Ces chrétiens arabes qui réfutent le discours de levée des sanctions US contre Damas

Le président syrien Bashar Assad (à droite) rencontre le nouveau patriarche melkite gréco-catholique Youssef Absi (à gauche) dans la capitale syrienne Damas (Photo, AFP/SANA).
Le président syrien Bashar Assad (à droite) rencontre le nouveau patriarche melkite gréco-catholique Youssef Absi (à gauche) dans la capitale syrienne Damas (Photo, AFP/SANA).
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Publié le Jeudi 18 février 2021

Ces chrétiens arabes qui réfutent le discours de levée des sanctions US contre Damas

  • Une lettre du 21 janvier affirmait que des «mesures coercitives unilatérales» imposées par les États-Unis avaient aggravé la situation des Syriens
  • Les détracteurs de la lettre disent que les Assad ont l’habitude d’utiliser les minorités comme moyen de peaufiner leur image à l’étranger

NEW YORK: Lorsque le moment est venu pour Bashar Jaafari, ancien représentant permanent de la Syrie à l’ONU, de quitter New York, une seule personne l’a vu à l’aéroport JFK: sa fidèle assistante de bureau.

Le symbolisme du moment a peut-être échappé à la dame pendant qu’elle saluait le diplomate qui disparaissait dans la foule des voyageurs: rien de plus que le départ solitaire de Jaafari ne pourrait incarner l’image du régime de Bashar Assad tel qu’il est isolé sur la scène mondiale aujourd’hui.

Jaafari est retourné à Damas où il reprendrait ses fonctions de vice-ministre des Affaires étrangères, de retour dans les bras d'un régime qui était son seul soutien au siège de l'ONU.

Pendant des années, Jaafari avait utilisé le temps qui lui était alloué au Conseil de sécurité afin de blâmer l'Occident pour la misère sous laquelle le peuple syrien vivait. Une fois, Il a même qualifié les nations occidentales de «voleurs sans frontières d’Ali Baba», uniquement pour piller les richesses de la Syrie, tant matérielles que culturelles.

Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU semblent ne pas douter que seul le régime est à l’origine des atrocités infligées aux Syriens, et que seule la corruption du régime est en mesure d’expliquer la catastrophe économique de plus en plus grave (Photo, AFP).

Les insultes de Jaafari n’ont cependant rien fait pour modifier la position des États membres sur des faits désormais fermement établis et régulièrement soulignés par les rapports du secrétaire général sur la Syrie. Pendant chaque réunion du conseil, des représentants demandaient à Assad d’avouer clairement l’emploi des armes chimiques qu'il a utilisées contre son propre peuple à plusieurs reprises.

Les membres de l’ONU ont rejeté les plans d’Assad pour des «élections simulées». Et lorsque le régime, soutenu par la Russie, a organisé une conférence destinée à encourager les réfugiés syriens à retourner dans une Syrie «désormais sûre», les Américains l'ont qualifiée de «numéro de cirque».

Hormis la Russie, qui assure de manière fiable la défense du régime, les membres du Conseil de sécurité semblent ne pas douter que seul le régime est à l’origine des atrocités infligées aux Syriens et que seule la corruption du régime est en mesure d’expliquer la catastrophe économique qui ne cesse de s’aggraver.

Isolé et paralysé par les sanctions de la loi César sur la protection civile en Syrie, le régime a utilisé toutes les ruses possibles pour trouver un moyen de les contourner. La relève de la garde à Washington, associée à la nomination de hauts conseillers de la Maison Blanche désireux d’apaiser avec l'Iran, pourrait bien être la pause qu'Assad et le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah attendaient.

Isolé et paralysé par les sanctions de la loi César sur la protection civile en Syrie, le régime a utilisé toutes les ruses possibles pour trouver un moyen de les contourner (Photo, AFP).

«En tant que Syriens, nous avons peur de ces conseillers qui entretiennent de bonnes relations avec les Iraniens», a révélé Ayman Abdel Nour, un réformiste syrien. «Vont-ils nous vendre - comme ils l'ont fait sous le président Barack Obama - comme la cerise sur le gâteau avec un autre accord nucléaire? »

Une lettre largement médiatisée envoyée au président Joe Biden le 21 janvier par Michel Abs, secrétaire général du Conseil des églises du Moyen-Orient, et cosignée par le patriarche syriaque catholique Ignace Joseph III Younan, le patriarche melkite catholique Joseph Absi et le patriarche syriaque orthodoxe Ignatius Ephrem II, a fait valoir que «les mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis aggravent de plus en plus la situation économique du peuple syrien».

