Jordanie: la pandémie a poussé des milliers d'enfants à travailler

« Depuis plusieurs mois, je transporte des légumes et des poulets sur le marché », dit-il en tirant sa charrette plein de victuailles (Photo, AFP)
« Depuis plusieurs mois, je transporte des légumes et des poulets sur le marché », dit-il en tirant sa charrette plein de victuailles (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 23 janvier 2021

Jordanie: la pandémie a poussé des milliers d'enfants à travailler

  • «Dès que les écoles rouvrent j'y retourne. Je ne veux pas que le corona détruise mon rêve. J'adorerais continuer mes études pour devenir pilote», confie Omar, âgé de 14 ans
  • « Comme l'école est fermée, j'aide financièrement ma famille. Je travaille de 9 heures du matin à 9 heures du soir»

AMMAN: La crise sanitaire a compromis les rêves d'Omar de devenir pilote. Chaque matin, il a un pincement au cœur quand il passe devant les portes closes de son collège d'un quartier défavorisé d'Amman pour rejoindre l'atelier où il répare des poêles au kérosène. 

En Jordanie, la fermeture depuis près d'un an des établissements scolaires a poussé des milliers d'enfants, selon une ONG, vers le travail précoce avec d'autant plus d’urgence que la pandémie a souvent privé leur père de son gagne-pain. 

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Vêtu d'un chandail rose et d'un jean tachés, Omar s'applique à nettoyer la grille d'un radiateur avant de s'attaquer au réchaud avec ses mains noircies (Photo, AFP)

Ils ont rejoint les 76 000 enfants qui, selon des chiffres officiels datant de 2016, sont contraints de travailler, bien que la loi interdise le travail des moins de 16 ans. 

« Dès que les écoles rouvrent j'y retourne. Je ne veux pas que le corona détruise mon rêve. J'adorerais continuer mes études pour devenir pilote », confie Omar, âgé de 14 ans. 

Mais il devra attendre. Le ministère a annoncé la réouverture en février des maternelles, des classes élémentaires et des terminales. Les autres niveaux doivent retourner à l'école au mois de mars. 

Douze heures par jour 

Vêtu d'un chandail rose et d'un jean tachés, Omar s'applique à nettoyer la grille d'un radiateur avant de s'attaquer au réchaud avec ses mains noircies. 

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Mohammad, 14 ans, arrange des boîtes de fraises dans l'un des marchés de fruits et légumes populaires d'Amman (Photo, AFP)

« Comme l'école est fermée, j'aide financièrement ma famille. Je travaille de 9 heures du matin à 9 heures du soir. Cela me dérange pas. Ce qui est insupportable c'est l'odeur du kérosène », confie-t-il. 

« Dès que j'arrive chez moi, je me douche, je me savonne mais l'odeur ne disparaît pas. Je suis tellement harassé que je mange rapidement et vais me coucher », ajoute-t-il. 

Il perçoit 3 dinars par jour (3,4 euros), ce qui lui permet de contribuer au loyer qui s'élève à 130 dinars (environ 151 euros) par mois. Un salaire vital d'autant que son père, ouvrier journalier, est comme beaucoup d'autres sans emploi, à cause de l'épidémie. 

« Nous n'avons pas de chiffres précis mais nous craignons qu'avec le corona le nombre d'enfants qui travaillent se soit accru. C'est d'ailleurs logique car nous savons que le taux de pauvreté augmente », a expliqué la représentante de l'Unicef en Jordanie, Tania Chapuisat. 

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« Depuis plusieurs mois, je transporte des légumes et des poulets sur le marché », dit-il en tirant sa charrette plein de victuailles (Photo, AFP)

Un constat corroboré par Khader Abu Zaid, 58 ans, qui loue des dizaines de charrettes à bras sur le marché populaire du quartier de Wahdat. 

« Depuis la fermeture des écoles à cause de la pandémie, le nombre d'enfants qui louent mes charrettes a augmenté », affirme-t-il. 

« Désormais, seuls les jeunes entre 12 et 17 ans chargent sur le marché », explique-t-il et selon lui ils gagnent environ cinq dinars par jour (5,8 euros), et parfois plus. 

C'est le cas de Moustafa, 12 ans, qui s'est aussi retrouvé à la rue après la fermeture des écoles.  

« Depuis plusieurs mois, je transporte des légumes et des poulets sur le marché », dit-il en tirant sa charrette plein de victuailles. Il affirme gagner cinq dinars. 

« Je loue mon charreton un dinar par jour et je donne les quatre autres à ma famille pour aider aux dépenses », confie-t-il. 

Augmentation de la pauvreté 

Selon les chiffres officiels, le taux de pauvreté était de 15,7% en Jordanie à l'automne 2020 mais la Banque mondiale prévoyait une augmentation à court terme de 11 points. 

La Jordanie, qui a enregistré plus de 317 000 cas de Covid-19 dont plus de 4 180 mortels, a commencé la semaine dernière sa campagne de vaccination, mais la situation ne pousse pas à l'optimisme.  

Directeur de l'ONG Observatoire jordanien du travail, Ahmad Awad estime que des milliers d'enfants se sont mis à travailler depuis le début de la crise sanitaire, et il dit craindre que ce phénomène « augmente considérablement en raison de la pandémie ». 

Pour la coordinatrice en Jordanie de l'Organisation international du travail (OIT), Farida Khan, les enfants de familles pauvres souffrent de l'absence d'enseignement en présentiel. 

« La plupart des familles ayant une éducation lacunaire sont incapables d'aider leurs enfants en apprentissage à distance », dit-elle. 

« Nous savons que seulement 31% des enfants scolarisés en Jordanie ont accès à Internet et parmi eux un quart ne se connecte jamais à une plateforme d'apprentissage », assure en outre Mme Chapuisat. 


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk