Carole Nader, figure de la conscience sociale au Liban

En 2009, Carole Nader perd son jeune fils Philippe, un ange au sourire radieux, à l'âge de onze ans. « En hommage à sa mémoire mais aussi à son altruisme, nous avons créé la Happy Childhood Foundation en 2010. Il s'agit d'une fondation destinée aux enfants défavorisés, et ce, sans aucune discrimination liée à la nationalité ou à la religion », explique-t-elle. (Photo fournie).
En 2009, Carole Nader perd son jeune fils Philippe, un ange au sourire radieux, à l'âge de onze ans. « En hommage à sa mémoire mais aussi à son altruisme, nous avons créé la Happy Childhood Foundation en 2010. Il s'agit d'une fondation destinée aux enfants défavorisés, et ce, sans aucune discrimination liée à la nationalité ou à la religion », explique-t-elle. (Photo fournie).
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Publié le Mercredi 03 mars 2021

Carole Nader, figure de la conscience sociale au Liban

  • Vice-présidente de la Happy Childhood Foundation, Carole Nader développe une approche holistique de la réhabilitation
  • En tant que thérapeute, elle prône une « résilience active, positive, et collective »

BEYROUTH: Toutes les héroïnes ne portent pas de cape. C’est le cas de Carole Nader. Son super-pouvoir inné est de détenir une immense conscience sociale. L'altruisme a dès son plus jeune enfance parisienne été son leitmotiv. Ce pouvoir n'est pas surnaturel, il est le reflet d'une énergie qui l'a toujours poussée à donner plus aux autres et à penser à autrui, alors même que sa vie personnelle était bouleversée par des évènements tragiques.

Une énergie d’autant plus vitale pour un Liban en totale perdition sur le plan politique, économique et social. L'approche de Carole Nader concernant les processus de réhabilitation et de résilience – des notions qui ont été galvaudées – mérite d'être mise en lumière. Arab News en français lui a donné la parole.

Drames familiaux et solidarité sociale

Carole Nader a été frappée par deux drames familiaux en l’espace d’un an. Guidée par sa conscience sociale qu’elle décrit comme « une joie quotidienne », elle a contribué à la mise en place de deux institutions qui sont devenues indispensables pour des milliers de familles au Liban. 

En 2009, Carole Nader perd son jeune fils Philippe, un ange au sourire radieux, à l'âge de onze ans. « En hommage à sa mémoire mais aussi à son altruisme, nous avons créé la Happy Childhood Foundation en 2010. Il s'agit d'une fondation destinée aux enfants défavorisés, et ce, sans aucune discrimination liée à la nationalité ou à la religion », explique-t-elle.

Un an après ce premier drame, Laetitia, sa fille âgée de seize ans, est victime d'un accident de cheval. Elle subit un très grave traumatisme de la colonne vertébrale. « On a décidé de se rendre aux États-Unis pour sa réhabilitation. Elle a fait comme voeu avant de partir que notre fondation puisse aider des enfants qui sont dans sa situation, mais qui n'ont pas les moyens de partir à l’étranger pour recevoir des traitements. »

La thérapie de Laetitia se déroule au Rehabilitation Institute of Chicago, renommé depuis peu Shirley Ryan AbilityLab. Lors de ce séjour aux États-Unis, Carole Nader et sa fille travaillent avec cet hôpital à la réputation mondiale pour fonder – en collaboration avec l'Hôtel-Dieu de France à Beyrouth et la Childhood Foundation – un centre d’excellence, le Centre de réhabilitation Laetitia Hatem à l'Hôtel-Dieu de France en 2011.

« On a tout d'abord promis à Laetitia qu'elle remarcherait, et c'est heureusement arrivé. On a rapidement voulu que ce centre puisse aussi bénéficier aux personnes les plus défavorisées. On a donc créé un fonds spécialement dédié aux enfants avec peu de moyens financiers et ne bénéficiant pas de la sécurité sociale. L'idée étant de leur donner accès aux meilleurs soins possibles », raconte Carole Nader.

