La police turque se déchaîne contre une prestigieuse université d’Istanbul

La police turque appréhende des militants venus soutenir les étudiants de l’université du Bosphore, et qui manifestent contre le nouveau recteur nommé par le gouvernement à Ankara, le 2 février 2021. (Photo, AFP)
La police turque appréhende des militants venus soutenir les étudiants de l’université du Bosphore, et qui manifestent contre le nouveau recteur nommé par le gouvernement à Ankara, le 2 février 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 03 février 2021

La police turque se déchaîne contre une prestigieuse université d’Istanbul

  • La désignation de Bulu a provoqué la colère au sein l’université, qui élit traditionnellement un recteur issu de ses propres rangs
  • «Cette nomination est destinée à politiser notre université»

ISTANBUL : L’université turque du Bosphore, qui a survécu à deux guerres mondiales et à plusieurs coups d’État depuis sa fondation il y a 157 ans, a été secouée lundi par une répression policière sans précédent qui a mené à l’arrestation de 160 personnes qui manifestaient contre la désignation du nouveau recteur.

Les étudiants et les professeurs de l’université la plus prestigieuse du pays, et qui se réclame d’une tradition plus occidentale, occupent depuis des semaines le campus qui surplombe le Bosphore, et exhortent le nouveau recteur à démissionner.

Les critiques estiment que Melih Bulu, «surprise du Nouvel An» nommé par le président Recep Tayyip Erdogan le 1er janvier, est une «personnalité politique».

La désignation de Bulu a provoqué la colère au sein l’université, qui élit traditionnellement un recteur issu de ses propres rangs, plutôt qu’une personne extérieure directement affiliée au gouvernement en place.

Selon Gulcin Avsar, avocate et membre du parti séparatiste DEVA, les étudiants et les professeurs désirent voir cette tradition se poursuive.

«La tradition d’élire le recteur de leurs propres rangs dure depuis des décennies. Ils souhaitent simplement maintenir cette pratique établie ainsi que la culture de l’université. C’est tout», a-t-elle expliqué à Arab News.

Bien que le président turc soit habilité à nommer des recteurs depuis 2016, c’est la première fois qu’une désignation controversée provoque un tollé général.

«D’après la constitution turque, tout le monde a le droit d’organiser des manifestations pacifiques. Mais la répression policière d’hier nous rappelle, une fois de plus, que toutes les libertés constitutionnelles ne sont pas à notre portée», se désole Mme Avsar.

Des centaines de policiers ont attaqué et arrêté des étudiants pendant les manifestations. Des tireurs d’élite étaient même positionnés sur les toits surplombant l’université.

Un manifestant a été placé en garde à vue, pour avoir refusé de baisser les yeux et pour excès de fierté. Le hashtag «on ne baisse pas les yeux» est devenu, en quelques minutes, une tendance sur les réseaux sociaux.

Quelque 160 étudiants ont été placés en garde à vue, certains ont été libérés mardi matin, alors que deux étudiants au moins ont été assignés à résidence.

L’entrée principale du campus a été fermée par la police pour empêcher les membres des partis d’opposition de se joindre à la manifestation. Plusieurs parlementaires du Parti démocratique des peuples (HDP) pro-kurde sont restés à la porte de l’université.

Ces manifestations ne sont pas sans rappeler des scènes similaires, lorsque des maires élus dans les provinces du sud-est et de l’est, principalement kurdes, ont été soudainement démis de leurs fonctions pour être remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement après les élections locales de mars 2019.

Une seule et unique condition

La grande majorité des étudiants et des professeurs n’ont qu’une condition pour cesser les manifestations : la révocation du recteur ou sa démission.

«Nous demandons aussi que tous nos amis soient libérés immédiatement, en plus de notre demande principale», a déclaré Piril Gumurdulu, étudiante qui participe aux manifestations depuis un mois, à Arab News.

«Cette nomination est destinée à politiser notre université, dont les plus brillants esprits de cette société, qui ont occupé des postes élevés dans tous les secteurs, sont diplômés. Ils veulent nous enlever notre autonomie académique», a-t-elle ajouté.

Les étudiants craignent également que les manifestations et la répression policière ne légitiment de nouvelles restrictions à l’encontre de l’université du Bosphore, première université américaine en dehors des États-Unis.

«Les autorités publiques réduisent déjà nos ressources financières. Plusieurs chercheurs dévoués ont quitté l’université ces dernières années pour mener leurs recherches indépendantes à l'extérieur. Il s’agit d’une politique d’intimidation qui vise à affaiblir le corps enseignant», a mentionné Mme Gumurdulu.

Par ailleurs, le nouveau recteur a été critiqué pour ses qualifications académiques et a été accusé de plagiat dans ses publications universitaires. Bulu s’est défendu en disant qu’il avait oublié d’ajouter des guillemets lorsqu’il citait d’autres personnes dans ses thèses.

«La tyrannie du gouvernement turc se retourne maintenant contre les étudiants de l’université du Bosphore. Beaucoup sont arrêtés pour avoir manifesté pacifiquement contre le recteur nommé par le gouvernement», a tweeté Kati Piri, ancienne rapporteur du Parlement européen pour la Turquie.

Les étudiants de l’université du Bosphore font partie de ceux qui remportent les examens nationaux d’entrée à l’université avec les meilleures notes. Contrairement aux affirmations selon lesquelles il s’agit d’une institution élitiste, plusieurs étudiants proviennent de familles à revenus moyens et sont éduqués avec une vision libérale du monde.

Fin d’une longue tradition ?

Les enseignants sont connus pour leurs positions libérales. Ils ont accueilli des étudiantes voilées à l’époque où celles-ci n’étaient pas autorisées à entrer dans les universités.

«En tant qu’ancien étudiant de l’université du Bosphore, je suis très préoccupé par le fait que la nomination de Melih Bulu soit à peine compatible avec la longue tradition d’autonomie académique de l’université», a mentionné le politologue Ilker Kocael à Arab News.

La répression policière a eu lieu le jour même où Erdogan a demandé la rédaction d’une nouvelle constitution avec l’accord de son partenaire de coalition nationaliste, le Parti du mouvement nationaliste (MHP), suscitant des inquiétudes quant à une menace aux libertés individuelles.

Pour M. Kocael, l’intervention violente des forces de sécurité lors des manifestations pacifiques d’étudiants n’a fait qu’aggraver la situation.

«Les autorités doivent au moins se réunir avec les manifestants et entendre les demandes des professeurs, des étudiants et des anciens étudiants afin de trouver une solution de manière à éviter de nuire à l’université la plus prestigieuse de Turquie», a-t-il souligné.

Environ 6 millions de nouveaux jeunes électeurs doivent se rendre aux urnes en 2023. De récents sondages révèlent que cette génération est très frustrée par la détérioration du climat politique et la restriction des libertés individuelles.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.