Les Protestants de Turquie invités à espionner leur communauté

Le pasteur américain Andrew Brunson, après avoir été libéré de prison, et son épouse Norrine arrivent à l’aéroport d’Izmir, en Turquie, le 12 octobre 2018. (Photo, Reuters)
Le pasteur américain Andrew Brunson, après avoir été libéré de prison, et son épouse Norrine arrivent à l’aéroport d’Izmir, en Turquie, le 12 octobre 2018. (Photo, Reuters)
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Publié le Vendredi 26 février 2021

Les Protestants de Turquie invités à espionner leur communauté

  • Le groupe a affirmé que cette tendance était notamment commune dans la région de l’est et du sud-est afin de fournir des informations concernant les membres de la congrégation et les églises elles-mêmes
  • De plus, d’autres violations ont été résumées dans le rapport, comme le fait que plus de 100 protestants étrangers se sont vu refuser l’entrée dans le pays, laissant vacants plusieurs postes dans leurs églises

ISTANBUL : L’Association des églises protestantes en Turquie a publié son rapport annuel qui met en lumière les défis et les violations de la liberté religieuse auxquels elle est confrontée depuis l’année dernière. Parmi ces violations, les plus importantes sont les allégations selon lesquelles des membres de la communauté se sont vu proposer du travail en tant qu’espions et informateurs.

Le groupe a affirmé que cette tendance était notamment commune dans la région de l’est et du sud-est afin de fournir des informations concernant les membres de la congrégation et les églises elles-mêmes. L’Association  a qualifié ces allégations d’ « alarmantes » et a déclaré qu’elles montrent l’étendue de l’intrusion de l’État et la suspicion de leurs activités.

Le Dr Mine Yildirim, directrice de l’Initiative pour la liberté de croyance et du programme de la société civile eurasienne au Comité norvégien d’Helsinki, a indiqué que les rapports de demandes d’espionnage venant de personnes qui  se présentent comme membres de la police civile ou des services de renseignement sont alarmants mais pas nécessairement nouveaux.

« S’ils sont des fonctionnaires, il est alarmant que les autorités abordent avec autant de suspicion les citoyens dont les lieux de culte sont publics. S’il ne s’agit pas de fonctionnaires, la situation est également alarmante car cela indiquerait que certaines personnes « jouent le rôle de l’État » pour surveiller et intimider la communauté protestante », explique-t-elle à Arab News.

Les experts ont souligné la nécessité d’une explication urgente de la part des autorités publiques et d’une protection renforcée des églises.

De plus, d’autres violations ont été résumées dans le rapport, comme le fait que plus de 100 Protestants étrangers se sont vu refuser l’entrée dans le pays, laissant vacants plusieurs postes dans leurs églises.

« Le refus des visas aux travailleurs religieux étrangers est devenue une politique pour le gouvernement turc ces dernières années. Étant donné les obstacles avant la formation des professeurs de religion et des chefs religieux pour les communautés non-musulmanes, il est compréhensible que la communauté protestante compte en partie sur les travailleurs religieux étrangers. Ne pas autoriser les travailleurs religieux étrangers à rester en Turquie signifie que les citoyens turcs sont affectés », souligne le Dr Yildirim.

La Turquie ne dispose pas d’une procédure permettant aux travailleurs religieux étrangers de demander un visa de travailleur religieux, similaire aux systèmes en place dans d’autres pays où les travailleurs religieux turcs ont le droit de demander du travail.

« Dans certains de ces cas, les pétitionnaires ont été accusés de nuire aux intérêts nationaux de la Turquie et d’être des missionnaires, et leur participation aux évènements de notre fondation a été présentée en tant que preuve criminelle », indique le rapport.

Les interdictions d’entrée, les refus de prolongation de permis de séjour et les expulsions d’étrangers affiliés aux églises protestantes en Turquie sont une tendance depuis 2019.

Cette tendance a poussé les communautés protestantes à former le clergé de groupes autochtones car il était de plus en plus difficile d’accueillir des pasteurs nés à l’étranger, mais il est légalement impossible d’ouvrir des écoles religieuses pour former des enseignants et des travailleurs religieux.

Les restrictions d’Ankara sur l’immigration des pasteurs sont considérés comme une tentative de priver les églises de leurs pasteurs, faisant pression sur la communauté protestante.