La Fondation fait un travail remarquable en prenant en charge complètement les frais mensuels de plus de 150 enfants et de leurs familles. 

Une approche, une leçon et un monde de vie

L'approche holistique de Carole Nader se divise en cinq programmes: les besoins primaires, l'éducation, la santé physique et mentale, la protection, et la culture. « C'est une approche qui tient compte du bien-être, à tous les niveaux », affirme-t-elle.

« J'ai assisté à des réhabilitations neurologiques et à des séances psychologiques aux États-Unis et au Liban. J'ai développé des compétences en termes de réhabilitation et de soutien psychologique. J'ai pris en charge tous les projets de réhabilitation », raconte Carole Nader.

Le Centre a accueilli tous les blessés, enfants et adultes de l'explosion du port de Beyrouth du 4 août dernier, en leur offrant notamment un soutien psychologique. « Quand les gens n'ont pas de quoi réparer leurs maisons, ils n'ont pas de quoi se réparer eux-mêmes. »

On parle souvent de la grande capacité de résilience des Libanais, et le pays est même comparé au mythique phénix qui renaît de ses cendres. Cette vision a été récemment vivement critiquée, car elle déforme la réalité socio-économique du pays. Pour la thérapeute, le concept de résilience est mal compris. « Au Liban, c'est être passif que de continuer à vivre comme si de rien n'était. La résilience, c'est au contraire la capacité et la rapidité avec laquelle on se redresse et ce qu'on en fait. La résilience doit être active, positive et collective ». Carole Nader estime que la résilience est aussi une leçon et un mode de vie. « Ce n’est pas rejeter un drame quand il arrive, mais c’est pouvoir rebondir, avancer et en faire quelque chose », assure-t-elle.

Elle continue d’étudier tout ce qui à trait aux neurosciences et au bien-être. Elle a ainsi de multiples diplômes des universités de Yale, Chicago ou encore Berkeley. Carole Nader insiste pour ne pas appliquer aveuglement des concepts qui sont bien souvent adaptés à la culture anglo-saxonne. « Dans notre région, tout est différent. Notre relation à différents concepts comme la nourriture, la convivialité, le rapport à l'autre, les relations sociales n’est pas la même. Il faut donc adapter ces concepts à notre culture orientale. »

Carole Nader partage son vécu et ses acquis sur Helpnet, un réseau interdisciplinaire de santé mentale.


"Sortir de la destruction et de la mort" : des Gazaouis à la plage comme avant la guerre

Des enfants palestiniens jouent sur une plage à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 avril 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo AFP)
Des enfants palestiniens jouent sur une plage à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 avril 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo AFP)
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  • Une météo estivale a offert mercredi un moment de répit aux Gazaouis déplacés à Deir el-Balah, dans le centre du territoire palestinien,
  • "Les enfants étaient heureux", assure Naji Abou Waseem, lui aussi déplacé de Gaza-ville. "C'était notre but, les sortir de la destruction et de la mort, de l'atmosphère de la guerre, même s'ils entendent tout le temps des explosions et les avions"

Deir El-Balah (Territoires Palestiniens) : Une météo estivale a offert mercredi un moment de répit aux Gazaouis déplacés à Deir el-Balah, dans le centre du territoire palestinien, qui par centaines se sont baignés dans les eaux encore fraîches de la Méditerranée pour se laver des affres de la guerre.

"Aujourd'hui, c'était l'occasion pour nous d'aller à la mer. A cause de la forte chaleur, la tente est comme un four, et l'air est comme le feu", raconte à l'AFP Mahmoud Al-Khatib, 28 ans, qui a dû fuir la ville de Gaza, au nord, avec sa femme et ses enfants.

En attendant le jour où ils pourront rentrer chez eux, ils vivent dans un camp, sous des tentes chauffées à blanc par le soleil d'avril et un mercure qui a atteint les 34°C mercredi à Deir el-Balah.

