La montée de la violence houthie, signe de désespoir, selon l'envoyé saoudien à l’ONU

L’ambassadeur Abdallah Al-Mouallimi, représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU. (Photo, Twitter)
L’ambassadeur Abdallah Al-Mouallimi, représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU. (Photo, Twitter)
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Publié le Vendredi 19 février 2021

La montée de la violence houthie, signe de désespoir, selon l'envoyé saoudien à l’ONU

  • Abdallah Al-Mouallimi, le représentant du Royaume auprès de l'ONU, estime que les milices au Yémen ont le sentiment que l'attitude mondiale change contre elles
  • Il appelle les autres pays à étayer leurs préoccupations concernant le sort du peuple yéménite par «des contributions, des dons et un soutien physique appropriés».

NEW YORK: Après une réunion intense de deux heures du Conseil de sécurité pour discuter de la crise au Yémen, Abdallah Al-Mouallimi, le représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU, s'est arrêté pour réfléchir à la récente intensification des agressions des Houthis dans le pays.

Dans une interview exclusive avec Arab News jeudi, Al-Mouallimi a déclaré que la flambée de violence était un signe de «l'état de désespoir dans lequel se trouvent les Houthis», leur crainte d'un changement d’attitude de la communauté internationale à leur encontre, et leurs échecs sur les champs de bataille, où ils ont subi «d'énormes défaites».

Les hostilités des Houthis se sont intensifiées dans de nombreuses régions du pays, notamment une offensive lancée contre le dernier bastion du gouvernement yéménite à Marib, riche en pétrole. Plus d'un million de civils y ont trouvé refuge et le spectre d'une nouvelle catastrophe humanitaire se dessine. Pendant ce temps-là, les attaques des Houthis contre des cibles civiles dans le Royaume se poursuivent encore.

Cette amplification de la violence intervient moins d'un mois après que l'administration Biden, qui a l'intention de trouver une solution à la situation au Yémen, a emménagé à la Maison Blanche.

Al-Mouallimi a indiqué que les Houthis sentent qu'une percée politique et militaire pourrait donc être en vue, et ont ainsi «désespérément» recouru à «un sabotage supplémentaire du processus de paix» en lançant des attaques qui ne peuvent qu'entraver les efforts de paix de Martin Griffiths, l’envoyé spécial pour le Yémen et empêcher l’acheminement d’une aide humanitaire vitale.

«L'administration (Trump) au cours des derniers mois était extrêmement préoccupée par d'autres activités et soucis», a souligné Al-Mouallimi. «L'administration Biden est déterminée à trouver une solution et il sera très bientôt clairement évident que pour trouver une solution, il faut traiter avec les Houthis d'une manière qui repousse leur offensive et réduit leurs exigences et leurs ambitions».

Richard Mills, le vice-ambassadeur américain auprès de l'ONU, a déclaré jeudi au Conseil de sécurité que l'administration Biden était «déterminée à aider nos alliés à se défendre contre les attaques, telles que l'attaque des Houthis qui a touché un avion de ligne civil à l'aéroport d'Abha en Arabie saoudite le 10 février, et nous continuerons d'appliquer les sanctions existantes des Nations Unies et des États-Unis contre certains membres d'Ansarallah (le nom officiel du mouvement Houthi), et nous surveillerons de près les activités du groupe afin de déterminer si des actions supplémentaires sont justifiées».

Al-Mouallimi a souligné que les autorités saoudiennes étaient prêtes à travailler avec la communauté internationale pour identifier d'autres mesures possibles qui pourraient être prises «soit sur le champ de bataille, soit sur le front politique».

Il a ajouté: «Nous sommes prêts à poursuivre toutes les options possibles et à envisager toutes les autres voies qui pourraient s'ouvrir à nous et aux Américains ainsi qu’à la communauté internationale».

En informant le Conseil de sécurité jeudi, Griffiths a condamné la récente montée des agressions Houthis et a mis en garde contre le désastre humanitaire imminent auquel sont confrontés les civils à Marib. Toutefois, il a également exhorté le Conseil à saisir l'occasion de réactiver le processus politique.

Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence auprès de l’ONU, a averti le Conseil que le Yémen se dirige rapidement vers «la pire famine que le monde ait connue depuis des décennies» et que les enfants sont en train de «mourir de faim», à cet instant.

«Le monde doit agir maintenant», a-t-il ajouté.

La Suisse et la Suède coorganiseront une conférence des donateurs de haut niveau pour le Yémen à Genève le 1er mars prochain. Al-Mouallimi a indiqué qu'il espérait que l'événement va sensibiliser à la gravité de la crise humanitaire dans le pays, en appelant la communauté internationale à mettre son argent là où il faut. Il a également demandé que tout le monde soit plus généreux avec les dons en vue d’aider le peuple du Yémen.

«Il ne suffit pas que quiconque au sein de la communauté internationale commente la gravité de la situation sans réellement soutenir le Yémen par ces contributions appropriées, ces dons                           et son soutien matériel qui sont vraiment nécessaires».

Le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial David Beasley, entre autres, a appelé les États du Golfe à payer la facture de l’aide humanitaire au Yémen, au motif que d'autres pays riches sont débordés par leurs efforts pour résoudre d'autres crises.

«Beasley fait surement référence à la Covid-19 et aux besoins résultant de cette crise sanitaire. Eh bien, nous sommes confrontés à la même crise et nous ne nous cachons pas derrière elle pour fuir notre responsabilité », a assuré Al-Mouallimi.

«La réalité est la suivante: le besoin humanitaire au Yémen est une responsabilité de la communauté mondiale tout entière. S'il s'agit d'une division du travail, nous les Saoudiens avons pris sur nos épaules beaucoup plus que notre part du fardeau au Yémen - et ailleurs, aussi.

«Il est assez facile d’être généreux avec l’argent de quelqu'un d’autre. Il est assez facile de renvoyer la balle aux États du Golfe ou à d’autres coins du monde. Nous disons que la responsabilité s’arrête ici. Cela s’arrête ici, comme dans le cas des États du Golfe et de la communauté mondiale en général».

Les Houthis sont soutenus par les Iraniens, mais personne n’a fait allusion au régime malhonnête de Téhéran lors du briefing du Conseil de sécurité de jeudi. Cette «politique d'apaisement, d'essayer de trouver des excuses pour le régime iranien va se retourner contre le monde en général», a averti Al-Mouallimi.

«Cela s'est déjà retourné contre lui», a-t-il ajouté. «Lorsque le monde a fermé les yeux pendant un moment, l’Iran est allé de l’avant et a développé son programme nucléaire à un niveau qui est devenu extrêmement alarmant.

«Et la même chose se passe actuellement à la fois en termes de programme nucléaire, que l'Iran continue de développer, ainsi qu'en termes de soutien aux Houthis et de leur emprise sur d'autres régions, comme le Liban et d'autres endroits du Moyen-Orient.

«Les Iraniens n’ont rien à faire pour s’ingérer au Liban, au Yémen, en Syrie ou en Irak, ou ailleurs. La communauté mondiale doit prendre conscience de ce fait et attribuer la part de responsabilité là où elle doit être attribuée».

Al-Mouallimi a terminé son interview sur une note positive en mentionnant que l'histoire des crises à travers le monde nous ont appris que l'escalade est souvent le signe d'une solution imminente.

«En arabe, nous disons, «ichtaddi ya azmatu, tanfariji»: pour qu'une crise soit résolue, les gens ont tendance à remonter la barre avec leurs positions (dans une tentative) d'obtenir des avantages tactiques afin d’améliorer leur position potentielle dans tout accord négocié qui pourrait être à venir. Sur cette base, je suis donc optimiste que nous pourrons finalement parvenir à une solution globale au Yémen», a soutenu Al-Mouallimi.

«Nous savons tous que la situation yéménite ne peut être résolue que politiquement, par des négociations, des compromis et une vraie entente entre tous les Yéménites car ils ont un destin commun et ils doivent travailler ensemble pour trouver une solution raisonnable aux difficultés et aux différences du Yémen».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".