Les signataires incluent également d'autres religieux en plus des fonctionnaires et des personnalités civiles ayant des liens étroits avec le régime d'Assad.

Comme peuvent l'attester les spécialistes de l'histoire moderne du Moyen-Orient, le régime d'Assad utilise depuis longtemps les minorités comme un moyen de redorer son image à l'étranger tout en dissimulant ses crimes secrets.

Lorsque Hafez Assad est arrivé au pouvoir en 1970, il s'est présenté dès le premier jour comme le «protecteur des minorités» et l'antidote à la montée du fondamentalisme islamique. Au nom de la lutte contre le radicalisme, le père Assad a exterminé des villes entières, a commis des massacres terribles et a renforcé son régime minoritaire alaouite avec une main de fer en s’imposant sur la nation en tant que chef absolu.

Une photo prise le 20 avril 2014 montre Assad visitant l'ancienne ville chrétienne de Maaloula que ses troupes avaient récemment reprise aux rebelles (Photo, AFP/SANA).

Son fils Bashar continue d'utiliser la minorité chrétienne dans ses diverses tentatives dans le but de contourner les sanctions, et comme une tentative désespérée de regagner une sorte de reconnaissance internationale.

Ainsi, il a envoyé quatre patriarches à Washington en 2013 pour rencontrer le président Barack Obama. Lorsque ce dernier les a regardés répéter les mêmes points de discussion à partir de petits papiers cachés dans leurs poches, il était furieux.

«Cette réunion était vraiment un désastre», se souvient Abdel Nour, qui a rencontré les quatre patriarches dans le hall de leur hôtel avant leur rencontre avec Obama.

«Il était très clair que les patriarches n’étaient que les messagers du service de renseignement du régime. Ainsi, lorsqu'ils sont revenus l'année suivante, Obama a refusé de les rencontrer ».

Un transfuge de l'armée syrienne utilisant le pseudonyme de César, tout en portant également une cagoule pour protéger son identité, témoigne de la guerre en Syrie lors d'une audition du comité sénatorial des relations étrangères au Capitole à Washington DC, le 11 mars 2020 (Photo, AFP).

Assad avait plus de tours dans son sac, pour ainsi dire, alors que l'étau des sanctions continuait de se resserrer. En 2017, après avoir déclaré la victoire à Alep, il a cherché le soutien public du Vatican.

Pour l'obtenir, il a fait au Saint-Siège deux offres que ce dernier ne pouvait pas refuser: La première était un permis pour construire une faculté de théologie romaine melkite ouverte aux séminaristes de tout le Moyen-Orient.

La seconde était une visite qu'il a personnellement rendue à un camp de jeunes catholiques syriaques. Tout sourire, il a posé pour les caméras qui le montraient en parfaite harmonie avec des jeunes chrétiens.

Quelques chiffres

* 128 000  Personnes auraient été assassinées dans les prisons syriennes par le régime d'Assad.

* 7,6 milliards de dollars  Ligne de crédit iranienne estimée au régime d'Assad depuis 2011.

* 70%  Baisse de des dépenses budgétaires par habitant de la Syrie depuis 2010.

* 902 millions de dollars  Déficit budgétaire prévu de la Syrie de pour 2021.

* 117 milliards de dollars  Coût estimé de la reconstruction de la Syrie

Le patriarche Younan, qui a été nommé par le Vatican, était très heureux. Lui et son homologue romain melkite ont envoyé des télégrammes au pape François faisant l’éloge de la générosité du président et l'implorant d'envoyer une délégation pour rencontrer Assad.

«Le pape ne pouvait pas dire non. Ce sont ses deux patriarches pour tout le Moyen-Orient, pas seulement pour la Syrie », a affirmé Abdel Nour. «Ils ont des circonscriptions au Liban, en Jordanie et en Palestine. Donc, il a envoyé cette délégation. Assad a utilisé la séance photo pour montrer au monde qu'il avait le soutien du Vatican».

Encore une fois, le Vatican s'est rapidement éloigné des «actions» d'Assad.