"Les enfants étaient heureux", assure Naji Abou Waseem, lui aussi déplacé de Gaza-ville. "C'était notre but, les sortir de la destruction et de la mort, de l'atmosphère de la guerre, même s'ils entendent tout le temps des explosions et les avions".

Un photographe de l'AFP a saisi ces instants de calme et de joie simple, une denrée rare dans le petit territoire palestinien ravagé par six mois de frappes aériennes incessantes et de combats acharnés entre Israël et le Hamas.

Des hommes étendus sur le sable, les regards au large, devisent à quelques pas d'enfants bravant les vagues ou barbotant sur l'estran. Un petit groupe de femmes et de jeunes filles en tunique longue et hijab posent pour la photo.

Un cheval, un chien s'ébrouent dans l'eau. Des gamins piaffent d'aise, juchés sur un chameau.

Des adolescents tapent dans le ballon, d'autres volleyent, de plus jeunes sautillent sur un improbable trampoline.

Selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas, qui a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007, femmes et enfants sont les premières victimes de l'opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, qui a fait près de 39.000 morts, majoritairement des civils.

Originaire d'un quartier du nord de Gaza, Oum Ramadan, son mari Younis Abou Ramadan, leurs enfants et petits-enfants vivent eux aussi sous des tentes, "comme dans une boîte de sardines", résume-t-elle.

"Nous avons passé la journée à la plage", raconte Younis Abou Ramadan. "Nous avons essayé d'oublier ce que nous vivons, mais c'est difficile".

L'offensive militaire israélienne a été déclenchée par les attaques sanglantes et sans précédent perpétrées le 7 octobre par des commandos infiltrés du Hamas dans le sud d'Israël qui ont fait 1.170 morts, en majorité des civils, d'après un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens.

Leur massacre commis, les assaillants ont enlevé 250 personnes. Dans le cadre d'une trêve d'une semaine fin novembre, une centaine d'otages, dont 80 Israéliens ou binationaux, ont été libérés en échange de 240 prisonniers palestiniens.

Israël estime que 129 otages restent captifs dans la bande de Gaza, dont 34 sont morts.


Les rois de Jordanie et de Bahreïn discutent de coopération arabe régionale

Le roi Abdallah II de Jordanie et le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, à Aqaba. (Petra)
Le roi Abdallah II de Jordanie et le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, à Aqaba. (Petra)
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  • La réunion a mis en lumière l’importance du prochain sommet de la Ligue arabe, qui devrait être inauguré à Manama, le 16 mai
  • Le roi Hamad a félicité la Jordanie pour son rôle au niveau de la promotion de la paix dans la région et son soutien aux causes arabes et islamiques, en particulier la question palestinienne

AMMAN: Le roi Abdallah II de Jordanie et le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, se sont rencontrés, mercredi, à Aqaba, pour discuter de la solidarité et de la coordination arabes, rapporte l’Agence de presse jordanienne.

La réunion a mis en lumière l’importance du prochain sommet de la Ligue arabe, qui devrait être inauguré à Manama, la capitale du royaume de Bahreïn, le 16 mai, à la lumière des défis auxquels la région fait désormais face.

Le roi Abdallah a salué les efforts déployés par Bahreïn pour organiser l’événement.

Lors de la réunion, à laquelle a également participé le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdallah, les dirigeants ont insisté sur les liens étroits entre la Jordanie et Bahreïn et ont exprimé leur engagement à poursuivre la coopération et l’intégration économique.

Le roi Hamad a félicité la Jordanie pour son rôle au niveau de la promotion de la paix dans la région et son soutien aux causes arabes et islamiques, en particulier la question palestinienne.

Les dirigeants ont souligné la nécessité urgente d’une intervention internationale pour parvenir à un accord de cessez-le-feu à Gaza, et ils ont appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre des mesures immédiates pour protéger les civils, garantir l’acheminement de l’aide humanitaire et empêcher une escalade du conflit.

