Ghannouchi, cible privilégiée des manifestants à Tunis et à Sfax

Pour la troisième semaine d’affilée, Tunis a été samedi 6 février le théâtre de manifestations. Mais le déploiement des forces de l’ordre dans le centre de la capitale, interdit à la circulation automobile, était plus important que d’habitude (Photo, AFP).
Pour la troisième semaine d’affilée, Tunis a été samedi 6 février le théâtre de manifestations. Mais le déploiement des forces de l’ordre dans le centre de la capitale, interdit à la circulation automobile, était plus important que d’habitude (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 07 février 2021

Ghannouchi, cible privilégiée des manifestants à Tunis et à Sfax

  • Une autre manifestation s’est déroulée le même jour à Sfax, devant le siège de l’antenne régionale de l’Union générale tunisienne du travail, le syndicat historique
  • Alors qu’ils ménagent le président Kais Saïed, les manifestants, tant à Tunis qu’à Sfax, s’en sont pris au chef du gouvernement, Hichem Mechichi, et, surtout, à Rached Ghannouchi

TUNIS: Les manifestants ménagent le président Kais Saïed et s’en prennent de plus en plus au chef du gouvernement Hichem Mechichi et, surtout, au président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi.

Pour la troisième semaine d’affilée, Tunis a été samedi 6 février le théâtre de manifestations. Mais hier, le déploiement des forces de l’ordre – plusieurs centaines – dans le centre de la capitale, interdit à la circulation automobile, était plus important que d’habitude.

Et ce n’est guère étonnant. Car ce jour-là les manifestants – 1500 d’après le ministère de l’Intérieur – sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère devant la répression policière, revendiquer la libération des centaines de manifestants arrêtés, mais aussi pour commémorer l’assassinat le 6 février 2013 de Chokri Belaïd, figure de la gauche, dont la famille politique impute inlassablement la responsabilité au mouvement Ennahdha.

Une autre manifestation s’est déroulée le même jour à Sfax, devant le siège de l’antenne régionale de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le syndicat historique.  

Signe de l’inquiétude et de la nervosité croissante des autorités, alors qu’il avait été déployé une semaine plus tôt au niveau de l’avenue de Paris qui coupe en deux tronçons égaux l’avenue Habib Bourguiba, principale artère de la capitale, le dispositif policier a été remonté d’une centaine de mètres, au niveau de l’ambassade de France et de la cathédrale Saint-Vincent-de-Paul qui lui fait face. Malgré cela, les manifestants ont pu le contourner et se déployer sur la principale artère de la ville, mais sans pouvoir se rapprocher du ministère de l’Intérieur qui s’y trouve.  

Alors qu’ils ménagent le président Kais Saïed, du moins jusqu’ici, les manifestants, tant à Tunis qu’à Sfax, s’en sont pris au chef du gouvernement, Hichem Mechichi, et, surtout, à Rached Ghannouchi. Lequel a été notamment traité d’assassin.

Les forces de l’ordre qui, contrairement aux précédentes manifestations se déroulant dans plusieurs villes du pays depuis le 14 janvier, ont fait preuve de retenue le 30 janvier, ont de nouveau fait usage de force hier. Notamment contre trois avocats, dont Yassine Azzaza qui a été blessé.

Alerté, le bâtonnier de l’Ordre national des avocats tunisiens, Me Brahim Bouderbala, a exigé l’ouverture d’une enquête judiciaire. Il aurait obtenu satisfaction selon la journaliste Jihene Elouati qui affirme que le ministère public a ordonné l’arrestation des deux individus – probablement des policiers en civil qui étaient aussi nombreux hier que ceux en tenue – qui ont agressé l’avocat Yassine Azzaza.  

Devenu célèbre depuis que les Tunisiens l’ont vu déambuler le 14 janvier 2011 dans Tunis sous couvre-feu et annoncer que «Ben Ali s’est enfui», l’avocat Abdennaceur Aouini, lui aussi molesté par les policiers, était en tête de la manifestation. Il a appelé les policiers à ne pas tabasser les manifestants «même lorsqu’ils commettent une erreur». Lui faisant écho, une jeune fille leur a demandé d’enlever leur tenue et de se joindre à eux.


L'offensive israélienne contre l'Iran est une menace pour tous, déclare le roi de Jordanie devant le Parlement européen

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  • Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël"

AMMAN : L'offensive élargie d'Israël contre l'Iran est une menace pour tous, a déclaré mardi le roi de Jordanie Abduallah II devant le Parlement européen à Strasbourg.

"Les attaques contre l'Iran menacent d'une dangereuse escalade dans notre région et au-delà", a-t-il déclaré.  

"Si notre communauté mondiale n'agit pas de manière décisive, nous nous rendons complices de la réécriture de ce que signifie être humain. Si les bulldozers israéliens continuent de démolir illégalement les maisons, les oliviers et les infrastructures palestiniennes, ils détruiront également les rails qui défient les principes moraux", a-t-il ajouté.