Ainsi, lorsque Abdel Nour, qui est également rédacteur en chef d’All4Syria, le principal média indépendant de Syrie, a entendu parler de la lettre du 21 janvier, il a été choqué.

Abdel Nour signale avoir pris le téléphone et appelé les signataires. Il a appris que certains avaient été contraints de signer; d'autres avaient demandé des modifications à la lettre avant d'accepter de signer, mais leurs noms ont quand même été ajoutés sans qu'aucune modification n'ait été apportée.

Des fidèles chrétiens orthodoxes syriens participent à un défilé marquant le dimanche des Rameaux à l'église Saint-Élie de Damas, la capitale syrienne, le 9 avril 2017 (Photo, AFP).

Un signataire était sur un lit d'hôpital quand Abdel Nour l'a appelé. Le patient n'avait même pas entendu parler de la lettre, a-t-il avoué.

Un examen des antécédents de l’un des signataires de la lettre, SOS Chrétiens d’Orient (SOS-CO), révèle que l’ONG française a consciemment transféré de l’argent et du matériel aux Forces de défense nationale (FDN) pro-régime.

Le rapport de novembre 2020 préparé par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (SOHR) basé au Royaume-Uni a également affirmé qu'il existe des liens étroits entre les fondateurs de SOS-CO et les leaders du FDN.

Le département du Trésor américain définit le NDF comme «une milice pro-Assad, affiliée à l'Iran». Il a sanctionné l'un de ses principaux leaders à la fin de l'année dernière pour son rôle présumé dans le massacre de plus de 70 civils.

Ce qui a le plus chagriné Abdel Nour, c'est le langage sophistiqué et efficace de la lettre. Elle a été rédigée par des dignitaires chrétiens très respectés qui ont fait qu’une seule et simple demande: que les sanctions soient levées.

Assad (Centre) marchant avec des religieux chrétiens et musulmans lors d'une conférence annuelle organisée par le ministère des Awqaf à Damas (Photo, AFP).

C'est le genre de lettre qui retient l'attention à Washington, D.C. «Ils y ont travaillé très dur. Ils ont commencé à écrire en décembre, deux mois avant que Biden ne prête serment », a expliqué Abdel Nour.

«Cette lettre a été soumise le 21 janvier, deuxième jour du mandat de Biden, dans l'espoir de profiter du nouvel moment. Elle donne l'impression que toutes les souffrances du peuple syrien sont dues aux sanctions de la loi César contre les personnalités du régime.

Il fallait faire quelque chose, a signalé Abdel Nour, président de l'association à but non lucratif Syrian Christians for Peace (Chrétiens syriens pour la paix). Le travail sur une nouvelle lettre a alors commencé. Une réponse a été rédigée et signée par d'éminentes personnalités chrétiennes et musulmanes de six pays arabes.

Les noms comprenaient des membres du Congrès arabe chrétien; le diplomate jordanien Marwan Muasher; et les anciens députés libanais Fares Souaid et Ahmed Fatfat; en plus des intellectuels et des politiciens irakiens et des recteurs d'université ainsi que des écrivains célèbres.

Les signataires ont écrit que lorsque on parle d’Assad, le monde a affaire à un leader qui a été convoqué par les tribunaux européens pour ses crimes de guerre et ses crimes contre l'humanité.

Ils ont fait valoir que les Syriens souffrent effectivement, mais pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les sanctions: le régime a trouvé des moyens de voler l'aide humanitaire, de vendre les marchandises sur le marché et d'utiliser les bénéfices afin de financer ses opérations militaires contre les civils.

Des volontaires de la défense civile syrienne recherchent des victimes à la suite des frappes aériennes du gouvernement syrien sur l'enclave de Douma, tenue par les rebelles de la Ghouta orientale, à la périphérie de la capitale Damas, le 20 mars 2018 (Photo, AFP).

Ils ont demandé que l'aide soit fournie directement aux citoyens syriens pauvres vivant dans des camps de réfugiés sous la supervision d'organisations internationales.

La lettre a également insisté sur le fait de mettre un terme à toute augmentation des fournitures humanitaires, affirmant que ce n'est pas la quantité d'aide qui est le problème, mais la façon dont elle est distribuée. Au lieu de cela, il serait plus que suffisant pour les États-Unis de faire pression pour une mise en œuvre complète de la résolution 2254, qui appelait à un cessez-le-feu et à un règlement politique global, selon les signataires.