Ils se sont également fermement opposés à toute action susceptible d’élargir le conflit, notamment l’offensive terrestre israélienne à Rafah ou le déplacement des Palestiniens.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attaque du Hezbollah contre un centre de commandement militaire israélien: quatorze blessés

Les services d’urgence répondent à un incident survenu dans le contexte des hostilités transfrontalières en cours entre le Hezbollah et les forces israéliennes, près de la région d’Arab al-Aramche, dans le nord d’Israël, le 17 avril 2024. (Reuters)
Les services d’urgence répondent à un incident survenu dans le contexte des hostilités transfrontalières en cours entre le Hezbollah et les forces israéliennes, près de la région d’Arab al-Aramche, dans le nord d’Israël, le 17 avril 2024. (Reuters)
Un Libanais récupère des livres dans une maison détruite par une frappe aérienne israélienne, dans le village de Mansouri, au sud du Liban, le mercredi 17 avril 2024. (Photo AP)
Un Libanais récupère des livres dans une maison détruite par une frappe aérienne israélienne, dans le village de Mansouri, au sud du Liban, le mercredi 17 avril 2024. (Photo AP)
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  • Le Hezbollah «est passé à la vitesse supérieure dans les affrontements, en prenant les soldats israéliens directement pour cible»
  • Les forces israéliennes ont mené des représailles immédiates en lançant des bombes au phosphore sur la zone frontalière

BEYROUTH: Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, a lancé, mercredi, «une attaque combinée avec des missiles guidés et des drones explosifs contre un centre de commandement de reconnaissance militaire à Arab al-Aramche », alors qu’il visait l’armée israélienne au sud de la frontière avec le Liban.

Le groupe a revendiqué la responsabilité de l’opération, qu’il qualifie de «riposte à l’assassinat de plusieurs combattants à Aïn Baal et Chehabiya, dans le sud du Liban».

Les médias israéliens ont annoncé qu’«un drone kamikaze a ciblé un rassemblement de l’armée israélienne à Arab al-Aramche, dans l’ouest de la Galilée, faisant au moins six victimes».

Ils ajoutent: «Un hélicoptère de l’armée israélienne a été touché alors qu’il venait en aide aux blessés à Arab al-Aramche.»

Le centre médical Galilée à Nahariya indique avoir accueilli quatorze blessés.

Le Hezbollah a récemment adopté de nouvelles tactiques. Selon une source sécuritaire, ces techniques «ont été utilisées la semaine dernière, lorsque le Hezbollah a fait usage d’engins explosifs visant des soldats israéliens à la frontière, blessant quatre membres de la brigade Golani».

La source ajoute que le Hezbollah «est passé à la vitesse supérieure dans les affrontements, en prenant les soldats israéliens directement pour cible».

Les forces israéliennes ont mené des représailles immédiates en lançant des bombes au phosphore sur la zone frontalière.

Cette région comprend les banlieues de Rachaya al-Fekhar, Fardis, Al-Habbariyeh, Alma al-Chaab, Dhaïra, Marwahine et Yarine, ainsi que la ville de Nabatieh, où une maison appartenant à la famille Sayyed a été détruite.

Aucune victime n’a été signalée lors de ces incidents, mais la région frontalière a été témoin de l’assassinat par l’armée israélienne de deux figures importantes.

Le Hezbollah a annoncé la mort d’Ismaël Youssef Baz, un haut commandant de l’organisation, tandis que le mouvement Amal – un allié du Hezbollah – déplore la mort de Hussein Kassim Karcht.

Les médias israéliens rapportent que M. Baz, qui a été tué dans sa voiture à la suite d’une attaque de drone, était «le commandant du secteur côtier du Hezbollah».

«Il travaillait à la planification de tirs de roquettes et de missiles antichars en direction d’Israël depuis la côte libanaise. Au cours de cette guerre, il a organisé et planifié la mise en œuvre de plusieurs attaques contre Israël», est-il également indiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com