Il a réaffirmé la nécessité de créer un État palestinien souverain et l'importance d'accorder aux Palestiniens le droit à la liberté et au statut d'État.

"La sécurité mondiale ne sera pas assurée tant que la communauté internationale n'agira pas pour mettre fin à la guerre de trois ans en Ukraine et au conflit israélo-palestinien, le plus long et le plus destructeur du monde", a déclaré M. Al-Hussein.

Le roi a évoqué l'échec du droit international et de l'intervention à Gaza et a déclaré que ce qui était considéré comme une atrocité il y a 20 mois est désormais devenu une routine.

"L'armement de la famine contre les enfants, le ciblage des travailleurs de la santé, des journalistes et des enfants sont tous devenus normaux après l'échec de la communauté internationale", a-t-il déclaré.

Le leadership de l'Europe sera essentiel pour choisir le bon cours de l'histoire, a déclaré le roi, qui a assuré la Jordanie de son soutien à l'UE.

"Ce conflit doit cesser et la solution est ancrée dans le droit international. Le chemin de la paix a déjà été emprunté, et il peut l'être à nouveau si nous avons le courage de le choisir et la volonté de le parcourir ensemble", a-t-il conclu.

Mardi matin, Israël a demandé à des centaines de milliers de personnes d'évacuer le centre de la capitale iranienne, alors que la campagne aérienne israélienne sur Téhéran semblait s'étendre au cinquième jour d'un conflit qui s'intensifie.

Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée visant à empêcher Téhéran de fabriquer une arme atomique.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël".

Depuis lors, l'Iran a lancé des attaques de représailles sur Tel-Aviv, certains missiles ayant été interceptés avant l'impact et d'autres ayant frappé des bâtiments en Israël.

Les autorités sanitaires ont indiqué que 1 277 personnes avaient été blessées en Iran. Les Iraniens ont également fait état d'un rationnement du carburant.

Le conflit a également contraint la plupart des pays du Moyen-Orient, dont l'Irak, la Jordanie et le Liban, à fermer leur espace aérien. Des dizaines d'aéroports ont interrompu tous les vols ou réduit considérablement leurs activités, laissant des dizaines de milliers de passagers bloqués et d'autres incapables de fuir le conflit ou de rentrer chez eux.


L'UE estime que la diplomatie est le seul moyen de résoudre le conflit israélo-iranien

La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
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  • L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas,
  • « L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté.

BRUXELLES : L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

« Nous sommes tous convenus de la nécessité urgente d'éviter l'escalade. L'Iran ne peut pas avoir de bombe nucléaire et la diplomatie est la solution pour y parvenir », a-t-elle souligné devant la presse, à l'issue de cette réunion qui s'est tenue par visioconférence entre les 27.

« L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté, précisant par ailleurs que l'UE avait décidé d'aider les États membres à évacuer leurs ressortissants « s'ils le désirent ».

L'armée israélienne mène depuis vendredi des frappes sans précédent sur l'Iran, avec pour objectif affiché d'empêcher Téhéran d'obtenir la bombe atomique.

En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés, selon un bilan officiel établi dimanche. Selon le bureau de Benjamin Netanyahu, les salves de missiles et de drones tirées en représailles par l'Iran ont fait au moins 24 morts en Israël.

Les ministres des Affaires étrangères des 27 doivent se retrouver lundi pour une réunion à Bruxelles. 


Gaza: la Défense civile annonce au moins 50 morts dans des tirs israéliens près d'un centre d'aide

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
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  • Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique"
  • La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud)

JERUSALEM: La Défense civile de la bande de Gaza a affirmé mardi que les forces israéliennes avaient tué au moins 50 personnes qui s'étaient rassemblées près d'un centre de distribution d'aide dans le sud du territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan.

Le porte-parole de cet organisme de premiers secours, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP qu'au moins 50 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées alors que des milliers de Palestiniens s'étaient rassemblés dans la matinée pour recevoir de l'aide à Khan Younès.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les informations annoncés par la Défense civile.

"Des drones israéliens ont tiré sur les gens. Quelques minutes plus tard, des chars israéliens ont tiré plusieurs obus (...), ce qui a entraîné un grand nombre de martyrs et de blessés", a encore affirmé M. Bassal, accusé par l'armée israélienne de répandre de fausse information sur sur ses opération à Gaza.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit "examiner" les faits.

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique".

La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud).

Le territoire palestinien est ravagé par plus de 20 mois de guerre entre Israël et le Hamas, et la situation continue de se détériorer sur le terrain.

Elle a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité après leur enlèvement ce jour-là.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré lundi que 5.139 personnes avaient été tuées depuis la reprise des frappes israéliennes sur le territoire le 18 mars, après une courte trêve.

Le bilan total à Gaza depuis le début de la guerre s'élève à 55.432 morts, selon le ministère de la Santé.