La lettre n'est apparemment pas passée inaperçue au département d'État. Anthony Blinken, qui au cours de son audience de confirmation de cinq heures au Sénat le mois dernier n'a pas mentionné une seule fois la Syrie. Blinken a appelé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et a discuté de certaines recommandations de la lettre. Tous deux ont réaffirmé leur attachement au processus politique en vertu de la résolution 2254 du Conseil de sécurité et l'extension d'une autorisation transfrontalière afin de fournir de l'aide de manière à aider à soulager les souffrances du peuple syrien.

Le problème a de nouveau été soulevé lors d'un appel entre Blinken et son homologue turc. «Blinken a montré qu'il est un fonctionnaire qui a de la dignité», a commenté Abdel Nour.

Assad a rencontré le chef suprême iranien Ali Khamenei en 2019 lors de sa première visite en République islamique depuis le début du conflit syrien. Au cours de la réunion, Assad a exprimé sa gratitude envers l'Iran pour tout ce qu'il avait fait pour la Syrie pendant le conflit (Photo, AFP).

«Blinken a sans doute lu une lettre crédible d'un groupe de signataires réputés et il l'a adoptée comme sa politique».

Abdel Nour, dont le podcast Risala Ila Sourriyyin (Lettre aux Syriens) compte 1,5 million d'auditeurs hebdomadaires, a dévoilé que les États-Unis n'avaient toujours pas de stratégie pour faire face à la crise syrienne, bien que le département d'État envisage d’élaborer une. Il pense que cela ne sera pas séparé de la stratégie pour le Moyen-Orient, qui inclut l'Iran.

Dans une liste de recommandations qu'il a été invité à partager, Abdel Nour a exhorté l'équipe du Département d'État à tenir compte des leçons apprises par l'accord nucléaire de l'ère Obama de 2015: «L'accord n'a pas empêché le régime iranien de s'élargir et de prendre le contrôle des capitales arabes. Cela a mis les alliés américains (les pays du CCG) en danger constant. L'accord nucléaire ne doit pas être rétabli sans d'abord répondre aux préoccupations des Arabes qui vivent dans la région. Ensuite, il y a l’affaire des missiles balistiques iraniens qui, s'ils sont développés, atteindront certes les capitales européennes».

L’accord sur le nucléaire doit être révisé d’après Blinken. Mais dans un Conseil de sécurité qui a été paralysé pendant des années par les disputes américano-russes, un accord révisé est-il une option réaliste?

«Je pense que oui», a répondu Abdel Nour, «parce qu'au cours des deux dernières années, l'Iran a montré son visage hostile. Il a montré les dégâts qu'il peut infliger aux installations pétrolières saoudiennes utilisant le Yémen et l'Irak. Et c’est très dangereux. Ce que Téhéran a également fait contre l'ambassade américaine en Irak est inacceptable».

«Cela ne passera pas. Il y aura sûrement des représailles».

 

Avec les contributions d'Oubai Shahbandar à Washington, D.C.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël reprend ses attaques contre les bastions du Hezbollah au sud et au nord du fleuve Litani

L'armée israélienne a demandé aux habitants de plusieurs régions du Sud-Liban d'évacuer les lieux avant des frappes aériennes imminentes sur des cibles du Hezbollah. (Dossier)
L'armée israélienne a demandé aux habitants de plusieurs régions du Sud-Liban d'évacuer les lieux avant des frappes aériennes imminentes sur des cibles du Hezbollah. (Dossier)
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  • Nawaf Salam : « Comment est-il possible qu’Israël continue à pratiquer l’intimidation et les attaques ? »
  • Le Commandement de l’armée libanaise affirme avoir enregistré « plus de 4 500 violations de la souveraineté libanaise par voie terrestre, aérienne et maritime depuis l’entrée en vigueur de l’accord de cessation des hostilités »

BEYROUTH : L’armée israélienne a lancé jeudi soir une série de frappes aériennes visant des zones situées au sud et au nord du fleuve Litani, après avoir émis des avertissements urgents demandant aux habitants de s’éloigner de six sites désignés.

Cette tactique rappelle celle employée lors de la guerre israélienne contre le Hezbollah commencée en octobre 2023, et qui s’est conclue par un accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024.