Les églises protestantes sont des institutions publiques qui opèrent en vertu du droit international et des normes de transparence, selon le rapport. Elles manquaient d’espace physique disponible pour leur culte, en particulier en raison des restrictions liées au coronavirus.

On estime qu’il y a environ 7 000 membres de dénominations protestantes avec six fondations et environ 170 églises et communautés à travers le pays.

Le pasteur américain Andrew Brunson, qui était le pasteur d’une église protestante dans la ville d’Izmir dans l’ouest du pays, a été arrêté en octobre 2016 pour terrorisme avant d’être libéré deux ans plus tard à la suite d’un grand conflit entre Ankara et Washington. Depuis l’incident de Brunson, le clergé étranger dans le pays a été pour la plupart traité avec suspicion et comme un danger pour l’ordre public de la Turquie.

Pour le Dr Yildirim, les caractéristiques communes des pratiques contre les travailleurs religieux étrangers et de la collecte de renseignements sont la suspicion et l’incapacité de traiter ce qui est soupçonné dans le cadre juridique de la Turquie.

« Dans le cas des travailleurs religieux étrangers, nous savons qu’aucun de ces travailleurs n’a été reconnu coupable d’aucun crime en Turquie. Quelles que soient leurs actions en termes d’activité religieuse, il n’y a eu aucun procès dans lequel ces personnes ont été jugées coupables de violation de la loi turque ou des droits de l’homme de quiconque, y compris la liberté de religion ou de croyance », affirme-t-elle.

De même, a ajouté le Dr Yildirim, si les autorités publiques cherchent à infiltrer les communautés protestantes, cela montre qu’elles ne peuvent pas s’attaquer à ce qu’elles soupçonnent dans le cadre de la loi.

« Les lois turques en relation aux droits associatifs, ainsi que de nombreuses dispositions du Code civil et du Code pénal turcs fournissent une base juridique permettant de poursuivre les activités illégales. Aucune enquête n’a conduit à un procès contre des églises ou des associations ou des individus affiliés à la communauté protestante », a-t-elle noté.

Selon le Dr Yildirim, les autorités turques doivent examiner leur manière d’aborder les Protestants, dont les travailleurs religieux étrangers, et adopter une approche basée sur les droits de l’homme.

« Entamer un dialogue ouvert entre les autorités et la communauté serait un bon pas en avant. Ces actes de suspicion nuisent malheureusement à la communauté protestante ou à toute personne qui tient à ce que l’État de droit soit respecté en Turquie », affirme-t-elle.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: Israël annonce la réouverture du passage de Kerem Shalom pour faire entrer les aides

Ci-dessus, une image satellite PBC de Planet Labs du 3 mai 2024 montre des véhicules militaires israéliens se massant dans la zone proche du poste frontière de Kerem Shalom avec la bande de Gaza (Photo, AFP).
Ci-dessus, une image satellite PBC de Planet Labs du 3 mai 2024 montre des véhicules militaires israéliens se massant dans la zone proche du poste frontière de Kerem Shalom avec la bande de Gaza (Photo, AFP).
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  • L'annonce par Israël de la réouverture de Kerem Shalom survient sur fond de critiques américaines
  • Mardi soir, Philippe Lazzarini, patron de l'Unrwa, avait rappelé sur X que les points de passage de Rafah et Kerem Shalom étaient des «lignes de vie» pour la bande de Gaza

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi la réouverture du point de passage de Kerem Shalom pour faire "entrer l'aide humanitaire" dans la bande de Gaza, quatre jours après sa fermeture consécutive à des tirs de roquettes sur la zone.

"Des camions en provenance d'Egypte transportant de l'aide humanitaire, notamment de la nourriture, de l'eau, des abris, des médicaments et du matériel médical donné par la communauté internationale, arrivent déjà au point de passage", a indiqué l'armée dans un communiqué.

Après inspection, la cargaison sera "transférée du côté gazaoui du passage", poursuit le texte qui ajoute qu'en parallèle, le point de passage d'Erez, donnant accès au nord du territoire côtier palestinien pilonné et assiégé par Israël, "continue de fonctionner pour faciliter l'entrée de l'aide humanitaire".

Mais Juliette Touma, porte-parole de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, a indiqué à l'AFP que le "point de passage (de Kerem Shalom) n'était toujours pas ouvert" en milieu de matinée.


