Latifa Ibn Ziaten: «Tous les prix et le chemin parcouru sont pour mon fils»

Latifa Ibn Ziaten. (AFP)
Latifa Ibn Ziaten. (AFP)
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Publié le Jeudi 04 février 2021

Latifa Ibn Ziaten: «Tous les prix et le chemin parcouru sont pour mon fils»

  • Latifa Ibn Ziaten a reçu le «prix Zayed de la fraternité humaine» pour son travail mené sur la radicalisation. Elle est co-lauréate avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres
  • «Il faut pouvoir créer des antennes d’associations partout dans le monde pour aller plus vite», explique Latifa Ibn Ziaten, qui grâce au prix pourra ouvrir une antenne de son association au Maroc

PARIS: Il est difficile de mettre des mots sur ce que l’on ressent quand on est la militante franco-marocaine Latifa Ibn Ziaten, que l’on mène des actions depuis des années contre la radicalisation en mémoire de son fils assassiné, et que l’on se retrouve honoré du «prix Zayed de la fraternité humaine».

Quelques minutes avant le début de la cérémonie virtuelle qui s’est tenue au mémorial de Cheikh Zayed (le fondateur des Émirats arabes unis) à Abu Dhabi, Latifa Ibn Ziaten confiait à Arab News être «vraiment très honorée et très heureuse de recevoir ce prix». Depuis l’assassinat de son fils Imad par le terroriste Mohammed Merah en 2012, sa vie a totalement changé. «J’éprouve des sentiments de paix et de joie et suis heureuse qu’il y ait des personnes qui apprécient le travail que je fais sur le terrain aujourd’hui», raconte t-elle.

Heureuse, mais aussi étonnée de cette reconnaissance.  «Je vous assure, je suis surprise de recevoir ce prix de la fraternité et je ne sais pas comment je peux remercier ce très cher cheikh Mohammed ben Zayed pour ce geste qui va marquer ma vie, mon avenir et mon combat pour la paix. C’est extraordinaire», explique-t-elle. Ce prix est une double reconnaissance pour le travail que mène sans relâche cette femme pour sensibiliser sur la radicalisation, en mémoire de son fils Imad, parachutiste de l’armée française abattu en 2012 à Toulouse par Mohamed Merah. «Tous les prix et le chemin parcouru sont pour mon fils. C’est pour lui que j’ai fondé l’association ʺImad pour la jeunesse et la fraternitéʺ. Chaque aide que je reçois me permet de voir mon bébé grandir avec.»

Le prix dont elle est la colauréate avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, lui permettra d’élargir encore davantage son champ d’action et de faciliter son travail au quotidien. Depuis la crise sanitaire, Latifa Ibn Ziaten travaille au téléphone, passe une dizaine d’appels par jour «avec les jeunes et les parents pour remonter le moral» des uns et des autres. Ce prix lui permettra également d’ouvrir une antenne de son association au Maroc, son pays d’origine. «J’avais déjà trouvé un local, mais comme il fallait réaliser beaucoup de travaux, je n’avais pas assez de moyens.»

Cette antenne servira à accueillir les jeunes Marocains qui ont besoin d’aide. «Il faut pouvoir créer des antennes d’associations partout dans le monde pour aller plus vite», affirme Latifa Ibn Ziaten, qui comme chaque année se rendra le 11 mars prochain sur la tombe de son fils enterré au Maroc pour la commémoration de son assassinat. Devant sa tombe, elle sait qu’elle aura une bonne nouvelle à lui raconter – ce prix de la fraternité – mais qu’elle lui parlera aussi des difficultés causées par la crise sanitaire. Elle sait aussi qu’elle sentira la nécessité d’aller de l’avant. «De mon vivant, mon fils me disait toujours: ʺne lâche rien, continue à avancerʺ». Ces mots la guident encore chaque jour et sont gravés à jamais dans sa mémoire.

Latifa Ibn Ziaten, qui a appris la nouvelle de l’assassinat de l’activiste et chercheur libanais Lokman Slim, réagit avec simplicité et émotion. «Je voudrai m’adresser à tous les Libanais pour leur dire que nous sommes tous des frères et des sœurs et qu’il faut arrêter cette peine et cette douleur parce que chaque malheur engendre des séquelles et des souffrances. Personne ne gagnera en se servant de la haine. C’est vraiment regrettable qu’il y ait encore aujourd’hui des personnes qui n’ont pas pris conscience du mal qu’on peut faire gratuitement. Il faut garder l’espoir de vivre ensemble dans l’amour, la tolérance et le respect des valeurs de la laïcité.»

La cérémonie virtuelle de remise du «prix de la fraternité» s’est déroulée en présence du pape François et du grand imam d’Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb, qui ont également reçu le prix Zayed pour la fraternité humaine crée en 2019.

 


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.