Les tactiques de guerre des Houthis entravent l’aide humanitaire au Yémen

De nouvelles recrues houthies lors d'un rassemblement tenu en janvier dans la capitale Sanaa afin de mobiliser davantage de combattants pour combattre les forces progouvernementales dans un nombre de villes yéménites. (Photo, AFP)
De nouvelles recrues houthies lors d'un rassemblement tenu en janvier dans la capitale Sanaa afin de mobiliser davantage de combattants pour combattre les forces progouvernementales dans un nombre de villes yéménites. (Photo, AFP)
De nouvelles recrues houthies lors d'un rassemblement tenu en janvier dans la capitale Sanaa afin de mobiliser davantage de combattants pour combattre les forces progouvernementales dans un nombre de villes yéménites. (Photo, AFP)
De nouvelles recrues houthies lors d'un rassemblement tenu en janvier dans la capitale Sanaa afin de mobiliser davantage de combattants pour combattre les forces progouvernementales dans un nombre de villes yéménites. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 12 février 2021

Les tactiques de guerre des Houthis entravent l’aide humanitaire au Yémen

  • Les Houthis ont utilisé des mines antipersonnel interdites, tiré de l'artillerie lourde sur les villes yéménites et lancé des missiles balistiques sans distinction vers l’Arabie saoudite
  • «Les Houthis ont un bilan particulièrement inacceptable en matière d'obstruction aux agences d'aide humanitaire qui tentent de parvenir aux civils dans le besoin»

DUBAI: La décision du département d’État qui annule la désignation d’organisation terroriste des milices houthies au Yémen figure parmi les premières mesures prises par la nouvelle administration américaine.

L’argument des conseillers du président Joe Biden, et de nombreux organismes d’aide humanitaires, avance que l’annulation de la qualification de «terroristes» des Houthis (Ansar Allah) va certainement faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire au Yémen.

Le problème est que, indépendamment de l’appellation américaine, la milice chiite soutenue par l'Iran a longtemps empêché toute aide de l'ONU de parvenir à ses destinataires.

Nombreux sont ceux qui considèrent que les appels lancés par les États-Unis aux Houthis pour cesser de se comporter comme une organisation terroriste n’ont pas grand poids et arrivent trop tard. Soutenus par un régime iranien qui désire coûte que coûte d'être courtisé par l'administration Biden, les Houthis pensent probablement qu'ils sont sur une séquence de victoires et devraient donc accélérer l'action, et non la réduire.

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Pour prouver cette mentalité, il ne faut pas chercher plus loin que les attaques quotidiennes de drones et de missiles contre des installations civiles en Arabie saoudite, même si les pertes ont été minimes, et cela grâce aux solides défenses aériennes du Royaume.

Depuis qu'ils ont lancé une offensive contre le gouvernement reconnu par l'ONU et ont pris le contrôle de la capitale, Sanaa, et d'autres régions du nord du Yémen en 2014 et début 2015, les Houthis ont utilisé des mines antipersonnel interdites, tiré de l'artillerie lourde sur les villes yéménites et lancé des missiles balistiques sans distinction vers l’Arabie saoudite.

Notant que l'attaque de drone de mercredi sur l'aéroport d'Abha dans le sud-ouest du Royaume, qui a incendié un avion civil, s'est produite quelques jours seulement après la visite de Martin Griffiths, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen.  A Téhéran, l'analyste politique Hamdan Al-Shehri explique que l'Iran encourage les Houthis à mener des attaques «parce que Téhéran ne souhaite aucune solution à cette crise».

Débris d'un drone utilisé lors de l'attaque des Houthis contre l'aéroport international d'Abha dans la province d'Asir. (Photo fournie par le ministère saoudien des médias)
Débris d'un drone utilisé lors de l'attaque des Houthis contre l'aéroport international d'Abha dans la province d'Asir. (Photo fournie par le ministère saoudien des médias)

«Il serait très étrange de voir l'administration Biden garder les Houthis hors de la liste du terrorisme, car les trois dernières semaines nous ont permis de constater de nombreuses attaques contre l'Arabie saoudite, sans compter celles perpétrées à l'intérieur du Yémen», a déclaré Al-Shehri à Arab News.