Gaza: le Qatar appelle la communauté internationale à empêcher un «génocide» à Rafah

La défense civile palestinienne et les habitants locaux évacuent un homme blessé de la maison détruite d'Al-Qadri, frappée par les bombardements israéliens à Rafah (Photo, AFP).
La défense civile palestinienne et les habitants locaux évacuent un homme blessé de la maison détruite d'Al-Qadri, frappée par les bombardements israéliens à Rafah (Photo, AFP).
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  • L'armée israélienne a multiplié les frappes aériennes mercredi dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza, notamment à Rafah
  • L'appel du Qatar intervient alors que les médiateurs égyptien, qatari et américain tiennent des discussions au Caire en vue d'un cessez-le-feu

DOHA: Le Qatar a appelé mercredi la communauté internationale à agir pour empêcher un "génocide" à Rafah, face à la menace d'une offensive d'ampleur de l'armée israélienne sur cette ville devenue un refuge pour 1,4 million de Palestiniens à la lisière sud de la bande de Gaza.

Le pays du Golfe, médiateur dans les négociations sur une trêve entre Israël et le Hamas palestinien, a appelé dans un communiqué "à une action internationale urgente qui permettrait d'empêcher que la ville ne soit envahie et qu'un crime de génocide ne soit commis".

L'armée israélienne a multiplié les frappes aériennes mercredi dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza, notamment à Rafah où elle a déjà déployé des chars mardi et pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte.

Doha a critiqué mercredi la prise de ce passage stratégique, ajoutant "condamner fermement" les bombardements sur la ville, dont les quartiers est ont été évacués par des dizaines de milliers de familles à la suite d'un appel des autorités israéliennes en prévision d'une éventuelle opération terrestre.

Discussions 

L'appel du Qatar intervient alors que les médiateurs égyptien, qatari et américain tiennent des discussions au Caire en vue d'un cessez-le-feu et une libération des otages retenus dans le territoire palestinien.

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont lancé une attaque dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 36 sont considérées mortes, selon l'armée.

En représailles, Israël a lancé une opération militaire dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 34.789 morts, principalement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


Arabie saoudite: quiconque enfreindra les règles du Hajj entre le 2 et le 20 juin sera puni

Les contrevenants aux règlements et instructions du Hajj, sans permis durant la période qui s’étend du 2 au 20 juin, seront punis. (@HajMinistry)
Les contrevenants aux règlements et instructions du Hajj, sans permis durant la période qui s’étend du 2 au 20 juin, seront punis. (@HajMinistry)
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  • Les résidents qui enfreignent ces règles seront expulsés vers leur pays et interdits d’entrer à nouveau au Royaume, rapporte l’Agence de presse saoudienne
  • Le ministère de l’Intérieur a déclaré que les contrevenants se verront infliger une amende supplémentaire de 10 000 riyals saoudiens à chaque fois qu’ils enfreindront les règles

RIYAD: Le ministère saoudien de l’Intérieur a annoncé, mardi, que les contrevenants aux règlements et instructions du Hajj, sans permis durant la période qui s’étend du 2 au 20 juin, seront punis.

Les citoyens, résidents et visiteurs du Royaume qui violeront les règlements et instructions du Hajj sans permis à La Mecque, dans la zone autour de la Grande Mosquée, sur les sites du Hajj, à la station Haramain d’Al-Rusayfah, dans les centres de contrôle de sécurité, les centres de tri et les centres de contrôle de sécurité temporaire pendant la période spécifiée seront condamnés à verser une amende de 10 000 riyals saoudiens, soit 2 666 dollars (1 dollar = 0,93 euro).

Les résidents qui enfreignent ces règles seront expulsés vers leur pays et interdits d’entrer à nouveau au Royaume, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Le ministère de l’Intérieur a déclaré que les contrevenants se verront infliger une amende supplémentaire de 10 000 riyals saoudiens à chaque fois qu’ils enfreindront les règles, soulignant l’importance de respecter les réglementations et instructions du Hajj afin que les pèlerins puissent accomplir leurs rituels en toute sécurité et confort.

Quiconque transporte des contrevenants aux règlements et instructions du Hajj sans permis sera emprisonné pour une période pouvant aller jusqu’à six mois et condamné à une amende jusqu’à 50 000 riyals.

Un décret sera rendu pour confisquer le véhicule utilisé et le contrevenant sera expulsé après avoir purgé une peine de prison s’il est expatrié. L’amende augmentera en fonction du nombre de personnes transportées illégalement.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com