La révolution égyptienne: un rêve qu’il reste à accomplir?

Le 25 janvier, la place Tahrir du Caire est devenue l’épicentre symbolique des mouvements contestataires: les manifestants s’installent, sous l’œil scrutateur des médias du monde entier. (Photo fournie).
Le 25 janvier, la place Tahrir du Caire est devenue l’épicentre symbolique des mouvements contestataires: les manifestants s’installent, sous l’œil scrutateur des médias du monde entier. (Photo fournie).
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Publié le Lundi 25 janvier 2021

La révolution égyptienne: un rêve qu’il reste à accomplir?

  • Abdel Latif al-Menawy était aux premières loges pour assister aux événements du 25 janvier 2021
  • «Les Égyptiens aiment donner l’impression d’un peuple calme comme la surface des eaux du Nil, sur les rives duquel nous avons vécu depuis l’aube de la civilisation», écrit Al-Menawy

DUBAÏ: Abdel Latif al-Menawy était aux premières loges pour assister aux événements du 25 janvier 2021 et aux semaines tumultueuses qui ont suivi. En tant que responsable des actualités pour l’Union de la radio et de la télévision égyptienne d’État égyptienne, il a pu témoigner du déroulement de ce mouvement révolutionnaire depuis sa salle de rédaction située dans l’immeuble Maspero, sur la corniche du Nil, siège de la chaîne de télévision. Aujourd’hui, dix ans après les faits, M. Al-Menawy revient sur la chute d’Hosni Moubarak et sur les événements qui ont mené à sa disgrâce.

La plupart des récits des printemps arabes commencent de la même manière. À plus de 3 000 kilomètres à l’ouest du Caire, à Tunis, la capitale tunisienne, le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, un pauvre marchand ambulant, s’immole par le feu après que la police a confisqué sa cargaison de fruits. Son appel désespéré à la justice déclenche une réaction en chaîne, entraînant les Tunisiens dans la rue et contraignant Zine el-Abidine ben Ali, qui dirige le pays depuis vingt-trois ans, à quitter le pouvoir.

«Le 25 janvier marque sans aucun doute le début d’un nouveau chapitre dans l’histoire de l’Égypte moderne. Peu importent ses conséquences ou l’instabilité politique et sécuritaire qu’a pu connaître le pays par la suite.»

Abdel Latif al-Menawy

Le sacrifice de Mohamed Bouazizi et la révolution du Jasmin qu’il a inspirée ont été ressentis dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, où des pans entiers de la population avaient souffert pendant de longues années de la stagnation économique, d’un chômage de masse ainsi que, d’une part, de la corruption des élites, et de la limitation des libertés individuelles, assortie, d’autre part, à une forte répression policière.

Prenant exemple sur la colère des Tunisiens, des foules de jeunes Égyptiens «prennent» la rue le 25 janvier, exigeant le changement. La place Tahrir, dans le centre-ville du Caire, devint l’épicentre symbolique du mouvement. Les manifestants prennent possession des lieux sous l’œil des médias du monde entier. La réaction agressive des forces de police, qui voulaient décourager le mouvement, ne fit qu’attiser les braises, et des appels à la démission de Moubarak s’élèvent.

«Les Égyptiens aiment donner l’impression d’un peuple calme comme la surface des eaux du Nil, sur les rives duquel nous avons vécu depuis l’aube de la civilisation», note M. Al-Menawy dans son livre Tahrir: les dix-huit derniers jours de Moubarak, paru en 2012, qui relate ces semaines inoubliables.

«Mais il suffit de se pencher au-dessus de ces eaux calmes pour distinguer un grand nombre de tourbillons et de courants. L’erreur fatale du régime de l’ancien président Moubarak et de ses prédécesseurs, c’est qu’ils n’ont jamais perçu la nature profonde du peuple égyptien.»

M. Al-Menawy pense en effet que le gouvernement Moubarak a raté de nombreuses occasions de prendre en compte les doléances du pays, ce qui a finalement provoqué sa chute. Avec dix ans de recul, le grand reporter se demande dans quelle mesure l’histoire aurait pu prendre un autre tournant.

«Je pense qu’il y avait déjà eu des changements en Égypte et que ces changements n’ont pas commencé le 25 janvier mais avant, à cause de l’instabilité de la situation politique du pays, résultat d’erreurs commises par le régime d’Hosni Moubarak», déclare-t-il à Arab News.

«Le régime n’a alors pas saisi cette opportunité pour corriger la situation et il a gâché la chance qui lui avait été offerte. C’est pourquoi, tout naturellement, les gens sont descendus dans la rue pour réclamer le changement.»

L’Égypte est le pays le plus densément peuplé du monde arabe, avec près de 85 millions d’habitants en 2011, à l’époque de la révolution. Le dernier recensement ferait état de 104 millions d’habitants.

Les taux de pauvreté à la veille du soulèvement sont variables: selon certaines études, presque 40 millions d’Égyptiens (c’est-à-dire près de la moitié de la population) vivaient alors sous le seuil de pauvreté, avec moins de 2 dollars (soit 1,65 euro) par jour.

Malgré une croissance économique de 7,2% de 2000 à 2010, la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté est montée de 17,8% à 23%, selon les chiffres de 2010 du conseil des ministres égyptien.

La revolution en Egypte Chronologie

25 janvier 2011: des manifestants se rassemblent par milliers place Tahrir, au Caire.

11 février: démission du président Moubarak. Un conseil militaire provisoire prend le pouvoir.

19 mars: approbation par le peuple égyptien des amendements constitutionnels, ouvrant la voie à des élections démocratiques.