Les frappes ont ciblé les environs de la ville de Dibbin ainsi que trois localités à Mays Al-Jabal. Des rapports initiaux indiquent qu’un ressortissant syrien aurait été blessé. Une maison à Kfar Tibnit a également été visée.

Une seconde vague de frappes a touché la région du district de Tyr, notamment Burj Qalāya et Al-Shahabīya.

« Le timing de ces attaques est significatif, car il coïncide avec les préparatifs du Hezbollah pour commémorer le premier anniversaire des assassinats de ses deux secrétaires généraux, Hassan Nasrallah et Hashem Safieddine », a déclaré une source sécuritaire libanaise au Arab News. « C’est une manière pour Israël de rappeler au parti qu’il reste une cible. »

La source s’attend à une intensification des attaques israéliennes à l’approche du 27 septembre, date marquant un an depuis la mort de Nasrallah.

Le Premier ministre Nawaf Salam a été informé des menaces israéliennes, puis des attaques, lors d’une session du Cabinet. Il a déclaré : « La position du gouvernement libanais reste l’engagement envers la cessation des hostilités et la participation aux réunions du mécanisme. »

Il a poursuivi : « La question légitime aujourd’hui est : Où est l’engagement d’Israël envers ces mécanismes ?
Comment est-il possible de continuer à pratiquer l’intimidation et les attaques alors que ces réunions sont censées garantir la mise en œuvre complète de la Résolution 1701 et la cessation des hostilités ? »

Le Cabinet a appelé la communauté internationale — en particulier les signataires de l’accord de cessation des hostilités — à exercer une pression maximale sur Israël pour qu’il cesse immédiatement ses attaques et reprenne les négociations diplomatiques. En vertu des termes de l’accord et du mécanisme de surveillance, Israël s’était engagé à plusieurs obligations, dont le retrait des territoires libanais occupés, la fin des attaques, et la libération des prisonniers.

L’armée israélienne a confirmé les frappes au Liban dans un communiqué, affirmant avoir visé « des cibles militaires appartenant au Hezbollah ».

Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a publié une vidéo sur les réseaux sociaux affirmant que ces frappes étaient « en réponse aux tentatives interdites du Hezbollah de reconstruire ses activités dans la région ».

Avant les frappes, Adraee s’est adressé aux habitants des zones ciblées : « Vous vous trouvez dans des bâtiments utilisés par le groupe terroriste Hezbollah. Pour votre propre sécurité, vous devez quitter immédiatement ces bâtiments ainsi que ceux qui les entourent et vous éloigner d’au moins 500 mètres. Rester sur place vous expose à un danger mortel. »

La route de Kfar Tibnit-Nabatiyeh Al-Fawqa a été fortement embouteillée en direction de Nabatiyeh et des villes voisines, en raison du déplacement de résidents menacés. L’accès à Kfar Tibnit a été fermé pour des raisons de sécurité publique.

L’armée israélienne a également ciblé la région de Baalbek dans la nuit de mercredi, tuant Hussein Saifo Sharif et blessant plusieurs autres personnes. L’armée israélienne affirme que Sharif était « un important trafiquant d’armes opérant depuis le Liban et fournissant des cellules en Syrie planifiant des attaques contre Israël ». Elle ajoute : « Ses activités constituent une violation des accords entre Israël et le Liban. »

Le Commandement de l’armée libanaise affirme avoir enregistré « plus de 4 500 violations de la souveraineté libanaise par voie terrestre, aérienne et maritime depuis l’entrée en vigueur de l’accord… y compris des lancers de cocktails Molotov et le bombardement de maisons. »

Il a précisé que les attaques de jeudi « sur les villages du sud et les civils dans des zones peuplées ont fait des morts et des blessés », et a mis en garde : « Ces attaques et violations entravent le déploiement de l’armée dans le sud, et leur poursuite compromettra la mise en œuvre de son plan, à partir de la zone située au sud du Litani. »

Il a ajouté que « le Commandement de l’armée surveille ces violations en coordination avec le Comité de surveillance de la cessation des hostilités et les forces de la FINUL ».

Le commandement a également révélé qu’au cours des « opérations de surveillance technique dans les régions du sud, une unité militaire spécialisée a découvert et démantelé un dispositif d’espionnage camouflé installé par l’ennemi israélien dans la zone de Labbouné-Tyr ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.