Tripoli sous le choc des violences, les politiques se renvoient les accusations

Le maire de Tripoli, Riyad Yamaq (3e à droite), inspecte une salle incendiée au Sérail (siège du gouvernorat), dans la ville portuaire appauvrie de Tripoli au nord du Liban, le 29 janvier 2021 (Photo, AFP).
Le maire de Tripoli, Riyad Yamaq (3e à droite), inspecte une salle incendiée au Sérail (siège du gouvernorat), dans la ville portuaire appauvrie de Tripoli au nord du Liban, le 29 janvier 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 30 janvier 2021

Tripoli sous le choc des violences, les politiques se renvoient les accusations

  • L'ancien Premier ministre Najib Mikati, originaire de Tripoli, a exhorté vendredi l'armée «à prendre le contrôle de la situation à Tripoli dans les prochaines 48 heures
  • «Pourquoi l'armée est-elle restée immobile jeudi soir sans rien faire pour le bâtiment en feu? », s’est interrogé Saad Hariri

BEYROUTH: Les émeutes qui accompagnent les manifestations à Tripoli, deuxième plus grande ville du Liban, depuis plusieurs jours, et qui ont conduit à l'incendie du bâtiment municipal jeudi soir, ont choqué le public et les responsables libanais, sans convaincre les politiciens à coopérer pour former un nouveau gouvernement.

L'ancien Premier ministre Najib Mikati, originaire de Tripoli, a exhorté vendredi l'armée «à prendre le contrôle de la situation à Tripoli dans les prochaines 48 heures, sinon, la situation risque de devenir extrêmement dangereuse».

De son côté, Le Premier ministre désigné Saad Hariri a qualifié ces événements de «crime organisé», en affirmant que «chaque personne qui a comploté pour mettre en péril la stabilité de la ville, incendier ses institutions et occuper ses rues devrait être tenue responsable».

Hariri a ajouté que ceux qui ont enflammé la ville sont «des criminels qui n’ont rien à voir avec Tripoli».

«Pourquoi l'armée est-elle restée immobile jeudi soir sans rien faire pour le bâtiment en feu? Qui protégerait Tripoli si l'armée ne le faisait pas?», s’est interrogé Hariri. Il a cependant refusé toute référence aux allégations d'infiltrations d’extrémistes islamistes dans la ville et leur participation aux agitations sociales. «S'il y avait un plan pour introduire l'extrémisme dans la ville, qui lui ouvre donc les portes?», a-t-il affirmé.

Les émeutes s’étaient intensifiées jeudi soir, lorsque les manifestants avaient lancé des cocktails Molotov, des grenades et des pierres sur les forces de sécurité, qui ont à leur tour utilisé gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc et même des balles réelles.

Les habitants de Tripoli se sont réveillés vendredi matin pour découvrir l’ampleur des dégâts causés par les affrontements nocturnes. Le commandement de l'armée libanaise a déclaré que «trois personnes ont été arrêtées, dont un Syrien, pour avoir participé à des actes de vandalisme et avoir provoqué un incendie. Deux autres personnes ont été arrêtées pour avoir participé aux émeutes et empêché les pompiers d'accéder au bâtiment».

Les manifestants sont dans les rues depuis dimanche dernier pour s’opposer à la prolongation du couvre-feu qui a été instaurée sans indemnisation pour les personnes touchées par les fermetures.

Tripoli compte plus de 750 000 habitants, dont 23% vivent avec moins de deux dollars par jour.

Tache d’huile

Dans le même temps, les craintes s’intensifient d’un effet potentiel de tache d’huile de ces émeutes vers d'autres grandes villes du pays. Les affrontements mobiles entre l’armée libanaise et les manifestants ont déjà causé la mort d’un homme à Tripoli et blessé des dizaines de personnes ainsi que quelques membres des Forces de sécurité intérieure (FSI).

Le bâtiment municipal de Tripoli qui date de la période ottomane a été pris d'assaut, pillé et incendié à la suite d'un sit-in jeudi pour dénoncer le déploiement des forces armées dans la ville.

Le maire de Tripoli, Riad Yamaq, a affirmé que «les émeutiers venaient certainement de l'extérieur de Tripoli», alors qu’une source de sécurité a révélé que «les forces de sécurité détiennent des photos des personnes qui ont lancé des grenades sur le bâtiment et qui ont été identifiées comme ayant certaines affiliations politiques».

Une personnalité politique de Tripoli a déclaré à Arab News qu’ «il y a une tentative d’insinuer que la responsabilité de ce qui s'est passé incombe à l'armée, ce qui représente une grave erreur ».

«Que leurs émeutes soient politiquement motivées ou spontanées, il s’agit le cas échéant de noter que les manifestants sont issus de quartiers pauvres, n’ont pour leur majorité jamais été scolarisés, sont au chômage, et ne peuvent être contrôlés. Ce qui s'est passé à Tripoli ne se passera pas dans d'autres villes libanaises car une telle précarité n'existe que dans cette ville du nord», a poursuivi le responsable politique.

Une autre source a également déclare à Arab News sous couvert de l'anonymat que «ce qui s'est passé jeudi soir peut être évité à l'avenir si des mesures strictes sont imposées par les forces de sécurité, ce qui mettrait fin, sans violence, aux manifestations, et dissuaderait les émeutiers de poursuivre leurs actions par crainte de poursuites».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
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  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.