Projet de loi bioéthique: manifestations en France, des incidents à Angers et Rennes

Environ 250 manifestants contre la loi bioéthique manifestaient avec des drapeaux verts «liberté égalité paternité» (Photo, AFP)
Environ 250 manifestants contre la loi bioéthique manifestaient avec des drapeaux verts «liberté égalité paternité» (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 30 janvier 2021

Projet de loi bioéthique: manifestations en France, des incidents à Angers et Rennes

  • Quelque 600 contre-manifestants, surtout des jeunes, ont tenté d'empêcher cette manifestation, lançant des projectiles ou scandant «cassez-vous!»
  • Trois personnes ont été interpellées pour violences sur les forces de l'ordre, rébellion, outrage et jets de projectiles

PARIS: Quelques milliers de personnes ont manifesté en France samedi contre le projet de loi bioéthique à l'appel de la « Manif pour tous », notamment à Rennes et Angers où des heurts ont opposé manifestants et contre-manifestants. 

Des manifestations ont aussi eu lieu à Lille, Bordeaux ou la Défense, près de Paris, mais la principale s'est déroulée à Angers où environ 900 personnes se sont rassemblées. Une contre-manifestation, autorisée par la préfecture, a attiré le même nombre de participants. 

De légers incidents ont éclaté entre les deux camps. Selon la préfecture, deux interpellations ont eu lieu dans les rangs de la « contre-manifestation ». 

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Plusieurs vieilles dames ont quitté le rassemblement le visage en larmes (Photo, AFP)

Selon le photographe présent sur les lieux, la police a procédé à des tirs de grenades lacrymogènes. 

D'autres incidents ont eu lieu à Rennes, lorsque des contre-manifestants ont tenté d'empêcher le rassemblement déclaré. 

Sur la place Charles de Gaulle, dans le centre-ville, environ 250 personnes manifestaient avec des drapeaux verts « liberté, égalité, paternité ». Quelque 600 contre-manifestants, surtout des jeunes, ont tenté d'empêcher ce rassemblement, lançant des projectiles ou scandant « cassez-vous! ».   

Les forces de l'ordre ont tenté de protéger la manifestation déclarée, utilisant le canon à eau et lançant des gaz lacrymogènes vers les contre-manifestants. Mais avec le vent, les gaz sont revenus vers le rassemblement déclaré. 

« On est très choqué, depuis (...) le début de la manifestation, nous nous faisons agresser par des contre-manifestants. C'est la première fois à Rennes qu'il y un tel déchaînement de violence contre nous «, a déclaré Hubert des Minières, coordinateur de la manifestation et représentant de la « Manif pour tous ». 

Selon le compte Twitter de la police d'Ille-et-Vilaine, trois personnes ont été interpellées pour violences sur les forces de l'ordre, rébellion, outrage et jets de projectiles. 

Près de Paris, dans le quartier d'affaires de la Défense, près de 300 personnes selon une journaliste de l'AFP ont égrainé des slogans, parmi lesquels: « La paternité n'est pas une option et la maternité n'est pas une prestation » ou encore « Macron, ta loi, on n'en veut pas ». 

Caroline Roux, d'Alliance Vita, a estimé qu'il existait « un risque pour la santé des femmes » et s'est dit contre « la conservation des gamètes par des établissements lucratifs ». 

« Le gouvernement ne doit s'occuper que de la crise sanitaire, sociale et économique », a déclaré de son côté Ludovine de la Rochère, présidente de La Manif pour tous. 

A Lille, quelque 400 personnes selon la préfecture se sont rassemblées dans l'après-midi place de la République, sous la pluie. 

« Jusqu’à présent, on parlait du droit des enfants. Aujourd’hui, ça se transforme en droit à l'enfant. Donc je suis là pour défendre les enfants, car j’estime qu’un enfant qui naît sans père est discriminé. Il a le droit d’avoir un père et une mère », a déclaré Vianney Cuvelier, infographiste de 53 ans. 

D'autres manifestations ont eu lieu en France, notamment à Bordeaux en présence de 450 personnes, selon la préfecture. 

Le projet de loi bioéthique et sa mesure phare, l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, reviendra à partir du 2 février, en deuxième lecture, dans l'hémicycle du Sénat dominé par l'opposition. 

Revendiquant une soixantaine de rassemblements nationaux pour le week-end, les organisateurs ont indiqué qu'une manifestation était prévue dimanche devant le ministère de la Santé à Paris. 

 


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.