La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, première femme à la tête de l'OMC

A 66 ans, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala entre dans le cercle très restreint des femmes au pouvoir dans le monde (Photo, AFP)
A 66 ans, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala entre dans le cercle très restreint des femmes au pouvoir dans le monde (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 15 février 2021

La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, première femme à la tête de l'OMC

  • Deux fois ministre des Finances et cheffe de la diplomatie du Nigeria durant deux mois, Mme Okonjo-Iweala a commencé sa carrière à la Banque mondiale en 1982
  • A la mi-octobre, Ngozi Okonjo-Iweala avait indiqué vouloir se donner deux priorités pour montrer que l'OMC est indispensable

GENÈVE / PARIS: Coup double de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, devenue lundi première femme et première Africaine à la tête de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), une institution quasi paralysée qui n'arrive plus à remplir sa mission. 

A 66 ans, elle entre ainsi dans le cercle très restreint des femmes au pouvoir dans le monde. C'est un « moment historique », a résumé l'OMC, en précisant qu'elle prendrait ses fonctions en mars. 

Son intronisation a été immédiatement saluée par d'autres femmes, toutes aussi puissantes. 

Congratulations to my friend Ngozi Okonjo-Iweala on becoming the first female Director-General of the @wto.
I’ve known Ngozi for many years. Her strong will and determination will drive her to tirelessly promote free trade to the benefit of people worldwide. pic.twitter.com/HSVf2kk1Qt

— Christine Lagarde (@Lagarde) February 15, 2021

«Félicitations à mon amie Ngozi Okonjo-Iweala qui est devenue la première femme directrice générale de l'OMC. Je connais Ngozi depuis de nombreuses années. Sa forte volonté et sa détermination l'amèneront à promouvoir sans relâche le libre-échange au profit des populations du monde entier », a ainsi indiqué dans un tweet Christine Lagarde, première présidente de la BCE et ex-première patronne du FMI. 

A Bruxelles, Ursula von der Leyen, présidente de l'exécutif européen, a salué ce « moment historique pour le monde entier », se disant aussi « si heureuse de voir une femme d'Afrique à la tête de l'OMC ». 

Congratulations @NOIweala!

This is an historic moment for the entire world. I'm so glad to see a woman from Africa at the head of the @WTO.

Europe is fully behind you.
 
We support the reform of the WTO and will help you protect the rules-based multilateral trading system.

— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) February 15, 2021

Mais la pandémie de la Covid-19, qui a ébranlé la foi dans la libéralisation des échanges mondiaux sur laquelle repose l'OMC, aura privé la nomination d'un nouveau DG de tout décorum, après des mois de discussions et de processus de sélection. 

Dr Okonjo-Iweala, également appelée par certains Dr Ngozi, seule candidate encore en lice grâce à un large consensus et notamment le soutien de l'Union africaine mais aussi de l'Union européenne, et désormais « appuyée » par les Etats-Unis, n'a pas pu être physiquement présente dans l'élégant siège de l'OMC au bord du lac Léman. Elle s'est toutefois adressée aux délégués par visioconférence. 

Elle a immédiatement appelé à une remise en marche de l'OMC, jugeant « essentiel » que l'institution soit « forte » pour surmonter les « ravages causées » par la pandémie de Covid-19 et relancer l'économie mondiale. 

« Notre organisation est confrontée à de nombreux défis mais en travaillant ensemble, nous pouvons collectivement rendre l'OMC plus forte, plus agile et mieux adaptée aux réalités d'aujourd'hui », a-t-elle souligné. 

Nombreux espèrent que sa nomination mette fin à des années de blocages de l'institution. 

Fin octobre, l'administration Trump, qui en quatre ans a tout fait pour miner l'organisation, avait aussi bloqué à la dernière minute le consensus qui se dessinait autour de la Nigériane. 

Deux fois ministre des Finances et cheffe de la diplomatie du Nigeria durant deux mois, Mme Okonjo-Iweala a commencé sa carrière à la Banque mondiale en 1982, où elle a travaillé pendant 25 ans. En 2012, elle échoue à devenir la présidente de cette institution financière, face à l'Américano-Coréen Jim Yong Kim. 

Elle prend la tête d'une institution qui depuis sa création en 1995 a été dirigée par des hommes.