24 juin 2012: le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, sort vainqueur du scrutin.

30 juin 2013: pendant des jours, les Égyptiens manifestent en réclamant la démission de Mohammed Morsi.

3 juillet: le ministre de la Défense, Abdel Fattah al-Sissi, annonce le départ de Mohammed Morsi.

25 décembre: les Frères musulmans sont répertoriés comme organisation terroriste.

28 mai 2014: victoire d’Abdel Fattah al-Sissi à l’élection présidentielle.

En outre, le gouffre entre riches et pauvres n’a pas cessé de se creuser, entre une élite minoritaire vivant dans le luxe et la majeure partie de la population luttant contre un coût de la vie de plus en plus élevé. Les prix du pétrole augmentaient et on déplorait des cas de pénurie alimentaire.

Il fut pratiquement impossible de remettre le génie dans sa bouteille lorsque ces années de frustration accumulée ont trouvé leur expression à l’occasion du printemps arabe. M. Al-Menawy garde un souvenir très vif de ce moment, le 28 janvier 2011 à cinq heures du matin, lorsqu’un officier de la Garde républicaine s’est présenté à son bureau, flanqué de deux soldats, pour lui annoncer que le bâtiment Maspero – les locaux de la télévision nationale – passait dorénavant sous commandement militaire.

Les manifestants, exaspérés par la couverture médiatique des événements, avaient tenté de prendre d’assaut le plateau de télévision. C’était dorénavant aux forces de sécurité de décider qui était autorisé à entrer et sortir du bâtiment, tandis que la répression s’accentuait dans le pays.

L’autre moment grave, dans les souvenirs du journaliste, a eu lieu deux semaines plus tard lorsqu’Omar Souleymane, alors vice-président et chef du renseignement, a pénétré dans le bâtiment et a annoncé la démission du président Moubarak.

 

M. Souleymane s’est ainsi adressé à la nation, au cours d’une brève allocution: «Au nom de Dieu miséricordieux et compatissant. Citoyens, au cours de ces journées difficiles que traverse l’Égypte, le président Moubarak a décidé de quitter ses fonctions de président de la République et il a confié la marche du pays au Conseil supérieur des forces armées.» Un conseil militaire fut établi afin de gérer les affaires du pays. 

Ce fut une explosion de joie place Tahrir. La jeunesse d’Égypte sentait enfin arrivée l’heure de créer une société plus juste. Il ne s’agissait en fait que du commencement d’une nouvelle période de soulèvements et d’incertitude.

«Le 25 janvier marque sans aucun doute le début d’un nouveau chapitre dans l’histoire de l’Égypte moderne. Peu importent ses conséquences ou l’instabilité politique et sécuritaire qu’a pu connaître le pays par la suite», constate M. Al-Menawy.

«Je crois que la responsabilité des événements incombe à toutes les parties. Tout le monde a fait des erreurs. Mais ce fut un point tournant de la vie politique en Égypte. Je crois que nous en sommes encore à la phase des réformes et que cette phase va, sans aucun doute, durer encore longtemps, car tout changement est difficile.»

Les souhaits formés sur la place Tahrir ne furent pas exaucés par le départ d’Hosni Moubarak. Au lieu de cela, le pays fut secoué par de nouveaux désastres économiques et par l’ascension vers le pouvoir de Mohammed Morsi, l’un des dirigeants des Frères musulmans, mouvement à présent interdit.

«Je crois que la seule réussite du 25 janvier, c’est qu’un caillou a été lancé dans les eaux stagnantes de la vie politique», constate M. Al-Menawy.

«Parmi les échecs que l’on peut constater, il y a la détérioration de l’économie égyptienne après une période de stabilité. Les événements ont également conduit à un état de violence extrême dans la société – qu’il s’agisse de violence physique ou idéologique.»

La Libye, la Syrie et le Yémen ont également été balayés par le tumulte des printemps arabes. Mais, au lieu d’émerger avec des forces renouvelées, ces nations ont été jetées dans une décennie de guerres civiles dont l’issue demeure incertaine.

Entre-temps, la Tunisie «tâche de réorganiser la société par le biais des urnes», note M. Al-Menawy. Seule l’Égypte a su corriger sa trajectoire, avec la révolution du 30 juin.

La «deuxième révolution égyptienne» eut lieu en 2013, un an après l’arrivée au pouvoir de Mohammed Morsi.  Cet été-là, de nouveaux mouvements protestataires ont forcé le nouveau président à abandonner le pouvoir et l’organisation des Frères musulmans a été désignée comme terroriste.

Au cours de l’année suivante, le ministre de la Défense Abdel Fattah al-Sissi a remporté l’élection présidentielle et a prêté serment.

Pourquoi la révolution égyptienne a-t-elle suivi cette voie plutôt qu’une autre? Pour M. Al-Menawy, le pays bénéficie d’un sentiment patriotique puissant et d’institutions solides: «L’Égypte est un grand pays qui puise ses racines dans l’histoire de l’humanité. C’est une société diversifiée et pourtant harmonieuse. Ce pays possède également une armée nationale forte et unie, ce qui ne se retrouve pas nécessairement dans d’autres pays tenaillés par des conflits sectaires, ethniques et tribaux», explique-t-il.

À l’orée d’une nouvelle décennie, M. Al-Menawy espère que son pays va poursuivre ses réformes politiques, sociales et économiques, et proposer des perspectives compétitives.

De son point de vue, le plus important des enseignements de la révolution du 25 janvier se résume en ces mots: «La majorité des Égyptiens aiment profondément leur pays, mais chacun d’une manière différente.»

Twitter: @jumanaaltamimi

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.