En effet, avec la recrudescence des attaques houthis contre les zones peuplées, on peut observer un modèle de comportement synonyme au terrorisme dans sa forme la plus pure.

Il faut aussi tenir en compte la tactique bien documentée de la milice qui consiste à retarder l’autorisation de distribution de l’aide, et à exercer un chantage sur ses bénéficiaires.

Selon un rapport de l'AP qui date du début de 2020, les Houthis ont bloqué la moitié des programmes de fourniture d'aide de l'ONU au Yémen, «une tactique puissante qui a pour but de forcer l'agence à leur donner un meilleur contrôle sur la campagne humanitaire massive, et à leur accorder une partie de l’aide étrangère qui s’élève à des milliards de dollars».

EN CHIFFRES

16,2 millions de Yéménites vivent dans l'insécurité alimentaire.

Avec une économie en chute libre, l'aide de l'ONU est une source majeure de devises au Yémen. L'ONU a reçu environ 3 milliards de dollars en 2019 en dons internationaux pour sa campagne.

Les Houthis avait lié l'accès aux zones sous leur contrôle à un certain nombre de conditions, ce qui leur aurait donné une plus grande influence sur les bénéficiaires de l'aide, selon le rapport de l'AP.

Accorder 2% de ce budget aux Houthis aurait permis à la milice de déverser entre 60 à 80 millions de dollars dans les coffres de la SCMCHA. «le harcèlement, l'intimidation et les détournements de fonds des Houthis durent depuis des années, déclarent les travailleurs humanitaires, et la situation s’est aggravée depuis que les rebelles ont créé leur agence de coordination humanitaire au début de 2018», a rapporté AP.

L'extorsion et l'ingérence des Houthis ont fait l'objet d'un nouvel examen vers la fin de 2020, dans un rapport intitulé «Conséquences mortelles». Dans le document, Human Rights Watch (HRW) accuse la milice en autres de créer de nombreux obstacles qui entravent le travail des organismes humanitaires au Yémen.

Les obstacles créés par la milice houthie empêchent régulièrement l'aide alimentaire internationale d'atteindre les personnes déplacées par le conflit au Yémen. (Photo, PAM)
Les obstacles créés par la milice houthie empêchent régulièrement l'aide alimentaire internationale d'atteindre les personnes déplacées par le conflit au Yémen. (Photo, PAM)

«Les efforts pour endiguer propagation de la Covid-19, et répondre à d'autres besoins sanitaires urgents au Yémen, sont considérablement entravés par les restrictions et les obstacles financiers que les Houthis et d'autres autorités imposent aux agences d'aide internationales et aux organisations humanitaires», a expliqué HRW.

«Depuis mai, les Houthis ont bloqué 262 conteneurs dans le port de Hodeidah appartenant à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ainsi qu'une importante cargaison d'équipements de protection individuelle (EPI) pour la riposte contre la Covid-19», poursuit le rapport. «Les Houthis ont tenté d'utiliser des cargaisons comme monnaie d'échange dans des négociations au sujet de la levée d'autres obstacles, et ont accepté de libérer 118 des conteneurs fin août ou début septembre».

Le HRW ne mâchent pas leurs mots. «Les Houthis ont un bilan particulièrement inacceptable en matière d'obstruction aux agences d'aide humanitaire qui tentent de parvenir aux civils dans le besoin. Leur objectif, du moins partiellement, est de détourner l'aide vers leurs responsables, leurs partisans et leurs combattants. En 2019 et 2020, les travailleurs humanitaires ont dû repousser des chefs houthis qui insistaient obtenir des biens, tels que des voitures, des ordinateurs portables et des téléphones cellulaires, la fin des projets».

