En Tunisie, la rue gronde encore pour réclamer justice et liberté

Des manifestants tunisiens affrontent des officiers de police formant un bouclier humain pour bloquer l'accès des manifestants au ministère de l'intérieur dans la capitale Tunis le 30 janvier 2021, lors d'un rassemblement pour protester contre la "répression policière" et demander la libération des manifestants détenus ces derniers jours. (ANIS MILI / AFP)
Des manifestants tunisiens affrontent des officiers de police formant un bouclier humain pour bloquer l'accès des manifestants au ministère de l'intérieur dans la capitale Tunis le 30 janvier 2021, lors d'un rassemblement pour protester contre la "répression policière" et demander la libération des manifestants détenus ces derniers jours. (ANIS MILI / AFP)
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Publié le Lundi 01 février 2021

En Tunisie, la rue gronde encore pour réclamer justice et liberté

  • Ils étaient nombreux à occuper la Place des droits de l’homme et l’avenue Habib-Bourguiba et à exprimer leur rejet du remaniement ministériel adopté par l’Assemblée des représentants du peuple
  • Le peuple a perdu confiance envers les politiques qui exercent le pouvoir, envers ceux qui ont la responsabilité du choix de la stratégie économique et sociale mise en œuvre, considérée comme anti-nationaliste, non démocratique, et non populaire

PARIS: En Tunisie, la rue gronde encore. Des centaines de Tunisiens sont descendus samedi 30 janvier dans les rues de la capitale pour protester contre la répression policière et pour revendiquer la libération des manifestants arrêtés à la mi-janvier lors des heurts avec les forces de sécurité pendant des manifestations nocturnes. Des heurts qui se sont soldés par le décès d’un des manifestants et d’un blessé grave par des cartouches de gaz lacrymogène.

Dans le centre de Tunis, ils étaient nombreux à occuper la Place des droits de l’homme et l’avenue Habib-Bourguiba et à exprimer leur rejet du remaniement ministériel adopté par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le 26 janvier dernier. Des manifestants ont tenté de rejoindre le ministère de l’Intérieur, mais en ont été empêchés par les forces de sécurité déployées dans cet axe important de la capitale tunisienne.

«Que le régime policier chute», «Liberté, liberté» et «Ni crainte, ni peur, le pouvoir appartient au peuple» sont les principaux slogans entendus dans les rues de Tunis ce week-end. Brandissant des pancartes «Police partout, justice nulle part», les manifestants ont aussi dénoncé la répression policière envers les jeunes et la corruption.

tunisie
Une tunisienne applique du rouge à lèvres face à des policiers formant un bouclier humain pour bloquer l'accès des manifestants au ministère de l'intérieur dans la capitale Tunis le 30 janvier 2021, lors d'un rassemblement pour protester contre la "répression policière" et demander la libération des manifestants détenus ces derniers jours.
(ANIS MILI / AFP)

Résistance populaire face aux injustices

Sollicité par Arab News en français, Rachid Othmani, porte-parole du Parti patriotique démocratique socialiste (PPDS), nous explique: «Ce que vit actuellement le pays n’est que le résultat de la politique appliquée par nos gouvernants successifs, basée sur la famine et la pauvreté du peuple. Ce qui se passe actuellement n’est pas le fruit du hasard, c’est le résultat d’un cumul de problèmes liés à la politique de colonialisme. Ce que nous vivons aujourd’hui est juste un ras-le-bol, une réaction naturelle, une forme de résistance populaire face aux choix politiques qui ne servent que ceux qui volent les richesses d’un peuple.»

Interrogé sur la perte de confiance des jeunes dans la classe politique, le porte-parole du PPDS affirme que la jeunesse tunisienne n’a pas perdu totalement confiance. «Ils soutiennent les partis politiques d’opposition», estime-t-il. «De nombreux opposants issus des partis progressistes sont à la tête des mouvements populaires actuels. Le peuple a perdu confiance envers les politiques qui exercent le pouvoir, envers ceux qui ont la responsabilité du choix de la stratégie économique et sociale mise en œuvre, considérée comme antinationaliste, non démocratique, et non populaire.» Selon lui, «la rancœur du peuple est dirigée vers les dirigeants au pouvoir».

Sur la question de l’engagement du PPDS dans le contexte de crise politique et sociale que connaît le pays actuellement, son porte-parole explique à Arab News en français que le parti, qui prône la liberté et les valeurs démocratiques, soutient le mouvement populaire qui appelle à la libération des jeunes arrêtés lors des manifestations et considère que ces mouvements populaires sont «une protestation contre l’impérialisme, car ils représentent «une réponse à la politique de marginalisation, de la famine et de l’injustice».


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.


Série de raids israéliens sur le Liban, Israël dit viser le Hezbollah

Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
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  • Israël a mené des raids aériens contre le sud et l’est du Liban, affirmant viser des infrastructures militaires du Hezbollah
  • Ces frappes surviennent à la veille d’une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, toujours fragile

BEYROUTH: L'aviation israélienne a lancé jeudi matin une série de raids contre le sud et l'est du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise, Israël affirmant viser des infrastructures du Hezbollah pro-iranien.

Ces frappes interviennent à la veille d'une réunion du groupe de surveillance du cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre 2024, qui comprend, outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, l'ONU et la France.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), des raids ont visé plusieurs régions du sud du Liban, frontalier d'Israël, ainsi que des zones montagneuses de la Békaa (est), un bastion du Hezbollah.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir frappé "plusieurs structures militaires du Hezbollah où des armes étaient stockées, et à partir desquelles les terroristes du Hezbollah ont continué d'opérer récemment".

Deux personnes avaient été tuées mardi dans deux frappes israéliennes qui avaient visé une camionnette au sud de Beyrouth et une voiture dans le sud du Liban. L'armée israélienne avait affirmé avoir visé des membres du Hezbollah.

Malgré le cessez-le-feu qui a mis fin il y a plus d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier poursuit ses frappes au Liban, qui ont fait environ 340 morts selon une compilation de l'AFP sur la base des chiffres du ministère de la Santé.