A Gaza, la CPI peut ramener la justice mais pas les morts

Quelque 2 250 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, et 74 Israéliens, essentiellement des soldats, ont péri dans ces affrontements qui ont marqué les consciences à Gaza et en Israël (Photo, AFP).
Quelque 2 250 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, et 74 Israéliens, essentiellement des soldats, ont péri dans ces affrontements qui ont marqué les consciences à Gaza et en Israël (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 14 février 2021

A Gaza, la CPI peut ramener la justice mais pas les morts

  • Lorsque la CPI s'est déclarée compétente le 5 février pour les faits survenus dans les territoires palestiniens occupés, la décision a été étrillée par Netanyahu qui a invoqué le droit d'Israël à se «défendre contre des terroristes»
  • «Ceux qui ont survécu aux bombardements ont perdu le goût de la vie et souffrent de troubles psychologiques»

GAZA: Pendant la guerre de Gaza en 2014, Névine a perdu son époux et trois de ses enfants ont été blessés dans un bombardement de l'armée israélienne sur une école. Sept ans plus tard, cette Palestinienne espère que la CPI leur rende justice.

Lorsque la Cour pénale internationale (CPI) s'est déclarée compétente début février pour juger les faits survenus dans les territoires occupés, Névine Barakat s'est sentie "heureuse et pleine d'espoir".

«C'était comme si le monde commençait à comprendre qu'il fallait mettre fin à l'injustice israélienne», raconte-t-elle, au bord des larmes.

A l'été 2014, Israël a lancé une opération pour stopper les tirs de roquettes du mouvement islamiste armé Hamas, maître à Gaza, en direction de son territoire. 

Quelque 2 250 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, et 74 Israéliens, essentiellement des soldats, ont péri dans ces affrontements qui ont marqué les consciences à Gaza et en Israël.

Dans la nuit du 30 juillet 2014, Névine et sa famille, comme des centaines d'autres personnes, avaient trouvé refuge dans une école de l'Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, après la destruction de leurs maisons dans des raids.

Mais, en pleine guerre, l'armée israélienne a bombardé cette école. 

«J'ai compté sept obus avant de perdre connaissance», raconte cette mère de cinq enfants, blessée au dos et paralysée des membres inférieurs, qui dit avoir repris ses esprits en entendant son fils crier la mort de son père. 

Sa fille Samar, blessée, se rappelle comment elle essayait d'échapper aux obus. «Mais ils tombaient devant et derrière nous». «Quiconque tue doit être puni, et Israël doit être tenu responsable de ses crimes», assène la jeune femme aujourd'hui âgée de 18 ans.

«Sept ans que j'attends»

Selon un document de 2015 de l'ONU, 44 Palestiniens ont été tués et au moins 227 blessés «à la suite d'actions israéliennes (...) contre des infrastructures des Nations unies utilisées comme des abris d'urgence», entre début juillet et fin août 2014.

«Ces bâtiments (...) doivent être des lieux sûrs, surtout en période de conflit armé», alertait l'ONU, tout en estimant par ailleurs «inacceptable» que des groupes armés utilisent des écoles de l'Unrwa pour y stocker des armes.

L'armée israélienne, qui martèle avoir tout fait pour minimiser les victimes à Gaza, avait de son côté répété son accusation selon laquelle le Hamas se servait des écoles de l'Unrwa pour tirer vers Israël en utilisant les Palestiniens comme «boucliers humains»

Lorsque la CPI s'est déclarée compétente le 5 février pour les faits survenus dans les territoires palestiniens occupés, la décision a été étrillée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a invoqué le droit d'Israël à se «défendre contre des terroristes»

Mais l'argument ne convainc pas Montasser Bakr, 17 ans: «Je leur dirai, moi, à la CPI, comment mon cousin Ismaïl de 9 ans a été tué par Israël alors qu'il jouait au ballon!».

Ce jour de juillet 2014, Montasser jouait au football sur une plage. Lui a été blessé par un bombardement, mais son frère Zakaria et ses trois cousins, âgés de neuf à onze ans, ont été tués. Des morts qui avaient fait grand bruit dans la presse internationale. 

Aujourd'hui, la mère d'un des garçonnets pleure en enfouissant son visage entre ses mains.

«Ceux qui ont survécu aux bombardements ont perdu le goût de la vie et souffrent de troubles psychologiques», souffle Salwa Bakr, 46 ans. «Ca fait sept ans que j'attends ce moment et que les dirigeants de l'occupation (Israël, NDLR), soient jugés».

«Au hasard»

En 2014, Amnesty International dénonçait des frappes israéliennes sur des maisons, sans avertissement préalable. D'après l'ONG, plus de 100 civils, dont des «familles entières», ont péri dans ces raids.

Mohammad Abou Jazar, 34 ans, a été amputé de ses jambes après une frappe sur sa maison de Rafah (sud) où sont morts son épouse et deux de ses enfants, de trois et un an et demi.

«Nous dormions quand les frappes ont commencé. Tout le quartier a été bombardé, au hasard», accuse-t-il.

Sur son téléphone, l'homme en fauteuil roulant montre une photo de ses enfants morts.

Il le sait, la CPI ne les lui ramènera pas. «Je ne suis pas sûr que la décision du tribunal change quoi que ce soit», souffle-t-il, avec sa fille Maysam à ses côtés, la seule de ses enfants à avoir survécu


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.