Le 10 janvier, quatre mois après la publication du rapport de HRW, Mike Pompeo, l’ancien secrétaire d'État américain, a annoncé la désignation des Houthis comme organisation terroriste. Le Bureau du contrôle des avoirs étrangers du département du Trésor américain a alors émis des permis et des exemptions afin d’atténuer l’impact humanitaire et commercial de cette décision.

Ce détail est très important, car le Yémen dépend des importations pour acheminer 90% de sa nourriture, et 80% de la population de 29 millions d'habitants ont réellement besoin d'aide.

Néanmoins, les défis pour les agences d’aide restent de taille, car les Houthis contrôlent les zones où vit la majeure partie de la population du Yémen et où le besoin d’aide est le plus grand.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) vise à atteindre 1,7 million d'enfants et de mères dans plus de 3 000 centres de santé à travers le Yémen. Les taux de malnutrition augmentent avec chaque année de guerre au Yémen. (Photo, PAM)
Le Programme alimentaire mondial (PAM) vise à atteindre 1,7 million d'enfants et de mères dans plus de 3 000 centres de santé à travers le Yémen. Les taux de malnutrition augmentent avec chaque année de guerre au Yémen. (Photo, PAM)

HRW explique, sous le titre de «conséquences mortelles», que «les lourdes exigences bureaucratiques non justifiées des autorités houthies empêchent des millions de Yéménites de bénéficier d’une aide aussi vitale. Bien que les Houthis ne représentent pas le gouvernement reconnu du Yémen, ils devraient malgré tout agir honnêtement afin de garantir les droits des personnes sur les territoires qu'ils contrôlent.

Dans le passé, les Houthis ont bloqué des visas et des permis requis pour l’acheminement des équipements et des fournitures, et ont même interdit aux missions de l'ONU de se déplacer dans leurs zones.

Les concessions de l’ONU ont évidemment incité les hauts responsables houthis à allonger leur liste de revendications. À présent, et avec l'administration Biden qui a retiré la milice de la liste terroriste américaine sans contrepartie, tous les coups sont permis.

«Je crois, en somme, que c'est un message envoyé par l'Iran aux États-Unis, à savoir que Téhéran contrôle les décisions de la milice, et qu'elle ne veut aucune relation entre les Houthis et les États-Unis», a déclaré Badr Al-Qahtani, rédacteur en chef pour le journal d’Asharq Al-Awsat au Yémen, à Arab News, en parlant de l'attaque de l'aéroport d'Abha, à quelque 120 kilomètres au nord de la frontière avec le Yémen.

On estime que 16 millions de Yéménites souffrent de la faim, et près de 50 000 personnes s’ajouteront à ce chiffre d'ici le mois de juin. (Photo, PAM)
On estime que 16 millions de Yéménites souffrent de la faim, et près de 50 000 personnes s’ajouteront à ce chiffre d'ici le mois de juin. (Photo, PAM)

«Lorsque Washington fait un geste conciliant, même si les Houthis souhaitent répondre favorablement, ils n’en seraient pas capables. Ils ne sont pas maîtres de leurs décisions».

Al-Qahtani pense que Téhéran veut que le Yémen fasse partie de l'ordre du jour si elle peut ramener les États-Unis à la table des négociations. «Je crois aussi que l'envoyé de l'ONU Griffiths et l'envoyé spécial américain Timothy Lenderking vont travailler d’arrache-pied pour séparer les deux dossiers», déclare-t-il à Arab News, «car ils ne peuvent ignorer le sort de 29 millions de Yéménites, principales victimes de la guerre, des conflits et des crises. Ce n’est pas un simple dossier dans la pile».

Al-Qahtani ajoute: «Je pense que c'est le conflit réel auquel nous assistons actuellement, un conflit de dossiers, pour ainsi dire. On estime que 16 millions de Yéménites souffrent de la faim, et près de 50 000 personnes s’ajouteront à ce chiffre d'ici le mois de juin».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.