Si son parcours universitaire et professionnel impressionne, la Dr Ngozi a aussi ses détracteurs, qui lui reprochent notamment de ne pas avoir fait davantage pour endiguer la corruption quand elle était à la tête des finances du pays le plus peuplé du continent africain. 

Débat sur les vaccins 

« Plus que tout », le chef de l'OMC doit avoir « de l'audace, du courage », lance-t-elle à ceux qui estiment qu'elle n'a pas assez de compétences techniques dans un domaine régi par des règles byzantines. 

Audace et courage seront indispensables pour sortir l'OMC de sa crise quasi existentielle. 

« Elle prend les rênes en toute connaissance de cause, en sachant qu'elle a affaire à une machine qui est, si ce n'est bloquée… en proie à une forte inertie », souligne Elvire Fabry, responsable de la politique commerciale à l’Institut Jacques Delors. 

« D'accord, ce n'est pas une spécialiste du commerce, indique-t-elle, mais « la dimension plus politique de la nouvelle directrice générale devrait être intéressante ». 

La pandémie a mis à nu les fractures provoquées par la libéralisation du commerce mondial, de la trop grande dépendance à des chaînes de production éparpillée aux excès de la délocalisation industrielle ou la fragilité des échanges commerciaux. 

A la mi-octobre, Ngozi Okonjo-Iweala avait indiqué vouloir se donner deux priorités pour montrer que l'OMC est indispensable. 

Elle souhaite pouvoir présenter à la prochaine Conférence ministérielle de l'organisation un accord sur les subventions à la pêche - qui est pour l'heure au point mort - pour démontrer que l'OMC peut encore produire des avancées multilatérales. L'autre priorité consiste à rebâtir l'organe de règlement des différends - le tribunal de l'OMC - qui a été torpillé par l'administration Trump et est moribond. 

Elle a récemment appelée l'OMC à se concentrer sur la pandémie alors que les membres de l'organisation sont divisés à propos d'une exemption des droits de propriété intellectuelle sur les traitements et vaccins anti-Covid pour les rendre plus accessibles. 

L'OMC EN BREF

L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), est la seule organisation internationale en charge des règles régissant le commerce entre les pays. 

Elle sert d'enceinte pour la négociation d'accords commerciaux et arbitre les différends commerciaux entre ses membres. 

Depuis sa création en 1995, l'OMC a été dirigée par six hommes : trois Européens, un Néo-zélandais, un Thaïlandais et un Brésilien, Roberto Azevedo, parti un an avant la fin de son mandat pour raisons familiales. 

Le directeur général est désigné pour quatre ans par les États membres. 

Installée à Genève, l'organisation compte 164 pays membres. 

Le principe du consensus entre pays membres applique la règle du « un pays, une voix », ce qui donne un droit de veto à chaque nation, rendant extrêmement ardue la conclusion de tout accord. 


L’Inde affirme être devenue la quatrième économie du monde, devant le Japon

La publication en 2026 des chiffres du produit intérieur brut (PIB) annuel viendront ou non confirmer officiellement ces prévisions. (AFP)
La publication en 2026 des chiffres du produit intérieur brut (PIB) annuel viendront ou non confirmer officiellement ces prévisions. (AFP)
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  • "Avec un PIB évalué à 4.180 milliards de dollars (3.555 milliards d'euros), l’Inde a dépassé le Japon pour devenir la quatrième économie mondiale, et est sur le point de déloger l’Allemagne de la troisième place dans les 2,5 à 3 prochaines années"
  • Selon le Fonds monétaire international, ce n’est qu'en 2026 que l'Inde figurera à la quatrième place : il estime que son PIB atteindra alors 4,51 milliards de dollars, contre 4.460 milliards pour le Japon

NEW DELHI: L’Inde est devenue la quatrième économie de la planète, devant le Japon, et les autorités espèrent qu'elle dépassera l’Allemagne d’ici trois ans, selon le bilan économique de fin d’année établi par le gouvernement.

La publication en 2026 des chiffres du produit intérieur brut (PIB) annuel viendront ou non confirmer officiellement ces prévisions.

"L’Inde fait partie des grandes économies affichant la croissance la plus rapide au monde et est bien placée pour maintenir cet élan", affirme la note économique.

"Avec un PIB évalué à 4.180 milliards de dollars (3.555 milliards d'euros), l’Inde a dépassé le Japon pour devenir la quatrième économie mondiale, et est sur le point de déloger l’Allemagne de la troisième place dans les 2,5 à 3 prochaines années, avec un PIB estimé à 7.300 milliards de dollars d’ici 2030".

