève à 55.432 morts, selon le ministère de la Santé.