Le président algérien joue l'apaisement face à la crise politique

Une vidéo de la chaîne publique Algeria 3 montre le président algérien Abdelmadjid Tebboune prononçant un discours télévisé dans lequel il a appelé à la dissolution du parlement et à des élections anticipées, le 18 février 2021 à Alger. (Algerie 3 / AFP)
Une vidéo de la chaîne publique Algeria 3 montre le président algérien Abdelmadjid Tebboune prononçant un discours télévisé dans lequel il a appelé à la dissolution du parlement et à des élections anticipées, le 18 février 2021 à Alger. (Algerie 3 / AFP)
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Publié le Vendredi 19 février 2021

Le président algérien joue l'apaisement face à la crise politique

  • Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, avait répété à plusieurs reprises qu'"il n'existe pas de prisonniers d'opinion en Algérie"
  • Des appels à manifester lundi dans toute l'Algérie circulent sur les réseaux sociaux

ALGER : Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a fait jeudi un geste d'apaisement en graciant des détenus du Hirak, à la veille du deuxième anniversaire de ce soulèvement populaire, et en appelant à des élections anticipées pour affronter la crise qui frappe le pays.

"Le Hirak béni a sauvé l'Algérie. J'ai décidé d'accorder la grâce présidentielle à une trentaine de personnes pour lesquelles une décision de justice avait été rendue ainsi qu'à d'autres pour lesquelles aucun verdict n'a été prononcé. Entre 55 et 60 personnes rejoindront à partir de ce soir ou demain leur famille", a-t-il promis dans un discours télévisé à la Nation, très attendu ces derniers jours.

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, avait répété à plusieurs reprises qu'"il n'existe pas de prisonniers d'opinion en Algérie".

Mais selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien, quelque 70 personnes sont actuellement en prison en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.

Des poursuites fondées dans au moins 90% des cas sur des publications critiques envers les autorités sur les réseaux sociaux.

Dans un tweet, la présidence a précisé que la grâce concernait les "auteurs de crimes liés aux technologies de l'information et de la communication", sans divulguer de noms.

Sollicité, le CNLD a répondu ne pas avoir reçu d'informations sur les libérations. 

Cette annonce survient à la veille du deuxième anniversaire du soulèvement populaire inédit -- le 22 février 2019 -- qui a forcé l'ex-homme fort Abdelaziz Bouteflika à renoncer à un cinquième mandat présidentiel et à quitter le pouvoir.

Des appels à manifester lundi dans toute l'Algérie circulent sur les réseaux sociaux. 

"Resumé des annonces de Tebboune ce soir: libération (et non réhabilitation) des détenus d'opinion qui n'ont de toute manière rien à faire en prison en contrepartie de laisser Tebboune mener à terme l'agenda de sauvegarde du régime", a réagi par exemple un certain Karim sur Twitter.

Appel à la jeunesse 

M. Tebboune a par ailleurs décidé de "dissoudre l'Assemblée populaire nationale (APN) pour appeler à des élections", en disant souhaiter "ouvrir ses portes à la jeunesse". "Les jeunes doivent avoir un poids politique", a-t-il insisté, dans un discours-programme de 25 minutes.

Interpellant cette même jeunesse, il a annoncé la mise en place prochaine d'un Conseil suprême de la jeunesse et de l'Observatoire nationale de la société civile.

Les élections législatives -- prévues en 2022 -- devraient avoir lieu d'ici juin, au plus tard en septembre.

Le scrutin se déroulera sur la base d'une nouvelle loi électorale qui sera promulguée par ordonnance puisque le Parlement a été dissous.

Cette loi fixe notamment les règles de financement et de contrôle des campagnes électorales. Ainsi, il est interdit pour tout candidat de recevoir des dons en espèces ou en nature d'un Etat étranger ou d'une personne physique ou morale de nationalité étrangère.

L'ampleur du scandale du financement occulte des campagnes électorales a été dévoilé lors des récents procès d'ex-dirigeants et patrons algériens proches du clan Bouteflika, condamnés pour corruption.

Le chef de l'Etat a par ailleurs annoncé un remaniement ministériel "dans les 48 heures au maximum".

"Ce remaniement concernera des secteurs qui enregistrent des déficits dans leur gestion ressentis par les citoyens et nous mêmes", a-t-il assuré.

Le jour de son départ pour Berlin pour des soins,  M. Tebboune avait exprimé publiquement son insatisfaction devant l’action du gouvernement d'Abdelaziz Djerad.

De retour il y a une semaine d'Allemagne, où il était soigné pour des complications post-Covid, M. Tebboune a eu depuis des consultations avec six partis politiques, dont des formations de l'opposition.

Le chef de l'Etat n'a toutefois pas reçu les deux partis majoritaires au Parlement, le Front de libération nationale (FLN) et le RND (Rassemblement national démocratique), très impopulaires en raison de leur proximité avec l'ex-président Bouteflika et son clan.

A propos de la crise sanitaire, le président Tebboune s'est félicité de la gestion de la pandémie de Covid-19 par les autorités et a confirmé que l'Algérie, en accord avec la Russie, devrait produire localement le vaccin Spoutnik V.

Sur le plan international, le chef de l'Etat a appelé à l'organisation d'un référendum d'autodétermination  au Sahara occidental, ex-territoire espagnol que se disputent le Maroc et les indépendantistes sahraouis -- "la dernière colonie en Afrique", selon lui.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.