Selon le Fonds monétaire international, ce n’est qu'en 2026 que l'Inde figurera à la quatrième place : il estime que son PIB atteindra alors 4,51 milliards de dollars, contre 4.460 milliards pour le Japon.  Les Etats-Unis, la Chine et l'Allemagne sont, dans cet ordre, les plus grandes économies au monde, selon le FMI.

Les prévisions optimistes de New Delhi interviennent dans un contexte économique compliqué pour le pays le plus peuplé de la planète, avec 1,4 milliard d'habitants.

Fin août, Washington, le premier partenaire commercial du pays, a imposé une hausse de 50% des droits de douane sur les produits "made in India" arrivant aux Etats-Unis, en représailles à ses achats de pétrole russe.

La croissance continue reflète "la résilience de l’Inde face aux incertitudes persistantes (qui pèsent) sur le commerce international", estime le gouvernement.

Le PIB par habitant de l’Inde atteignait 2.694 dollars en 2024, selon les derniers chiffres de la Banque mondiale, soit douze fois moins que les 32.487 dollars du Japon et vingt fois moins que les 56.103 dollars de l’Allemagne.

Plus d’un quart des habitants de l’Inde ont entre 10 et 26 ans, selon les données gouvernementales, mais le taux de chômage des jeunes diplômés reste très élevé.

Le Premier ministre Narendra Modi a annoncé des allégements fiscaux et des réformes du droit du travail après que la croissance économique a atteint un plus bas en quatre ans, au cours de l'exercice annuel clos le 31 mars.

La roupie indienne a atteint un niveau historiquement bas face au dollar début décembre — après avoir chuté d’environ 5% en 2025 — en raison des notamment inquiétudes persistantes liées à l’absence d’accord commercial avec Washington.


L'aéroport de Riyad presque à l'arrêt en raison de problèmes opérationnels

 L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
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  • Les compagnies aériennes publient des déclarations, tandis que des sources indiquent à Arab News que la pluie est à blâmer
  • Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne"

RIYAD: Des milliers de passagers voyageant vers et depuis l'aéroport international King Khalid de Riyad ont été laissés en plan alors que les principales compagnies aériennes se sont efforcées de proposer des vols alternatifs suite à une série d'annulations et de retards.

Saudia et flyadeal ont été parmi les compagnies aériennes qui ont rencontré des difficultés, les deux compagnies ayant publié des déclarations attribuant ces problèmes à des problèmes opérationnels temporaires.

Une déclaration de l'aéroport sur son compte officiel X a exhorté les voyageurs à contacter directement les compagnies aériennes avant de se rendre à la plate-forme d'aviation pour vérifier l'état actualisé et l'horaire de leurs vols.

Le communiqué dit ceci : "L'aéroport international King Khalid souhaite vous informer qu'en raison de la concomitance d'un certain nombre de facteurs opérationnels au cours des deux derniers jours - y compris plusieurs vols détournés d'autres aéroports vers l'aéroport international King Khalid, en plus des travaux de maintenance programmés dans le système d'approvisionnement en carburant - cela a eu un impact sur les horaires de certains vols, y compris le retard ou l'annulation d'un certain nombre de vols opérés par certaines compagnies aériennes".

L'aéroport a ajouté que les équipes opérationnelles travaillent "24 heures sur 24 en étroite coordination avec nos partenaires aériens et les parties prenantes concernées pour faire face aux développements et rétablir la régularité opérationnelle dès que possible", tout en prenant toutes les mesures nécessaires pour minimiser l'impact sur l'expérience des passagers.

Des sources aéroportuaires ont déclaré à Arab News que le problème était lié aux fortes pluies qui se sont abattues sur Riyad plus tôt dans la journée de vendredi. De l'eau s'est apparemment infiltrée dans les réservoirs de carburant censés ravitailler les avions à réaction avant leur décollage, et plusieurs compagnies aériennes se sont alors efforcées de reprogrammer les vols des passagers.

Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne : "Les clients concernés sont contactés par le biais de divers canaux de communication, et tous les changements de billets sont effectués sans frais supplémentaires.

Arab News a contacté Saudia pour de plus amples informations.

Toujours dans un communiqué publié sur X, flyadeal a déclaré que tous ses passagers touchés par la perturbation "seront informés directement par e-mail et SMS des options de rebooking et d'assistance".


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.