Comment les Émirats arabes unis et la Grèce se sont rapprochés

Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, à gauche, rencontre le prince héritier d'Abu Dhabi, Mohammed ben Zayed, lors de sa visite dans la capitale des Émirats arabes unis, le 18 novembre 2020. (WAM)
Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, à gauche, rencontre le prince héritier d'Abu Dhabi, Mohammed ben Zayed, lors de sa visite dans la capitale des Émirats arabes unis, le 18 novembre 2020. (WAM)
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Publié le Jeudi 25 février 2021

Comment les Émirats arabes unis et la Grèce se sont rapprochés

  • Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, s'est rendu à Abu Dhabi pour la deuxième fois en quelques mois pour y rencontrer le prince héritier, Mohammed ben Zayed
  • La Grèce et les Émirats arabes unis ont signé un accord de partenariat stratégique qui comprend une clause de défense mutuelle

ATHENES: Le 18 novembre 2020, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, s'est rendu à Abu Dhabi pour la deuxième fois en quelques mois afin de rencontrer le prince héritier, Mohammed ben Zayed.

La réunion est historique. La Grèce et les Émirats arabes unis (EAU) ont signé un accord de partenariat stratégique qui comprend une clause de défense mutuelle. Athènes l'a salué comme l'un des accords les plus importants signés depuis la Seconde Guerre mondiale.

La coopération bilatérale en matière de politique étrangère et de défense se développe rapidement. Dimanche dernier, le ministre grec de la Défense, Nikolaos Panayotopoulos, s'est rendu aux EAU accompagné du chef d'état-major général, le général Konstantinos Floros, afin de discuter d’une coopération accrue en matière de défense et de participer à deux salons internationaux de la défense: Idex 2021 et Navdex 2021.

L'été dernier, les Émirats arabes unis avaient envoyé des avions de combat F-16 en Crète pour participer à des exercices militaires avec l'armée de l'air hellénique.

Signe supplémentaire d'une coopération militaire croissante, la Grèce, les Émirats arabes unis, Chypre, l'Égypte et la France ont mené, du 30 novembre au 6 décembre à Alexandrie, en Égypte, un exercice aéronautique multinational conjoint baptisé «Medusa».

L'exercice constituait un message non officiel, bien que direct, adressé à la Turquie pour contrer sa démonstration de force en Méditerranée orientale.

Un exercice militaire conjoint entre la Grèce, Chypre, Israël, les Émirats arabes unis, la Slovaquie, l'Espagne, le Canada et les États-Unis est prévu cette année.

«La coopération en matière de défense est très importante pour la Grèce, dans la mesure où elle contribue à deux secteurs: premièrement, l’augmentation des investissements des EAU dans l’industrie de la défense grecque; deuxièmement, la collaboration entre les deux pays dans le domaine du développement technologique et du renseignement », souligne à Arab News Sotiris Roussos, professeur associé à l'université du Péloponnèse et chef du Centre d'études méditerranéennes, moyen-orientales et islamiques.

«La Grèce peut être un tremplin pour le développement du nouveau rôle de premier plan que les EAU aspirent à jouer, du Golfe à la Libye», ajoute l’enseignant.

Les racines de la coopération gréco-émiratie remontent au printemps arabe, qui a créé une nouvelle dynamique, de la Méditerranée au Golfe.

Depuis, la Turquie s’est affirmée comme un challenger géopolitiquement ambitieux du statu quo régional, pour deux raisons. Tout d’abord, elle menace la souveraineté et les droits souverains de la Grèce, de Chypre et de l'Égypte dans l'est de la Méditerranée en remettant fortement en cause soit leur intégrité territoriale, soit leur droit d'explorer et de développer leurs ressources nationales dans leurs plateaux continentaux ou zones économiques exclusives (ZEE).

Le mémorandum d'accord du mois de novembre 2019 entre le gouvernement libyen d'accord national (GNA) et la Turquie, qui établit une frontière maritime entre les deux pays tout en ignorant les ZEE grecque et égyptienne, est un exemple typique de la façon dont Ankara considère la protection de sa géoéconomie et les intérêts géopolitiques de la région.

Deuxièmement, la Turquie constitue une menace pour l'ordre régional post-printemps arabe, principalement à travers son soutien aux Frères musulmans, mais aussi en raison de sa présence en Syrie, en Libye et dans la Corne africaine. Les Frères musulmans sont une véritable menace pour les EAU et l'Arabie saoudite.

De plus, Ankara développe une stratégie dont le but est d’exercer une influence dans les domaines où elle voit émerger une vacance de pouvoir.

Cette stratégie est fondée sur sa doctrine Mavi Vatan («Patrie bleue») qui vise à présenter la Turquie comme une puissance maritime de la Libye au Golfe.

Ces développements ont fait converger les intérêts grecs et émiratis. «La Grèce pourrait devenir un interlocuteur particulièrement intéressant pour les EAU. Malgré son rôle périphérique dans l'Union européenne et une économie dévastée à la suite de la crise de 2009, la Grèce est en train de devenir un grand acteur potentiel dans la Méditerranée, et l'importance géostratégique d'Athènes ne peut être négligée», déclare à Arab News Cinzia Bianco, chercheuse sur le Golfe au Conseil européen des relations étrangères.

«La Grèce est positionnée entre trois continents et dispose d’une proximité géographique avec l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Si l’on ajoute une croissance économique projetée de 4,1% d'ici à 2021, des investissements importants dans la défense et des dépenses supplémentaires prévues pour de nouveaux navires de guerre et avions de combat, cela pourrait augurer d’une Grèce nouvelle et plus forte.

Dans ce contexte, les EAU ont été reconnus au mois de décembre en tant qu'observateurs au Forum du gaz de la Méditerranée orientale (East Med Gas Forum) du Caire.

Athènes et Abu Dhabi ont également vu leurs intérêts étroitement liés en Libye alors qu'ils s'opposent tous deux au leadership pro-turc du GNA à Tripoli.

Il convient également de noter que les accords d'Abraham entre les EAU et Israël donnent à Abu Dhabi l'opportunité d’étendre son pouvoir en Méditerranée orientale.

Plus récemment, les EAU – aux côtés de pays arabes qui partagent les mêmes visions, comme l'Égypte et l'Arabie saoudite – ont participé au forum Philia à Athènes.

Le partenariat gréco-émirati pourrait contrecarrer l’affirmation régionale de la Turquie et servir de pont entre l’Union européenne et le Golfe, à un moment où la concurrence géopolitique ne cesse de croître.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com

 


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
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  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.